Je m'étire et range les quelques objets de verre invendus. Aujourd'hui avait encore été une journée fructueuse, les citadins regardaient les objets en verre avec intérêt. Sans doute se demandaient-ils comment faire de telles courbes sans technologie. Cela m'amuse à chaque fois mais ça m'attriste aussi. Ils sont dépendants de leur technologie. Enfin, à chacun ses propres dépendances ; je n'ai rien à dire là-dessus dans mon cas. Ayant fini de tout ranger dans les saccoches, je grimpe sur Yon en m'aidant d'une de ses cornes et le dirige vers le campement des Gazelles. Mon ami avance lentement. Il s'arrête devant la tente de mes parents une fois que nous sommes arrivés au milieu des autres membres du Clan.
Je le décharge des saccoches et il s'allonge dans un coin ombrageux près de la tente. Je bâille un peu en enfilant ma tenue de citadine et je repars vers 1400. Waël me tire la manche et me dit dans un grand sourire :
- Tu feras un gros bisou de ma part à Lyunn hein Liyah ?- Oui. Je le ferais., je réponds en embrassant le front de mon plus jeune frère.
Philein est en train de s'entraîner pour un soufflage de verre complexe, tandis que ma mère montre les erreurs de ma soeur cadette sur une recette à base de lait de chamelle, d'oeufs de perdrix de la ville et de racines médicinales. La voix douce de ma mère me fait sourire légèrement. Mon visage retrouve sa nonchalance froide dès que je sors de la tente. Je croise en chemin mon père revenant des fourneaux et je le salue en lui faisant le décompte des ventes de la journée. Nous nous remercions de notre travail respectif et je continue ma route.
Lorsque j'arrive près des portes de la ville je sens une agitation qui règne. Un accident de moto volante avec une nomade qui avait été accusée d'être une Adoratrice du Scorpion, ou je-ne-sais-plus quelles inepties exactement. Quelle paresse intellectuelle. Autant de la part des citadins que de la nomade en question. Je finis par tomber sur elle en demandant des précisions. Elle est au milieu de la route, gêne la circulation mais personne ne semble vouloir se bouger le derrière. Pas qu'une paresse intellectuelle finalement... Quelle idée d'aller dans 1400 avec des vêtements de nomade aussi.
Je m'approche de la rousse ( à se demander si c'était dans les gênes des Adoratrices du Scorpion d'être rousses soit dit en passant ) et m'accroupis à côté d'elle en ancrant mes deux iris bicolores dans son regard. Elle est consciente et elle parle. C'est déjà ça. En voyant le scorpion menaçant et protecteur, je ne cherche pas à m'approcher de plus de deux mètres. Ces animaux ont beau être petits, je ne suis pas encore folle au point de les provoquer. Déjà que provoquer un membre du clan du Scorpion était synonyme de mort, avec les fils de leur entité gardienne ça devait être pire.
... Ilyria et Viri'th, donc. Le scorpion abandonne sa posture défensive et ce n'est qu'à ce moment-là que je m'approche pour la porter dans mes bras ( elle fait son poids la roussette ). Je me dirige vers les trottoirs et la pose contre le mur tandis que certains passants me regardent un peu de travers. ... Quelle idée d'être venue en tenue de nomade...
- Faites attention, s'il faut elle ne fait que feindre l'évanouissement et va vous attaquer dès que vous serez en situation de faiblesse.Ben voyons, vu son état si elle arrive à se relever je lui offre une corne de gazelle.
Métaphore enjolivée pour dire qu'elle ne se réveillera pas avant deux bonnes dizaines de minutes.
... Idiots.
- Ne prenez pas les nomades pour des monstres, ils sont aussi humains que vous et moi. Elle n'est pas en état d'attaquer qui que ce soit.Je la charge sur mon dos et m'éloigne de la ville. Lyunn devra attendre mais tant pis, un être humain a besoin d'une aide que je peux lui offrir. Que l'être humain soit une nomade importe peu, son Clan importe peu aussi. Une fois les rives désertiques de l'oasis atteintes je l'allonge à l'ombre d'un palmier en regardant la nuit parer le ciel de ses couleurs sombres, sa lune et ses étoiles. Je regarde la blessure à la tempe et je la cicatrise. La roussette aura seulement un bon bleu et quelques vertiges mais vu son Clan, elle se rétablira vite. Les Scorpions sont connus pour leur endurance après tout.
Je me perds dans la contemplation des étoiles et j'attends calmement son réveil. Je suis assise, jambes tendues contre le sable, mon dos repose contre le flanc de Yon qui dort sur un flanc derrière moi. La tête d'Ilyria est sur mes cuisses et quand ses yeux s'ouvrent c'est la lune que je contemple. Un mouvement me fait part de son réveil et je baisse ma tête pour la regarder.
- Ne bouges pas ta tête brusquement, tu seras prise de vertiges sinon. Tiens, bois ça et reste allongée encore dix minutes.Je lui dis en lui tendant une petite fiole en verre. Un remède de plus à refaire... Tiens, je pourrais le faire avec ma petite soeur. Un sourire léger brise ma froideur pour ne laisser que la nonchalance. Mes gestes sont toujours lents et une fois qu'elle a la fiole entre les mains, je me souviens d'un détail.
- Enchantée Ilyria, je suis Fael.- H.R.P:
Pardon du retard. Je croyais échapper aux révisions mais comme tout bon étudiant qui se respecte... et bien, je n'y ai pas échappé. J'ai pris un peu les devants, j'espère que ça ira tout de même. En tous cas, elles ne sont plus dans la ville mais face à 1400, sur la rive d'en face pour te situer ( si je ne me trompe pas... ). J'espère que ça te plaira ma belle. ~