Ceux qui sommeillent en nous
Nour Mu'Zineb feat Ying Mu'Shazi
Le cœur de la montagne est un monde d'ombres et de silence. Les tentes des Fils du Serpent sont déjà loin derrière elle, leurs voix ne sont plus audibles depuis longtemps. Il n'y a qu'elle et le roc. Et puis de l'autre côté de la paroi de pierre contre laquelle elle est appuyée, il y a ce peuple d'endormis qui sommeille hors du temps.
Au bout du couloir elle voit le rideau de toile qui s'ouvre sur l'antichambre du sanctuaire, là où, il y a quelques mois encore, vivait le fils maudit du Dieu Serpent. Nour ne l'a rencontré qu'une seule fois. Elle se souvient de ses yeux pâles cernés de peinture rouge et de la sensation de sa main brûlante sur son crâne. Ce jour-là elle avait aperçu un être tendre, bien différent de ce qui se racontait dans le campement. Elle ne le reverra plus.
Elle se laisse glisser le long du mur, pour s'asseoir sur le sol froid, fermant les yeux pour mieux écouter le silence des lieux. Ce n'est pas la première fois qu'elle vient. Lorsque son clan retourne dans la montagne, ses pas l'amène quasiment toujours au plus près de ses parents. Elle ne peut aller les voir, mais elle peut imaginer.
Elle imagine des rangs de visages endormis, paisibles dans la pénombre de la Chambre. Elle imagine des corps chauds qui ne connaissent pas l'usure du temps, des souffles réguliers et des cœurs battants. Et puis elle imagine ses parents. Une femme à la longue natte brune parsemée de perles de bois et de plumes, un léger parfum de fleurs flottant autour d'elle. Un homme allongé à côté d'elle, des traits durs mais un sourire sympathique. Elle s'imagine leurs yeux s'ouvrir et inévitablement l'illusion se termine.
Aujourd'hui encore, ils dorment. Elle devra attendre pour voir la couleur de leurs yeux. Peut-être des mois. Peut-être des années. Surement pour toujours. Certains jours elle n'y croit plus. Elle se voit grandir, se marier, avoir des enfants, vieillir, et puis mourir sans jamais voir le visage de ses parents. Elle ne connaitra jamais rien d'eux, rien que cette odeur fleurie pour laquelle elle n'a pas de nom. Parfois elle pense qu'ils sont peut-être déjà morts dans cette Chambre aux allures de tombeau. La plupart du temps, elle préfère ne pas y penser.
Nour soupire. Puis sursaute. Elle entend des bruits de pas s'approcher peu à peu. Elle bondit à ses pieds comme une enfant prise en faute. Elle se demande bien qui peut venir. Rares sont ceux qui s'aventurent si loin dans les montagnes. Peut-être est-ce un sages? Les pas sont assez lourds pour être ceux d'un adulte mais trop vif pour appartenir à un vieillard.
Curieuse, Nour attend.
Au bout du couloir elle voit le rideau de toile qui s'ouvre sur l'antichambre du sanctuaire, là où, il y a quelques mois encore, vivait le fils maudit du Dieu Serpent. Nour ne l'a rencontré qu'une seule fois. Elle se souvient de ses yeux pâles cernés de peinture rouge et de la sensation de sa main brûlante sur son crâne. Ce jour-là elle avait aperçu un être tendre, bien différent de ce qui se racontait dans le campement. Elle ne le reverra plus.
Elle se laisse glisser le long du mur, pour s'asseoir sur le sol froid, fermant les yeux pour mieux écouter le silence des lieux. Ce n'est pas la première fois qu'elle vient. Lorsque son clan retourne dans la montagne, ses pas l'amène quasiment toujours au plus près de ses parents. Elle ne peut aller les voir, mais elle peut imaginer.
Elle imagine des rangs de visages endormis, paisibles dans la pénombre de la Chambre. Elle imagine des corps chauds qui ne connaissent pas l'usure du temps, des souffles réguliers et des cœurs battants. Et puis elle imagine ses parents. Une femme à la longue natte brune parsemée de perles de bois et de plumes, un léger parfum de fleurs flottant autour d'elle. Un homme allongé à côté d'elle, des traits durs mais un sourire sympathique. Elle s'imagine leurs yeux s'ouvrir et inévitablement l'illusion se termine.
Aujourd'hui encore, ils dorment. Elle devra attendre pour voir la couleur de leurs yeux. Peut-être des mois. Peut-être des années. Surement pour toujours. Certains jours elle n'y croit plus. Elle se voit grandir, se marier, avoir des enfants, vieillir, et puis mourir sans jamais voir le visage de ses parents. Elle ne connaitra jamais rien d'eux, rien que cette odeur fleurie pour laquelle elle n'a pas de nom. Parfois elle pense qu'ils sont peut-être déjà morts dans cette Chambre aux allures de tombeau. La plupart du temps, elle préfère ne pas y penser.
Nour soupire. Puis sursaute. Elle entend des bruits de pas s'approcher peu à peu. Elle bondit à ses pieds comme une enfant prise en faute. Elle se demande bien qui peut venir. Rares sont ceux qui s'aventurent si loin dans les montagnes. Peut-être est-ce un sages? Les pas sont assez lourds pour être ceux d'un adulte mais trop vif pour appartenir à un vieillard.
Curieuse, Nour attend.
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