Agartha. Un désert, où cohabitaient nomades et sédentaires. Cependant l'assèchement progressif des oasis développa la cupidité des sédentaires qui se mirent en guerre les uns contre les autres. Les cités tombèrent une à une devant ce fléau jusqu'à ce qu'il ne reste que 1400. Les nomades quant à eux préférèrent éviter ces conflits en priant leur Divinité de leur accorder un sommeil de deux millénaires. Mais quand ils se réveillèrent, ils furent non seulement confrontés à des citadins beaucoup plus avancés technologiquement mais aussi à une hostilité tangible. Hostilité contre ces nomades ressurgit du passé mais aussi hostilité au sein même de la ville de 1400. Puis une nouvelle guerre éclata : la Révolution. Est venu à nouveau le temps du choix : se battre ou partir ? Ainsi naquit l’Exode, un mouvement rassemblant nomades et citoyens souhaitant fuir la guerre en partant par-delà les montagnes vers un territoire glacé où vit un peuple étrange.

Lorsque le passé et le futur se rencontrent...

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    Oh, un ois... un caill... un citadin ! [pv McKenzie]

    Laäf Mu'Neidjalh
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    Laäf Mu'Neidjalh

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    Laäf cligna des yeux, et le lézard qu'il observait disparut. Parti se réfugier quelque part sous le sable, certainement, comme s'il avait eu soudain conscience de l'infime mouvement du nomade penché sur lui. Ou, plus probablement, assez intelligent pour sentir ou voir que l'horizon dévorait le soleil et qu'il ne restait plus que très peu de temps de jour.

    Si tel était bien le cas, il était plus intelligent que Laäf qui, lui, resta encore un bon nombre de seconde à fixer l'endroit où son centre d'intérêt du moment se trouvait encore peu de temps auparavant. Ce ne fut que lorsque Nehênx s'enroula autour de sa jambe, sous son pantalon, en quête de chaleur qu'il se remit à bouger, se redressant lentement.

    Clignant à nouveau des yeux, comme au sortir d'un rêve, le jeune homme promena son regard autour de lui. Le vent se chargeait déjà de fraîcheur nocturne, et il se pencha pour récupérer sa vipère et lui ouvrir sa chemise. Elle aurait plus chaud en s'enroulant autour de son ventre, et les températures allaient bientôt chuter…

    Il aurait tout juste le temps de revenir au campement avant qu'il ne fasse trop sombre, s'il se dépêchait… Fort de cette résolution, il fit demi-tour et descendit de la dune où il était juché. Marchant précipitamment au souvenir de sa dernière nuit en extérieur, il voulut aller trop vite. Son pied s'enfonça un peu trop dans le sable et il perdit l'équilibre, roulant jusqu'au bas de la dune où il resta étendu, le temps que sa vision se stabilise.

    Son serpent l'avait tout de suite rassuré en sortant la tête - et uniquement la tête, il commençait à faire froid - de ses vêtements pour siffler en le regardant. Une manière de dire qu'il ne l'avait pas écrasé. Mais le sable dégageait encore de la chaleur, et Laäf s'y attarda quelques secondes encore. Combien de temps le sable mettait-il à refroidir véritablement… ?

    Un soupir franchit ses lèvres, et il se remit sur son séant. Rentrer. Il devait rentrer chez lui. Il n'était vraiment pas loin, il était même venu à pied. Le trajet ne serait pas très long… Il se mit à marcher et, rapidement, il eut parcouru la moitié de la distance qui le séparait des siens. L'obscurité était à présent largement tombée, mais il n'entendait aucun démon autour de lui.

    Puis un ganga lui passa entre les jambes à vive allure, assez vite pour qu'il ait l'impression de sentir les plumes le frôler. Un seul - n'étaient-ils pas grégaires, normalement - et qui avait des couleurs que le jeune nomade n'avait jamais observé sur un membre de cette espèce. Et vers quoi - ou loin de quoi - courait-il ainsi ?

    La course en question dura bien une heure, au cours de laquelle Laäf prit bien garde à ne pas accélérer trop le pas, pour ne pas terrifier le volatile, sans pour autant prendre le risque de le perdre de vue. Puis… l'animal s'envola soudain.

    Le nomade accéléra le pas dans l'espoir de le suivre assez pour en avoir le coeur net, et son regard tomba sur une pierre. Une pierre, au milieu du sable. Il ralentit et revint sur ses pas, s'accroupissant pour la récupérer dans sa main. Elle était somme toute assez banale, en dehors de sa présence ici. Tombée de la poche de quelqu'un… ?

    Il la caressa du bout des doigts, souriant à sa texture toute douce. Non, cela devait faire un moment qu'elle était là, le sable avait poncé toutes les aspérités qu'il avait pu y avoir auparavant à la surface du caillou. Il la glissa dans sa poche tout en se redressant, se promettant de l'examiner lorsqu'il aurait de la lumière.

    Et en parlant de lumière… Il était plus que temps qu'il regagne enfin le campement. Grimpant une dune, il tourna sur lui-même pour se repérer. Le plus visible était, bien sûr, la ville des citadins. Qui n'était pas toute proche, mais il s'en était davantage rapproché qu'il ne l'aurait pensé. Et, entre lui et la ville, à quelques dunes d'écart par rapport à celle où il était perché, il y avait quelqu'un. Qui n'était pas un nomade.

    Sans tenir compte du sifflement d'avertissement de Nehênx, Laäf trottina jusqu'à l'endroit où il avait aperçu l'inconnu. Qui avait un peu progressé, mais pas tant que ça. Il le rejoignit donc, le dépassant avant de se retourner pour observer, la tête légèrement penchée, ce qu'il était en train de faire.

    "Qu'est-ce que tu fais là ?" demanda-t-il, sincèrement curieux et sans une once d'agressivité.

    Après tout, il était rare de voir des citadins qui n'étaient pas de l'armée en dehors de la ville. Et celui-là n'était pas habillé de la même manière que tous ceux de l'armée qu'il avait pu apercevoir pour le moment…

    "C'est les habits de nuit de l'armée ? Mais tu es tout seul, habituellement, ceux de la ville grouillent quand ils viennent dans le désert. Peut-être pour se protéger des démons… Tu en as vu ?"
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    C'est drôle comme mes pieds s'enfoncent dans le sable. Les grains sont si fins qu'ils se comportent comme un fluide. Si cela avait été un fluide, j'aurais fait *flotch flotch* en marchant, mais ce n'est pas un fluide. Et je ne fais pas *flotch flotch*. Je ne fais pas de bruit en fait, le vent fait plus de bruit que moi. Le vent fait *wouuuusch wouuuuusch*. Et moi je fais *burps*. Ouais, parce que, je me sens pas bien. Pas bien du tout même. J'ai mal au ventre, vraiment, et j'ai la tête qui tourne. Peut-être que j'ai mangé un truc dépassé. Peut-être que la bouteille qu'on m'a tendue contenait pas de l'eau. Peut-être que j'aurais pas dû fumer. Peut-être que j'aurais pas dû marcher aussi longtemps sans savoir où l'allais. Peut-être que j'ai pris un gros coup de soleil. Peut-être que j'aurais pas dû être comme ça.

    La danse de jaune et de bleu a cessé. Depuis combien de temps ? Depuis quand tout est gris ? Je ne vois qu'une zone éclairée et je n'arrive pas à fixer ma trajectoire pour m'en approcher. Comme dans un mauvais rêve chaque pas que je fais vers la lumière me fait reculer alors même que je veux l'atteindre. Le *wouuuuusch* du vent cherche à me faire chuter le traître, mais je reste debout et j'avance. Enfin je recule. Je ne sais pas exactement, il se peut aussi que je sois immobile à tanguer dangereusement sur le sommet d'une dune de sable. Sable gris, ciel gris. Cœur gris.

    On trouble le *wouuuuuusch* du vent. C'est une voix. Une voix qui parle trop vite pour moi. J'entends très bien et je comprends, mais mes réponses ne viennent pas. Peut-être que j'ai peur de rendre tout ce qu'il y a dans mon estomac en ouvrant ma bouche. Ce que je fais là ? J'aurais bien aimé qu'on me l'explique. Je n'aurais pas dû être là.

    Le visage de la voix m’apparaît, gris lui aussi. Tout est gris. Sauf ses yeux. Deux points verts presque fluorescents dans l'obscurité. Sûrement trop verts et trop lumineux pour moi. Je ferme les yeux sans savoir exactement combien de temps je vais tenir debout sans mes repères visuels. Cela dit, maigres repères ce soir. Armée, seul, ville, démons... Tout ça va trop vite pour moi. Je ne devrais pas être là. J'ai une sueur froide, le vent glaçant soudain la sueur qui a pu couler dans ma nuque ou mon dos. Ça a le bon goût de calmer un peu ma gerbe. J'articule alors.

    - Je n'ai pas vu de... démons... à part toi.

    Les yeux verts, forcément, c'est pas humain. À moins que les lueurs dans mon dos n'éclairent son visage de trop, de telle sorte à ce qu'il ait des yeux de démons, ce qui signifierait que je suis dans le mauvais sens. Je veux me tourner mais en fait mes pieds ne sont plus les seuls à être dans le sable. Mon cul aussi, et mes mains. Tout dans le sable. J'ouvre les yeux sans rien voir. J'ai la tête dans le sable aussi ? Je suis du sable ?
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    S'il y avait une différence entre le lézard et le citadin que Laäf avait trouvés tour à tour, ce n'était pas la parole… Du moins le nomade le crut-il pendant un moment, puisque le second restait muet, sans articuler le moindre son, qu'il forme un mot articulé ou quoi que ce soit d'autre. Ce qui n'enlevait pas l'intérêt de la rencontre, mais diminuait grandement celui de lui adresser la parole pour lui poser des questions.

    Il avait eu le temps de s'en persuader lorsque la voix du citadin retentit, le faisant sursauter. Pourtant, ce n'était qu'une réponse à la question qu'il lui avait adressée, et peu de temps auparavant, en plus. Mais le jeune homme s'était trop impliqué dans sa réflexion pour avoir pourquoi l'autre ne répondait pas qu'il avait oublié le fait qu'il pouvait, finalement, répondre.

    Son regard resta fixé sur le visage de son interlocuteur, qu'il contempla sans ciller - et comme sans le voir. Il lui fallut un moment pour intégrer la nouvelle réalité, ou plutôt la véritable réalité, et ne plus trouver simplement étrange qu'un muet vienne de lui parler. Puis, ensuite, il fronça les sourcils pour retrouver la phrase qui lui avait été adressée, et seulement à ce moment-là, ses yeux verts se teintèrent de surprise.

    "Un démon ? Moi ? Mais… Je ne suis pas un démon du désert. Je crois… ?"

    Comment savait-on qu'on était ou non un démon ? Est-ce qu'on pouvait être un démon tout en pensant qu'on était parfaitement normal ? Non, ce n'était pas logique. Les démons étaient hors de la tribu, dans la nuit, et non pas à l'intérieur. Sinon, cela remettrait en cause tout ce qu'il croyait savoir… Mais il n'était même pas certain que les démons aient une forme matérielle, comment pouvait-il penser quoi que ce soit à leur sujet et s'en étonner ?

    "Non, vraiment, je ne pense pas être un démon. Je suis un nomade, et il serait plus qu'étonnant que je puisse être un démon sans en avoir conscience."

    A retardement, Laäf réalisa qu'il avait à présent la tête penchée pour continuer à fixer le visage de l'inconnu. Inconnu qui était tombé, sans qu'il ne puisse vraiment savoir ou comprendre pourquoi. Ce qui aurait été plus que perturbant pour lui s'il n'avait pas déjà l'habitude que le monde aille bien plus vite que lui.

    Après une seconde de réflexion, il s'approcha du citadin et ferma la main sur son poignet pour le remettre debout d'une traction. Et vu qu'il ne savait pas ce qui lui avait fait perdre l'équilibre, il passa un bras autour de sa taille pour le soutenir, espérant juste être assez fort pour supporter durablement son poids. Sinon… Ils seraient deux à s'écrouler dans le sable, ce n'était pas extrêmement grave.

    "Tu ne m'as pas dit ce que tu venais faire ici. On ne voit pas les gens comme toi dans de telles circonstances, normalement."

    S'il ne faisait pas nuit, et donc froid, nul doute que Nehênx serait sorti pour siffler son mécontement directement au visage du citadin. En l'occurrence, seul le son fut perceptible, un peu étouffé par le refuge actuel du serpent.

    "Tu n'as pas l'air très bien, fit-il ensuite remarquer, après avoir examiné le visage de l'autre homme. Tu veux que je t'aide à t'asseoir ?"
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    J'ai la tête qui tourne un peu, je crois. Ou alors c'est la planète qui tourne trop vite. C'est vrai quoi, la planète, ça tourne. Et là les étoiles vont trop vite, elles sont comme un millier de comètes, d'étoiles filantes, comme un millier de récepteurs de vœux, de récepteurs de rêves. Il y en a une qui est plus grosse que les autres. Plus blanche aussi, puisque c'est la Lune, la Lune filante. Celle-là doit cacher de très grands et beaux rêves, que le monde doit lui envoyer perpétuellement. Et moi, qu'est-ce que je lui demande à la Lune ? Qu'elle arrête de tourner simplement, pour que je puisse la contempler.

    Le démon me fait sursauter, quand il se remet à parler. Je l'avais oublié, comme il s'était tu. Il semble douter de sa nature d'être maléfique. Alors ce n'en est pas un, n'est-ce pas ? C'est ce qu'il m'assure. Soit, je le crois. Je lui souris vaguement dans l'obscurité mais pas sûr qu'il distingue mon visage. Ce serait pourtant bien qu'il sâche que je lui souris.

    - Je te souris.

    J'ai besoin de le lui préciser, avant qu'il ne me tire vers lui. Enfin vers le haut. Ou bien vers lui. Enfin peu importe, dans tous les cas il me tire bien trop vite, il fait tout trop vite celui-là, il est peut-être vraiment démoniaque. Il se remet à parler, un vrai moulin, qui baragouine sans arrêt et moi je n'ai pas le temps de répondre. Malgré sa main autour de moi, je sens le sol tourner et m'attirer encore. Mais qu'il me lâche le sol, je suis pas à lui.

    - LÂCHE-MOI, TOI !

    J'ai crié avant de me rendre compte que ce que je viens de dire peut être mal interprété. Je m'empresse de passer mon bras autour du cou de mon compagnon du désert avant qu'il ne me lâche.

    - Euh, pas toi, le sol.

    De toute façon s'il lui a pris l'envie de me lâcher, il ne va pas y arriver : mon autre bras à rejoint son épaule, parce que je ne veux plus me laisser tomber dans le sable. Alors je m'accroche à lui sans son autorisation. Ça ne peut pas le déranger, c'est lui qui m'a levé, pas moi qui l'ai attrapé. Il m'est bien pratique ce petit nomade, mais il me fait un peu peur. D'ailleurs je sursaute en entendant un son animal sortir de son... ventre. Je fais mine de m'écarter un peu mais j'ai besoin de lui pour tenir debout alors je reste. Je sais que mon regard doit être embrumé et pas facile à analyser dans la nuit, mais je le fixe avec un air un peu choqué.

    - T'es vraiment un démon ? Tu siffles ?

    Ma tête doit faire encore plus peur à voir qu'avant. Je tends une jambe devant moi, presque à l'horizontale, avant de plier l'autre pour me laisser tomber au sol, encore.

    - Oui en fait je vais m'asseoir. Parce que le sol c'est pas un démon. J'suis sûr.

    Je suis par terre et j'ai sûrement dû entraîner l'autre avec moi, parce que je suis quand même deux fois plus grand que lui. J'dois peser plus lourd aussi. Au final je m'allonge même dans le sable. Tant pis, je lui donne mon corps, puisqu'il le veut tant. Moi je regarde les étoiles danser, puis je lâche le démon parce que ça devient gênant. Je me décide à répondre à sa question, avec une voix sérieuse alors que je ne sais pas ce que je dis.

    - Je suis là pour danser avec les étoiles, c'est évident non ?
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    Attraper le citadin pour l'aider à tenir debout amena une réaction plutôt étrange de la part de celui-ci. Pourtant, Laäf ne le lâcha pas, comme il venait de le crier. Il n'avait pas suffisamment de réflexes pour cela, et n'y songea tout simplement pas. Trop frappé par l'absence de logique de cette réaction, il se contenta de le regarder fixement, sans faire un geste, même lorsque l'autre s'accrocha plus fermement à lui, contredisant ses propres paroles.

    "Pourquoi ?"

    L'un des mots qu'il devait d'ailleurs avoir le plus prononcé dans sa vie. Tout seul, ou accompagné d'une question plus précise derrière. Mais là, il n'était pas en quête de précision. Il voulait comprendre quelque chose de bien trop général pour préciser sa question… Quelque chose de bien plus général que ce dont il avait conscience, d'ailleurs. Sans doute était-ce pour cela qu'il aimait autant ce mot.

    Toujours est-il que la réponse précise finit par arriver, apportant une compréhension au problème direct auquel Laäf était confronté, à savoir l'incompatibilité des paroles et des gestes du citadin qu'il soutenait. Comme très souvent, le jeune homme en ressentait une légère frustration ; il en aurait voulu plus.

    "Tu voudrais apprendre à voler ?"

    Brièvement, Laäf s'imagina être capable d'effectivement forcer le sol à le lâcher, pour pouvoir s'envoler dans le ciel, jouer avec le vent. Etait-il possible de se représenter correctement les sensations qu'il en aurait ? Il n'avait jamais rien vécu qui pouvait se rapprocher de l'expérience de voler…

    Le corps tressaillant de l'inconnu le rappela à la réalité juste à temps avant qu'il ne se perde dans une méditation vague et à l'utilité difficile à appréhender pour quelqu'un d'autre que lui. Son regard perplexe croisa celui, choqué, de l'homme qu'il soutenait, et se teinta rapidement d'étonnement.

    "Siffle ? Non, je suis un Fils du Serpent, mais je parle, je ne siffle pas. C'est ma vipère qui siffle."

    Ils se retrouvèrent soudain au sol, Laäf chutant sans un cri. Tout au plus cligna-t-il des yeux, sans chercher à bouger en dépit de son bras à présent écrasé sous son compagnon, et même lorsque ce dernier le libéra de son étreinte. Que lui importait que son membre se retrouve dans le sable ? Ce n'était pas ce à quoi il pensait pour l'instant.

    Puis le citadin s'exprima enfin sur ce qu'il faisait ici, mettant en avant une activité dont le jeune nomade n'avait jamais entendu parler. Danser avec les étoiles… Sans doute était-ce quelque chose que faisaient les citadins ?

    "Non, je ne savais pas que ça se faisait. Comment fais-tu ? C'est pour cela que tu tombes dans le sable ? Un citadin dans le sable, ça reproduit une étoile dans le ciel ? C'est vrai que vous êtes nombreux, dans vos immenses tentes, mais vous êtes plutôt rassemblés, et pas disséminés partout…"

    Vraiment, il y avait quelque chose qu'il ne saisissait pas dans ce concept, qu'il ne parvenait pas à deviner. Mais être face à quelque chose de totalement inconnu ne faisait que renforcer son intérêt pour elle, et il se laissa tomber également sur le sable pour laisser son regard se perdre sur les étoiles.

    "Et pourquoi danser avec les étoiles ? C'est une manière de vous protéger des démons nocturnes, lorsque vous êtes loin de vos tentes ?"

    Sa voix portait la trace d'un intérêt sincère pour la question et, tout en parlant, il se laissait absorber par la lumière des étoiles. Peut-être était-ce ainsi qu'il pourrait comprendre quelque chose à cette étrange tradition des citadins…

    "Peux-tu me l'enseigner ?"
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    Apprendre à voler. Dans quel monde vit-il, celui-la ? Je jette un rapide coup d’œil à son dos, mais non, pas d'ailes. C'est vraiment dommage, j'aurais apprécié pouvoir effleurer la vie dans le ciel, entre les nuages, plus près que jamais de l'orage, des étoiles, de la Lune. La Lune surtout, j'aurais aimé pouvoir l'approcher, la décrocher, la placer quelque part où je pourrais toujours la voir, comme autour de mon cou par exemple. Mais je n'ai pas d'ailes, moi non plus. Je crois que je n'ai jamais essayé d'en avoir.

    - Oui, je voudrais savoir voler.

    ... Et dessiner les constellations entre les étoiles, visiter d'autres galaxies pour aller à la rencontre des autres créatures. Oui, je voudrais partir à la rencontre de l'univers. Je ferais peut-être bien d'écouter ce qu'il me racon...

    - ... T-t-t-t... Tu as... Tu as dis "serpent" ?

    Je roule brusquement sur le côté, un peu trop loin, il me parait vraiment très très loin maintenant. Je tends un bras et ma main effleure son visage lisse. Ah non, il n'est pas si loin. Je retire ma main vivement, méfiant, à présent allongé sur le ventre, perpendiculairement au démon-serpent, à quelques dizaines de centimètres de lui.

    - "Vip-..." "Vipère" ?

    Ma tête tourne encore plus depuis que j'ai roulé. Puis mon cœur bat plus vite aussi. Je devrais compter les organes qui me sont encore fidèles, mes yeux sont peut-être bien les seuls à fonctionner correctement, là. Et encore, ils me présentent un petit homme alors que je fais face à un démon reptilien.

    - J'ai.. peur des serpents.

    Me tenant à bonne distance de ce dangereux individu, je plante mon coude dans le sable fin. Depuis quand le sable fait-il du bruit ? Mes oreilles me lâchent aussi. J'aimerais arrêter de tourner.

    - Est-ce que tu peux me donner la main ? Je crois que le sable a décidé de danser avec les étoiles.

    Je lui tends ma paume, celle qui ne tient pas ma tête qui commence à devenir lourde.

    - Tu voudrais danser avec les étoiles, toi aussi ? Mais je ne sais pas comment je fais, je suis allongé et les étoiles tournent autour de moi toutes seules. Peut-être faudrait-il que tu le leur demande ? Je n'ai jamais fais ça avant.

    Je ne sais pas s'il me laisserait...

    - Je peux voir ton... ta... vipère ?

    Je serre mes lèvres qui tremblent. J'ai peur, mais je veux voir. Je n'en ai jamais vu d'aussi près.
    Laäf Mu'Neidjalh
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    Les yeux de Laäf s'écarquillèrent de surprise face à la réaction du citadin. Pourquoi se mettait-il soudain à rouler dans le sable… ? En parlant de Nehênx, mais pourquoi la mention d'un serpent le ferait-il rouler ? Un léger frémissement le parcourut lorsque les doigts de l'autre effleurèrent son visage, mais sans qu'il ne comprenne la raison de son geste soudain. Et lorsque le nomade ne comprenait pas… Il posait la question.

    "Pourquoi est-ce que tu me touches le visage ? C'est une coutume de ta ville ?"

    Son ton était sincèrement curieux, sans une once d'accusation ou de reproche. Mais la stupéfaction remplaça bientôt la curiosité, lorsque son compagnon déclara avoir peur des serpents. Laäf était même tellement surpris qu'il ne fit, dans un premier temps, que répéter ses mots.

    "Tu as peur des serpents ?"

    C'était quelque chose de totalement inconcevable pour lui. Comment pouvait-on avoir peur des serpents ? Être effrayé par le sifflement d'une vipère ? Non, c'était absurde. Absurde, et pourtant il en avait la preuve sous les yeux. Cela faisait beaucoup de phrases et de réactions de la part du jeune homme qui échappaient à la compréhension de Laäf. Parce qu'ils venaient de mondes différents… ?

    "C'est possible, d'avoir peur des serpents ? Pardon, je ne savais pas. Je ne voulais pas te faire peur. Nehênx est bien caché, il ne te fera rien. C'est ma vipère," expliqua-t-il alors.

    A la demande de son compagnon du moment, il tendit la main pour attraper la sienne, la serrant avec une certaine fermeté pour l'assurer de sa présence. Si le sable se mettait à danser… Lui aussi finirait peut-être par le sentir, le ressentir, et pouvoir danser lui aussi avec les étoiles.

    "J'essayerai de leur demander, alors. J'aimerais beaucoup danser avec elles… Et j'aimerais beaucoup savoir voler, moi aussi. M'élancer dans les vents du désert, parcourir des dunes et des dunes en me laissant porter, en m'élevant au dessus du sol… Je rêverais de pouvoir le faire."

    La demande ne manqua pas de surprendre le nomade, vu la peur que l'autre avait manifesté peu de temps auparavant à la simple mention du serpent. Peut-être voulait-il se rendre compte qu'il n'y avait pas à avoir peur de ces reptiles ? Si tel était le cas… Il pouvait certainement le lui montrer.

    "D'accord. Mais pas longtemps, alors, parce que c'est une vipère qui n'aime pas les températures basses. C'est pour ça qu'il reste caché. Alors je vais me rapprocher pour que tu puisses regarder sans qu'il ne sorte beaucoup."

    Le jeune nomade bougea un peu dans le sable pour se rapprocher du citadin, puis écarta les pans du haut qu'il portait, en appelant sa vipère d'une voix douce. Le serpent remua contre lui, et finit par sortir la tête du tissu, fixant son regard sur le visage de l'humain. Il darda sa langue une ou deux fois, puis sortit un peu plus pour frotter sa tête contre la main de Laäf.

    "Il ne te fera pas de mal. Sauf si tu cherches à me faire du mal, il n'aime pas les gens qui m'attaquent. Mais sinon, il est affectueux. Et plus prudent que moi, je le désole souvent… Tu veux le caresser, ou bien il te fait trop peur ?"

    Au moins, puisque Nehênx se trouvait entre eux, il ne devait pas avoir trop froid, puisqu'il bénéficiait de leur chaleur corporelle à tous les deux… Les doigts de Laäf passèrent sur les écailles de son serpent, alors que son visage s'éclairait d'un sourire affectueux.

    "Et toi, tu as un compagnon ? Ou tu es tout seul ? Si tu es tout seul, c'est peut-être pour ça que les étoiles et le sable dansent avec toi, ils sont tristes pour toi et veulent te tenir compagnie…"
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    Sa question reste un petit instant en suspens, le temps que ma tête arrête de tourner.

    - C'est juste que tu m'avais l'air loin ! Je ne veux pas que tu me laisses seul avec le sable et les étoiles. Tu dois rester toi aussi.

    Finalement, je hoche la tête à quasiment chacune de ses questions, le regard perdu dans l’obscurité que génèrent les pans de son vêtements. J'essaye de voir la bête qui s'y cache, d'évaluer si je dois me détendre ou prendre la fuite. Un petit nomade peut-il cacher un monstre autour de sa taille ? Il a l'air d'en parler comme d'un gentil serpent...

    Quand il me prend finalement la main, ma tête et mon esprit se stabilisent un minimum, j'ai un peu moins peur, et je le laisse approcher sans un bruit. Ce n'est que lorsque je sens sa chaleur me réchauffer un peu que je me rends compte que je retiens mon souffle. Alors c'est quand même un démon ? Il est chaud comme si des flammes brûlaient en lui. Je n'ose pas bouger, entre le démon et le serpent... ils pourraient tous les deux me faire du mal. Je frissonne.

    Lorsque je perçois enfin le reptile sortir doucement, je lâche un souffle peu rassuré, n'arrivant plus à le lâcher des yeux. Les serpents ont ce pouvoir d'hypnotiser ceux qui les regardent, n'est-ce pas ?

    - Le... le caresser ?

    Je secoue la tête doucement. Ils me font définitivement peur, tous les deux. Comment peut-on aimer un être aussi dangereux qu'une vipère ?

    - Je n'ai pas de compagnon... Je ne crois pas. Tu en vois un, toi, derrière moi ?

    Lentement, vérifiant que le serpent ne bouge pas, et sans m'éloigner moi-même, je me tourne, scrute l'obscurité. Avant de me retourner vers lui, mine défaite.

    - Il n'y a personne... Tu crois que c'est pour ça que je danse avec les étoiles ? Parce que je dois rester seul...

    Mon dos s'affaisse légèrement, je baisse la tête vers l'animal entre nous. Curieusement, j'ose l'effleurer de mon index, mais son contact me fait frissonner de plus belle.

    - C'est parce que je suis mauvais ?
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    Laäf ne fut pas particulièrement vexé que le citadin refuse de caresser sa vipère. Ne pas s'approcher de ce qui faisait peur… n'était pas quelque chose qu'il connaissait particulièrement, mais qu'il pouvait, cependant, concevoir. Il avait déjà remarqué que l'immense majorité des gens étaient plus raisonnables que lui dans ce domaine, et il avait déjà ressenti, parfois, qu'il aurait mieux fait de s'abstenir d'écouter sa curiosité.

    "C'est toi qui vois, c'était juste pour proposer, que tu saches que tu pouvais si tu voulais. Puisque tu avais déjà voulu le voir…"

    Par contre, que l'autre ne sache pas s'il avait ou non un compagnon laissa le jeune nomade bien plus perplexe. Il savait que ceux de la ville n'étaient pas comme eux, mais… Ne pas avoir de compagnon ne lui posait aucun problème,  sa rencontre avec Nehênx avait été grandement le fruit du hasard. Mais avoir un doute sur le fait d'en avoir un ou de ne pas en avoir… ? Ce n'était pas quelque chose, à son sens, qui pouvait être flou.

    Cependant, il se plia à la demande de son interlocuteur du moment et fouilla du regard l'obscurité qui les entouraient, à la recherche de… quelque chose. Une forme, un mouvement, un signe de présence, quel qu'il soit. Il le fit avec suffisamment de sérieux pour s'y perdre, se faire aspirer corps et âme par ces ténèbres. S'il ne voyait pas de forme particulière, l'ensemble de l'obscurité semblait se mouvoir à force qu'il regarde. Les démons… ?

    La voix du citadin l'arracha à leur emprise en un sursaut, et il cligna des yeux, plusieurs fois, pour se défaire de l'ombre persistante qui s'attachait à sa vue. Personne… Non, il n'y avait personne. Et le jeune homme tendit la main pour la poser sur la joue de son interlocuteur.

    "Les étoiles ne sont pas mauvaises, pourquoi danser avec elles serait-il le signe que tu es mauvais ? Au contraire, elles contribuent à éclairer les ténèbres de la nuit. Elles doivent t'apprécier et vouloir que tu ne te sentes pas seul. J'en suis persuadé. Et que tu n'aies pas de compagnon pour le moment ne veut pas dire que tu n'en auras jamais. Avant d'avoir Nehênx, je n'en avais pas non plus."

    Laäf n'était pas certain de pouvoir exprimer précisément ce dont il parlait… Mais ce n'était pas important. Les paroles qu'il prononçait lui venaient telles qu'elles, et si elles lui venaient, c'était qu'il devait bien y avoir une raison. Il suffirait, ensuite, qu'il la cherche pour tâcher de comprendre pourquoi il avait parlé ainsi. Lorsqu'il n'aurait rien d'autre à faire.

    Le nomade ne baissa pas les yeux en sentant son serpent glisser en sifflant pour revenir au chaud. L'air de la nuit n'était visiblement pas pour lui plaire, et il devait déjà s'estimer heureux qu'il ait accepté de rester aussi longtemps dehors. Plus tard, il vérifierait qu'il n'était pas tombé malade à cause de cela, mais pour l'instant…

    "Je sais que j'ai souvent du mal avec les autres personnes, mais… Tu as l'air de ne pas aller très bien, non ? Je ne sais pas bien ce qu'il faut faire dans ces cas-là… Parler de ce qui ne va pas ?"
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    Lorsqu'il se met à observer la nuit derrière moi, je pose mes yeux bleus sur son visage lisse. Il me ressemble, mais il me parait tellement différent de moi. Pour commencer, sa peau est beaucoup plus colorée que la mienne. Je sais que je ne suis pas un ami du Soleil, le Soleil ne m'aime pas. L'ami du serpent, lui, il doit aimer le Soleil. Il le réchauffe, lui apporte sa lumière, et c'est pour cela que sa peau se tanne à mesure qu'il passe ses journées sous le foyer brûlant. Tandis que moi, perdu dans mon désert de buildings, je fuis la moindre parcelle de lumière naturelle, me réchauffant uniquement grâce aux prouesses de mes semblables. Je ne m'étends jamais sur le sol pour luire sous les rayons, eux qui semblent se plaire à me brûler plus qu'à me dorer la peau.

    Ses cheveux blonds et sa peau foncée font de lui un enfant du Soleil, tandis que moi, Pierrot, la glace nappe mon épiderme. J'ai beau frissonner dans la fraîcheur de la pénombre, ma place est au fond des ténèbres, je le sais. Lui, les ténèbres le déstabilisent. Je le vois, quand son regard se perd dans l'immensité du désert, qu'il semble perdre pied et sombrer dans le repère des démons.

    Juste avant que je n'attrape sa main pour le faire revenir sur la terre ferme, il tourne à nouveau ses yeux verts vers moi. Verts, comme ceux du serpent. Perçants, comme ceux du serpent. C'est presque à en avoir honte de mon regard trop froid, trop bleu.

    Sa main se retrouvant sur ma joue me fait tressaillir. Je me demande soudain pourquoi je le laisse me toucher ainsi. La folie, l'euphorie qui m'habitait quelques minutes plus tôt semble retomber doucement. Je l'écoute avec un peu trop d'attention, et mon sourire se fige, en une expression de sympathie mêlée à un peu de désolation. Les étoiles ne sont certainement pas là pour moi. Au mieux elles sont là pour lui, au pire elles sont là par hasard, mais moi, rien ni personne ne viendrait m'accompagner aussi loin dans les ténèbres.

    Je fais de mon mieux pour ne pas l'effrayer, pour ne pas le blesser, parce qu'aussi malheureux que cela puisse être, j'ai besoin de lui pour rentrer chez moi. Je secoue doucement la tête à sa question, saisissant la main qui tient ma joue dans la mienne pour la retirer. Étrangement, ce contact, ma paume contre la sienne et mes doigts entrelacés aux siens, me dérange moins. Je me lève lentement et ma main ne quitte pas la sienne. Une chaleur que je n'ai jamais ressenti réchauffe ma paume, et elle m'est curieusement agréable. Tirant sur son bras, je l'invite à se relever, répondant enfin à sa question.

    - Il faut simplement que je rentre chez moi.

    Le sourire un peu plus complice, je me tourne vers les lumières de la ville pour me rendre compte qu'elles sont encore bien loin. J'esquisse un pas, et elles semblent se dérober, le sable se mouvoir, les ténèbres trembler. Je me stabilise, me tourne vers le jeune nomade avec un sourire désolé sur les lèvres.

    - Les étoiles tanguent encore un peu...

    Cela sonne comme un aveu. J'attends de voir s'il voudra bien m'aider à rejoindre la ville. J'espère qu'il le fera, car je me vois mal tanguer jusqu'à là-bas, si loin. J'ai du mettre un sacré bout de temps pour venir.
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    Le citadin secoua la tête, ce que Laäf n'aurait pas pu ignorer vu l'endroit où sa main était placée, même s'ils avaient été trop loin pour pouvoir le distinguer. Le nomade n'insista pas, laissant bien volontiers sa main à son compagnon du moment. Compagnon qui déclara qu'il devait rentrer chez lui… Rentrer… dans la ville, donc ? Oui, ce devait être cela qu'il appelait chez lui, en tout logique. Ca n'allait pas être le campement, en toute logique.

    Il le remit sur ses pieds, le jeune homme s'exécutant de bonne grâce, sans toutefois y mettre beaucoup d'enthousiasme non plus. Et le premier confirma ce que Laäf avait déduit en se tournant en direction de lumières qui ne pouvaient, vu leur importance, qu'être celles de l'immense ville où vivaient tous les siens.

    Laäf se déplaça pour se mettre à côté de lui, tourné, lui aussi, face à ces lumières qui l'atttiraient irrémédiablement. La principale question était de savoir s'il n'était pas qu'un papillon de nuit qui allait se griller contre un danger fascinant… Mais il n'était pas spécialement doué pour se poser des questions.

    "Avec ces lumières, tu sais toujours par où aller pour rentrer chez toi," fit-il remarquer d'un ton soudain relativement doux.

    L'autre fit un pas en avant, et le nomade tourna lentement la tête vers lui. Clignant des cils, il mit un moment à comprendre pourquoi l'autre lui reparlait des étoiles qui tanguaient. Il était tombé lorsque les étoiles dansaient. Sans doute avait-il peur de tomber de nouveau… Tomber dans du sable ne risquait pas de faire très mal… Sauf si on avalait du sable. Du moins il le supposait…

    Laäf eut un léger sourire et se rapprocha de nouveau de son camarade. Il avait du mal à s'assurer que c'était la chose à faire. Il était rarement certain dans le domaine des relations sociales, mais ce n'était pas quelque chose de très grave. Il s'en sortait très bien sans, après tout : il suffisait de ne pas se préoccuper de ceux qui en étaient gênés, de leurs reproches... Et le jeune nomade était particulièrement doué dadns ce domaine.

    "Je peux marcher avec toi jusqu'à ta ville, si tu veux. J'aime bien marcher dans le désert. Même s'il n'y a pas beaucoup de vent, c'est dommage. J'aimerais être un vent, un jour, pour pouvoir survoler le désert…"

    Laäf eut un soupir presque inaudible, la tête renversée en arrière pour se perdre dans la contemplation du ciel. Il lui arrivait d'y passer des heures, mais, cette fois, il s'en détacha au bout d'une minute à peine. Sans faire de commentaire sur son immobilité - sans même réaliser que cela puisse paraître étrange à d'autres - il se mit en route en direction de la ville, prêt à soutenir son camarade si jamais c'était nécessaire.

    Après avoir laissé un moment de silence s'installer, le regard attiré par le moindre mouvement autour d'eux, le jeune homme ralentit sa marche. Ses yeux s'étaient perdus vers l'horizon, sans que son visage n'exprime grand chose de ses sentiments. Toutefois, il eut finalement un long soupir, et il murmura :

    "Je me demande où est le campement… Dans quelle direction il faudra que je marche pour retourner à l'intérieur du cercle..."

    Après tout, lui n'avait pas de lumière pour retrouver le chemin de là où était son peuple. Et une fois qu'il aurait ramené son compagnon du moment jusqu'à l'endroit où il vivait, il resterait seul dans le désert, en pleine nuit. Avec les démons, quels qu'ils soient…

    "Tu es allé loin de ta ville, tout de même."
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    - Oui, c'est vrai qu'avec la lumière je peux difficilement me perdre.

    Je lui souris avec les yeux humides, après avoir longuement baillé. Notre longue marche vers la ville commençait ici. Après mon premier pas un peu hésitant, j'en tente un deuxième, serrant dans ma main la paume rassurante du nomade. Ça va un peu mieux qu'avant, je me sens moins nauséeux, j'ai les idées un peu plus claires même si j'ai toujours un sacré mal de tête. L'air frais du désert me vivifie un peu et je comprends et partage tout à fait l'envie de mon voisin.

    - Tu crois que tu serais quel type vent ? Une brise légère ? Moi je pense que je serais un vent fougueux, vif, celui qui te fait regretter d'avoir laissé ton manteau ouvert. Celui qui fait se transformer la pluie en neige...

    Se disant, je me rends compte que même s'il n'y a pas de vent dans le désert, il y fait sacrément frisquet en début de nuit. Je tourne la tête vers le jeune nomade, observant son visage doucement éclairé par les lumières de la ville. N'a-t-il pas froid ? Il doit être habitué. Sa main dans la mienne est chaude.

    Désireux de me mettre plus à l'aise, pour éviter de trembler, je me rapproche encore plus de lui. Un moment, j'hésite, me souvenant de la présence du reptile sous son habit. Je me dis de plus que tenir sa main est déjà suffisamment déplacé. Suffisamment gênant aussi, moi qui n'ai jamais désiré de contact physique. Mais là j'ai froid, c'est du pur instinct de survie. Alors, en essayant de ne pas déranger la créature enroulée autour de lui, je glisse mon bras dans son dos, enserrant sa taille légèrement. Mon flanc désormais collé contre le sien se réchauffe rapidement. J'ai détourné le regard, fixant les lumières en face de moi.

    Je remarque qu'il a ralenti et ses paroles me font ouvrir de grands yeux étonnés, presque inquiets.

    - Tu ne sais pas rentrer chez toi ?!

    Je ralentis aussi, m'arrête carrément. Je pense pouvoir marcher seul si besoin, je n'ai plus vraiment besoin de son aide. Mais le laisser partir maintenant ne l'aiderait pas beaucoup plus, étant donné que même s'il est moins loin que si nous étions arrivés à la ville, il ne sait quand même pas rentrer.

    En temps normal j'aurais simplement congédié le nomade, en le remerciant, m'excusant peut-être vaguement. Peut-être est-ce encore la lourdeur de mon état ou la fatigue qui m'adoucit, mais je n'ai pas le cœur à l'abandonner là.

    - Se serait mieux pour toi si tu passais la nuit à la ville ? Des nomades viennent souvent là-bas, ils pourraient te ramener avec eux.
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    Laäf ne reprit pas immédiatement la parole lorsque son compagnon lui demanda en quel vent il se transformerait. D'une part, parce qu'il réfléchissait à ce que l'autre lui avait déclaré : un vent fougueux, froid et violent… Etait-ce ainsi que s'imaginait celui qui dansait avec les étoiles ? Et pourquoi pas, après tout ? Nul ne savait juger l'intérieur d'un homme en regardant son visage… D'autre part, parce qu'il ne s'était jamais demandé précisément quel vent il serait, s'il devenait du vent...

    "Une brise légère… Non, je ne pense pas. Je serais un vent imprévisible. Tourbillonnant, virevolant à sa guise et se déplaçant d'un endroit à un autre, sans que personne ne comprenne pourquoi ni comment. Assez fort pour soulever le sable et faire rouler les pierres, parfois, puis qui s'adoucit pour s'insinuer partout où sa curiosité le porte. Crois-tu que le vent puisse voir et entendre ?"

    Car si le vent n'entendait ni ne voyait… Se changer en un vent devenait soudain bien moins intéressant. Pourquoi se déplacer dans les airs si c'était pour n'avoir conscience de rien autour de soi ? Mais peut-être que lui, s'il devenait un vent, ce serait un vent qui avait vue et ouïe, quelle que soit la manière dont il percevait cela… Comme un démon du vent ? A la réflexion, peut-être était-ce pour cela que l'autre l'avait pris pour un démon…

    Une sensation changea, arrachant l'esprit du jeune nomade à sa potentielle transformation en démon du vent. Un serpent s'était enroulé autour de sa taille, et il baissa les yeux pour découvrir, avec une certaine surprise, le bras du citadin, dont le flanc se colla bientôt au sien. Lorsque son regard chercha le visage de l'autre homme, cependant, ce fut pour ne découvrir que son profil.

    Peut-être l'aurait-il interrogé sur ce rapprochement si une autre pensée ne s'était pas imposée à son esprit, chassant le reste. Et ce fut un regard un peu plus inquiet qu'il porta autour de lui. Il était dehors, en pleine nuit… Cette pensée le remua, l'obligeant à considérer la situation de manière un peu plus terre à terre que ce dont il avait l'habitude.

    "Non, je ne sais pas. J'ai suivi un oiseau, puis un caillou m'a arrêté, et après je t'ai trouvé. Mais dans le noir, je ne sais pas si j'arriverai à retourner chez moi avant que les démons ne hurlent à mes oreilles…"

    Cela fit s'arrêter le citadin, et le nomade fit de même, son regard revenant sur son visage. Son expression se chargea de surprise lorsqu'il lui proposa de venir dans la ville. Ses yeux se détournèrent pour se poser avec une crainte mêlée de fascination sur la silhouette imposante de la ville.

    "Je pense que je pourrais rentrer seul une fois que le jour sera levé. Mais je vais avoir froid, et il va y avoir les démons… Je les ai déjà entendus. Je ne sais pas ce qu'ils sont, mais la nuit, ils hurlent et grincent. Mais passer la nuit en ville…"

    Laäf s'interrompit, partagé, comme à chaque fois qu'il regardait cet immense et étrange endroit. Etait-ce ainsi qu'il allait céder et s'y rendre ?

    "Mais je n'ai pas de tente pour dormir dans ta ville. Même s'il n'y a pas les démons qui désert, qui me dit qu'il n'y a pas des démons citadins qui viendront me geler ? Je n'ai pas envie de me retrouver seul en terrain inconnu pour attendre le retour de la lumière…"
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    J'écoute le jeune nomade me décrire la façon dont il aimerait souffler sur le monde s'il était un vent. Même si j'y avais mis toute mon imagination, je n'aurais jamais pu deviner sa réponse. Pourtant quand il la formule, elle me semble tellement naturelle que j'ai l'impression de l'avoir toujours su. Il est léger, un peu dispersé et capable d'une grande curiosité. Indirectement, il me confirme aussi ce que j'avais déjà perçu : sous ses airs candides, il cache une grande force. Je mettrais ma main au feu que cette solidité est liée à ses proches, son clan. Dans le fond, j'ai toujours envié les nomades pour ça, pour la force de leurs liens. Non pas que mes proches à moi ne sont pas dignes de confiance, mais la relation n'est pas la même. Ils veillent sur moi, je veille sur eux, mais je serais complètement capable de les mettre sur la touche pour leur bien. La fin justifie un peu les moyens... Je ne peux affirmer que les nomades ont des liens francs et aussi puissants que je les imagines. J'aurais cependant adoré profiter d'une fratrie, de liens de sang. Sans cela, je ne pense pas être capable de me montrer sous mon vrai jour.

    Malgré mon envie de continuer à le titiller sur cette histoire de vent, je me recentre sur l'enjeu principal de notre arrêt en plein désert. En douce, pendant que le nomade se laisse fasciner par les lumières de la ville, je pose un regard bienveillant sur son visage. Je ne comprends pas exactement pourquoi il me touche autant, mais je n'ai strictement aucune envie de le laisser seul, ni dans le désert ni dans la ville. Il a prit soin de moi jusqu'ici, en tous cas il m'a tenu compagnie, alors je me dois de lui rendre la pareille. Je le laisse hésiter pendant une poignée de secondes, mais au fond de moi je sais déjà que je vais l'emmener avec moi.

    - Je ne vais pas te mentir, les démons de la ville sont aussi dangereux que ceux du désert et ils sont plus nombreux, mais il n'est pas question que tu restes seul. Je serai avec toi, si tu veux bien partager ma tente. Tu rentreras demain chez toi en toute tranquillité.

    Concernant les démons, je ne suis pas entrain de plaisanter. Le nomade ne peut pas s'en douter, mais la ville peut être dangereuse. Et même si je serai là, je ne l'emmènerais pas faire une petite promenade nocturne pour lui faire découvrir un monde qu'il ne connait pas. Selon les périodes, je peux être une véritable cible ambulante. Entre rester seul dans le désert en pleine nuit, seul dans la ville ou avec moi dans la maison de Logan, la solution la plus sécurisée reste la dernière. C'est pourquoi je me permets de ne pas le laisser réfléchir beaucoup plus, exerçant une légère pression dans son dos, de mon bras toujours enroulé autour de lui, l'incitant à continuer à marcher. Je reprends plutôt naturellement notre précédente conversation.

    - Pour répondre à ta question de tout à l'heure, je ne crois pas que le vent puisse voir ou entendre. À mon avis, si le vent possède l'un des cinq sens, c'est le toucher. Dans le fond, je crois que c'est la seule chose qui importe. Il ne voit pas le monde qui l'entoure, il n'entend pas les bruits qui composent son univers, mais il sent les entités qu'il effleure, il sent l'espace qui le contient. Les sensations sont différentes lorsqu'il fait frémir les feuilles d'un arbre de lorsqu'il agite la surface de l'eau. N'est-ce pas la chose la plus importante ?

    L'envie que j'ai pu avoir de le chercher un peu me reprend et je ne peux m'empêcher de continuer. Je le fixe d'un demi-sourire.

    - Toi par exemple, si tu devais choisir entre pouvoir me regarder, entendre le son de ma voix ou sentir mon corps qui te réchauffe dans la nuit froide du désert, tu choisirais quoi ?
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    Les démons de la ville, plus nombreux… Différents, aussi, peut-être ? Les citadins étaient différents des nomades, leurs démons l'étaient certainement aussi. Et pourtant, Laäf avait du mal à imaginer à quoi ils pouvaient ressembler. Dans une ville de lumière, ils ne pouvaient pas se cacher dans les ombres, ou dans le souffle du vent qui parcourait sans résistance les grandes étendues du désert.

    Voulait-il avoir une chance de les rencontrer ? Ou préférait-il passer une nouvelle nuit avec les démons familiers et effrayants qu'il avait déjà vécus ? C'était une question complexe, qui lui demanderait beaucoup de réflexion. Et qui aurait demandé, également, qu'il n'ait pas en face de lui une aussi grande source d'interrogations : la ville.

    Machinalement, le nomade répondit à la pression dans son dos en se remettant en marche. Ayant perdu de vue que ce qui l'avait fait s'arrêter était justement qu'il estimait devoir y réfléchir, il reporta son regard sur son compagnon danseur, mettant quelques secondes à se souvenir de la discussion sur laquelle il revenait. Le vent. Encore et toujours le vent.

    "C'est important, oui. Et c'est vrai que le vent ne fait que nous caresser. Sans doute est-ce la seule chose qu'il peut faire. Crois-tu qu'il soit possible de se rendre compte de ce que nous ne percevons pas ? Peut-être le vent a-t-il encore un autre sens, qui n'est pas le toucher, mais que nous ne pouvons pas imaginer parce que nous ne le connaissons absolument pas…"

    A la question qui lui fut ensuite adressée, le jeune homme fronça légèrement les sourcils, ses traits marquant une profonde concentration. L'entendre, le regarder, ou sentir son corps… Il imaginait très mal se passer de l'un de ces sens. L'ouïe, peut-être plus facilement… Il était si souvent imperméable à ce qui s'entendait autour de lui, lorsqu'il se concentrait… Et…

    "Sentir ton corps. Je peux te voir en suivant tes formes du bout des doigts, et t'entendre avec les vibrations de ta gorge et les mouvements de tes lèvres. Et sans chaleur, la nuit, dans le désert… Ca attire les démons."

    Laäf avait répondu avec le même sérieux qu'à l'ordinaire, comme s'il s'agissait d'une question de la plus haute importance. Et pour lui, c'était le cas. C'était même suffisamment important pour qu'il continue à y réfléchir alors qu'ils marchaient, voulant s'assurer qu'il ne s'était pas fourvoyé dans sa réponse. Car, même s'il n'y avait pas de bonne réponse objective, il voulait répondre ce qui lui correspondait.

    "Mais ce serait affreusement difficile. Si je n'entendais plus, je n'entendrais plus les réponses, et poser des questions deviendrait inutile. Pourtant, j'aime poser des questions, je m'en pose tout le temps. Et elles arrivent parfois jusqu'aux autres," expliqua-t-il, d'un ton qui semblait presque remettre en doute sa responsabilité dans le fait que les autres soient informés des questions qu'il se posait.

    Puis, soudain, l'entrée de la ville se dressa tout près de lui. Encore quelques pas, et il serait à l'intérieur. Le nomade s'arrêta à nouveau, ses réticences se réveillant alors qu'il réalisait l'endroit où il allait, sans se souvenir d'avoir décidé de s'y rendre.

    "Tes démons ne risquent pas de me voir comme un intrus ? Je ne sais pas si je veux y entrer..." lâcha-t-il, sans que ces deux phrases n'aient de réel rapport entre elles, dans son esprit.

    Mais il se sentait indécis, attiré et repoussé à la fois par ce qui se trouvait devant lui. Suffisamment pour ne pas faire de lui-même le pas décisif, suffisamment pour ne pas résister si l'autre lui faisait faire ce pas.
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    Ne pas pouvoir imaginer ce qu'on ne peut percevoir. C'est une des questions que je me pose sans relâche, presque quotidiennement, mais qui ne trouve jamais de réponse définitive. Mon regard déjà curieux s'intensifie, traduisant un intérêt sincère et profond pour les paroles du jeune nomade. Si certaines ressemblances entre nos façons de voir la vie c'étaient déjà faites ressentir, j'ai l'impression d'avoir pendant un instant devant moi, une âme jumelle.

    - J'aimerais tellement percevoir ce qui n'est pas perceptible.

    Par exemple j'aurais aimé percevoir encore plus clairement la beauté du lien qui venait de se créer entre nos deux esprits de par la similitude de nos pensées.

    - Tu te poses des questions tellement belles et essentielles.

    Je suis parfaitement sincère en disant cela. Jamais, dans mon souvenir, je n'ai croisé de personnes capables de se poser de telles questions. Capables de ne pas accepter le monde tels qu'on nous le présente et questionnant toujours ce qui est hors de portée, ce qu'on ne pourra jamais savoir. N'être jamais satisfait des réponses, un peu comme un enfant. Le nomade est après tout un peu comme un enfant.

    Un enfant qui ne mesure pas toujours la portée de ce qu'il dit. Encore touché par sa personne, l'écoutant attentivement, je perçois sa réponse à ma question. Je m'y attendais pourtant, à ce qu'il réponde innocemment et qu'il me donne matière à sourire. Mais je n'imaginais pas qu'il me donne matière à me sentir gêné. Je ferme les yeux et tourne mon visage vers la lumière, un peu dépassé. Ce n'est pas dans mon habitude d'être piqué par des mots charnels, par des douceurs dites à demi-mot. Pourtant le nomade ne fait même pas de sous-entendu, restant sincère avec lui-même et dans son innocence. Il ne peut pas s'imaginer qu'il vient de me dire une des choses les plus délicieuses qu'on ne m'ait jamais dites. Il donne simplement des alternatives à l'ouïe et à la vue, ne se doutant pas que j'ai une forte tendance à mettre des images sur les mots. Et ses phrases sont si sensuelles qu'il m'est impossible de ne pas me sentir piqué au vif. Sa naïveté m'empêche en plus de m'en défaire, de ces douces sensations. Le rouge me monte aux joues. Cela ne me ressemble tellement pas de réagir comme ça, ce ne sont pas des choses qui m'ont un jour intéressé.

    Je m'efforce de rouvrir les yeux, de me raccrocher à la conversation comme si je n'en avais jamais été déconnecté, m'assurant que mon bras ne s'est pas trop resserré autour de lui et que rien n'a trahi ma gêne. Mais je ne peux pour le moment replonger mon regard dans le sien.

    - Ne t'inquiète pas, tu ne vas pas perdre ton ouïe. Pose-moi toutes les questions qui te passent par la tête, je m'efforcerai d'y répondre.

    Mon regard caresse alors les lumières de la ville qui se sont inexorablement rapprochées. Je sens le blond ralentir. Il s'arrête. Je m'arrête également et le défait de mon bras autour de sa taille, me plantant face à lui, mon sérieux retrouvé, mon sourire étréci.

    - La meilleure façon de repousser les démons de la ville...

    Tout en lui parlant, j'attrape sa capuche, la remontant sur sa tête pour cacher son visage aux éventuels promeneurs nocturnes.

    - C'est de te montrer plus effrayant qu'eux. La meilleure façon de les attirer c'est de montrer que tu as peur. Alors n'ais pas peur et ne souris plus, ne parle plus, ne vas pas dans la lumière. Agis comme un démon.

    N'attendant pas sa réponse, j'attrape sa main et commence à marcher. Bien évidemment j'ai un peu exagéré, parler ne risque rien. C'est pourquoi au bout de quelques mètres, je chuchote.

    - Quel est ton nom ?

    Je viens de me rendre compte qu'avec toutes les conversations que nous avons eues et malgré le temps que nous avons passé ensemble, je ne sais toujours pas comment il s'appelle. Je ne sais pas comment s'appelle la seule personne que je connais qui se pose encore des questions comme un enfant.

    - Je veux connaître ton nom.

    Je replonge enfin mon regard dans le sien, attendant sa réponse.
    Laäf Mu'Neidjalh
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    A l'autorisation qui lui fut donnée de poser toutes les questions qu'il veut, Laäf eut un sourire heureux, le souvenir, récent, du compliment que son compagnon a fait à ses interrogations réveillant une légère chaleur en lui. Rares ont été ceux qui ont pleinement accepté et apprécié l'incessante curiosité du jeune nomade, et cela lui avait toujours été très précieux. Venant d'un citadin… Cela ne le rendait que plus émouvant.

    "Je le ferai."

    Il n'en profita toutefois pas immédiatement, l'esprit tiraillé par sa crainte de démons totalement inconnus qui rôdaient dans l'immense ville. Un lieu inconnu, des démons inconnus… Son regard se releva sur le visage sérieux du danseur des étoiles, et il resta immobile alors que sa capuche couvrait sa tête.

    Il écouta avec intensité les explications qui lui étaient données, un long frisson secouant son corps. Être effrayant, ne pas aller dans la lumière, agir comme un démon. Ces mots résonnèrent en lui, s'enfonçant lentement dans son esprit. En était-il capable ? Pouvait-il agir comme un démon ? Et comment agissaient les démons de la ville… ?

    Tout à ces questions, qui révélaient pour lui un intérêt totalement déconnecté de la situation présente - même s'il n'avait plus, finalement, à entrer dans la ville, il aurait tout de même voulu savoir - il se laissa entraîner sans le moindre instant de résistance. La main qui tenait la sienne lui servait de volonté d'avancer, et son regard se perdit à nouveau dans les lumières, toujours plus proches, de la ville. Ne pas aller dans la lumière…

    La voix du danseur le fit s'arracher à la contemplation, qui le rendait plus anxieux et désireux d'avancer, et l'interrogea. Un sourire se dessina sur ses lèvres, et il acquiesça lorsque la demande se changea en volonté.

    "Je m'appelle Laäf Mu'Neidjalh Seyrin Veshnat."

    Cette fois, seules quelques secondes de silence s'écoulèrent avant que Laäf ne reprenne la parole, conscient, pour une fois, qu'il avait à s'expliquer. Même parmi les nomades, les autres tribus n'avaient pas le même système de nom…

    "Appelle-moi comme tu le souhaiteras. Veshnat est mon nom d'adulte. Laäf est mon nom d'enfance, mes proches m'appellent ainsi, et Seyrin est le nom qui marque ma place parmi les miens, il est empli de respect. Mu'Neidjalh est mon nom de famille. Je t'enseignerai le sens qui leur insuffle leur valeur, si tu le souhaites, et tu choisiras en connaissance de cause."

    Le nomade avait eu un sourire à sa dernière phrase. Il aimait ses noms, et le sens qu'ils plaquaient sur son existence. Aussi n'avait-il aucune réticence à s'en ouvrir à son compagnon. Quelquu'n qui dansait avec les étoiles ne pouvait que comprendre…

    "Et toi ?"

    Inexorablement, le regard de Laäf retourna sur les lumières. Elles l'aveuglaient presque, mais pourtant, il le voulait pas regarder ailleurs. Tout comme il désirait et était effrayé à l'idée de mettre les pieds à l'intérieur de cette immense enclave défiant le désert. Alors, finalement, il serra la main de son compagnon, et ferma les yeux.

    Sans la moindre nervosité, ou quoi que ce soit qui pourrait indiquer un manque de confiance, il eut un sourire. Il n'avait pas cessé de marcher, ses pieds connaissant parfaitement le sable qu'ils foulaient. Sans doute ne serait-il pas aussi à l'aise lorsqu'il aurait quitté le désert, mais il avait la main du danseur des étoiles pour le mener là où il le faudrait.

    "Guide-moi à l'intérieur. Je regarderai lorsque nous aurons franchi la lumière, et que tu me diras de rouvrir les yeux."
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    Après réflexion, je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai autorisé Laäf à me poser toutes les questions qu'il souhaite. Ce n'est tout bonnement pas possible et cette réalité prendra fin dès demain lorsqu'il aura quitté la ville. Au fond, je sais qu'il me plairait tant d'écouter ses interrogations si légitimes et si innocentes, tellement douces, pendant des heures. Si je ne me trompe pas, je pense d'ailleurs savoir pourquoi cela m'attire autant, j'imagine que ce sont des questions que je n'ai jamais eu l'occasion de me poser avec autant d'intensité que lui. Les sujets qu'il aborde concrètement ne sont restés pour moi que de courtes divagations tandis que ma vie secouée m'arrachait à mes rêves d'enfant. Cette nuit, quand j'ai perdu la tête dans le désert, le nomade a sûrement éveillé ou réveillé cette étincelle naïve au fond de mon cœur. Alors oui, écouter et répondre à ses questions me semble être une activité apaisante et douce, mais je n'oserai l'exprimer à haute voix. Soit parce que j'ai trop peur que cela remonte aux mauvaises oreilles, soit parce que je sais que moi-même je risque de finir par m'y accrocher.

    Le visage du jeune homme tourné vers la lumière avec cet air si curieux a beau appeler mon âme aussi distinctement, je sais que ma vie n'est pas là. J'ai des responsabilités qui dépassent ma simple personne, j'ai des gens à protéger, dont Laäf. J'ai toujours eu du mal à comprendre les autres, ce n'est pas pour commencer avec un nomade un peu candide. C'est pourquoi mes mains ne sont pas entrain de le tirer avec hâte vers la plus haute tour de la ville pour qu'il en voit les lumières de plus près ou la vue depuis le sommet, mais qu'elles se ferment sur sa capuche pour le dérober à cet environnement trop dur pour lui. Car je m'en voudrais d'altérer sa douceur et ses croyances et de le plonger dans une réalité qui n'est pas la sienne. C'est seulement la mienne.

    Finalement, même sa réponse à la question la plus simple résonne entièrement avec son univers. Jamais il ne lui serait venu à l'idée de ne pas me dévoiler son nom complet, de se protéger ou d'au moins garder une certaine pudeur sur les valeurs de son clan, parce que pour lui c'est tout à fait naturel de faire savoir ce qu'il est, ce qu'il signifie. J'esquisse un sourire triste. Dire que Laäf ne se doute absolument pas que je fais partie des démons auxquels j'essaye de le mettre en garde.

    - D'accord, je t'écouterai quand nous serons à l'abri. Mais, Laäf, penses-tu qu'un démon se présente ainsi ? Je te rappelle que tu dois agir comme un démon...

    Je ne peux au final m'empêcher une étincelle moqueuse dans le regard, doucement moqueuse. La réponse du nomade à cette simple question, qui est celle du prénom, ne me pousse que plus à redoubler de prudence, et je serre sa main plus fort dans la mienne.

    - J'ai un prénom, que tout le monde utilise. Mais ce n'est pas mon vrai prénom alors je n'ai pas vraiment envie que tu le connaisses.

    C'est vrai que mentir à Laäf sur mon prénom serait bien une des choses les plus incongrues que j'aurais pu faire. Quoi de moins harmonieux que de citer McKenzie alors que ce prénom à lui seul porte toutes les impuretés qui ont rythmé les dernières années de ma vie ? Quoi de plus naturel que de partager avec un être aussi pur, le véritable prénom qui m'a été donné ?

    - Appelle-moi Antoine. Mais... ne le répète à personne. Quels que soient les prénoms auxquels je répondrai pendant ton séjour en ville, ne les répète jamais à personne.

    Il suffirait que le nomade cite mon nom dans une conversation pour qu'il soit kidnappé et torturé à mort - puisque c'est un sort que j'ai déjà réservé à maintes de mes interlocuteurs. Et cela n'arrivera pas à Laäf, je me le refuse catégoriquement. Aussi faudrait-il passer le moins de temps possible dehors, à découvert. À peine a-t-il fermé les yeux que je l'amène vers la ville. Je ne prends pas le temps de réagir à ce comportement qu'on pourrait presque qualifier de "laäfien" tant il lui est caractéristique. Et dire que je ne le connais que depuis quelques heures... Je passe la frontière sans broncher, attendant d'en être éloigné de quelques mètres et d'être dans l'ombre pour me pencher à son oreille.

    - Voilà.

    Je ne pense pas avoir besoin d'en dire plus, il comprendra qu'il peut maintenant ouvrir les yeux.

    - Je te préviens, nous ne sommes pas au cœur des lumières de la ville, mais un peu en périphérie.

    Fort heureusement, nous sommes en effet entrés à couvert, au sein d'un quartier résidentiel plutôt calme, mais il nous faudra marcher encore dix bonnes minutes pour atteindre la maison de Logan. Le nomade peut néanmoins voir scintiller au ras des maisons aux toits en pentes, les étoiles multicolores de l'horizon urbain.

    - Ne traînons pas. Rappelle-toi, marche dans l'ombre, sois silencieux et n'ais pas peur.
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    Le jeune nomade pencha légèrement la tête sur le côté à la réprimande de son compagnon. Est-ce qu'un démon se présentait ainsi… Ceux du désert, non, il le savait. Il ne les avait pas entendus se présenter, lorsqu'il était allé une nuit à leur rencontre. A quoi bon se présenter ? Personne ne pouvait douter de ce qu'ils étaient, à les entendre, à les sentir. Personne ne pouvait penser à autre chose.

    Pourtant, ce ne fut pas ce qu'il choisit de répondre. Au contraire, ce fut un léger sourire qui se dessina sur ses lèvres, et il secoua la tête, sans la moindre gêne, pour confirmer qu'il ne pensait pas qu'un démon se présentait ainsi. A la manière dont le danseur des étoiles le demandait, il savait que c'était la bonne réponse.

    "Non. Mais toi, tu sais que je ne suis pas un démon de ta ville. Pourquoi devrais-je faire semblant d'en être un, alors que je ne suis qu'en face de toi ?"

    Laäf écouta ensuite la réponse de l'autre homme avec attention, non sans manifester une certaine surprise en entendant parler d'un prénom que tout le monde utilisait mais qui n'était pas son "vrai" prénom. Une tradition des citadins ? C'était un peu étrange à imaginer, pour lui, mais il ne mit pas la parole de l'autre en doute, attendant qu'il lui en dise davantage.

    A nouveau, un sourire gagna son visage lorsque l'autre lui donna finalement un nom. Tout en lui interdisant de le répéter. Ce nom, comme tous ceux qu'il pourrait entendre tant qu'ils étaient en ville. A nouveau, ce n'était pas quelque chose qu'il comprenait, mais les citadins étaient un tout nouveau clan qu'il découvrait, avec les coutumes qui y étaient reliées.

    "D'accord, je ne les répèterai pas. Et quand je te parle, est-ce qu'il faut que j'évite de dire ton nom ?" demanda-t-il, curieux mais bien disposé à s'adapter.

    Fermant les yeux, il se laissa guider avec confiance, même si un lourd frisson le secoua lorsque son pied se posa, sur la première fois, hors du désert. La sensation n'était pas du tout la même que le sable… Le sable, la roche, tout ce qu'il connaissait. Et, pour la première fois de sa vie, Laäf ne regretta pas de ne pas être pieds nus. Comme si la ville aurait pu, sinon, le pénétrer par la plante de ses pieds, alors qu'ordinairement, il adorait l'idée d'avoir la peau directement au contact du sol.

    La voix d'Antoine le prévint qu'il pouvait rouvrir les yeux, ce qu'il fit, non sans une certaine timidité. En dépit de son évidente curiosité, son expression s'était faite légèrement craintive, face à cet environnement dont il le connaissait rien. Où était le désert ? Pourquoi les citadins s'enfermaient-ils dans ces étranges matériaux ? Il n'eut qu'un bref hochement de tête en apprenant qu'ils étaient en périphérie, et sa main serra celle du citadin.

    "Je m'en souviens. Je te suis."

    Mal à l'aise dans cet environnement qui n'était pas le sien, le jeune nomade se mit en route avec Antoine, gardant sa main fermement serrée sur la sienne. S'il la lâchait… S'il la lâchait, il s'enfuirait certainement, il retournerait dans le désert, avec ses démons. Alors il se rapprocha même de lui, sa main libre allant se poser sur son bras avec un frisson.

    Néanmoins, il obéit docilement à la consigne, baissant même légèrement la tête pour que sa capuche masque au mieux son visage. Pour une fois, il n'avait pas énormément de mal à lutter contre sa curiosité, car tout ce qui se trouvait autour de lui l'effrayait autant que cela l'intéressait. Et, malgré les questions qui lui brûlaient les lèvres et les frissons d'inquiétude qui le traversaient - et que son compagnon devait sentir, à travers leur contact - il continua à marcher silencieusement, sans la moindre interrogation sur l'endroit où ils allaient.
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    - Même si tu penses ne rien craindre, fais toujours attention au danger.

    C'est ce que j'ai répondu à Laäf quand il m'a dit ne pas avoir de précaution à prendre face à moi. S'il savait... Bien sûr, je ne pense pas à mal puisque notre rencontre s'est faite douce et paisible, mais dans d'autres circonstances, j'aurais pu être le pire démon qu'il aurait pu croiser. Y penser me fait frissonner. Je réalise alors que certains de ceux que j'ai hanté pourraient bien être des hommes, des enfants, aussi spéciaux que le petit nomade... Toutes ces innocences brisées. J'espère sincèrement ne pas avoir fait trop de dégâts, mais je ne vais pas non plus commencer à culpabiliser. Les gens que j'ai malmené m'ont fait du tort. Puis si je commence à m'adoucir, je n'ai pas fini avec les emmerdes.

    - Oui, évite de prononcer mon prénom devant d'autres personnes. D'une part, elles risqueraient de ne pas comprendre et d'autre part, je risquerais de me fâcher. Et tu ne veux pas me voir fâché, pour rien au monde, Laäf.

    Mon sourire ne permet pas d'entrevoir la légère menace qui plane derrière mes mots. De toute façon, le nomade ne l'aurait pas comprise. L'entraînant dans les ruelles, j'en viens à me demander ce qu'il adviendrait effectivement si Laäf révélait mon véritable prénom sans le vouloir. Globalement, cela n'aurait pas énormément d'impact s'il s'agit d'un ami, mais toute personne ayant eu vent de mon passé pourrait me mettre des bâtons dans les roues. En dehors de cela, intimement, je perdrais une partie de moi, révélée au grand jour, des faiblesses qui ressortent. Et cela serait une véritable catastrophe. Jetant un regard troublé à Laäf en passant dans une ruelle éclairée, voulant sonder son visage pour voir s'il saisit la gravité de la chose, même si cela ne se lit pas vraiment sur un visage, je sens son autre main se poser sur mon bras.

    Je comprends alors que non seulement le nomade prend très au sérieux mes discours sur les démons de la ville, mais aussi que je n'ai pas trop à m'en faire concernant les gaffes dont Laäf pourrait éventuellement être à l'origine, car il a déjà l'air d'avoir envie de prendre ses jambes à son cou. De toute évidence, il n'aura le temps de voir personne ; après une nuit ici, je ferai en sorte qu'il rentre chez lui sans délai. Il n'aura peut-être même pas l'occasion de parler à Logan, si je me débrouille bien ! Ce qui m'éviterait également une petite discussion avec ce dernier... Et demain, tout reprendra son rythme normal. Cela m'ennuie un peu au fond, pour une fois qu'un peu de tendresse se pointe... Je n'ai pas l'habitude. Je devrais profiter de cette nuit, j'imagine.

    Au fur et à mesure que nous approchons de la maison, cette volonté, de profiter de cette nuit, se confirme. De temps à autres, la pression des mains du nomade se fait plus forte sur moi, et je me souviens de ses questions si délicieuses, auxquelles j'aurais bien envie d'accorder plusieurs heures de mon temps. Et moi aussi, de mon côté, je pourrais lui poser des tas de questions... Rien de très scientifique, il s'agirait surtout de son clan, de lui, des autres. Il me rend curieux comme rarement je l'ai été. J'aimerais pour une fois laisser le fil de mes questionnements se dérouler jusqu'à s'épuiser, ou jusqu'à m'épuiser, moi. Je suis en revanche toujours convaincu que cela est une mauvaise idée. Je n'arrive pas à me décider. De toutes façons, demain ce sera fini, alors autant en profiter, non ? Je décide que cela dépendra de Laäf, de sa disponibilité, de sa fatigue, de ses envies. Nous verrons bien une fois à l'abri.

    Pour l'heure, mes doigts autour de ceux du nomade se délient un temps. Je glisse mon autre main dans la sienne et enroule mon bras ainsi libéré autour de ses épaules, ma main jusque sur sa tête, posée sur sa capuche comme pour lui garantir la protection la plus complète. D'ici jusqu'à chez Logan, je ne déferai pas le cocon protecteur dans lequel je le plonge ainsi.

    Fort heureusement, notre petite promenade se déroule sans encombre et nous ne tardons pas à rejoindre la demeure Karlsen. C'est une petite maison confortable, pas ostentatoire pour un sou. Après tout, Logan n'est pas très riche, à ma connaissance. J'emmène Laäf jusque dans l'entrée, où toutes les lumières sont éteintes. Je ne les allume pas et je ferme derrière nous avant de me pencher à son oreille pour lui murmurer mes prochaines instructions.

    - Je vis ici, avec une autre personne, Logan. Il doit dormir à l'heure qu'il est. Tu es en sécurité ici. Aide-toi de la lumière qui passe à travers les fenêtres, tu distingueras un escalier sur notre droite. Monte-le et entre dans la pièce qui se trouve sur la gauche, je t'y rejoins.

    J'attends de voir s'il ose s'y aventurer seul. Si oui, je me rendrais dans la cuisine pour chercher du ravitaillement avant de monter dans ma chambre, moi aussi. Sinon, je ne le lâcherais pas d'une semelle.
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    Laäf eut un hochement de tête aérien lorsque son compagnon l'enjoignit à toujours faire attention au danger. Il acquiesçait car il était plein de bonne volonté, car il avait conscience que l'autre connaissait bien mieux que lui l'endroit où ils allaient. Mais, à moins d'un miracle, cela n'irait pas plus loin que cela, car le danger était quelque chose dont le jeune nomade reconnaissait l'existence, sans presque jamais, pour autant, le prendre en compte.

    C'est pourquoi il préféra se focaliser sur le nom que le danseur des étoiles lui avait donné, et sur les recommandations qui allaient avec. Pour savoir ce qu'il devait précisément faire. Il acquiesça, cette fois avec plus de réalité, puis fixa Antoine d'un regard innocent.

    "Bien sûr que non. Pourquoi voudrais-je voir quelqu'un fâché ? Surtout quelqu'un que je connais ? Je ferai attention."

    Dans l'immédiat, il était de toute manière bien trop absorbé par l'inquiétude qui était la sienne dans cette ville inconnue, cerné, il n'en doutait pas, par ces démons nouveaux, peut-être aussi lointains et intangibles que les siens, mais tout aussi inquiétant, si ce n'était plus. Aussi s'accrochait-il un peu plus à son compagnon à chaque vague d'inquiétude, à chaque bruit, chaque mouvement qu'il pouvait deviner, quelque part dans l'ombre ou la lumière.

    Le changement de position d'Antoine le fit tressaillir, mais il tourna la tête pour lui offrir ce sourire, un peu vague, qui le caractérisait. Le léger poids de sa main sur la tête de Laäf rassurait celui-ci, l'assurant, à chaque seconde, que l'autre le guidait et qu'il pouvait s'en remettre à lui. Il serra légèrement sa main et inclina la tête, l'espace de quelques secondes, pour le remercier.

    Néanmoins... Le pire était encore à venir, car le citadin le guida jusqu'à l'un des bâtiments situés de part et d'autre du chemin. Petite, beaucoup plus petite que d'autres, mais ces habitations massives et immuables ne plaisaient pas à Laäf, pas plus que l'idée de s'y retrouver enfermé. Il avait déjà perdu tout contact avec le sable, devait-il se couper également du vent du désert ?

    Heureusement, sa curiosité lui vint en aide pour faire quelques pas à l'intérieur, dans le noir. Un sursaut l'agita en entendant la porte se refermer, l'emmurant pour de bon, et il ferma les yeux, la respiration légèrement plus rapide qu'auparavant. Tout était noir... Puis il souleva les paupières et fut surpris de discerner davantage ce qui l'entourait, comme si une nouvelle lumière s'était allumée, et s'intensifiait au fur et à mesure que ses yeux se faisaient à la luminosité.

    "Les démons aiment l'obscurité. Et s'ils arrivent à entrer dans votre cercle de tentes immuables, pourquoi ne viendraient-ils pas ici ?"

    C'était presque plus à lui-même qu'à Antoine que ces interrogations s'adressaient, et le nomade pivota lentement vers sa droite, repérant l'escalier indiqué par son compagnon. Il s'avança jusqu'à celui-ci et posa la main droite sur le mur, à plat, avant de monter sur la première marche. Puis la seconde. Il progressa ainsi lentement, marche après marche, tous ses sens aux aguets, jusqu'à être parvenu en haut. Là, il frissonna en réalisant qu'il devait rompre le contact avec le mur, et il s'empressa de traverser pour rejoindre la paroi de gauche, la suivant jusqu'à la première pièce, dans laquelle il entra.

    Il n'eut pas à attendre bien longtemps avant que le danseur ne le rejoigne, et il se tourna vers lui, rassuré de constater que les démons ne l'avaient pas eu, lui non plus. Peut-être était-ce des démons assez proches de ceux du désert, qui n'avaient jamais cherché à l'attaquer... Il ne pouvait pas vraiment en juger, pas avec un seul trajet, assez court...

    "Tu n'avais pas mangé ?" l'interrogea-t-il en le voyant les bras chargés de nourriture.

    Avec curiosité, et toute inquiétude envolée en l'espace de quelques secondes, le nomade s'approcha pour observer les aliments, bien différents de ceux dont il avait l'habitude.

    "Qu'est-ce que c'est, tout ça ? Je peux goûter ?"

    Laäf eut un sourire lorsqu'il eut l'accord d'Antoine, et attendit patiemment qu'il lui montre comment manger. Peut-être certaines choses avaient-elles une peau ou une cosse à enlever, ou que savait-il encore. Et la patience n'était pas loin d'être l'une de ses principales qualités...

    Le repas l'occupa un certain temps. Il mangeait lentement, mâchant longuement chaque bouchée pour en savourer au mieux le goût. Mais, après quelques minutes de silence, il releva les yeux vers Antoine, délaissant complètement ce qu'il avait en main pour fixer le citadin, et ce, pendant une bonne minute avant de se décider à déclarer :

    "Puisque ton nom est secret, je ne l'utiliserai que dans mon coeur. Sinon, je t'appellerai Neyl'erhan. Ca veut dire le danseur des étoiles."
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    Lorsque j'ai fermé la porte, je me suis bien rendu compte que Laäf n'était pas beaucoup plus rassuré. Tout cela doit être tellement nouveau pour lui. Percevant son souffle rapide, j'attends un instant, hésitant à le reprendre dans mes bras pour le calmer. Mais, et cela me ravit autant que cela m'étonne, je le vois finalement, après quelques hésitations et questions supplémentaires concernant les démons de la ville, monter courageusement une à une les marches de l'escalier. Cela n'a l'air de rien en soi, mais je me dis que si l'on m'avait à moi demandé de descendre seul dans la cave sombre d'un temple dans le désert, par exemple, je n'aurais pas fait mon fier. Aussi, je l'observe en silence, progresser longuement dans l'escalier, admirant malgré-moi sa capacité d'adaptation. Je ne sais pourquoi, je ne peux détacher mon regard de son dos tant qu'il n'est pas arrivé tout en haut. Ma manière à moi de m'assurer que d'autres démons auxquels je n'aurais pas pris gare ne se cacheraient pas dans l'ombre. Une fois en haut, c'est après un petit temps et en clignement de paupière que le nomade disparaît de mon champ de vision. Entendant la porte de ma chambre grincer, je m'élance dans la cuisine, le sachant arrivé à bon port mais m'attendant déjà.

    Guidé par les lumières de la ville qui éclairent suffisamment la pièce, je me dépêche de prendre quelques trucs à manger et à boire. Je ne connais ni ses goûts ni ses habitudes, je décide donc de prendre du sucré et du salé. Après avoir saisi plusieurs paquets de chips, gâteaux salés et sucreries, je me rétracte. Hors de question que je lui fasse manger cette merde. Déjà moi je n'en mange pas beaucoup et je trouve que c'est trop, alors je m'interdis de faire goûter des saloperies à un gamin qui, je le sais très bien, ne les connait pas. Reposant donc tout ça, la corbeille de fruits devient ma principale inspiration. Je sélectionne quelques jolis abricots, deux pêches, une banane et une grappe de tomates cerises. Je déniche avec joie une miche de pain frais. Je craque pour une tablette de chocolat noir, ça ne fait pas de mal. Ouvrant un dernier placard, je sors la dernière bouteille de vin blanc que j'ai entamée - parce que je suis raisonnable, mais quand même, faut pas pousser. Je n'oublie pas les verres et une bouteille d'eau. Un plateau me sert à monter le tout.

    En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, j'ai rejoint Laäf dans la chambre. Après avoir allumé les deux lampes de chevet, pour une lumière moins criarde, je ferme les volets.

    - Ahem... Excuse-moi, c'est un peu le bazar. Mais c'est très propre, ne t'en fais pas !

    La pièce est plutôt petite. En face de la porte se trouve un bandeau de fenêtres avec vue sur le coeur de la ville. Sous ce bandeau se déroulent plusieurs rangements bas qui font comme un rebord de fenêtre. La moitié est remplie en fouillis de vêtements et de chaussures, tandis que l'autre constitue plus ou moins ma bibliothèque. Au dessus de ces petites boîtes compartimentées, j'ai d'ailleurs apposé des coussins, afin de faire de mon rangement-rebord-de-fenêtre, un rangement-rebord-de-fenêtre-banquette. En face, juste à côté de la porte donc, une petite commode héberge mes autres vêtements. J'ai posé notre repas sur cette commode, entre une pile de CD et des magazines. Je replie rapidement la couette et la lisse pour nous faire une table de fortune sur le lit, qui occupe la plupart de la surface de la pièce. Accolé au mur de gauche, il laisse une place dans un coin pour la porte menant à ma salle de bain privative. Les deux tables de chevet sont étroites et ne servent de support qu'aux lampes de chevet et à mes bouquins entamés - j'en lis toujours plusieurs à la fois. En face du lit, mon bureau a disparu sous les papiers et les classeurs de cours. J'espère que le tout est au goût du blondinet. De toute façon, c'est épuré, blanc, beige, un peu marron. Pas de posters, pas de grosses figures sombres. Shootant dans un T-Shirt propre mais traînant là parce que je l'ai essayé pour au final ne pas le porter, je me tourne vers lui pour répondre à sa question.

    - J'ai mangé... il y a longtemps. J'ai un peu faim. Et bien sûr que tu peux goûter, c'est là pour ça !

    M'installant en tailleur sur le lit, j'invite le nomade à en faire de même et je dispose le plateau entre nous. Je lui désigne les éléments un à un.

    - Les abricots, les pêches et la banane sont des fruits plutôt sucrés surtout les deux premiers, qui d'ailleurs ont des noyaux. La tomate aussi c'est un fruit, mais pas très sucré. Peut-être que tu les connais ? Sinon, ici, il y a du pain, ça n'a pas beaucoup de goût mais ça rassasie. Tu connais aussi, non ? Le chocolat noir c'est un peu amer mais délicieux. L'eau tu connais, aucun souci. L'autre boisson c'est du vin, c'est alcoolisé.

    Déballant la tablette de chocolat pour le laisser se servir, je prends le temps de repenser et de répondre à sa précédente question.

    - Tu me parlais des démons... Ils ne viendront pas ici, c'est trop risqué pour eux. Même s'ils prenaient le risque de venir, je te protégerai.

    Je lui souris en le regardant manger. Pour ma part je me sers un petit verre de vin et je m'enfile un quart de la tablette de chocolat noir, gourmand que je suis. Une des pêches me fait de l’œil, donc je me laisse tenter. C'est alors que le petit prend enfin la parole, d'ailleurs il devait avoir faim pour manger sans ne rien dire. Ce qu'il me dit me fait sourire timidement. Autant l'intention que le nom donné, la consonance même du nom, sont magnifiques. J'ai un peu de mal à enchaîner, n'ayant pas l'habitude d'être touché par de telles attentions.

    - C'est adorable... D'accord, appelle-moi comme ça. Mais du coup, tu m'avais dis que tu m'expliquerais d'où vient ton nom complet. J'aimerais savoir, maintenant, si tu veux bien. Et après, tu pourras me poser toutes les questions que tu veux sur la ville.

    Je réfléchis un instant.

    - À moins que tu ne préfères te débarbouiller, te laver, te changer... enfin te mettre à l'aise avant que nous ne discutions ?

    J'ouvre des yeux un peu inquiets.

    - Et d'ailleurs, ton... ton serpent, il se plaira ici ? Il faut le nourrir ?
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