Laäf Mu'Neidjalh Seyrin Veshnat
« Oh, qu'est-ce que c'est que ça ? »
Soroush et Tahki || Zero1510
"Mon nom est Laäf ("sable clair") Mu'Neidjalh ("vent matinal") Seyrin ("regard perçant") Veshnat ("celui qui se pose des questions") et je suis un garçon de 26 ans. Je suis amoureux des vents du désert et je suis actuellement en train d'imaginer qu'ils m'emportent dans les airs. Mon principal défaut est l'inattention et ma qualité majeure est... l'attention ?
► Nomade ou Citadin? Nomade
► Le Groupe: Fils du Serpent
► Taille: 1m64
► Poids: 56kg
► Arme: … Courir très vite ?
► Famille: Son père (Elker Mu'Falyna Zulôn Benyam), sa mère (Heolla Mu'Rmuna Setva Qendjan) et son grand frère (Nüranth Mu'Lajys Etsir Kelyon)
► Date de Naissance: Quelques jours avant le début de la Saison des Tempêtes.
► Emploi: Cueilleur
Tendu sur la pointe des pieds, Laäf aurait presque pu maudire sa petite taille, qui l'empêchait d'atteindre les plantes qui poussaient dans la roche au dessus de lui. Son corps commençait à lui faire mal, même si passer la majorité de sa vie dans le désert lui avait donné, en plus d'une peau encore plus foncée qu'à sa naissance, une certaine musculature.
La chaleur du soleil rendait les nombreux bijoux qu'il portait, comme toujours, brûlants, et il regrettait d'être torse nu. Il préférait porter aussi peu de vêtements que possible, et cela lui jouait parfois des tours… Notamment ce jour-là, car il aurait apprécié d'avoir, typiquement, sa veste blanche. La plupart de ses vêtements étaient blancs, d'ailleurs. Ou avec du doré et du vert, très peu d'autres couleurs.
Le nomade poussa un long soupir, se concentrant sur son expiration pour se décrisper. Entre la sensation de brûlure sur son dos et ses épaules, et ses mèches blanches, trempées de sueur, qui se collaient à son visage - mais heureusement, trop courtes pour lui recouvrir complètement les yeux -il n'avait qu'une hâte : attraper les feuilles qu'il était venu chercher et rentrer se reposer.
Même si, au fur et à mesure, des questions inhabituelles lui venaient. N'avait-il pas encore plus chaud au niveau des deux tatouages noirs qu'il avait ? Si l'un d'eux ne se trouvait que sur sa joue gauche, donc à l'ombre, l'autre traversait son épaule gauche pour se développer sur une bonne partie de son dos. L'endroit par excellence où le soleil frappait, en somme. Cependant, son regard vert restait fixé sur la plante, pour ne pas oublier son objectif.
La chaleur du soleil rendait les nombreux bijoux qu'il portait, comme toujours, brûlants, et il regrettait d'être torse nu. Il préférait porter aussi peu de vêtements que possible, et cela lui jouait parfois des tours… Notamment ce jour-là, car il aurait apprécié d'avoir, typiquement, sa veste blanche. La plupart de ses vêtements étaient blancs, d'ailleurs. Ou avec du doré et du vert, très peu d'autres couleurs.
Le nomade poussa un long soupir, se concentrant sur son expiration pour se décrisper. Entre la sensation de brûlure sur son dos et ses épaules, et ses mèches blanches, trempées de sueur, qui se collaient à son visage - mais heureusement, trop courtes pour lui recouvrir complètement les yeux -il n'avait qu'une hâte : attraper les feuilles qu'il était venu chercher et rentrer se reposer.
Même si, au fur et à mesure, des questions inhabituelles lui venaient. N'avait-il pas encore plus chaud au niveau des deux tatouages noirs qu'il avait ? Si l'un d'eux ne se trouvait que sur sa joue gauche, donc à l'ombre, l'autre traversait son épaule gauche pour se développer sur une bonne partie de son dos. L'endroit par excellence où le soleil frappait, en somme. Cependant, son regard vert restait fixé sur la plante, pour ne pas oublier son objectif.
Je ressemble à ça...
Soudain, une pierre roula sur sa gauche. Laäf tourna la tête et la fixa, le bras toujours tendu en l'air, les doigts à quelques centimètres de la plante. Le caillou termina sa course juste à côté des pieds du nomade, et celui-ci reposa ses talons sur le sol, avant de s'accroupir, les yeux toujours fixés sur la pierre.
Du bout du doigt, il tapota le caillou, focalisé sur l'apparence, la texture et les réactions de celui-ci. D'où venait-il ? Qu'est-ce qui l'avait fait bouger, rouler comme cela ? Après quelques minutes d'observation, il tendit les doigts et attrapa la pierre, la levant pour observer les reflets du soleil dessus. Il n'avait jamais vu une telle roche et, bientôt, il tendit sa main libre pour se saisir de son sac.
À l'intérieur, il attrapa un petit sachet et y fit glisser la pierre, après l'avoir faite rouler au sein de sa paume. Après avoir refermé le sachet, il le remit dans son sac, puis se redressa. Son regard se teinta d'une sorte de perplexité, alors que son expression se faisait plus perdue. Qu'était-il en train de faire avant que cette pierre n'attire son attention… ?
Il savait qu'un rien pouvait attirer son attention, et que malgré toute la concentration dont il pouvait faire preuve sur le premier sujet venu, une seconde suffisait à le lui faire oublier. Certains lui avaient dit, déjà, que cela pouvait être vexant pour les personnes avec qui il parlait. Ce n'était pas pour être désagréable ou méprisant, pourtant…
Laäf aimait bien avoir de longues discussions avec.. tous ceux qui le voulaient, en fait. Le nomade se remit debout, un vague sourire aux lèvres. Souvent, c'était les autres qui finissaient par éviter de parler avec lui. À cause de lui, certainement. Il ne le niait pas. Mais… C'était intéressant, comme réaction. À analyser… Et c'était aussi ce qu'on finissait parfois par lui reprocher, d'ailleurs.
Le jeune homme releva le regard vers la plante qui le narguait toujours, juste trop haute pour qu'il puisse la récupérer. Pourtant, cela ne l'énervait pas. Il avait du mal à se souvenir de la dernière fois où il avait cédé à la colère. La colère, ou tout autre sentiment intense. Parfois, il se demandait si tout fonctionnait normalement chez lui, lorsqu'il comparait ses réactions avec celles des autres…
Puis il se rapprocha des rochers et se tendit à nouveau. Passer des heures à se tendre pour essayer d'attraper cette plante ne le dérangeait pas, ne le dérangeait jamais. Il savait que cela finirait par fonctionner. Qu'il se dresserait assez, qu'il trouverait un nouvel appui pour son pied… Il finirait par l'avoir. Il était patient.
Du bout du doigt, il tapota le caillou, focalisé sur l'apparence, la texture et les réactions de celui-ci. D'où venait-il ? Qu'est-ce qui l'avait fait bouger, rouler comme cela ? Après quelques minutes d'observation, il tendit les doigts et attrapa la pierre, la levant pour observer les reflets du soleil dessus. Il n'avait jamais vu une telle roche et, bientôt, il tendit sa main libre pour se saisir de son sac.
À l'intérieur, il attrapa un petit sachet et y fit glisser la pierre, après l'avoir faite rouler au sein de sa paume. Après avoir refermé le sachet, il le remit dans son sac, puis se redressa. Son regard se teinta d'une sorte de perplexité, alors que son expression se faisait plus perdue. Qu'était-il en train de faire avant que cette pierre n'attire son attention… ?
Il savait qu'un rien pouvait attirer son attention, et que malgré toute la concentration dont il pouvait faire preuve sur le premier sujet venu, une seconde suffisait à le lui faire oublier. Certains lui avaient dit, déjà, que cela pouvait être vexant pour les personnes avec qui il parlait. Ce n'était pas pour être désagréable ou méprisant, pourtant…
Laäf aimait bien avoir de longues discussions avec.. tous ceux qui le voulaient, en fait. Le nomade se remit debout, un vague sourire aux lèvres. Souvent, c'était les autres qui finissaient par éviter de parler avec lui. À cause de lui, certainement. Il ne le niait pas. Mais… C'était intéressant, comme réaction. À analyser… Et c'était aussi ce qu'on finissait parfois par lui reprocher, d'ailleurs.
Le jeune homme releva le regard vers la plante qui le narguait toujours, juste trop haute pour qu'il puisse la récupérer. Pourtant, cela ne l'énervait pas. Il avait du mal à se souvenir de la dernière fois où il avait cédé à la colère. La colère, ou tout autre sentiment intense. Parfois, il se demandait si tout fonctionnait normalement chez lui, lorsqu'il comparait ses réactions avec celles des autres…
Puis il se rapprocha des rochers et se tendit à nouveau. Passer des heures à se tendre pour essayer d'attraper cette plante ne le dérangeait pas, ne le dérangeait jamais. Il savait que cela finirait par fonctionner. Qu'il se dresserait assez, qu'il trouverait un nouvel appui pour son pied… Il finirait par l'avoir. Il était patient.
Ce qui se passe dans ma tête
Le soleil était assez bas sur l'horizon lorsque Laäf repartit de la zone rocheuse où il avait récupéré sa plante. Il arrivait parfois, ainsi, que quelqu'un lui demande de ramener quelque chose de particulier, et il s'exécutait avec plaisir. Aussi loin que remontaient ses souvenirs… Il avait toujours adoré parcourir le désert, encore et encore, et il ne se sentait jamais aussi bien que lorsque le vent et le sable fouettaient sa peau.
Lorsqu'il était plus jeune, cela lui avait parfois attiré des ennuis. Il ne rentrait pas à temps, absorbé par quelque observation ou questionnement. Combien de fois Nüranth avait-il dû partir à sa recherche, l'arracher à la contemplation de quelque feuille, pierre ou animal et le ramener là où il devait être ? Il n'en savait rien, mais l'une d'elles l'avait particulièrement marqué, et pour cause : c'était le jour de son douzième anniversaire.
Savoir que c'était un jour important ne l'avait pas empêché de partir, dès l'aube, marcher au milieu des dunes. Un rien le captivait, l'enchantait, et il aurait pu y passer la journée si la main de son aîné de quatre ans ne s'était pas posée sur son épaule pour le rappeler à la réalité. Ce n'était pas par irrespect des traditions qu'il avait oublié. Il oubliait tout ce qui n'était pas son centre d'intérêt immédiat…
Ils avaient dû courir, et n'étaient arrivés que quelques minutes avant que Laäf n'ait à s'avancer devant le Doyen pour recevoir son second prénom. Seyrin, le regard perçant, car nul ne pouvait ignorer l'intensité et l'acuité visuelle dont le jeune garçon pouvait faire preuve lorsqu'il observait quelque chose.
Les noms étaient quelque chose qui l'avaient toujours beaucoup intéressés, de par leur signification. Cela lui offrait de grands champs de réflexions, et il aimait à se demander pourquoi tel nom avait été donné à telle personne. Son seul regret était de ne pas pouvoir divaguer autant sur le sien. Laäf, le sable clair du désert, rendu quasiment blanc par la lumière du soleil, comme sa chevelure sans couleur. Et Neidjalh, le vent matinal, en référence à la Saison des tempêtes qui était sur le point de commencer. Lui, il n'était pas la violence de la tempête, il était le vent du matin, qui arrivait avant ce déchaînement. Il le savait, ses parents le lui avaient expliqué.
Mais voilà qu'il se retrouvait avec un tout nouveau prénom à analyser, comprendre, intégrer. Et il tressaillit, revenant à la réalité sous le regard du Doyen devant lequel il était resté immobile de longues secondes, le sourire aux lèvres. Il s'inclina alors et s'écarta, laissant les autres jeunes nés le même jour que lui recevoir à leur tour leur second prénom. Le bras de Nüranth le tira pour la seconde fois de ses pensées en se posant sur ses épaules, l'entraînant avec lui pour prendre part au repas commun.
Une tradition de Mu voulait que les jeunes venant de recevoir leur second prénom mangent un plat très particulier. Un pain dont la pâte était mêlée d'herbes du désert et de quelques baies pour représenter les yeux et quelques écailles, modelé en forme de serpent et cuit par la chaleur du désert, dans un four en pierre conçu exprès pour contenir et concentrer la chaleur sur le pain. Il reçut le sien et l'observa longuement.
Lorsqu'il serait adulte, il en mangerait un autre, plus grand. Un symbole de leur nature de Fils du Serpent, qui grandissait en eux au fur et à mesure qu'ils grandissaient. Il ferma les yeux, inspirant profondément pour s'imprégner de l'odeur du pain encore chaud, et le mangea lentement, les paupières toujours closes. La chaleur du pain se répandait dans son corps, comme l'amour du Serpent blanc pour ses fils, et il eut presque l'impression d'entendre sa voix.
Un coup de vent plus violent que les autres arracha Laäf à ses souvenirs, et son regard parcourut l'étendue du désert, tout autour de lui. Le soleil était relativement bas sur l'horizon, mais le campement des siens n'était plus très loin, et il était certain d'y arriver avant que le froid mordant de la nuit ne se soit suffisamment installé. Il lui était arrivé de passer une nuit dans le désert, seul et loin de la tente de sa famille. Ce n'était pas une expérience qu'il souhaitait renouveler.
Pourtant, la première fois qu'il l'avait vécu, cela avait été volontaire. C'était après sa Cérémonie de passage à l'âge adulte, où le Doyen l'avait nommé Celui qui se pose des questions. Car ce n'était jamais des autres qu'il attendait les réponses, alors à quoi bon s'adresser à eux pour les questions ? Toujours est-il qu'à la fin de la fête qui avait clôturé cette journée, il avait informé sa famille qu'il resterait seul dans le désert, cette nuit-là.
Et il l'avait fait. Il avait passé la nuit, le dos contre le flanc de son chameau, à méditer et prier. Seul dans l'obscurité et le froid, loin du cercle rassurant des tentes du Clan et du feu de camp, là où les démons nocturnes pouvaient s'approcher de lui… De démon, il n'en avait vu aucun.
Mais le rugissement du vent, le bruissement du sable, les craquements inquiétants qui retentissaient au loin, n'étaient-ils pas de bien pires démons que n'importe quelle image d'enfant ? On peut se défendre contre une créature physique. On ne peut rien contre le froid et les bruits. Si les démons étaient intelligents, ils n'avaient aucune raison de se montrer.
Les rêves du jeune nomade, lors des quelques heures où il s'était endormi, avaient été peuplés de sombres images et de contacts inquiétants, le tout bercé dans une pénombre suffisante pour deviner des formes et des mouvements sans jamais être certain de ce qu'il voyait. Il s'en réveillait en sursaut, les muscles crispés et douloureux.
Mais à l'aube, lorsque les premiers rayons du soleil parurent, un sentiment étrange s'empara de lui. Une forme de… béatitude, peut-être. Comme si la bénédiction du Serpent Blanc l'avait enveloppé, après cette nuit de prières et de tensions. Il était resté immobile, figé, à contempler le lever du soleil jusqu'à en avoir les larmes aux yeux.
Lorsqu'il retourna parmi les siens, après cela, il se sentait épuisé, à bout, sans savoir ce qui l'avait mis dans un tel état. La nuit, ou l'émotion intense qui l'avait transpercé… En tout cas, il ne se sentait pas capable d'affronter une autre expérience de ce genre. Ce fut suite à cela qu'il tint à se faire un tatouage, sur son épaule et son dos. Il en dessina lui-même le motif, mêlant des symbole, des lettres et des formes rappelant les serpents ou ses sources d'inquiétude de la nuit.
Le chameau ralentit son pas en arrivant à côté des tentes, et Laäf en descendit pour le mener à l'intérieur, saluant les gens qu'il croisait d'un distrait hochement de tête. Après s'être occupé de sa monture, il rejoignit sa tente, emportant avec lui le sac contenant ses cueillettes de la journée. Il salua ses parents et s'installa sur sa couche, en tailleur, pour sortir les sachets contenant les plantes, qu'il commença à inspecter et trier.
Bientôt, une main lui mit sous le nez de quoi manger, et Nüranth s'assit à côté de lui, lui adressant un sourire complice. Le cadet des deux frères le fixa en clignant des yeux, revenant à la réalité, puis lui sourit légèrement en retour et commença à manger. Le lendemain matin, il apporterait les plantes à ceux qui les lui avaient demandées. Pour l'heure, il n'avait qu'à manger et se reposer, il repartirait peu après le lever du soleil.
Cette vie, qui se répétait jour après jour, aurait pu sembler pénible à certains. Mais un sourire errait sur les lèvres du jeune homme alors qu'il s'étendait après avoir embrassé sa famille. Quand avait-il su que c'était ce qu'il voulait faire ? Il aurait été bien en peine de le dire. Comme pour beaucoup de choses, d'ailleurs.
Il ne l'avait pas réalisé à un moment. Cela s'était imposé comme une évidence, au fur et à mesure qu'il passait ses journées dans le désert, semaine après semaine, mois après mois. Il ne voulait pas qu'un métier l'en écarte. Et il aimait savoir, apprendre, comprendre, observer. Alors… Cela s'était fait tout naturellement, et il était loin de le regretter.
Alors qu'il s'endormait peu à peu, ses doigts allèrent frôler le tatouage de sa joue. Celui-là avait été fait le lendemain de sa première journée de cueilleur. Il n'y avait pas pensé lorsqu'il avait fait son premier, mais il aimait bien l'idée de marquer les événements importants de sa vie avec des tatouages. Lorsqu'il en sentirait l'envie, le besoin, il le ferait, tout simplement.
Puis était venu le Grand sommeil. Laäf avait suivi les siens, s'était plié à cette décision sans l'approuver ni la désapprouver - à moins que ça n'ait été les deux à la fois. Le temps allait passer sans qu'il ne puisse observer les changements, mais vivre une telle chose lui semblait trop intéressant pour qu'il s'en plaigne. Aussi pria-t-il le Serpent Blanc et s'endormit-il avec un sourire.
Le jeune nomade fit ralentir son chameau, alors que la silhouette de la ville des sédentaires se dressait à l'horizon. Lorsqu'il s'était réveillé, trois ans auparavant, la première chose qu'il avait fait était, sans surprise, de partir dans le désert. Partir arpenter les nouvelles dunes, redécouvrir ce lieu qu'il aimait tant, et qui était semble et différent à la fois de celui qu'il avait connu avant de s'endormir.
Et rapidement, il s'était figé face à la ville. Il était parfaitement logique que les sédentaires se soient développés, multipliés. Mais ce qu'il avait face à lui ne ressemblait à rien de tout ce qu'il avait connu, rien de tout ce que le désert pouvait offrir. Et il ne parvenait pas à savoir si cela le terrifiait ou l'attirait. Il avait mis un long moment avant de réussir à en détourner le regard et reprendre son chemin.
La vie avait ensuite repris son cours régulier. Un peu plus de deux ans plus tard, lors d'une de ses expéditions à travers le désert, il avait trouvé un tout jeune serpent, sans doute à peine sorti de l'oeuf. Une vipère à cornes. Il ne savait quasiment rien de cette espèce, et il l'avait emporté avec lui. Depuis, son compagnon ne le quittait plus, se glissant dans son sac lorsqu'il partait en expédition.
Partagé entre une curiosité mordante et une méfiance inquiète, il n'avait toujours pas osé se rendre dans la ville. Mais peut-être finirait-il par céder à son envie de regarder.
Lorsqu'il était plus jeune, cela lui avait parfois attiré des ennuis. Il ne rentrait pas à temps, absorbé par quelque observation ou questionnement. Combien de fois Nüranth avait-il dû partir à sa recherche, l'arracher à la contemplation de quelque feuille, pierre ou animal et le ramener là où il devait être ? Il n'en savait rien, mais l'une d'elles l'avait particulièrement marqué, et pour cause : c'était le jour de son douzième anniversaire.
Savoir que c'était un jour important ne l'avait pas empêché de partir, dès l'aube, marcher au milieu des dunes. Un rien le captivait, l'enchantait, et il aurait pu y passer la journée si la main de son aîné de quatre ans ne s'était pas posée sur son épaule pour le rappeler à la réalité. Ce n'était pas par irrespect des traditions qu'il avait oublié. Il oubliait tout ce qui n'était pas son centre d'intérêt immédiat…
Ils avaient dû courir, et n'étaient arrivés que quelques minutes avant que Laäf n'ait à s'avancer devant le Doyen pour recevoir son second prénom. Seyrin, le regard perçant, car nul ne pouvait ignorer l'intensité et l'acuité visuelle dont le jeune garçon pouvait faire preuve lorsqu'il observait quelque chose.
Les noms étaient quelque chose qui l'avaient toujours beaucoup intéressés, de par leur signification. Cela lui offrait de grands champs de réflexions, et il aimait à se demander pourquoi tel nom avait été donné à telle personne. Son seul regret était de ne pas pouvoir divaguer autant sur le sien. Laäf, le sable clair du désert, rendu quasiment blanc par la lumière du soleil, comme sa chevelure sans couleur. Et Neidjalh, le vent matinal, en référence à la Saison des tempêtes qui était sur le point de commencer. Lui, il n'était pas la violence de la tempête, il était le vent du matin, qui arrivait avant ce déchaînement. Il le savait, ses parents le lui avaient expliqué.
Mais voilà qu'il se retrouvait avec un tout nouveau prénom à analyser, comprendre, intégrer. Et il tressaillit, revenant à la réalité sous le regard du Doyen devant lequel il était resté immobile de longues secondes, le sourire aux lèvres. Il s'inclina alors et s'écarta, laissant les autres jeunes nés le même jour que lui recevoir à leur tour leur second prénom. Le bras de Nüranth le tira pour la seconde fois de ses pensées en se posant sur ses épaules, l'entraînant avec lui pour prendre part au repas commun.
Une tradition de Mu voulait que les jeunes venant de recevoir leur second prénom mangent un plat très particulier. Un pain dont la pâte était mêlée d'herbes du désert et de quelques baies pour représenter les yeux et quelques écailles, modelé en forme de serpent et cuit par la chaleur du désert, dans un four en pierre conçu exprès pour contenir et concentrer la chaleur sur le pain. Il reçut le sien et l'observa longuement.
Lorsqu'il serait adulte, il en mangerait un autre, plus grand. Un symbole de leur nature de Fils du Serpent, qui grandissait en eux au fur et à mesure qu'ils grandissaient. Il ferma les yeux, inspirant profondément pour s'imprégner de l'odeur du pain encore chaud, et le mangea lentement, les paupières toujours closes. La chaleur du pain se répandait dans son corps, comme l'amour du Serpent blanc pour ses fils, et il eut presque l'impression d'entendre sa voix.
Un coup de vent plus violent que les autres arracha Laäf à ses souvenirs, et son regard parcourut l'étendue du désert, tout autour de lui. Le soleil était relativement bas sur l'horizon, mais le campement des siens n'était plus très loin, et il était certain d'y arriver avant que le froid mordant de la nuit ne se soit suffisamment installé. Il lui était arrivé de passer une nuit dans le désert, seul et loin de la tente de sa famille. Ce n'était pas une expérience qu'il souhaitait renouveler.
Pourtant, la première fois qu'il l'avait vécu, cela avait été volontaire. C'était après sa Cérémonie de passage à l'âge adulte, où le Doyen l'avait nommé Celui qui se pose des questions. Car ce n'était jamais des autres qu'il attendait les réponses, alors à quoi bon s'adresser à eux pour les questions ? Toujours est-il qu'à la fin de la fête qui avait clôturé cette journée, il avait informé sa famille qu'il resterait seul dans le désert, cette nuit-là.
Et il l'avait fait. Il avait passé la nuit, le dos contre le flanc de son chameau, à méditer et prier. Seul dans l'obscurité et le froid, loin du cercle rassurant des tentes du Clan et du feu de camp, là où les démons nocturnes pouvaient s'approcher de lui… De démon, il n'en avait vu aucun.
Mais le rugissement du vent, le bruissement du sable, les craquements inquiétants qui retentissaient au loin, n'étaient-ils pas de bien pires démons que n'importe quelle image d'enfant ? On peut se défendre contre une créature physique. On ne peut rien contre le froid et les bruits. Si les démons étaient intelligents, ils n'avaient aucune raison de se montrer.
Les rêves du jeune nomade, lors des quelques heures où il s'était endormi, avaient été peuplés de sombres images et de contacts inquiétants, le tout bercé dans une pénombre suffisante pour deviner des formes et des mouvements sans jamais être certain de ce qu'il voyait. Il s'en réveillait en sursaut, les muscles crispés et douloureux.
Mais à l'aube, lorsque les premiers rayons du soleil parurent, un sentiment étrange s'empara de lui. Une forme de… béatitude, peut-être. Comme si la bénédiction du Serpent Blanc l'avait enveloppé, après cette nuit de prières et de tensions. Il était resté immobile, figé, à contempler le lever du soleil jusqu'à en avoir les larmes aux yeux.
Lorsqu'il retourna parmi les siens, après cela, il se sentait épuisé, à bout, sans savoir ce qui l'avait mis dans un tel état. La nuit, ou l'émotion intense qui l'avait transpercé… En tout cas, il ne se sentait pas capable d'affronter une autre expérience de ce genre. Ce fut suite à cela qu'il tint à se faire un tatouage, sur son épaule et son dos. Il en dessina lui-même le motif, mêlant des symbole, des lettres et des formes rappelant les serpents ou ses sources d'inquiétude de la nuit.
Le chameau ralentit son pas en arrivant à côté des tentes, et Laäf en descendit pour le mener à l'intérieur, saluant les gens qu'il croisait d'un distrait hochement de tête. Après s'être occupé de sa monture, il rejoignit sa tente, emportant avec lui le sac contenant ses cueillettes de la journée. Il salua ses parents et s'installa sur sa couche, en tailleur, pour sortir les sachets contenant les plantes, qu'il commença à inspecter et trier.
Bientôt, une main lui mit sous le nez de quoi manger, et Nüranth s'assit à côté de lui, lui adressant un sourire complice. Le cadet des deux frères le fixa en clignant des yeux, revenant à la réalité, puis lui sourit légèrement en retour et commença à manger. Le lendemain matin, il apporterait les plantes à ceux qui les lui avaient demandées. Pour l'heure, il n'avait qu'à manger et se reposer, il repartirait peu après le lever du soleil.
Cette vie, qui se répétait jour après jour, aurait pu sembler pénible à certains. Mais un sourire errait sur les lèvres du jeune homme alors qu'il s'étendait après avoir embrassé sa famille. Quand avait-il su que c'était ce qu'il voulait faire ? Il aurait été bien en peine de le dire. Comme pour beaucoup de choses, d'ailleurs.
Il ne l'avait pas réalisé à un moment. Cela s'était imposé comme une évidence, au fur et à mesure qu'il passait ses journées dans le désert, semaine après semaine, mois après mois. Il ne voulait pas qu'un métier l'en écarte. Et il aimait savoir, apprendre, comprendre, observer. Alors… Cela s'était fait tout naturellement, et il était loin de le regretter.
Alors qu'il s'endormait peu à peu, ses doigts allèrent frôler le tatouage de sa joue. Celui-là avait été fait le lendemain de sa première journée de cueilleur. Il n'y avait pas pensé lorsqu'il avait fait son premier, mais il aimait bien l'idée de marquer les événements importants de sa vie avec des tatouages. Lorsqu'il en sentirait l'envie, le besoin, il le ferait, tout simplement.
Puis était venu le Grand sommeil. Laäf avait suivi les siens, s'était plié à cette décision sans l'approuver ni la désapprouver - à moins que ça n'ait été les deux à la fois. Le temps allait passer sans qu'il ne puisse observer les changements, mais vivre une telle chose lui semblait trop intéressant pour qu'il s'en plaigne. Aussi pria-t-il le Serpent Blanc et s'endormit-il avec un sourire.
Le jeune nomade fit ralentir son chameau, alors que la silhouette de la ville des sédentaires se dressait à l'horizon. Lorsqu'il s'était réveillé, trois ans auparavant, la première chose qu'il avait fait était, sans surprise, de partir dans le désert. Partir arpenter les nouvelles dunes, redécouvrir ce lieu qu'il aimait tant, et qui était semble et différent à la fois de celui qu'il avait connu avant de s'endormir.
Et rapidement, il s'était figé face à la ville. Il était parfaitement logique que les sédentaires se soient développés, multipliés. Mais ce qu'il avait face à lui ne ressemblait à rien de tout ce qu'il avait connu, rien de tout ce que le désert pouvait offrir. Et il ne parvenait pas à savoir si cela le terrifiait ou l'attirait. Il avait mis un long moment avant de réussir à en détourner le regard et reprendre son chemin.
La vie avait ensuite repris son cours régulier. Un peu plus de deux ans plus tard, lors d'une de ses expéditions à travers le désert, il avait trouvé un tout jeune serpent, sans doute à peine sorti de l'oeuf. Une vipère à cornes. Il ne savait quasiment rien de cette espèce, et il l'avait emporté avec lui. Depuis, son compagnon ne le quittait plus, se glissant dans son sac lorsqu'il partait en expédition.
Partagé entre une curiosité mordante et une méfiance inquiète, il n'avait toujours pas osé se rendre dans la ville. Mais peut-être finirait-il par céder à son envie de regarder.
L'histoire de ma vie
Nehênx est une jeune vipère à cornes, mâle. Laäf l'a trouvé, tout bébé, caché dans le sable, et l'a récupéré à des fins d'études, pour mieux connaître cette espèce. Les semaines, les mois sont passés, et la vipère vit à présent avec lui. Il l'enveloppe dans un linge humide lorsqu'il fait trop chaud et lui fait un abri sous ses vêtements lorsqu'il fait trop froid. Ses écailles ont des couleurs tendant plus vers le jaune que chez d'autres membres de cette espèce.
Familier
HRP
Dans la réalité je suis...
► Pseudo(s) fréquent(s): Ca a pas changé...
► Tu as quel âge? …. 24 ! Ca a changé !
► Tu nous as trouvé où ? Dans ma barre d'adresse ?
► Est-ce que c'est ta première inscription sur un forum RPG? Encore moiiiins !
► Comment tu trouves le forum? Forumesque !
► T'as un autre compte? Lequel? Yep, Zayn-la-brute.
► T'as pas un truc à nous dire hein? SI ! La pastèque, c'est bon.
► Code du règlement: Héhé, mangé par un Matt qui crève la dalle.
► Tu as quel âge? …. 24 ! Ca a changé !
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► T'as un autre compte? Lequel? Yep, Zayn-la-brute.
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Code de Frosty Blue de Never Utopia