Ce jour-là, tout avait bien commencé. Avant de finir de la pire des manières. Enfin, en réalité, la fin avait commencé dès le matin, mais je ne m'en étais pas rendu compte. Je n'avais réalisé que quelque chose n'allait pas qu'en rentrant chez moi, après ma journée passée à boucler tout ce que je pouvais du dossier sur le réseau de dealers responsables de l'enlèvement d'Edward. Il nous manquait encore quelques hommes de main, mais dans l'ensemble… Ce serait bientôt terminé.
J'étais donc de bonne humeur lorsque je rentrai chez moi, ce soir-là. J'appréciais toujours de venir à bout d'une enquête. Je refermai la porte de mon appartement derrière moi, le sourire aux lèvres, et j'allai me doucher, puisque j'étais parti un peu précipitamment le matin, ELIZA m'ayant réveillé en retard : je n'avais donc pas eu le temps de me doucher avant d'aller travailler.
En sortant de ma salle de bain, je me sentais bien comme rarement. En tout cas depuis que toute ces histoires de trafiquants de drogue nous étaient tombées dessus… Je passai dans la cuisine pour me prendre un verre d'eau, et fronçai les sourcils lorsque mon regard se posa sur la gamelle de Teigne. Qui était encore pleine.
J'avais vraiment l'impression qu'elle était au même niveau que le matin, lorsque j'étais parti, juste après l'avoir remplie en catastrophe, puisque j'étais en retard. Et ce n'était pas normal. Pourquoi Tei n'avait-elle rien mangé de la journée ? Entre cela, et le fait - je venais de le réaliser - qu'elle n'était pas venue me faire la fête, je sentis l'inquiétude me gagner. Etait-elle malade ?
"Tei ? Où te caches-tu, petite peste ?"
Je passai dans ma chambre, m'attendant à la voir roulée en boule sur la couette. Mais, après avoir jeté les oreillers par terre, enlevé la couette et ouvert toutes les portes des armoires, il me fallut me rendre à l'évidence : elle n'était pas dans cette pièce-là. Mes mains tremblaient de nervosité alors que je vérifiais toutes les cachettes où elle avait l'habitude de se planquer lorsqu'elle voulait être tranquille.
"Allez, ma puce, viens me voir, tu es forcément quelque part… murmurai-je entre mes dents, luttant pour ne pas céder à la panique, avant de relever le regard. ELIZA ? Quand as-tu vu Teigne pour la dernière fois ?
-Ce matin."
Je contins un soupir, me pinçant l'arète du nez. Elle répondait à la question que je lui avais posé. C'était de ma faute, j'aurais dû être plus précis… Et j'y aurais pensé si je n'avais pas été autant sur les nerfs.
"Et que faisait-elle ce matin, au moment où tu l'as perdue de vue ?
-Elle passait la porte de l'appartement sur vos talons, à 7h48."
Je me figeai à la réponse de l'IA, mon coeur faisant une embardée dans ma poitrine. Je n'avais pas fait assez attention en partant, pressé comme je l'étais, et elle m'avait suivi ? Elle s'était retrouvée dehors ? Mais comment allais-je pouvoir la retrouver, sans savoir où elle était, jusqu'où elle m'avait suivi… ?
Avec un peu de chance, elle n'avait pas pu passer la porte de l'immeuble, et elle était restée coincée dans la cage d'escalier… Si elle s'était endormie quelque part, elle avait pu ne pas m'entendre rentrer, ne pas me remarquer… Je me raccrochai à cet espoir et sortis en trombe de l'appartement pour parcourir la cage d'escalier du rez-de-chaussée jusqu'au dernier étage, plusieurs fois, en appelant mon chat.
Il commençait à être relativement tard, mais tout ce que j'accordai à la politesse et au respect du voisinage fut de ne pas réellement crier pour l'appeler. Mais je n'eus aucune réponse, je ne vis aucun mouvement. Alors… Alors elle était vraiment dehors… ? Je me passai une main sur le visage, le corps douloureux à force d'être crispé par l'inquiétude, et je me décidai à aller voir dans la rue. Je la retrouverais, même si c'était aussi difficile que de retrouver un caillou dans une dune.
"Teigne ! C'est moi, viens ! Ne me fais pas ça, ma petite boule de poils, dis-moi que tu es vers ici…"
Je me mis à arpenter les rues autour de mon immeuble, en continuant à parler dans l'espoir que ma voix finisse par faire revenir la petite chatte. Et, après un temps qui me sembla infiniment long, je finis par entendre un faible miaulement, venant d'un peu plus loin devant moi. Je me précipitai dans cette direction, mon coeur ratant un battement à la vue de Teigne allongée sur le sol. Elle me regardait et miaula à nouveau, sans faire le moindre geste vers moi.
"Oh, mais qu'est-ce qui t'est arrivé, qu'est-ce que tu as… ? Ca ne va pas bien, hein, ma belle, tu es malade… Je suis désolé, c'est ma faute, j'aurais dû faire attention, quitte à être en retard… Ca va aller, je vais t'amener chez le vétérinaire, tu vas voir."
Je la soulevai, frissonnant en la sentant… presque flasque, tant elle ne bougeait pas. Tout au plus me lécha-t-elle un doigt, alors qu'un faible ronronnement sortait de sa gorge, et je sentis mes yeux me piquer. Je ne savais pas depuis combien de temps elle était dans cet état, ni si j'arrivais trop tard… Non, ce n'était pas possible. Ca ne pouvait pas être trop tard. Je refusais cette idée.
"Accroche-toi, ma belle," soufflai-je d'une voix enrouée.
Je ne pris pas vraiment le temps de réfléchir, et je ne pris même pas le temps de remonter chez moi. Ce serait perdre du temps, à mes yeux, et je lui faisais confiance pour ne pas chercher à m'échapper. Alors j'estimai plus rapide de faire le trajet à pied, en courant - même si je faisais attention à ne pas secouer ma pauvre petite Teigne - jusqu'à son vétérinaire.
Mais en y arrivant… Je tombai sur une porte close. Ce que j'aurais pu deviner si j'avais pris quelques secondes pour réfléchir avant de venir ici, vu l'heure qu'il était à présent. Mais il fallait que je fasse soigner Teigne, et le plus vite possible. Alors… Quoi, rentrer chez moi, voir quel vétérinaire était de garde cette nuit-là, et traverser peut-être toute la ville pour y arriver ?
La chatte frissonna, et j'eus un gémissement inquiet, regardant autour de moi comme si une solution miraculeuse pouvait apparaître. Ce qui, en quelque sorte, fut le cas. Mon regard se posa sur un immeuble voisin, que je reconnus sans peine. C'était celui où habitait Edward Frayer. Et même s'il ne parvenait pas à savoir ce qu'avait Teigne, chez lui, je pourrais voir où était le vétérinaire de garde, sans avoir à revenir jusqu'à chez moi…
"Tiens bon, p'tite poilue, on va y arriver."
J'essayais d'avoir un ton assuré, rassurant. Comme si elle pouvait me comprendre… Mais elle serait peut-être, justement, sensible au ton de ma voix, même si elle ne comprenait pas ce que je disais… J'avais beau être essoufflé par toutes mes recherches et, surtout, le trajet jusqu'ici, je ne ralentis pas le pas en montant jusqu'à la porte de l'ingénieur, et je repris à peine mon souffle avant de sonner.
Je m'attendais à devoir appuyer sur la sonnette plusieurs fois, vu qu'Edward devait être endormi, mais il m'ouvrit, en fait, plutôt rapidement, faisant naître en moi autant de surprise que de soulagement. Sans même faire vraiment attention à ce qu'il tenait à la main, je me mis à parler, rapidement à cause de ma nervosité.
"Je suis désolé de vous déranger en pleine nuit, mais il faut que vous m'aidez… Je venais chez le vétérinaire d'à côté, mais il est fermé, forcément… Je n'y avais pas pensé avant d'arriver, et j'ai peur que le temps de revenir chez moi pour aller voir un autre vétérinaire, ce soit trop tard…"
Je me rendis compte que je n'avais même pas dit pourquoi j'allais voir le vétérinaire, et je levai un peu la main dans laquelle je tenais Teigne, pour la lui montrer.
"Elle a passé la journée dehors, je ne m'en étais pas rendue compte, et je l'ai retrouvée dans la rue ce soir, dans cet état. Elle ne bouge quasiment pas, et j'ai l'impression qu'elle a les pupilles dilatées. J'ai… Il faut que vous m'aidiez, je vous en prie…"
J'étais donc de bonne humeur lorsque je rentrai chez moi, ce soir-là. J'appréciais toujours de venir à bout d'une enquête. Je refermai la porte de mon appartement derrière moi, le sourire aux lèvres, et j'allai me doucher, puisque j'étais parti un peu précipitamment le matin, ELIZA m'ayant réveillé en retard : je n'avais donc pas eu le temps de me doucher avant d'aller travailler.
En sortant de ma salle de bain, je me sentais bien comme rarement. En tout cas depuis que toute ces histoires de trafiquants de drogue nous étaient tombées dessus… Je passai dans la cuisine pour me prendre un verre d'eau, et fronçai les sourcils lorsque mon regard se posa sur la gamelle de Teigne. Qui était encore pleine.
J'avais vraiment l'impression qu'elle était au même niveau que le matin, lorsque j'étais parti, juste après l'avoir remplie en catastrophe, puisque j'étais en retard. Et ce n'était pas normal. Pourquoi Tei n'avait-elle rien mangé de la journée ? Entre cela, et le fait - je venais de le réaliser - qu'elle n'était pas venue me faire la fête, je sentis l'inquiétude me gagner. Etait-elle malade ?
"Tei ? Où te caches-tu, petite peste ?"
Je passai dans ma chambre, m'attendant à la voir roulée en boule sur la couette. Mais, après avoir jeté les oreillers par terre, enlevé la couette et ouvert toutes les portes des armoires, il me fallut me rendre à l'évidence : elle n'était pas dans cette pièce-là. Mes mains tremblaient de nervosité alors que je vérifiais toutes les cachettes où elle avait l'habitude de se planquer lorsqu'elle voulait être tranquille.
"Allez, ma puce, viens me voir, tu es forcément quelque part… murmurai-je entre mes dents, luttant pour ne pas céder à la panique, avant de relever le regard. ELIZA ? Quand as-tu vu Teigne pour la dernière fois ?
-Ce matin."
Je contins un soupir, me pinçant l'arète du nez. Elle répondait à la question que je lui avais posé. C'était de ma faute, j'aurais dû être plus précis… Et j'y aurais pensé si je n'avais pas été autant sur les nerfs.
"Et que faisait-elle ce matin, au moment où tu l'as perdue de vue ?
-Elle passait la porte de l'appartement sur vos talons, à 7h48."
Je me figeai à la réponse de l'IA, mon coeur faisant une embardée dans ma poitrine. Je n'avais pas fait assez attention en partant, pressé comme je l'étais, et elle m'avait suivi ? Elle s'était retrouvée dehors ? Mais comment allais-je pouvoir la retrouver, sans savoir où elle était, jusqu'où elle m'avait suivi… ?
Avec un peu de chance, elle n'avait pas pu passer la porte de l'immeuble, et elle était restée coincée dans la cage d'escalier… Si elle s'était endormie quelque part, elle avait pu ne pas m'entendre rentrer, ne pas me remarquer… Je me raccrochai à cet espoir et sortis en trombe de l'appartement pour parcourir la cage d'escalier du rez-de-chaussée jusqu'au dernier étage, plusieurs fois, en appelant mon chat.
Il commençait à être relativement tard, mais tout ce que j'accordai à la politesse et au respect du voisinage fut de ne pas réellement crier pour l'appeler. Mais je n'eus aucune réponse, je ne vis aucun mouvement. Alors… Alors elle était vraiment dehors… ? Je me passai une main sur le visage, le corps douloureux à force d'être crispé par l'inquiétude, et je me décidai à aller voir dans la rue. Je la retrouverais, même si c'était aussi difficile que de retrouver un caillou dans une dune.
"Teigne ! C'est moi, viens ! Ne me fais pas ça, ma petite boule de poils, dis-moi que tu es vers ici…"
Je me mis à arpenter les rues autour de mon immeuble, en continuant à parler dans l'espoir que ma voix finisse par faire revenir la petite chatte. Et, après un temps qui me sembla infiniment long, je finis par entendre un faible miaulement, venant d'un peu plus loin devant moi. Je me précipitai dans cette direction, mon coeur ratant un battement à la vue de Teigne allongée sur le sol. Elle me regardait et miaula à nouveau, sans faire le moindre geste vers moi.
"Oh, mais qu'est-ce qui t'est arrivé, qu'est-ce que tu as… ? Ca ne va pas bien, hein, ma belle, tu es malade… Je suis désolé, c'est ma faute, j'aurais dû faire attention, quitte à être en retard… Ca va aller, je vais t'amener chez le vétérinaire, tu vas voir."
Je la soulevai, frissonnant en la sentant… presque flasque, tant elle ne bougeait pas. Tout au plus me lécha-t-elle un doigt, alors qu'un faible ronronnement sortait de sa gorge, et je sentis mes yeux me piquer. Je ne savais pas depuis combien de temps elle était dans cet état, ni si j'arrivais trop tard… Non, ce n'était pas possible. Ca ne pouvait pas être trop tard. Je refusais cette idée.
"Accroche-toi, ma belle," soufflai-je d'une voix enrouée.
Je ne pris pas vraiment le temps de réfléchir, et je ne pris même pas le temps de remonter chez moi. Ce serait perdre du temps, à mes yeux, et je lui faisais confiance pour ne pas chercher à m'échapper. Alors j'estimai plus rapide de faire le trajet à pied, en courant - même si je faisais attention à ne pas secouer ma pauvre petite Teigne - jusqu'à son vétérinaire.
Mais en y arrivant… Je tombai sur une porte close. Ce que j'aurais pu deviner si j'avais pris quelques secondes pour réfléchir avant de venir ici, vu l'heure qu'il était à présent. Mais il fallait que je fasse soigner Teigne, et le plus vite possible. Alors… Quoi, rentrer chez moi, voir quel vétérinaire était de garde cette nuit-là, et traverser peut-être toute la ville pour y arriver ?
La chatte frissonna, et j'eus un gémissement inquiet, regardant autour de moi comme si une solution miraculeuse pouvait apparaître. Ce qui, en quelque sorte, fut le cas. Mon regard se posa sur un immeuble voisin, que je reconnus sans peine. C'était celui où habitait Edward Frayer. Et même s'il ne parvenait pas à savoir ce qu'avait Teigne, chez lui, je pourrais voir où était le vétérinaire de garde, sans avoir à revenir jusqu'à chez moi…
"Tiens bon, p'tite poilue, on va y arriver."
J'essayais d'avoir un ton assuré, rassurant. Comme si elle pouvait me comprendre… Mais elle serait peut-être, justement, sensible au ton de ma voix, même si elle ne comprenait pas ce que je disais… J'avais beau être essoufflé par toutes mes recherches et, surtout, le trajet jusqu'ici, je ne ralentis pas le pas en montant jusqu'à la porte de l'ingénieur, et je repris à peine mon souffle avant de sonner.
Je m'attendais à devoir appuyer sur la sonnette plusieurs fois, vu qu'Edward devait être endormi, mais il m'ouvrit, en fait, plutôt rapidement, faisant naître en moi autant de surprise que de soulagement. Sans même faire vraiment attention à ce qu'il tenait à la main, je me mis à parler, rapidement à cause de ma nervosité.
"Je suis désolé de vous déranger en pleine nuit, mais il faut que vous m'aidez… Je venais chez le vétérinaire d'à côté, mais il est fermé, forcément… Je n'y avais pas pensé avant d'arriver, et j'ai peur que le temps de revenir chez moi pour aller voir un autre vétérinaire, ce soit trop tard…"
Je me rendis compte que je n'avais même pas dit pourquoi j'allais voir le vétérinaire, et je levai un peu la main dans laquelle je tenais Teigne, pour la lui montrer.
"Elle a passé la journée dehors, je ne m'en étais pas rendue compte, et je l'ai retrouvée dans la rue ce soir, dans cet état. Elle ne bouge quasiment pas, et j'ai l'impression qu'elle a les pupilles dilatées. J'ai… Il faut que vous m'aidiez, je vous en prie…"