Je m'élançai alors dans l'étendue sableuse et me roulai aussitôt dedans, appréciant sa brûlure sur mon corps et toutes ces sensations qui me revenaient après ce temps de privations cloîtré dans mon trou ... Le son que produisaient les diverses formes de vie qui avaient su s'adapter à la rudesse de ce dernier, l'odeur du sable et des rares plantes qui y poussaient, ainsi que celle du sang signifiant qu'une chasse avait eu lieu, le contact de mes pieds– et en l'occurrence de mon dos – avec autre chose que du sable compact, alors que je m'enfonçais dans ce flot solide et délicieusement brûlant... Ah, tout cela m'avait tant manqué...
Suite à quoi je m'ébrouai pour faire tomber les grains de sable qui s'étaient glissés entre mes vêtements et commençai à marcher dans une direction inconnue. Je ne sentais pas de danger direct et avançais donc tranquillement, profitant silencieusement de la sensation de mes pieds s'enfonçant dans le sable brûlant et de la chaleur du soleil glissant à travers mes habits. Soleil qui était particulièrement fort aujourd'hui.
Viri'ith perché nouvellement sur mon épaule était soudainement réconfortant. Avoir un ami fidèle avec soit ne pouvais être que bénéfique pour moi. Je souris. Un peu bêtement, je l'avoue, mais personne était là de toute façon.
Par contre, dans mon empressement de retourner courir au milieu des Dunes, j'avais oublié ma gourde. J'en fessais une belle gourde !!! Quelle idiote je pouvais être parfois... Bon... Comme je n'étais pas trop loin du camp, je fis retour arrière chercher de quoi boire et de quoi manger. Même si je savais trouver tout ça, je devais commencer à me ré-entraîner. Le temps passé dans ce trou m'a un peu retardé dans mes entrainement, mais avait eu son coté bénéfique. Chacun de nous, Adorateurs du Scorpion, étions davantage résistant à la chaleur de la journée et à la dure fraîcheur de la nuit. De retour "à la maison", j'aperçus au loin, une flèche rouge. Ce devait être le Scorpion Rouge... La lionne. On se ressemblait sur plusieurs points tout en étant le parfait contraire de l'autre. Fin' bon... Je pris assez d'eau et un peu de viande avant de repartir. Personne ne fessait vraiment attention à moi. Très bizarre... Partir comme ça, plusieurs heures et des fois même deux jours ne les inquiétaient pas, que moi, fille d'un traître, aille cavaler dans le sable, jours et nuit ? Bref.
Je repris donc la route vers nulle part. Pendant longtemps en fait. Assez longtemps pour que le crépuscule s'installe doucement, embrassant de ses bras de nuits les paysages tout entiers. Tandis que le soleil allait mourir à l'horizon, reflétant une dernière fois ses rayons d'or sur le sable. La nuit, occupant désormais tout l'espace qui s'offrait à elle, était le signal pour les simples habitants et villageois, signal pour eux d'achever enfin leur journée de dur labeur, pour profiter d'un repos bien mérité.
Mais je continuai de marcher. De un, je n'étais pas fatiguée, de deux j'aimais être loin des autres et de trois, je voulais apprendre. Je me mis à courir, mais le problème de galoper la nuit, c'est qu'on ne voit pas ses pieds. Je pris un rocher mal placé qui me fit trébucher et un autre qui m'assomma violemment. Je m'évanouis. Je dormis longtemps et quand je me réveillai, la nuit avait fait place au jour. Sauf que voilà, j'avais perdu le nord. Et pour arranger, le soleil était caché par d'épais nuages noirs. Je frappai le sol en hurlant de colère avant de me lever et de prendre une direction au hasard. Une tempête se préparait. Et je ne savais plus où j'étais. Par les pinces de mon scorpion où suis-je ??
C'est alors que je vis une ombre qui n'avait pas l'air d'en être une. Un homme ? En tout cas... Ce n'était pas un Nomade. Mais que faisait-il là... Il se retourna. Je restai là un instant, mais je compris que ça ne servait à rien d'y rester, je me relevai, sortant mon Katana. Pas pour me battre, mais me défendre si jamais il attaquait. Je m'approchai doucement et avec prudence.
Quand un bruit se fit entendre derrière. Je me retourne en vitesse. Au début, je ne voyais rien. Puis une fine liasse de cheveux rouge fut visible.
Le Scorpion Rouge ??? Que fais-tu là ?
Je jetai un œil à l'homme. Il n'avait pas bougé... Étrange...