Si je n’y prenais pas garde, ma respiration s’emballait et mon coeur accélérait, m’assourdissant à moitié. Depuis combien de temps les seuls bruits qui me parvenaient étaient-ils les miens ? Ma respiration rendue difficile par l’air qui n’était pas renouvellé depuis que la porte de la pièce avait été refermée sur moi. Les battements de mon coeur affolé, par la situation générale comme ponctuelle. Le mouvement du tissus, la faim qui me tenaillait… J’avais même presque l’impression d’entendre mon sang pulser dans mes veines.
A part ça, tout était parfaitement silencieux. Depuis qu’ils m’avaient balancé dans cette petite chambre froide et ténèbreuses, pour me faire changer d’avis, je n’avais entendu que moi-même. J’estimais, du moins, que c’en était une. Je n’osais pas imaginer qu’on puisse créer une pièce parfaitement étanche dans le seul but d’y enfermer des gens…
J’avais cherché à peu près toute aération possible, palpant en vain les parrois, avant de me rendre à l’évidence : j’étais là pour suffoquer petit à petit, dans le noir le plus complet. Une fois que j’en étais arrivé à cette conclusion, je m’étais installé dans un coin et j’avais décidé d’arrêter de bouger. Je n’avais aucune manière de savoir comment le temps s’écoulait, je savais simplement que, petit à petit, l’air devenait irrespisable.
J’avais estimé la taille de la pièce, en me servant de mon corps pour mesurer, à un cube d’environ 2 mètres de côté. Je savais que le pourcentage d’oxygène contenu dans l’air était de 21%, ce qui sur ces 8 mètres cubes devait me laisser, dans la théorie, 1,7 mètres cubes d’oxygène pur. J’avais fait le calcul plusieurs fois, en comptant que mes poumons inspiraient approximativement 5 litres par inspiration, donc 1 litre d’oxygène. Mais je n’utilisais pas tout, j’en expirait en plus du dioxyde de carbone. C’était cette mesure qui me manquait. Si j’utilisais tout d’un coup, j’avais droit à 1700 respirations, approximativement. Si on ne retirait pas la masse de mon corps, dans tous les cas. Calmement, je devais respirer 20 fois par minutes. Mais dans mon état...
Ces calculs ne m’aidaient pas à relativiser, à me calmer. Je sentais bien que ma respiration était plus difficile, que l’air était chaud, que j’étais en train d’étouffer. Cela pouvait faire une heure et demi que j’étais là, ou plus - il fallait prendre en compte le fait que j’avais vraiment faim - mais je voulais sortir de là. J’aurais pu essayer de frapper à la porte, peut-être était-ce ce qu’ils attendaient…
Résistant à l’envie de céder, je me passai une main moite dans les cheveux et fermai les yeux, posant ma tête sur mes genoux. Mon enlèvement était encore frais dans mon esprit : j’étais rentré chez moi, après avoir pris un verre, et sur le chemin je m’étais retrouvé avec une arme entre les omoplates. A partir de là… Ca avait été assez vite : j’avais crié pour appeler à l’aide, l’homme qui me menaçait m’avait frappé au visage et trainé dans une voiture. Je m’étais débattu et, si un nouveau coup m’avait calmé, c’était surtout le chloroforme qui avait ensuite agi sur moi.
La demande avait été simple, et j’avais refusé en bloc : créer de la drogue, puisque j’avais étudié la dernière en circulation. J’avais soulevé que, s’ils me tabassaient, même si je changeais d’avis je ne serais plus en état de les aider, et… J’aurais dû me douter, au sourire carnassier de celui qui avait mené la discussion, que ça sentait mauvais pour moi.
Je m’inquiétais pour mes zonures. Hal pouvait s’en occuper, mais.. Ca restait une IA, je me sentais plus fiable que lui pour ça. Et je ne savais pas depuis combien de temps j’étais absent… Combien de temps faudrait-il pour qu’on réalise que je n’étais pas là, alors qu’on était vendredi soir ? Que je passe le week-end seul n’étonnerait personne. Si aucun membre de ma famille n’essayait de m’appeler, ils ne pourraient pas se douter de quoi que ce soit. Et lundi… Lundi seulement, les choses se mettraient en branle.
Je serrai les poings, me sentant aussi stupide que pris au piège, et laissai échapper un gémissement de peur. Je voulais sortir, juste sortir, c’était horrible ici…
Il fallut pourtant un long moment, encore, pour que la porte s’ouvre et que la lumière extérieure m’éblouisse. Je pris une grande inspiration en sentant enfin de l’air frais, criai lorsque celui qui m’avait déjà interrogé me tira à l’extérieur de la pièce.
"L… laissez moi !"
Je tenais cependant à peine sur mes jambes, étant longuement resté immobile, et ma voix était rauque. Il eut un froncement de nez dégoûté et, me tenant fermement par le bras, me tira jusqu’à une salle d’eau. Je me débattis lorsqu’il me déshabilla partiellement, sans comprendre où il voulait en venir, et criai de douleur lorsqu’il me jeta dans la douche. La différence de température, entre la moiteur de la pièce où j’avais été retenu, et l’eau glacée qu’il fit couler sur moi manqua de m’arracher un nouveau cri, et je me retrouvai bientôt à grelotter.
"Savonne-toi.", ordonna-t-il sèchement en me jetant de quoi faire dessus.
Je lui jetais un regard effrayé et obéis, ne cherchant pas, cette fois, à me dégager lorsqu’il estima que ça suffisait et qu’il me redressa pour me rincer. Je claquais des dents lorsqu’il décida qu’il en avait terminé avec moi, et le fait d’être nu face à un inconnu était devenu accessoire.
"Tu vas travailler pour moi, Edward. Tu vas faire toutes les drogues que je te demanderais, tu vas m’obéir. Et à chaque fois que tu refuseras quelque chose, attends toi à passer un long moment dans la chambre noire.", lâcha-t-il sèchement, avant de m’attraper le menton pour me forcer à le regarder."Et garde à l’esprit que ce n’est pas le pire que je puisse te faire, compris ?"
Il me maintint lorsque je cherchais faiblement à m’écarter, et je finis par céder, me sentant réellement minable. Mais l’idée de retourner là bas…
"D… D’accord, je vais obéir… je peux avoir à boire..? Et à manger ?
- Oui, quand je l’aurai décidé."
Il me relâcha le menton et me traina jusqu’à une salle qui, de toute évidence, était un laboratoire relativement bien équipé. Petit, mais… Suffisant pour faire ce qu’ils voulaient de moi, c’était évident. Il me planta là, trempé et tremblant, et eut un bref soupir.
"Commence à vérifier que tu as tout. Quand tu auras terminé, tu auras droit à des vêtements et de la nourriture."
Je sentis ma gorge se nouer. C’était injuste. J’avais froid, j’étais épuisé, j’avais faim. Je voulais rentrer chez moi, me cacher sous la couette et penser que c’était un mauvais rêve… Mais je donnai mon accord, encore une fois, avant de baisser le nez.
"Oh. Et au cas où tu estime malin de nous rouler et de faire un produit qui ne corresponde pas à nos attentes, ou qui n’ait pas d’effet… Sache que tu seras le premier sur qui ils seront testés, garde ça à l’esprit."
J’eus un hoquet de peur, incapable pour le moment de refuser, pas alors qu’il pouvait parfaitement me renvoyer dans la pièce noire, sans que j’aie eu le moindre repos - ou repas, d’ailleurs - et je m’atellais à ce qu’il m’avait ordonné de faire, sentant son regard sur moi jusqu’à ce qu’il estime que j’avançais réellement. Je n’eus droit au minimum pour retrouver un peu de dignité qu’un moment plus tard, une fois que j’eus terminé de tout lister. Je m’étais installé sur un fauteuil, recroquevillé sur moi-même pour générer un peu de chaleur corporelle, et je me jetai sur la nourriture avant même de songer à m’habiller. Ce ne fut ensuite que l’homme qui semblait prendre les décisions et s’occuper de moi - brun, les cheveux courts plaqués en arrière et le regard aussi bleu que froid - se décida à me montrer l’endroit où j’aurais droit de prendre un peu de repos, durant les périodes où je n’allais pas travailler pour lui.
Je commençai ainsi une “nouvelle vie”, espérant qu’on me retrouve au plus vite. Savoir que, d’ici quelques temps, des drogues que j’aurais fait moi seraient en circulation et bousilleraient la santé, la vie de pauvres types qui n’avaient rien fait me minait le moral, mais je ne voyais pas comment faire pour désobéir. Les quelques fois où j’essayai, les répercutions me firent rapidement comprendre que j’avais intérêt à me tenir à carreau. Je détestais cela, mais l’idée de me retrouver à nouveau dans la pièce noire devint rapidement une source d’angoisse, à tel point qu’il suffisait d’en parler pour que je sente les effets de la panique naître en moi.
Et au final, je n’avais plus qu’à espérer que la couleur rose des drogues que je créais finirait par mettre la puce à l’oreille de quelqu’un…
A part ça, tout était parfaitement silencieux. Depuis qu’ils m’avaient balancé dans cette petite chambre froide et ténèbreuses, pour me faire changer d’avis, je n’avais entendu que moi-même. J’estimais, du moins, que c’en était une. Je n’osais pas imaginer qu’on puisse créer une pièce parfaitement étanche dans le seul but d’y enfermer des gens…
J’avais cherché à peu près toute aération possible, palpant en vain les parrois, avant de me rendre à l’évidence : j’étais là pour suffoquer petit à petit, dans le noir le plus complet. Une fois que j’en étais arrivé à cette conclusion, je m’étais installé dans un coin et j’avais décidé d’arrêter de bouger. Je n’avais aucune manière de savoir comment le temps s’écoulait, je savais simplement que, petit à petit, l’air devenait irrespisable.
J’avais estimé la taille de la pièce, en me servant de mon corps pour mesurer, à un cube d’environ 2 mètres de côté. Je savais que le pourcentage d’oxygène contenu dans l’air était de 21%, ce qui sur ces 8 mètres cubes devait me laisser, dans la théorie, 1,7 mètres cubes d’oxygène pur. J’avais fait le calcul plusieurs fois, en comptant que mes poumons inspiraient approximativement 5 litres par inspiration, donc 1 litre d’oxygène. Mais je n’utilisais pas tout, j’en expirait en plus du dioxyde de carbone. C’était cette mesure qui me manquait. Si j’utilisais tout d’un coup, j’avais droit à 1700 respirations, approximativement. Si on ne retirait pas la masse de mon corps, dans tous les cas. Calmement, je devais respirer 20 fois par minutes. Mais dans mon état...
Ces calculs ne m’aidaient pas à relativiser, à me calmer. Je sentais bien que ma respiration était plus difficile, que l’air était chaud, que j’étais en train d’étouffer. Cela pouvait faire une heure et demi que j’étais là, ou plus - il fallait prendre en compte le fait que j’avais vraiment faim - mais je voulais sortir de là. J’aurais pu essayer de frapper à la porte, peut-être était-ce ce qu’ils attendaient…
Résistant à l’envie de céder, je me passai une main moite dans les cheveux et fermai les yeux, posant ma tête sur mes genoux. Mon enlèvement était encore frais dans mon esprit : j’étais rentré chez moi, après avoir pris un verre, et sur le chemin je m’étais retrouvé avec une arme entre les omoplates. A partir de là… Ca avait été assez vite : j’avais crié pour appeler à l’aide, l’homme qui me menaçait m’avait frappé au visage et trainé dans une voiture. Je m’étais débattu et, si un nouveau coup m’avait calmé, c’était surtout le chloroforme qui avait ensuite agi sur moi.
La demande avait été simple, et j’avais refusé en bloc : créer de la drogue, puisque j’avais étudié la dernière en circulation. J’avais soulevé que, s’ils me tabassaient, même si je changeais d’avis je ne serais plus en état de les aider, et… J’aurais dû me douter, au sourire carnassier de celui qui avait mené la discussion, que ça sentait mauvais pour moi.
Je m’inquiétais pour mes zonures. Hal pouvait s’en occuper, mais.. Ca restait une IA, je me sentais plus fiable que lui pour ça. Et je ne savais pas depuis combien de temps j’étais absent… Combien de temps faudrait-il pour qu’on réalise que je n’étais pas là, alors qu’on était vendredi soir ? Que je passe le week-end seul n’étonnerait personne. Si aucun membre de ma famille n’essayait de m’appeler, ils ne pourraient pas se douter de quoi que ce soit. Et lundi… Lundi seulement, les choses se mettraient en branle.
Je serrai les poings, me sentant aussi stupide que pris au piège, et laissai échapper un gémissement de peur. Je voulais sortir, juste sortir, c’était horrible ici…
Il fallut pourtant un long moment, encore, pour que la porte s’ouvre et que la lumière extérieure m’éblouisse. Je pris une grande inspiration en sentant enfin de l’air frais, criai lorsque celui qui m’avait déjà interrogé me tira à l’extérieur de la pièce.
"L… laissez moi !"
Je tenais cependant à peine sur mes jambes, étant longuement resté immobile, et ma voix était rauque. Il eut un froncement de nez dégoûté et, me tenant fermement par le bras, me tira jusqu’à une salle d’eau. Je me débattis lorsqu’il me déshabilla partiellement, sans comprendre où il voulait en venir, et criai de douleur lorsqu’il me jeta dans la douche. La différence de température, entre la moiteur de la pièce où j’avais été retenu, et l’eau glacée qu’il fit couler sur moi manqua de m’arracher un nouveau cri, et je me retrouvai bientôt à grelotter.
"Savonne-toi.", ordonna-t-il sèchement en me jetant de quoi faire dessus.
Je lui jetais un regard effrayé et obéis, ne cherchant pas, cette fois, à me dégager lorsqu’il estima que ça suffisait et qu’il me redressa pour me rincer. Je claquais des dents lorsqu’il décida qu’il en avait terminé avec moi, et le fait d’être nu face à un inconnu était devenu accessoire.
"Tu vas travailler pour moi, Edward. Tu vas faire toutes les drogues que je te demanderais, tu vas m’obéir. Et à chaque fois que tu refuseras quelque chose, attends toi à passer un long moment dans la chambre noire.", lâcha-t-il sèchement, avant de m’attraper le menton pour me forcer à le regarder."Et garde à l’esprit que ce n’est pas le pire que je puisse te faire, compris ?"
Il me maintint lorsque je cherchais faiblement à m’écarter, et je finis par céder, me sentant réellement minable. Mais l’idée de retourner là bas…
"D… D’accord, je vais obéir… je peux avoir à boire..? Et à manger ?
- Oui, quand je l’aurai décidé."
Il me relâcha le menton et me traina jusqu’à une salle qui, de toute évidence, était un laboratoire relativement bien équipé. Petit, mais… Suffisant pour faire ce qu’ils voulaient de moi, c’était évident. Il me planta là, trempé et tremblant, et eut un bref soupir.
"Commence à vérifier que tu as tout. Quand tu auras terminé, tu auras droit à des vêtements et de la nourriture."
Je sentis ma gorge se nouer. C’était injuste. J’avais froid, j’étais épuisé, j’avais faim. Je voulais rentrer chez moi, me cacher sous la couette et penser que c’était un mauvais rêve… Mais je donnai mon accord, encore une fois, avant de baisser le nez.
"Oh. Et au cas où tu estime malin de nous rouler et de faire un produit qui ne corresponde pas à nos attentes, ou qui n’ait pas d’effet… Sache que tu seras le premier sur qui ils seront testés, garde ça à l’esprit."
J’eus un hoquet de peur, incapable pour le moment de refuser, pas alors qu’il pouvait parfaitement me renvoyer dans la pièce noire, sans que j’aie eu le moindre repos - ou repas, d’ailleurs - et je m’atellais à ce qu’il m’avait ordonné de faire, sentant son regard sur moi jusqu’à ce qu’il estime que j’avançais réellement. Je n’eus droit au minimum pour retrouver un peu de dignité qu’un moment plus tard, une fois que j’eus terminé de tout lister. Je m’étais installé sur un fauteuil, recroquevillé sur moi-même pour générer un peu de chaleur corporelle, et je me jetai sur la nourriture avant même de songer à m’habiller. Ce ne fut ensuite que l’homme qui semblait prendre les décisions et s’occuper de moi - brun, les cheveux courts plaqués en arrière et le regard aussi bleu que froid - se décida à me montrer l’endroit où j’aurais droit de prendre un peu de repos, durant les périodes où je n’allais pas travailler pour lui.
Je commençai ainsi une “nouvelle vie”, espérant qu’on me retrouve au plus vite. Savoir que, d’ici quelques temps, des drogues que j’aurais fait moi seraient en circulation et bousilleraient la santé, la vie de pauvres types qui n’avaient rien fait me minait le moral, mais je ne voyais pas comment faire pour désobéir. Les quelques fois où j’essayai, les répercutions me firent rapidement comprendre que j’avais intérêt à me tenir à carreau. Je détestais cela, mais l’idée de me retrouver à nouveau dans la pièce noire devint rapidement une source d’angoisse, à tel point qu’il suffisait d’en parler pour que je sente les effets de la panique naître en moi.
Et au final, je n’avais plus qu’à espérer que la couleur rose des drogues que je créais finirait par mettre la puce à l’oreille de quelqu’un…