Agartha. Un désert, où cohabitaient nomades et sédentaires. Cependant l'assèchement progressif des oasis développa la cupidité des sédentaires qui se mirent en guerre les uns contre les autres. Les cités tombèrent une à une devant ce fléau jusqu'à ce qu'il ne reste que 1400. Les nomades quant à eux préférèrent éviter ces conflits en priant leur Divinité de leur accorder un sommeil de deux millénaires. Mais quand ils se réveillèrent, ils furent non seulement confrontés à des citadins beaucoup plus avancés technologiquement mais aussi à une hostilité tangible. Hostilité contre ces nomades ressurgit du passé mais aussi hostilité au sein même de la ville de 1400. Puis une nouvelle guerre éclata : la Révolution. Est venu à nouveau le temps du choix : se battre ou partir ? Ainsi naquit l’Exode, un mouvement rassemblant nomades et citoyens souhaitant fuir la guerre en partant par-delà les montagnes vers un territoire glacé où vit un peuple étrange.

Lorsque le passé et le futur se rencontrent...

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    Le gars là-bas, avec les cheveux rouges ft. TJ

    McKenzie
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    Le gars là-bas, avec les cheveux rouges
    ♪♫

    Je tape des pieds sur la tôle du container, au rythme des basses. Le son est fort, très fort, peut-être que les gars sur la ligne de départ l'entendent, pourtant ils se trouvent à plusieurs centaines de mètres. On ne les voit pas d'ici, on est situés au virage serré qui précède la ligne droite de l'arrivée. Des dizaines de têtes curieuses ou intéressées se penchent par dessus les rambardes des balcons des immeubles délavés qui bordent la rue. Des jeunes pour la plupart, ou des chômeurs. Les bolides ne sont pourtant pas encore passés. Ici tout le monde est au courant que les courses ont lieu le mercredi soir, à la nuit tombée. Celle-ci est réputée pour être la plus courte, mais pas la plus facile. Le parcours est essentiellement composé de ruelles étroites et de virages secs, dont le dernier, celui où l'on se trouve, constitue une véritable gorge d'étranglement. Les containers, placés sur la chaussée même, empêchent le passage de plus de trois véhicules simultanément. J'aime cette course, j'y traîne souvent.

    - Kenza, descends de ce truc putain.

    J'ai un petit rire en entendant Elie tenter d'avoir un semblant d'autorité sur moi. Je lui arrache la pauvre clope qu'il a entre les doigts et qu'il galère à allumer depuis cinq bonnes minutes.

    - Donne-moi ça, toi.

    Je lui allume du premier coup avec mon propre briquet avant de tirer un coup puis de lui la rendre. Elie est une petite frappe. Toute petite. C'est la première fois que je l’emmène ici, sûrement la dernière puisqu'il m'a déjà demandé trois fois de me placer derrière le container plutôt qu'au dessus. Mais j'veux les voir tous passer moi, je ne vais pas me planquer derrière une fichue boîte de métal juste pour ne pas risquer de me prendre quelques cailloux.

    Il est vrai que ma place est plutôt exposée. Un simple dérapage et je risque de me prendre et l'engin et le pilote dans les jambes. M'enfin bon, un accident c'est un accident, ça peut arriver un lundi au supermarché comme un mercredi dans une gorge d'étranglement d'une des courses les plus célèbres de la ville.

    - Il a raison mec, tu ferais mieux au moins de relever tes jambes.

    La voix d'Alexandre est légèrement couverte par les cris des spectateurs, qui eux mêmes sont presque inaudibles à cause du boucan monstre que provoquent les motos en approche. J'ai un soupir.

    - C'est bon, me casse pas les...

    Le reste de ma phrase, même moi je ne l'entends pas. Je vois le premier concurrent, visiblement bien en tête, débouler et entamer son virage, le plus chaud de tous. Je crois que j'ai déjà croisé cette moto, plusieurs fois même. Il finit toujours parmi les premiers, et on comprends pourquoi. Il maîtrise bien, son dernier virage est propre, pas un gravier ne me saute dans l’œil, seules la chaleur et l'odeur forte qui émanent du pot d'échappement viennent jusqu'à moi. Mon sourire s'élargit, ce gars-là est vraiment impressionnant. Je me demande juste pourquoi les autres sont autant derrière. J'ai la réponse quand je les vois arriver à quatre, coudes à coudes, en rang d'oignons sur la chaussée. Mon sang ne fait qu'un tour, je me laisse tomber en arrière sur le métal, lève mes jambes, et je sens une main ferme empoigner ma capuche et me tirer sèchement plus près de l'arrière du container, en même temps qu'une des bécanes s'écrase contre la tôle dans un fracas métallique. Son conducteur a eu la présence d'esprit de sauter avant. Il n'a rien, il s'est brûlé tout au plus. Je me retourne, pour constater comme je m'y attendais le regard noir d'Alex et la clope d'Elie qui est tombée de sa bouche. J'ai un petit rire et je me lève, commence à marcher vers l'arrivée.

    - Faites pas ces têtes, j'suis vivant.

    Mes jambes me distancent des deux gugusses et j'arrive à hauteur d'un concurrent, à qui je demande de me désigner le premier.

    - C'est le gars là-bas, avec les cheveux rouges, TJ.

    Je hoche la tête et m'approche, un peu impressionné, il faut bien que je me l'avoue, mais sans plus. Je m'arrête à un mètre de lui, sourire toujours aux lèvres, comme d'habitude.

    - Salut. Je voulais te féliciter pour la course. J'ai pas tout vu forcément, mais le virage là-bas... C'était impressionnant.

    Généralement on ne s'attarde pas plus que ça avec les gagnants, ils ont souvent un peu d'argent à récolter. Mais je me risque à une présentation.

    - J'm'appelle McKenzie, je crois que je t'ai déjà vu rouler souvent. Je me demandais si t'accepterais que j'aille voir ton engin d'un peu plus près. Enfin quand t'as le temps, je pense que t'as des choses à finir avant.
    Terence J. Frayer
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    Penché sur ma moto, j'entame les dernières vérifications. Mes gestes sont sûrs, je les connais par cœur. Sans surprise, je ne rencontre aucun problème technique. Il faut dire que j'en prends soin.

    On nous rappelle que la course va bientôt commencer, et je vais me placer sur la ligne de départ, entouré par d'autres motards. Oui, je suis de service demain, mais je n'en ai rien à faire. J'arriverai peut-être en retard, tant pis. J'ai une course ce soir.

    Je repousse mes cheveux et mets mon casque, m'assurant qu'aucune mèche ne vienne gêner ma vision. J'entends encore vaguement la musique qui pulse des hauts-parleurs plus loin, même si le son est grandement étouffé par mon casque. Je remonte la fermeture éclair de mon blouson après avoir fixé mon casque et me penche sur ma bécane, faisant rugir le moteur, qui ronronne ensuite sous moi. Je suis prêt.

    Et le signal de départ est donné.

    Je ne suis pas le seul à réagir au quart de tour. Nous sommes trois à nous élancer immédiatement ; deux autres concurrents mettent une fraction de seconde de moins à réagir, et le dernier rate son départ. Mais ça, je ne le saurai qu'à la fin de la course.

    Je n'entends plus que le vent et mon moteur. Les sons tels que les hauts-parleurs crachant leur musique et les attroupements de gens qui nous encouragent comme nous passons sont étouffés, relégués en arrière-plan. Il n'y a plus que moi, ma moto, la vitesse... et mes adversaires.

    Je sème le premier lorsqu'il freine pour prendre son virage. Je m'autorise un temps de plus avant de l'imiter, mais je passe légèrement devant lui ; en tournant, je me retrouve devant lui, le contraignant à freiner s'il ne veut pas que nous nous retrouvions tous deux dans le mur. Le temps qu'il reprenne de la vitesse, nous l'avons distancé.

    Le second me donne plus de mal. Comme moi, il connaît ce parcours, connaît le moindre de ses virages. Mais il n'a peut-être pas autant confiance en ses capacités que moi. Ou alors il a aussi peur de se planter que j'ai confiance en mes capacités.

    Il ralentit en arrivant à un virage à 90°. C'est le moment que je choisis pour lui passer sous le nez à toute vitesse, manquant de me prendre un mur à l'arrivée, mais je me redresse de justesse. Je suis passé devant lui. Et je suis bien décidé à garder ma place.

    J'arrive vers la fin de la course, au virage le plus difficile. Mais je le connais, je le maîtrise, je sais comment je dois le prendre. Je suis tellement couché que ma jambe touche presque le sol, je pourrais presque sentir l'odeur du bitume si je n'avais pas mon casque. Une erreur de trajectoire, et je pourrais me retrouver dans le décor. Alors que je franchis l'arrivée, je perçois un fracas derrière moi, et lorsque je suis complètement arrêté, je peux voir une moto contre un container protégeant la foule. Ouais, voilà, j'aurais pu me planter comme lui. Sauf que je suis meilleur que lui.

    J'ai fini premier. J'ai un sourire alors que je retire mon casque, grisé, rassasié de vitesse pour la nuit, alors que l'adrénaline relâche doucement son emprise sur moi. On vient me féliciter, et je souris, fier de moi. Quelques concurrents viennent me serrer la main, par politesse, mais je sais qu'ils rêvent de me laisser derrière eux. Ha, ça n'arrivera pas.

    Je me pose contre ma moto désormais à l'arrêt, le casque posé sur le siège, en attendant qu'on vienne me donner mon argent. C'est à ce moment que je remarque un gamin qui s'approche, et qui me félicite ensuite. Un sourire se dessine sur mes lèvres au compliment.

    « Merci, » répondis-je simplement.

    Puis il se présente. J'étais de bonne humeur, j'avais du temps à perdre, pourquoi pas discuter un peu ?

    « Ouais, ça fait un moment que je fais des courses, y'a moyen que tu m'aies déjà vu participer à plusieurs d'entre elles si tu en vois souvent. Tu le sais peut-être, mais moi, c'est TJ. »

    Je ne participais pas systématiquement aux courses, mais j'avais quand même de la pratique derrière moi. Une poignée d'années. Bref. Je hausse les épaules à sa demande, me redressant et emportant mon casque avec moi pour me pousser.

    « Oh, tu peux regarder, j'sais pas quand est-ce que le croupier va arriver, j'ai l'temps. Mais pas touche, ok ? On touche qu'avec les yeux, » le prévins-je.

    Eh, on ne m'achetait pas à coup de compliments. Et je ne laisserai personne approcher de trop près leurs pattes de ma moto. Mais je le laissai quand même s'approcher pour y jeter un coup d'œil, tout en le surveillant.

    « Les courses t'intéressent ? » demandais-je par pure curiosité. « Tu te verrais participer un jour ? »

    Après tout, j'étais pas contre un peu de concurrence, j'aime les challenges. Même si je doute qu'un gamin me donne un jour du fil à retordre.

    HRP:
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    Finalement, TJ est un peu moins impressionnant de plus près. Il faut dire qu'il est un peu plus petit que ce à quoi je m'attendais, je le dépasse même de peu. Si je ne me trompe pas, je suis même plus costaud que lui. Comme quoi, il ne faut pas forcément être une bête pour gagner des courses de moto, l'audace et le talent suffisent. TJ me remercie et se présente à son tour, ce qui achève de le descendre au simple rang d'homme à mes yeux. Je ne reste pas impressionné très longtemps, même si ses cheveux ont de quoi me faire blêmir.

    J'effectue un léger hochement de tête à sa réponse. Je me doute qu'il roule depuis plusieurs années déjà, ça se voit à son aise sur le bitume. Pour ma part, j'ai déjà parcouru quelques dizaines de kilomètres sur des motos qui ne m'appartenaient pas, à l'occasion, lorsqu'un ami me prêtait la sienne, ou que j'en chipais une juste pour le plaisir de faire quelques allers-retours, du temps où je n'avais pas encore la mienne. Quant à celui qui m'a appris à rouler, je ne me souviens même plus de son nom. C'était il y a plusieurs années déjà, et il est décédé peu de temps après, dans un accident de la route, ce qui en dit long sur mon apprentissage et ma conduite. Maintenant que j'ai mon propre engin, je fais encore moins attention, et mon comportement sur la route peut être qualifié de "comportement à hauts risques". Je n'aime pas rouler en ville, ni en public. En réalité, je pratique la moto seul, sur le bitume usé des parties les moins peuplées de la ville, les moins éclairées aussi. J'aime rouler sous la pluie.

    Puisqu'il me donne son aval, je m'approche de sa moto encore chaude, posant uniquement mon regard dessus comme il me l'a demandé. La vérité c'est que j'aime caresser les carrosseries, surtout encore tièdes. Je me retiens néanmoins, pour ne pas le froisser.

    - J'aime regarder les courses, je viens souvent. L'ambiance est assez phénoménale dans le public, et c'est toujours l'occasion de se polluer abondamment les poumons.

    Mon éternel sourire se fait plus appuyé, comme complice.

    - Je ne sais pas si tu t'en rends compte, mais vous avez tous une façon très différentes de rouler, une relation avec vos motos qui diffère, un flirt plus ou moins félin avec le bitume. J'aime analyser la maîtrise de chacun.

    Mea culpa, je crache souvent sur les manchots de l'asphalte. Mon regard quitte celui de TJ et je reprends, plus calmement.

    - Je ne sais pas si je tenterais une course un jour. Pour avoir analysé plus de concurrents que de modèles de moteurs, je sais que ma propre conduite n'est pas forcément adaptée. Un œil extérieur dirait que je contrôle mal mon véhicule, c'est parce que j'ai tendance à frôler les limites. Si ma moto était une lionne, je me comporterais de la même façon avec elle, je la laisserais diriger parce que c'est elle qui joue avec les éléments. Je laisse rugir son côté animal.

    Ce disant, je glisse sans réfléchir mes doigts sur la carrosserie rutilante, retrouvant avec plaisir ce contact chaud et lisse, oubliant les recommandations que TJ m'a fait quelques secondes avant. C'est juste qu'à côté de moi, comme ça, j'entends presque un rugissement émaner du moteur.
    Terence J. Frayer
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    Je surveillais le gamin lorsqu'il s'approcha de ma moto. Bon, il obéit à mon ordre, il ne la toucha pas. J'appréciais de me faire obéir, mais je ne le quittais des yeux seulement pour chercher mon croupier des yeux. Eh, il avait intérêt à venir ce con, je voulais mes parts, moi. Je ne courais pas seulement pour le plaisir, il y avait de l'argent à la clé.

    J'ai les yeux de nouveau posés sur le gamin lorsqu'il me répond, et j'ai un sourire en coin à sa réplique. Ouais, c'était une assez bonne ébauche de description pour les courses de moto. Et puis il enchaîna avec la conduite, et j'eus un sourire moqueur.

    « Ouais, je sais bien qu'on conduit pas tous pareil. C'bien pour ça que je finis premier. »

    Je le surveille encore un peu comme il détourne les yeux pour admirer ma moto – qu'est-ce que je peux être fier de mon bébé –, puis je me mets à chercher des yeux mon croupier. Son absence prolongée ne peut que m'irriter. Il n'a pas intérêt à s'être sauvé avec mon argent. Je répondis au gamin, sans le regarder au début.

    « Le tout c'est pas de laisser ta moto tout faire, c'est de fai- »

    Je m'interromps, car il suffit que je détourne les yeux deux secondes, et le gamin a déjà ses pattes sur ma moto.

    « Eh, tu retires tes pattes ! J'ai dit on touche pas ! » rugis-je.

    Il n'y avait que moi qui avait le droit de toucher à ma bécane. Je ne faisais absolument pas confiance au gamin, il aurait été capable de la rayer, ou de la faire tomber ! Enfin, je n'en savais rien, mais c'était probable. Et je ne voulais pas prendre ce risque.

    « Allez, on s'écarte, hop hop hop ! »

    Je m'approchai de lui pour m'assurer qu'il s'exécutait. Non mais, tu touchais pas à ma bécane comme ça. Je m'arrangeai pour me mettre entre lui et ma moto, pour lui en barrer l'accès, en quelques sorte.

    « Et estime-toi heureux, y'en a qui ne s'en sont pas tirés pour moins que ça. »

    Mais bon, j'allais pas casser la gueule à un gamin. Pas immédiatement. Mais cet épisode m'avait passablement énervé, et n'avait fait qu'ajouter à ma colère grandissante envers mon croupier ; je shootai dans une boîte à outil non loin – heureusement pas la mienne – qui vola dans un coin, perdant quelques outils au passage.

    « Et l'croupier il magne son fion, oui ? » (Je me tournai vers le gamin :) « Tu l'as pas vu, toi ? J'sais pas si tu le connais, il s'appelle Jer, il devait prendre les paris pendant la course, et tenir les comptes. Il fait à peu près un mètre soixante, brun, yeux vert. Tu l'as pas vu ? »
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    La carrosserie sous mes doigts est lisse, encore tiède. C'est vraiment une belle moto. Dommage que son propriétaire soit aussi possessif et méfiant, j'aurais bien aimé l'essayer. Avec de la tenue bien évidemment, je n'aurais pris strictement aucun risque. Cela aurait été bien frustrant, mais s'il l'avait fallu, j'aurais même respecté les limites de vitesses si cela avait été une condition pour pouvoir chevaucher cet engin. Rien que pour le sentir vrombir et partager pendant quelques minutes une infime partie des sensations dont TJ profite à chaque course.

    Il a l'air bien sur de lui le TJ, quand il parle de sa victoire. Mais bon, il peut, je crois que j'ai rarement été aussi impressionné par un pilote, et sa moto est superbe, il doit en être plutôt fier. Ce n'est pas pour autant que je me recule quand il s'approche pour me menacer. Je suis admiratif mais pas craintif. Bien évidemment je retire ma main de son engin pour ne pas l'échauffer plus qu'il ne l'est déjà, surtout qu'il a l'air d'avoir le sang chaud, mais je ne recule pas et reste à quelques dizaines de centimètres de sa moto à peine.

    - Eh, calme-toi, je vais pas taper dedans. J'ai autant voire plus de respect que toi pour ces beautés, donc respire.

    Mon sourire s'étire en un rictus moqueur, à la limite de l'insolence. J'ignore un moment sa question concernant le croupier pour le titiller un peu.

    - Elle est vraiment magnifique. Je vais pas l'abîmer. La seule chose que je suis capable de faire c'est de te dérober subtilement les clefs pour faire rugir son moteur et partir faire un petit tour.

    Je jauge sa réaction, le sourire toujours amusé, une lueur de défi dans le regard. Après un petit silence, j'esquisse un pas vers la bécane, atteignant une proximité que TJ jugera probablement indécente entre moi et son véhicule, mais je ne la touche toujours pas, la caresse seulement d'un regard aguicheur.

    - Si tu veux chercher le croupier, vas-y. Je peux surveiller la beauté, si tu veux ~

    Un sourcil levé, je le fixe, narquois. C'est raté pour ne pas l'échauffer. Je n'ai pas pu m'en empêcher, TJ est de ce genre de type que j'ai envie de pousser à bout dès lors qu'ils commencent à s'agacer. Pour voir de quoi ils sont capables. Pour mesurer mes propres capacités à me surpasser pour m'en sortir quand ils sortent de leurs gonds. Ceux qui impressionnent sont ceux que je veux dépasser. Finalement, peut-être que je me mesurerais à lui lors d'une course une fois, pour voir.
    Terence J. Frayer
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    Terence J. Frayer

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    Mon défoulage contre la boîte à outils ne me calma pas assez pour que je n'aie pas envie de taper dans quelque chose. Mais bon, aussi énervant qu'il l'était, j'allais pas taper sur un gamin, quoi. J'aurais pu salement l'amocher, quoi. Heureusement que j'avais gagné la course, ça m'avait suffisamment mis de bonne humeur pour que je n'entre pas dans une de mes colères noires.

    Même si, là, pour moi, le gamin a plus l'air d'être une tête à claques. Une bonne gifle lui enlèverait ce sourire moqueur, tiens. Mais je prends une profonde inspiration lorsqu'il me dit avoir plus de respect pour ma moto que pour ma personne. À la limite, je m'en fous presque. Tant qu'il ne l'abîme pas, ça me va.

    Je le foudroie du regard lorsqu'il me dit avec un regard défiant qu'il me volerait bien mes clés. Il la cherche, sa baffe. Je force l'un de mes poings à se desserrer comme je l'ai fermé par réflexe. Non seulement il ignore ma question, mais en plus il se permet de fanfaronner.

    « J'ai dit pas touche, gamin, » grondais-je en le toisant.

    Et en plus il se rapproche encore de ma moto. Je viens me glisser entre lui et elle. Il fait un pas de plus, et je lui en colle une. Mais il reste là, et me sort qu'il peut la surveiller pour moi. Je hausse un sourcil, puis mes lèvres se fendent en un rictus mauvais. J'ai un rire moqueur en réponse.

    « T'as du cran, gamin. Ou t'es franchement con de croire que je vais te faire confiance, je sais pas. »

    Et puis je le vois qui s'approche. Je pousse le gamin sans vergogne pour m'approcher du croupier qui vient enfin d'arriver.

    « Putain, Jer, tu fous quoi ? J'allais finir par croire que tu t'étais barré avec mon fric ! »

    L'homme s'excuse, mais il m'est avis que l'idée lui a effleuré l'esprit. Avant de renoncer, peut-être en s'imaginant les sommes qu'il risquait de perdre par la suite. Ou en imaginant son état après que je l'aie retrouvé.

    Du coin de l’œil, je surveille toujours le gamin pendant que Jer me verse mes parts. Histoire qu'il ne m'ait pas piqué mes clés en douce, mais je les sens toujours dans la poche de mon pantalon. Mouais. Il était peut-être pas si capable que ça de me les piquer.

    Avoir mon argent me fait décolérer un peu plus, et alors que je retourne vers ma bécane, je me fais héler. Quelques-unes de mes fréquentations, accompagnées de quelques coureurs mais aussi en très bonne compagnie, m'invitent à les rejoindre pour fêter ma victoire. J'accepte volontiers : je ne suis jamais contre aller prendre un verre et potentiellement trouver quelqu'un à ramener chez moi. Et puis, comme ça, je pourrais éloigner ma moto du gamin.

    C'était sans compter l'un des membres de notre troupe.

    « Eh, p'tit, » qu'il fait en s'adressant à McKenzie. « C'est quoi, ton nom ? Tu veux venir avec nous ? Allez, on va bien s'marrer ! »

    Je foudroie le type du regard avant de m'approcher de ma moto pour m'emparer de mon casque.

    « J'crois pas qu'il veuille venir, non. Ça doit pas être de son âge, de boire, » répondis-je à sa place.

    Je toise le gamin pendant que les autres insistent. Manquerait plus qu'il nous suive, tiens.
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    Les réactions de TJ sont loin de faire disparaître mon sourire, bien au contraire. Je vois dans son regard qu'il s'énerve, je le sens dans sa façon de se tendre quand je m'approche de sa moto. Puis il a ce souffle agacé et son poing fermé se détend un peu, ce qui bien sur m'amuse à tel point que ma poitrine se soulève dans un petit ricanement. Ni son ton rageur, ni le surnom qu'il emploie pour me rabaisser ne m'assombrissent, je le toise simplement avec le même regard défiant et moqueur, peut-être une pointe de pitié en plus dans le regard, de voir qu'il sombre bêtement dans la colère ; de quoi paraître plus condescendant encore.

    Il me fait doucement rire quand il s'interpose entre sa moto et moi et que c'est moi qui doit baisser légèrement la tête pour le regarder dans les yeux. Il est encore moins impressionnant de très près, j'ai le sentiment que je peux le provoquer encore, qu'il ne parviendrait pas à m'atteindre. Je le fixe sans ciller, prêt à lui sortir une ou deux conneries de plus, mais le croupier se pointe enfin.

    TJ en profite pour me repousser mais je ne surenchéris pas, attendant les bras croisés qu'il détourne le regard suffisamment longtemps pour que je puisse profiter de sa bécane. Je ne lui ai pas volé ses clefs, certes, mais comme il est occupé j'en profite pour me pencher sur les équipements de sa moto, j'observe attentivement ses composants pour essayer de déceler ce qui fait de lui un si bon coureur. À part récupérer les noms de quelques marques et avoir constaté que tout cela était plutôt bien entretenu, cela ne m'a au final pas plus avancé que cela. Je n'ai pas encore l’œil assez aiguisé pour voir s'il a modifié lui même certains mécanismes ou pas, même en farfouillant un peu avec mes doigts, je ne trouve pas grand chose.

    C'est en me relevant les mains un peu marquées par la suie que je me fais héler par un des potes de TJ. Sa proposition me surprend et j'ai du mal à me décider. J'essuie tranquillement mes mains sur mon jeans qui a déjà beaucoup souffert de l'usure avant de relever la tête. Au final c'est en fixant le gars aux cheveux rouges qui tente de me ridiculiser devant ses potes que je réponds, le sourire franc.

    - Bah ouais, carrément. Je m'appelle McKenzie.

    J'adopte un petit sourire timide, histoire de rallier quelques-uns de ses camarades à ma cause avant d'aborder le point fâcheux.

    - Vous allez où ? Parce que si aucun de vous ne veut bien m'emmener, va falloir que j'y aille en bus.

    En réalité j'espère que l'un des gars va se proposer pour m'y conduire, mais dans le pire des cas je prendrais vraiment le bus. J'en rajoute une dernière couche, posant des yeux exagérément admiratif sur chacun d'eux.

    - En tous cas c'est super sympa de me proposer ça, ça fait plusieurs fois que je regarde vos courses, vous êtes supers doués.

    Je vois Elie et Alex qui discutent avec deux jeunes filles plus loin, peu préoccupés visiblement par mon absence. Ceux-là ne m'en voudront pas si je leur fait faux bons, ils sont habitués à mon instabilité.

    Malheureusement aucun des gars ne semble pouvoir me véhiculer. Je pose mon regard sur TJ, j'attends de voir s'il se propose. Il y a de la place pour deux sur sa moto, non ? Il oserait refuser alors que la plupart des personnes présentes m'encouragent à venir ? Un coin de mes lèvres remonte lentement.
    Terence J. Frayer
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    Quand je me retourne vers lui, le gamin s'essuie les pattes sur son pantalon. Bordel, il a encore touché à ma moto ? J'ai pas de preuve, mais je plisse les yeux en le foudroyant du regard. Si je ne vais pas tabasser un gamin en public, rien ne dit que la prochaine fois qu'on se retrouve seuls, il s'en prenne au moins une. Quand je dis on touche pas, c'est on ne touche pas.

    Mais la p'tite tête à claques m'ignore pour accepter l'invitation. En jouant les timides. Je renifle pendant que quelques membres du groupe semblent l'accueillir à bras ouvert en le surnommant "ptiot bout" et en se présentant à leur tour. Et on commence à me charrier gentiment parce que j'ai pas l'air de beaucoup aimer le gamin.

    « Roh, ça va. »

    Et là le gamin demande où on va. J'aurais bien voulu l'envoyer à l'opposé de là où nous nous rendions s'il n'avait pas déjà des alliés dans mon groupe. Les traitres. Qu'il prenne le bus, tiens, ça me laisserait peut-être le temps de plus voir sa tronche pendant un bon moment.

    Je me dirige vers ma moto quand les autres lui répondent qu'on se rend au bar du cobra, et là j'ai les oreilles qui sifflent. Le gamin a perdu tout son intérêt pour moi. Et ça m'agace. C'est moi qui ai remporté cette course. Et puis, aucun de ses idoles ne peut l'amener. J'ai un sourire sournois quand je me tourne vers le gamin.

    « Je peux t'amener, si tu veux. »

    J'allais lui montrer, moi, qui était le vrai champion de cette course. Je sortis mon second casque pour le lui tendre avant de m'installer. Il voulait des sensations fortes ? Il allait en avoir.

    Je fis rugir le moteur. Les autres membres du groupe firent pareil et je me mis à rire. Ils pensaient pouvoir arriver les premiers ?

    « J'espère que tu t'accroches, parce que je ferai pas demi-tour si tu tombes. »

    Je ne le ménageais pas et démarrait en trombe, espérant secrètement qu'il ait pensé s'accrocher non pas à moi, mais à la moto, et ait fini les fesses sur le béton. Mais non, je sentis son étreinte se resserrer contre ma taille. Tant pis. Au moins je pouvais imaginer avoir ma revanche comme nous parcourions les rues à une vitesse qui aurait fait se hérisser mon frère. Heureusement, il était tard, la circulation n'était pas dense, je pus aisément négocier notre trajet.

    Nous fûmes arrivés au bar en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, et j'arrivais en tête, collé de près par le reste du groupe. Je retirai mon casque avec un grand sourire.

    « Eh bah, je m'attendais pas à ce que tu me fasses subir la manœuvre de Heimlich ! Ça allait peut-être un peu trop vite pour toi, gamin ? »

    Le reste du groupe s'envoya des piques en riant tout en entrant dans le bar. Comme nous nous installions, je lançais :

    « La première est pour moi ! »

    L'annonce de la tournée offerte souleva des exclamations de joie. Peut-être est-ce que cette soirée allait en s'améliorant.

    « Alors, McKenzie, tu prendras une bière ou une limonade ? » lançais-je au gamin pour le chambrer un peu, moins méchamment qu'avant.
    McKenzie
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    McKenzie

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    Je suis sincèrement ravi de me faire véhiculer par le gars aux cheveux rouges. Certes, ce n'est pas mieux que de faire un tour tout seul avec sa sublime moto, mais j'aurais déjà le privilège de monter dessus, même si c'est derrière lui.

    J'enfile le casque qu'il me tend, pas impressionné pour un sou. Ce n'est pas comme si je n'avais jamais roulé. Comme dit, j'ai tendance à risquer ma vie plus qu'autre chose en moto, alors ce n'est pas un tour derrière l'un des pilotes les plus expérimentés et les plus doués qui va me faire peur. Je sais très bien qu'il fera exprès de m'effrayer et je n'attends que ça.

    Enserrant sa taille je me prépare à vivre un véritable rodéo. J'ai bien raison de me cramponner, le bougre ne me ménage pas. Mais loin de ressentir une peur quelconque, je profite de cet instant magique. Cet engin est vraiment un bolide, en plus d'être sublime. C'est dément de vivre la conduite de TJ, je n'ai pas l'habitude d'autant de contrôle et de souplesse dans les virages, pas l'habitude d'entendre le moteur rugir aussi férocement. Intérieurement, je jubile. Même si pour moi la course aurait mérité d'être un peu plus sauvage, c'était une sacrée expérience.

    À l'arrivée, je retire mon casque, rabattant les cheveux qui me tombent sur le front d'un coup de patte. Je souris à TJ, ravi, mais toujours aussi insolent.

    - Peut-être que si t'avais des abdominaux dignes de ce nom t'aurais pas eu à subir la manœuvre de Heimlich.

    Je ris en suivant tout le monde dans le bar, m'installant en découvrant l'endroit. Je ne vais pas mentir, je n'ai jamais été dans ce bar. Il est sympa pourtant, juste un peu loin de chez moi. Et je préfère traîner dans la rue.

    Lorsque TJ me propose à boire, je souris. Hâte de voir sa réaction en entendant ma réponse, mais je n'aime pas la bière.

    - Je vais prendre une limonade.

    Sans attendre que l'on m'y invite, et sans me soucier de la présence du premier, je commence à féliciter les autres pour leur course, essayant de me souvenir comment j'ai perçu leur conduite à chacun d'entre eux. Finalement, la soirée commence vraiment bien, j'aime beaucoup parler avec d'autres pilotes. Je commence à leur expliquer que je roule moi aussi, même si je n'ai jamais concouru.

    - Je pense m'y mettre un jour, même si ma moto n'est pas au niveau des vôtres. Mais il faudra bien que je commence pour pouvoir m'en payer une nouvelle.

    Il y a un des gars du groupe avec qui je m'entends vraiment bien, il faut dire qu'il m'intègre très largement à la conversation, me relançant souvent.
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