Ellana
« Violence is how I deal with unwanted attention. »
Zero || Drag on Dragoon 3
"Mon nom est Ellana et je suis une fille de 22 ans. Je suis hétérosexuelle et je suis actuellement célibataire. Mon principal défaut est ma férocité et ma qualité majeure est ma pugnacité."
► Nomade ou Citadin? Nomade.
► Le Groupe: Adorateurs du Scorpion.
► Taille: 1m68
► Poids: 54 kilos.
► Arme:
► Famille: Fille unique.
► Date de Naissance: Un jour entre l'automne et l'hiver, sûrement en Novembre. Disons le 4.
► Emploi: Casseuse de gueule sur commande.
Ellana releva doucement sa tête de l'oreiller inconfortable contre lequel elle reposait.
— Tu pars déjà ?
— Je n'ai aucun intérêt à rester.
Elle n'aimait pas s'éterniser. Encore moins avec lui, en règle générale. Sentir sa peau contre la sienne l'irritait, de façon aussi physique que mentale.
Au fond, elle détestait même le contraste, un peu trop vif, de leurs deux corps, à chaque fois qu'elle le regardait d'un peu trop près.
Elle était pâle, si bien que le Soleil du désert la brûlait au lieu de la bronzer. Si bien que sa peau se colorait de rose ou de bleu au moindre choc léger, à la moindre montée d'adrénaline. Si bien qu'elle pouvait voir ses veines courir sur ses mains, sa poitrine et ses bras, bleues sous son épiderme.
Elle était belle, pas plus que n'importe quelle femme, mais belle. Son albinisme la rendait aussi repoussante qu'attirante, la transformait en un labyrinthe de désirs et sentiments contraires. « Tu es écoeurante, Ellana. » Combien de fois l'avait-elle entendu des rares hommes qui s'étaient retrouvés dans ses bras ? Pourtant, jamais elle ne s'en était indignée. Parce qu'elle y était habituée. Parce qu'elle avait fini par aimer ce qu'elle était.
Ses yeux, vermillons, ses cheveux argentés et son corps imparfait. Elle avait fini par accepter sa poitrine convenablement formée, ses hanches arrondies et ses fesses juste assez remontées. Elle n'était pas faite d'un corps sublime, mais elle s'en contentait. Très bien même. Si l'on omettait le bras qui lui manquait et l'immense cicatrice barrant son buste, de sa hanche droite à son sein gauche.
Ellana ramena ses longues jambes contre sa poitrine, l'air de vouloir s'offrir un réconfort que personne d'autre, jusqu'à maintenant, n'avait été capable de lui donner. L'air de vouloir se cacher, inconsciemment, comme à chaque fois qu'elle y repensait.
— Je n'ai pas envie de rester avec toi, de toute façon.
— Tu pars déjà ?
— Je n'ai aucun intérêt à rester.
Elle n'aimait pas s'éterniser. Encore moins avec lui, en règle générale. Sentir sa peau contre la sienne l'irritait, de façon aussi physique que mentale.
Au fond, elle détestait même le contraste, un peu trop vif, de leurs deux corps, à chaque fois qu'elle le regardait d'un peu trop près.
Elle était pâle, si bien que le Soleil du désert la brûlait au lieu de la bronzer. Si bien que sa peau se colorait de rose ou de bleu au moindre choc léger, à la moindre montée d'adrénaline. Si bien qu'elle pouvait voir ses veines courir sur ses mains, sa poitrine et ses bras, bleues sous son épiderme.
Elle était belle, pas plus que n'importe quelle femme, mais belle. Son albinisme la rendait aussi repoussante qu'attirante, la transformait en un labyrinthe de désirs et sentiments contraires. « Tu es écoeurante, Ellana. » Combien de fois l'avait-elle entendu des rares hommes qui s'étaient retrouvés dans ses bras ? Pourtant, jamais elle ne s'en était indignée. Parce qu'elle y était habituée. Parce qu'elle avait fini par aimer ce qu'elle était.
Ses yeux, vermillons, ses cheveux argentés et son corps imparfait. Elle avait fini par accepter sa poitrine convenablement formée, ses hanches arrondies et ses fesses juste assez remontées. Elle n'était pas faite d'un corps sublime, mais elle s'en contentait. Très bien même. Si l'on omettait le bras qui lui manquait et l'immense cicatrice barrant son buste, de sa hanche droite à son sein gauche.
Ellana ramena ses longues jambes contre sa poitrine, l'air de vouloir s'offrir un réconfort que personne d'autre, jusqu'à maintenant, n'avait été capable de lui donner. L'air de vouloir se cacher, inconsciemment, comme à chaque fois qu'elle y repensait.
— Je n'ai pas envie de rester avec toi, de toute façon.
Je ressemble à ça...
Sa franchise sèche lui arracha un léger frisson. Elle ne mentait pas, au fond. Rester avec lui ne lui aurait rien apporté et elle ne manqua pas de donner confirmation à ses mots en se relevant doucement du lit sur lequel elle était installée.
Elle n'avait pas de temps à perdre en étreintes dénuées de sens et en baisers surfaits. Ni le temps, ni l'envie. Si elle appréciait le fait de s'adonner, parfois, au plaisir charnel, elle avait, au contraire, tendance à affreusement éviter la tendresse et tous ses synonymes. Elle n'aimait pas les « câlins » et autres démonstrations d'affection, exécrait les « bisous partout » et devenait verte rien qu'à entendre un homme l'affubler d'un surnom qu'il voulait sûrement affectif.
Elle aimait la violence, aussi mentale que physique. Elle aimait la brutalité, la bestialité, même. L'amour n'avait pas sa place dans le monde dans lequel elle vivait. Le sexe ? Oui. Parfois. Rarement. Elle n'avait connu que très peu d'hommes dans sa vie et ne se laissait aller que lorsque l'envie lui prenait, comme ça. En fonction de ses humeurs et son lunatisme tirant presque sur une tendance extrême à extrapoler tout ce qu'elle ressentait.
Elle était une force brute, mais non moins calme. Comme la rivière qui devient un torrent, quand elle s'emporte. Comme la mer, qui offrait des rêves et des promesses à ceux qui l'aimaient, pour mieux les dévorer.
Loin d'être sage, elle n'en demeurait pas moins vaguement posée, en dépit de ses côtés sanguins et fougueux. Réfléchie, elle ne se jetait (presque) jamais à corps perdu dans une bataille qu'elle se savait incapable de gagner - le bras qu'il lui manquait l'avait appris à éviter ce genre de comportement. Insolente, elle ne manquait jamais de cracher au monde entier son désintérêt pour leurs causes et leurs idéaux qu'elle jugeait « surfaits », le tout accompagné d'un sourire aussi délicat que désinvolte. Et qu'on la déteste, grand bien lui fasse.
Ellana n'avait jamais eu besoin de qui que ce soit. Son indépendance lui allait aussi bien que son besoin de solitude et elle ne s'attachait pas, jamais. Autant qu'elle ne haïssait pas, parce qu'elle n'en voyait pas l'intérêt. Si ce n'était pour celui qui lui avait arraché son bras en même temps que sa fierté.
Elle n'avait pas de temps à perdre en étreintes dénuées de sens et en baisers surfaits. Ni le temps, ni l'envie. Si elle appréciait le fait de s'adonner, parfois, au plaisir charnel, elle avait, au contraire, tendance à affreusement éviter la tendresse et tous ses synonymes. Elle n'aimait pas les « câlins » et autres démonstrations d'affection, exécrait les « bisous partout » et devenait verte rien qu'à entendre un homme l'affubler d'un surnom qu'il voulait sûrement affectif.
Elle aimait la violence, aussi mentale que physique. Elle aimait la brutalité, la bestialité, même. L'amour n'avait pas sa place dans le monde dans lequel elle vivait. Le sexe ? Oui. Parfois. Rarement. Elle n'avait connu que très peu d'hommes dans sa vie et ne se laissait aller que lorsque l'envie lui prenait, comme ça. En fonction de ses humeurs et son lunatisme tirant presque sur une tendance extrême à extrapoler tout ce qu'elle ressentait.
Elle était une force brute, mais non moins calme. Comme la rivière qui devient un torrent, quand elle s'emporte. Comme la mer, qui offrait des rêves et des promesses à ceux qui l'aimaient, pour mieux les dévorer.
Loin d'être sage, elle n'en demeurait pas moins vaguement posée, en dépit de ses côtés sanguins et fougueux. Réfléchie, elle ne se jetait (presque) jamais à corps perdu dans une bataille qu'elle se savait incapable de gagner - le bras qu'il lui manquait l'avait appris à éviter ce genre de comportement. Insolente, elle ne manquait jamais de cracher au monde entier son désintérêt pour leurs causes et leurs idéaux qu'elle jugeait « surfaits », le tout accompagné d'un sourire aussi délicat que désinvolte. Et qu'on la déteste, grand bien lui fasse.
Ellana n'avait jamais eu besoin de qui que ce soit. Son indépendance lui allait aussi bien que son besoin de solitude et elle ne s'attachait pas, jamais. Autant qu'elle ne haïssait pas, parce qu'elle n'en voyait pas l'intérêt. Si ce n'était pour celui qui lui avait arraché son bras en même temps que sa fierté.
Ce qui se passe dans ma tête
Introduction.
Ellana ferma les yeux.
« Mamaaaaaan ! J'ai chaud ! »
Frissonna.
Non, elle n'avait pas chaud. Elle était même frigorifiée. Les nuits dans le désert lui étaient aussi effroyablement désagréables qu'un immense seau d'eau glacée envoyé en travers de son visage et autant dire qu'elle n'était pas du tout survoltée à l'idée d'encaisser d'autres soirs de plus.
« Mais tu auras froid ce soir et tu dois protéger ta peau du soleil. »
Un léger soupir s'échappa d'entre ses lèvres et, doucement, Ellana ouvrit les yeux, afin de les glisser sur la paroi, déformée, du trou au fond duquel elle avait été « jetée ».
Elle regrettait de moins en moins d'avoir été la petite fille docile qu'elle était, autrefois.
À l'époque où sa mère, souriante et attentionnée, était encore son modèle. À l'époque où elle trouvait normal que les AdS s'entretuent sans scrupules, parfois. À l'époque où ses parents lui cachaient leur évidente faiblesse, avant qu'elle ne lui soit mise sous les yeux par le biais de leurs deux crânes fracassés.
« Méchant ? Tu trouves Papa méchant ? »
Les épais vêtements dans lesquels elle était enveloppée avaient au moins le mérite de l'empêcher de grelotter, à défaut de convenablement la réchauffer.
Est-ce qu'elle l'avait réellement trouvé méchant ? Avec du recul, elle se rendait compte que l'éducation sévère et abrupte de son père était sûrement propre aux coutumes de son Clan. Qu'il ne l'avait élevée de cette façon que parce qu'il n'en avait pas connu d'autres.
Est-ce qu'elle lui en voulait ? Pas le moins du monde. Il lui avait enseignée l'intolérance, l'austérité et l'orgueil. Il avait fait d'elle l'esprit indomptable qu'elle était et jamais, pour rien au monde, elle n'aurait pu le regretter. De petite fille naïve, Ellana s'était affirmée à travers le caractère d'une enfant aussi insolente que sauvage, au fil des années, quand bien même on lui avait inculquée des semblants de respect. Semblants, oui. À défaut de faire preuve de désinvolture, elle se taisait.
C'était sûrement en partie pour ça que les autres enfants ne l'aimaient pas, quand elle y repensait. Outre son apparence repoussante, elle était faite de trop de détails « dérangeants » pour réussir à s'intégrer, ou que ce soit. Elle avait essayé, une fois. Juste une fois. Ce qu'il avait fallu pour la persuader de ne pas s'approcher des autres, au risque de se faire littéralement lapider.
« T'es un monstre moche ! »
Elle revoyait encore le caillou lui arriver droit dessus, pour lui atterrir en pleine tête. Elle ressentait encore, parfois, la rage de l'humiliation qu'on lui avait infligée, à seulement sept ans.
Sur l'instant, elle avait seulement été capable d'attraper la première pierre qu'on lui avait lancée pour l'envoyer s'écraser dans le nez de celui qui avait initié un traitement qu'elle estimait ne pas mériter. Sur l'instant, elle avait préféré se dire que tout était mieux lorsqu'elle dormait. Elle avait prié pour un nouveau Grand Sommeil, bêtement, pour échapper à la méchanceté des autres enfants. Elle avait reproché à ses parents de l'avoir mise au monde avec des yeux vermillons et des cheveux blancs. Elle avait rejeté tout ce qu'elle était, des années durant, à cause de la stupidité de ce qu'elle appelait « les chiards du Clan ».
« Moi, je te trouve jolie. »
Ellana frissonna, encore une fois.
Le venin qui courait dans ses veines lui donnait l'impression de voir la Lune s'effondrer, au-dessus de sa tête. Est-ce qu'elle devenait folle ? Sûrement, peut-être. Ses ongles s'enfonçaient dans ses côtes depuis des heures, pour la maintenir accrochée à une réalité qu'elle sentait s'étioler. Déchiraient sa peau pour l'obliger à rester éveillée. Pour l'obliger à ne pas se laisser aller.
Est-ce qu'elle allait mourir ? Sûrement, peut-être. Alors elle se raccrochait aux vagues souvenirs qu'elle arrivait à trouver, à travers son esprit déjà trop embrumé.
« Moi, je te trouve jolie. »
Encore.
Elle ne voulait pas y penser. Elle ne l'avait pas aimé, loin de là.
« Moi, je te trouve jolie. »
Un grondement sourd s'échappa de sa gorge et, lentement, Ellana se redressa.
Désormais recroquevillée sur elle-même, elle perdit son regard sur la petite flamme violacée dansant sous ses yeux, puis les ferma. Il n'était pas là. Son visage n'était pas là. Il ne la brûlait pas.
« Moi, je te tr-- »
‒ Tais toi.
Son murmure s'éteignit dans un gémissement sourd.
Comment est-ce qu'il s’appelait ? Est-ce qu'au moins elle s'en rappelait ? Est-ce que sa mémoire l'avait volontairement oublié ? Cael... Varel... ou peut-être même autre chose de parfaitement différent. Tout lui échappait, si ce n'était son regard d'un bleu presque aussi pur que celui du ciel, au-dessus d'eux. Tout lui échappait, si ce n'était son visage qui se dessinait dans le sable qu'elle fixait, mêlé à tous les souvenirs qu'elle essayait d'oublier.
Il avait été son premier et seul ami. Pas plus important que n'importe qui, pourtant différent de tous les autres.
Il avait été sauvage, indépendant et cynique. Insolent et, surtout, ambitieux. Il lui avait appris à faire parler le poignard qu'il lui avait offert avec une violence subtile qu'elle n'avait pu qu'aimer. L'avait guidée sur un chemin qu'elle avait toujours contourné, sans jamais songer à l'éventualité de l'emprunter. Il lui avait appris à tirer profit de sa vanité et de sa férocité, quand bien même il les lui reprochait, parfois. Souvent.
« ‒ Tu es au moins aussi fier que moi.
‒ Je te parie ce que tu veux que je vivrais plus longtemps que toi. »
Et finalement, c'était son arrogance, à lui, qui lui avait arraché la vie. Elle n'en était pas sûre, en vérité. Il avait tout simplement disparu, un jour, quand bien même elle l'avait vaguement cherché.
« On ne l'a pas retrouvé. »
Et elle n'avait pas insisté, était retournée s'isoler à l'écart des autres personne de son Clan, comme elle l'avait toujours fait. Là où elle l'avait rencontré. Elle devait avoir quinze ans, à peu de choses près, il en aurait dix-neuf, si elle croyait ce qu'il en disait, avant de disparaître aussi vite qu'il n'était arrivé. Elle ne l'avait connu que quelques mois. Juste assez pour avoir le temps de vaguement s'attacher. Tout juste ce qu'il lui fallait pour ressentir le vide pesant que son absence laissait dans sa poitrine, quand bien même elle essayait de s'empêcher d'y penser.
« ‒ Pourquoi tu restes toute seule ?
‒ Dégage.
‒ Eeeh, calmes-toi. Je viens juste te parler, tu veux vraiment m'énerver ? »
Elle n'avait pas insisté. Lui si.
Alors il était resté, s'était lié à elle comme jamais personne ne l'avait fait, et lui avait même arraché quelques sourires, parfois.
Avant de lui montrer qu'au final, elle n'avait pas à s'encombrer de qui que ce soit. Au risque d'être abandonnée. Son agréable solitude lui allait. Tout ce qu'elle était, seule, lui allait.
En dehors de son prénom.
« Tu t'appelleras Ellana. »
Elle devait avoir huit ans, lorsqu'on le lui avait octroyé.
Et malgré le temps qui s'était écoulé, elle ne l'avait jamais aimé.
Trop doux. Trop délicat. Trop « joli ». Tout ce qu'elle n'aimait pas. Mais comme le reste, elle l'avait accepté, elle s'y était habituée. Sans quoi, sa cérémonie de passage à l'adulte n'aurait jamais pu arriver.
Elle avait juste appris à s'en détacher, avec le temps. À n'en faire qu'un nom, qui ne la désignait pas. Un mot qui flottait au-dessus de sa tête, sans qu'elle ne prenne le temps de se l'approprier. Elle avait évolué avec, s'était pourtant affirmée à travers une jeune femme aussi sauvage qu'insaisissable.
Jusqu'à ce que n'arrive le jour de sa cérémonie.
« Tu es prête ? »
Elle l'avait toujours été. Elle n'avait jamais douté d'elle-même, son arrogance l'en empêchait. Elle n'avait pas eu peur, de l'instant où elle avait commencé à creuser son propre « gouffre », jusqu'à celui où elle s'y était installée.
Elle y était entrée pour laisser derrière elle un passé qu'elle estimait ne plus vouloir regarder, s'était péniblement battue contre la chaleur, le jour, puis contre la fraîcheur, la nuit. Elle avait presque cru qu'elle allait mourir, parfois, étouffée tantôt par le soleil qui brûlait sa peau, tantôt par le froid qui mordait ses doigts. Elle avait gémi ses malaises, soupiré les rares sanglots qui l'avaient secoué, crié la faiblesse qu'elle ne voulait pas assumer.
Jusqu'à ce que la partie qu'elle estimait sûrement la plus invivable ne finisse par arriver.
Quoi que ce fût, elle avait aimé ce qui avait vibré en elle, lorsque le Doyen était venu assurer la deuxième partie de la cérémonie.
Elle avait, en revanche, bien moins apprécié la douleur qui s'était diffusée dans ses veines dès l'instant où le venin de son scorpion s'était mêlé à son sang.
« ‒ Tu voudras sûrement mourir. Tu vas souffrir, Ellana, mais--
‒ Pourquoi est-ce que j'aurais peur de souffrir ? »
Elle comprenait, maintenant. Maintenant qu'elle délirait, maintenant qu'elle tremblait, maintenant qu'elle revoyait le schéma entrelacé des événements inattendus qui avaient ponctué sa vie. Maintenant qu'elle est persuadée qu'elle allait mourir et que le monde disparaissait sous ses yeux, qu'elle sentait se fermer.
& le début de l'âge adulte.
‒ Comment tu te sens ?
Ellana ouvrit les yeux, les referma. Les rayons du soleil à travers sa fenêtre lui donnaient horriblement mal au crâne, agressaient ses yeux dépigmentés assez violemment pour qu'elle ne s'en détourne, peu désireuse d'avoir à les supporter. Elle détestait la lumière, trop forte, de l'astre diurne, favorisait la nuit et son ciel étoilé, bien plus agréable à regarder.
Comme si elle l'avait compris, sa mère tira doucement sur le morceau de tissu faisant office de rideau à sa chambre trop petite, puis se pencha un peu sur elle.
‒ Comme quelqu'un qui vient de passer une semaine dans un trou.
‒ Tu peux bouger ?
‒ J'ai l'air ?
Son insolence passive arracha à un soupir agacé à sa génitrice et, silencieusement, Ellana se redressa pour s'asseoir convenablement sur son matelas.
‒ J'ai dormi combien de temps ?
‒ Deux jours.
Une vague grimace déforma son visage encore endormi alors qu'elle glissait ses doigts dans ses cheveux... pleins de sable. Emmêlés et sûrement assez sales pour sembler plus gris qu'argentés.
‒ J'ai besoin de me laver.
‒ Mh. Je t'ai préparée une bassine pour t'éviter de te déplacer. Tu as à manger à côté, appelles-moi si tu as besoin de quoi que ce soit.
Évidemment que non, elle ne l'appellerait pas. Néanmoins, elle hocha la tête en guise de réponse, priant pour que son accord la pousse à s'en aller, lâcha un soupir satisfait en la voyant se relever. Elle attendit alors patiemment d'être seule, enfin, pour aller se décrasser et, accessoirement, se retrouver un peu avec elle-même. Elle n'avait pas changé, elle le savait. Rien n'avait changé, si ce n'était le petit scorpion qu'elle sentait gigoter dans ses cheveux mouillés. Elle était devenue une adulte, du jour au lendemain, ni plus ni moins. Et ça ne lui faisait aucun effet, rien de notoire. Elle trouvait même que c'était plutôt dérisoire.
‒ Je pensais que tu me ferais au moins me sentir bien, soupira-t-elle doucement à l'égard de l'arthropode venu se glisser sur son épaule.
Est-ce qu'elle s'attendait à une réponse ? Pas le moins du monde. Est-ce qu'elle tenait réellement à se sentir bien ?
‒ Est-ce que je me sentais vraiment mal..., murmura Ellana au silence de la nuit.
Évidemment que non. Elle ne ressentait rien. Elle avançait comme elle l'avait toujours fait. Se battait comme elle l'avait toujours fait. Rien ne l'arrêtait, rien ne la retenait. Elle avait laissé ses sentiments de côté, au profit d'une vie libre et bercée par des combats plus ou moins violents, qu'elle chérissait pourtant. En dépit de ce qu'elle y perdait, parfois. Un peu plus d'humanité, sûrement. Et puis un jour, son bras.
Une légère grimace déformant son visage, la Nomade glissa son attention sur ce qu'il lui restait de son membre droit, l'air aussi peu amène qu'à chaque fois même qu'elle se rappelait des circonstances dans lesquelles il lui avait été arraché.
Elle avait été stupide. Imprudente et stupide. Elle s'était entichée, une fois. Juste une fois. Ce qu'il lui avait fallu pour comprendre que la confiance était comme l'amour : inutiles.
Il était arrivé dans sa vie comme un rêve, s'était tracé un chemin vers son cœur avec la légèreté du vent qu'elle avait senti sur sa peau, lorsqu'elle l'avait rencontré. Il avait été un instant de faiblesse, une ouverture qu'elle avait laissée. Une brèche, une faille dans la forteresse de glace qu'elle était.
« ‒ Tu es incroyablement jolie... »
Elle ne savait toujours pas ce qui l'avait empêchée de le tuer, ce jour-là. Aucune idée de ce qui l'avait retenue alors qu'elle avait le bout de son poignard sous sa gorge, prête à le décapiter.
Il n'était pas nomade, ses vêtements le prouvaient. Mais elle avait sûrement été trop curieuse, trop imprudente, trop hésitante, trop de choses qui l'avaient empêchée de l'égorger. Trop de choses qui l'avaient menée à sa perte, dès l'instant où elle avait choisi de l'épargner.
Elle avait abaissé sa lame, et ce simple détail en avait fait bien assez.
Parce qu'il avait cru qu'elle n'était pas menaçante, il avait décidé de s'en approcher. Parce qu'il avait vu son hésitation, il avait décidé de la toucher. Et elle, tout bêtement, en le laissant en vie, avait creusé sa propre tombe et s'était retrouvée à traîner un fardeau qu'elle estimait ne pas mériter.
« ‒ Pourquoi est-ce que tu me suis ?
‒ Je suis perdu.
‒ En plein désert ? Dégage, laisse-toi crever ou va te faire massacrer, mais lâche-moi.
‒ C'est le soleil qui te rend aussi ardente de joie de vivre et d'hospitalité ? »
Elle n'avait pas répliqué. Elle n'avait rien à répliquer. Son temps lui était précieux, et elle en était encore à se demander pourquoi sa tête ne roulait pas à ses pieds, lorsqu'il avait accéléré pour se planter juste sous son nez.
« ‒ Pourquoi tu ne m'as pas tué ?
‒ J'étais en train de me le demander. Mais si tu ne me lâches pas, ça peut s'arranger. Rentre chez toi.
‒ Je ne sais même plus comment je suis arrivé jusqu'ici. »
Est-ce qu'il mentait ? Comment est-ce qu'elle pouvait le savoir, de toute manière ? Elle avait toujours fait parler son arme avant le reste, pourtant, lui accorder sa confiance était aussi proscrit que le fait même de poser un pied en ville, en tant qu'Adorateur du Scorpion. Elle ne savait ni qui il était, ni d'où est-ce qu'il venait. Était-il réellement un citadin ? Peut-être même qu'il venait d'ailleurs, d'encore plus loin.
Impossible.
Ellana avait secoué la tête, ses iris vermillons rivés dans ceux, noisettes, de son vis-à-vis. Les rayons du Soleil du désert leur donnaient une vive couleur ambrée, presque semblable à celle du sable, chaud, qu'elle sentait s'enfoncer sous ses pieds.
« ‒ Qu'est-ce que tu me veux ? Dernière chance. Si tu m'obliges à me répéter, je t'éventre et je répands tes entrailles sur deux kilomètres.
‒ Je doute en avoir assez. »
Elle avait manqué de perdre patience. Juste manqué.
Comme s'il avait senti son calme s'effriter, l'étranger s'était éloigné, lui tournant le dos pour reprendre sa route sans plus la regarder.
« ‒ Je n'ai rien contre les Nomades, moi. Je suis simplement... Curieux de savoir qui tu es.
‒ Une AdS.
‒ C'est tout ? Tu n'as pas de personnalité ? Tout ce que tu es est résumé par ton statut d'AdS ? Ma pauvre, je te plains. »
Là non plus, elle n'avait pas répliqué.
Il avait raison. Cruellement raison.
Et elle se sentait stupide. Affreusement stupide.
Au fond, il avait sûrement été celui qui lui avait appris à s'assumer, telle qu'elle était. À avancer dans autre chose que l'ombre d'un Clan qui l'avait enchaînée, depuis qu'elle était née. Elle se prétendait libre, mais est-ce qu'elle l'était ? Sa fidélité aux Adorateurs ne l'avait jamais permise d'en douter. Ni à ce moment, ni jamais. Mais peut-être qu'elle s'était menti à elle-même, après tout. Peut-être qu'elle avait cru s'emparer d'une chose pourtant insaisissable, quand bien même elle aurait tenté.
« ‒ La liberté est un peu comme l'amour Ellana. »
Elle ne savait plus réellement combien de temps s'était écoulé – peut-être un mois, ou deux – mais l'entendre prononcer son nom lui faisait toujours le même effet. Elle ne l'avait jamais aimé, depuis le moment où on le lui avait donné, mais elle appréciait la façon, presque mélodieuse, qu'il avait de la prononcer. C'était agréable et écœurant, désirable et repoussant. Autant que lui.
Elle le détestait, pour tout ce qu'il était. Cette façon qu'il avait de la suivre la révulsait. Elle aimait sa quotidienne solitude, s'y était même trouvée un confort qu'elle ne supportait pas de voir briser. Et il y était entré, de façon aussi discrète que fracassante, sans qu'elle n'arrive réellement à l'en empêcher. Il s'était faufilé à travers l'amas de failles qu'elle était, et elle s'en était imprégnée.
« ‒ Qu'est-ce que tu racontes encore ?
‒ Je réfléchissais à ce que tu m'as dit, l'autre fois. « Je n'ai besoin de personne pour avancer. J'ai décidé d'être libre, et je le resterais. » Mais... La liberté n'est-ce pas quelque chose que l'on choisit, ou qu'on obtient. »
Il s'était doucement redressé, jusqu'alors allongé dans le sable, près d'elle, simplement assise en tailleur.
Ce jour-là, le Soleil brûlait cruellement ses joues.
« ‒ C'est quelque chose qui se vit, Ellana. »
Elle l'avait regardé, simplement, l'air de chercher, dans le silence, les mots qui se suspendaient pourtant à ses lèvres, sans qu'elle n'arrive à les prononcer.
« ‒ Je ne peux pas la vivre. Je suis enchaînée à des principes et à des traditions. À un nom et à une maladie qui me donne presque l'impression d'être un démon. Je ne suis pas stupide, Darej. Mais je m'estime libre. De mes choix, comme de mon chemin. De ma vie et de mon destin.
‒ C'est contradictoire.
‒ Pas le moins du monde.
‒ Tu as eu ton Grand Sommeil, non ?
‒ Quel rapport ? Je ne m'en rappelle même pas, j'étais enfant.
‒ Oui, mais ça te prouve bien que tu ne choisis pas ton destin, non ?
‒ Ça n'a rien à voir.
‒ Ça a tout à voir, Ellana. Le fait que tu soies une nomade a déjà influencé ta vie. Et tes traditions le font aussi, comme tu l'as dit.
‒ T'as rien compris, tu m'énerves, boucle la. »
Oui, le fait d'être une Adoratrice influençait ses choix, mais n'était-ce pas là le lot de qui vivait et grandissait au sein d'un clan ? N'était-ce pas là son cas à lui aussi ? Évidemment, sa vision du monde et des choses était biaisée. Mais ses décisions étaient siennes, quoiqu'elle fasse, et il n'y avait que la mort qui aurait pu lui prouver que sa vanité était sûrement mal placée.
« ‒ J'utilise simplement ce que j'ai appris. », avait-elle simplement murmuré, avant de se relever.
Elle n'était pas décidée à en entendre plus. Son extrême obstination lui aurait donnée envie de lui arracher la tête mais elle l'aurait peut-être regretté, quelques jours après.
« ‒ J'ai une question.
‒ Et j'ai une réponse, à supposer qu'elle ne me donne pas envie de t'égorger. »
Il avait ricané et Ellana, elle, avait vaguement frissonné.
« ‒ Tu trouves vraiment que tu ressembles à un... Démon ?
‒ … Je m'en fous.
‒ C'est à cause de cette maladie ?
‒ Mh.
‒ Ça te rend différente. Et incroyablement jolie.
‒ … Ferme-la ou je t'éventre. »
Il avait rigolé, comme l'abruti qu'il était. Et elle s'était laissée aller à un peu mieux le supporter. Elle s'était risquée à baisser sa garde, encore une fois. Sans trop savoir pourquoi.
Il avait été le premier. Le seul à qui elle se serait donné en sachant qu'elle « l'aimait », de façon étrange. Presque détachée et indépendante. Mais elle l'avait aimé.
L'affection la révulsait toujours autant que la tendresse et, pourtant, elle avait étrangement apprécié la première fois où son corps était venu se couler contre le sien.
Quand bien même elle en avait honte et priait le Scorpion Blanc de l'épargner, de sortir cet étranger de son existence, aussi vite que quand il y était entré. Quand bien même elle priait pour qu'il disparaisse, le lendemain. Elle aurait aimé ne plus le voir sortir des endroits improbables où il se cachait parce qu'il savait que c'était par là qu'elle passait. Elle aurait aimé et, pourtant, elle sentait son cœur se tordre à chaque fois qu'elle s'en éloignait.
Elle n'avait toujours pas compris pourquoi il avait décidé de l'approcher. Pourquoi elle, spécialement, l'avait assez intéressé pour l'inciter à la suivre alors même qu'il aurait pu s'en aller, juste après qu'elle eût décidé de l'épargner.
Ellana ferma les yeux, tenta d'apaiser la rage qui bouillonnait dans ses veines et lui donnait envie d'attraper le premier crétin qui lui tomberait sous la main, pour l'éventrer.
« ‒ Tu te sens bien ?
‒ Mh. »
C'était douloureux, désagréable et elle détestait l'étreinte un peu trop chaleureuse dans laquelle il l'avait entraînée. Pourtant, elle avait opiné. Malgré les frissons dégoûtés qui parcouraient sa peau. Malgré la tendre proximité entre leurs deux corps, qui lui donnait la nausée.
Alors elle avait haussé les épaules, désinvolte, s'était redressée pour permettre à son scorpion de retourner prendre place dans ses cheveux, sans le regarder. Est-ce qu'elle avait mal ? Sûrement. Un peu.
« ‒ Sûre ?
‒ Certaine. »
Elle avait soupiré, les yeux dans le vague alors qu'elle tentait maladroitement de calmer ses hormones sûrement encore trop éveillés.
« ‒ Tu ne l'avais jamais fait non plus ? avait-elle fini par murmurer.
‒ J'ai été si mauvais que ça ?
‒ Non. »
Il avait souri. De ce sourire qu'elle aurait voulu lui arracher, plus d'une fois, à chaque fois qu'elle le voyait l'afficher. De ce sourire qu'elle aimait un peu trop, et qu'elle détestait pourtant regarder.
« ‒ Je te le dirais quand on se reverra.
‒ Où est-ce que tu vas ?
‒ Loin, j'ai envie de voyager. »
Elle ne le comprenait pas. Non en fait... Elle ne voulait pas le comprendre. Il vivait comme il l'entendait, elle le savait. Qui était elle pour l'enchaîner ? De toute manière, ce n'était pas comme si elle le voulait. Son indépendance lui allait. Son absence lui irait tout aussi bien.
« ‒ Tu veux venir avec moi ? »
Ellana rouvrît les yeux, enroula un bras autour de ses genoux ramenés contre sa poitrine.
Non, elle ne voulait pas. Elle avait vécu sans attaches, si ce n'étaient ses parents, s'était développée dans l'indépendance la plus totale et n'accepterait jamais que qui que ce soit n'empiète sur l'immense périmètre qu'elle estimait être son espace vital. Du moins, maintenant.
« ‒ Non. »
Jamais elle n'aurait trahi les siens. Or, partir avec lui revenait à déserter tant bien son Clan que ses traditions.
« ‒ Alors je te le dirais quand on se reverra. »
Il n'avait rien ajouté, l'avait rattrapé pour la serrer contre lui, comme si c'était la dernière fois qu'il le faisait. Et Ellana, silencieusement, s'était laissée aller à aimer ce contact là.
Le premier qu'elle avait pu apprécier. Et sûrement le dernier.
Alors elle était allée le voir, quelques jours plus tard. Pour la dernière fois.
Un peu plus à l'écart parce qu'il le lui avait demandé. Parce qu'il était « pressé ». Parce qu'il avait envie de s'isoler, un peu.
Évidemment, elle avait trouvé ça étrange. Évidemment, elle avait pesé le pour et le contre, avant d'y aller. Mais, parce qu'elle lui avait bêtement accordé sa confiance, elle avait fini par y aller.
« On dit que les citadins détestent les Adorateurs du Scorpion. C'est sûrement pour ça qu'on les massacre avant que ce ne soit eux qui essaient. »
Elle aurait dû. Dès le début, elle aurait dû lui arracher sa tête et le jeter en repas aux rapaces qui peuplaient le désert. Au lieu de quoi, elle s'était risquée à le laisser l'approcher. Elle s'était risquée à se laisser l'aimer.
Parce qu'elle avait vu, dans ses yeux, une lueur qui l'avait intriguée, dès l'instant même où elle l'avait regardé. Celle de la stupidité incompréhensible qui l'avait poussé à l'entraîner dans un gouffre qu'elle n'avait pas vu se creuser sous ses pieds. Au bout du compte, sa curiosité avait fini par un prendre le pas sur sa rationalité. Et l'absence de son bras ne manquait jamais de le lui rappeler.
Accorder sa confiance à un inconnu à son Clan avait été l'erreur la plus grossière de sa courte existence. Et, nom de la tête du Scorpion Blanc, comme elle s'en voulait. La honte la rongeait à chaque fois qu'elle y repensait. Parce que jusqu'au bout, elle avait cru que tout aurait pu marcher.
Tout aurait été parfait si ses sens ne lui avaient pas hurlé de s'en aller. Si elle n'avait pas eu peur dès le début. Si elle n'avait pas senti son ventre se tordre violemment lorsqu'elle s'était finalement retrouvée avec lui.
Est-ce qu'elle s'en était aperçue trop tard ? « Peut-être... Sûrement. »
« Cours. » lui avait hurlé quelque chose, tout au fond d'elle. Pourtant, elle n'avait pas bougé. Incapable du moindre mouvement, clouée au sol par l'évidence qui se profilait sous son nez. Tétanisée par le goût amer qui s'était glissé contre sa langue lorsqu'elle avait compris qu'ils n'étaient pas seuls et qu'elle risquait sûrement d'y passer.
« ‒ Qui est venu avec toi ?
‒ De quoi tu parles ? »
Sa voix tremblait. Et elle lui aurait volontiers arraché les cordes vocales, si seulement elle avait été capable de bouger.
« ‒ De la personne que tu cherches sûrement à cacher. »
Silence. Durant lequel elle l'observa tenter de se dépêtrer de la situation lamentable dans laquelle il s'était lui-même jeté. « Les Hommes sont pitoyables. » Mais ne l'était-elle pas, elle aussi ?
Au fond, peut-être qu'elle se faisait des idées ? Peut-être qu'il était juste attendu et que son comportement étrange venait du fait qu'il était aussi mal à l'aise que pressé ?
Elle avait été stupide, encore une fois. Alors qu'elle aurait pu lui sauter à la gorge et mettre un terme prématuré à tout ce dans quoi il l'avait entraînée. Alors qu'elle aurait pu le rayer de ce monde et sa vie sans plus s'en soucier.
Mais elle ne le savait pas, quand bien même elle s'en doutait.
« ‒ Avant tout... J'aimerais que tu m'écoutes.
‒ Quoi ?
‒ Tout ce que je t'ai dit était... Est vrai. Mais j'attendais de toi quelque chose que tu n'as pas été capable de me donner alors... J'ai décidé de te pousser dans tes derniers retranchements, pour te faire parler.
Ellana frissonna, les yeux rivés sur l'immense voile nocturne dont s'était parée la voûte céleste.
Ses souvenirs étaient vagues, trop vagues. Ponctués de multiples émotions qu'elle aurait volontiers oubliées, si elle n'avait pas eu cette prothèse pour la ramener à la réalité. Elle en avait occulté une bonne partie, au fond. Noyée dans la rage qui lui avait nouée la poitrine. Étouffée par le vacarme de ses veines qui avaient battu ses tempes si violemment qu'elle en avait eu la nausée.
De ses souvenirs, il ne restait rien de plus qu'un visage, qu'elle haïssait autant qu'elle mourait d'envie de le massacrer. Une douleur insupportable et des mots qu'elle n'avait jamais su oublier.
« ‒ Tu comptes parler ? »
Son regard était perturbant. Affreusement perturbant.
Et son sourire semblait mauvais. Terriblement mauvais.
« ‒ Non.
‒ Bien, alors tu peux tuer ce traître, il me sert à rien. »
L'évidence de sa naïveté lui avait arrachée un frisson écœuré. Elle avait été faible, une seule fois. Juste une fois. Et il en avait abusé. Quand bien même elle aurait du s'en douter. Quand bien même elle aurait du s'efforcer d'écouter la petite voix qui lui hurlait, pourtant, que ce qu'elle faisait n'était pas une bonne idée. Quand bien même les frétillements fréquents de son scorpion auraient du l'alarmer. Elle avait été naïve et le simple fait de s'en apercevoir suffisait à remplir son estomac de toute la honte qu'elle ressentait.
« ‒ Je ne suis pas un traître ! Je... J'ai essayé, mais... Mais elle ne voulait jamais en parler ! Elle passait son temps à se plaindre de ses traditions plutôt que de les partager ! J'ai essayé ! »
Le simple fait de l'entendre l'avait cruellement enfoncée dans la honte au creux de laquelle elle s'était jetée, en croyant tout bêtement qu'il avait pu l'aimer. Elle n'éprouvait pourtant ni regret ni amertume. Juste un profond dégoût. Envers elle-même. Envers le temps qu'elle lui avait accordé. Envers ses points faibles, qu'il avait exploités. Un profond dégoût qui constituait bien assez de raisons pour lui donner violemment envie de l'égorger.
Alors elle l'avait regardé, une dernière fois. S'était dégoûtée de lui, une dernière fois.
Elle l'avait observé hurler, supplier pour survivre, écraser son honneur pour obtenir les faveurs d'un homme qui, finalement, se fichait éperdument de savoir si oui ou non il vivrait. Elle avait contemplé, indifférente, la capacité qu'avaient les Hommes à abandonner toute forme de fierté lorsque c'était leur vie qui leur échappait.
Non. Pas « les Hommes ». Seulement les citadins. Un Adorateur du Scorpion aurait préféré mourir vingt fois plutôt que de trahir son clan. Et elle ne doutait pas le moins du monde de l'intégrité des autres Nomades.
« ‒ Tu es pitoyable. »
Il avait relevé la tête. Et le poignard d'Ellana avait mordu la chair de son cou dès l'instant où ses yeux s'étaient perdus dans les siens.
Elle ne le regrettait pas plus qu'elle ne l'avait pleuré.
Au lieu de quoi, elle avait fermé son cœur et s'était jurée de ne plus vivre que comme elle le souhaitait. Dénuée de toutes attaches, de toutes entraves. De tout ce qui, un jour, avait pu la blesser.
Le tintement de sa lame sur le sol avait donné un peu plus d'élan à la migraine qui emplissait déjà son crâne.
« ‒ Par contre... »
Ah. Elle l'avait presque oublié... Et l'aurait sûrement ignoré si le ton de sa voix n'avait pas fait courir un immonde frisson le long de son échine.
L'adrénaline qui courait dans ses veines la maintenait sur ses gardes et, pourtant, elle se sentait affreusement assommée. Perturbée et déboussolée.
Jusqu'où les hommes pouvaient-ils aller pour obtenir ce qu'ils voulaient ?
« Loin. Sûrement beaucoup trop loin. »
Et après coup... Elle n'avait pas envie de le savoir. N'avait, de toute manière, pas le temps de le savoir.
« ‒ Ce serait bête que tu oublies comment tu t'es fait avoir facilement par un de mes sbires, alors je vais te laisser un beau souvenir que tu verras tout les jours... »
La douleur vive qui avait fusé de sa hanche à son bras était devenue la frontière invisible entre ce qui était réel et ce qui ne l'était pas.
« ‒ Enfin, que tu ne pourras plus voir, plutôt... »
Sa vision s'était noyée dans le flot de larmes qui s'était déversé sur ses joues, l'amenant à se demander elle-même si elle pleurait bien plus sa peau déchirée que sa vanité piétinée, et, faiblement, Ellana avait gémi.
Elle était bel et bien lamentable, au bout du compte. Incapable de se relever. Incapable de bouger. Clouée au sol par la panique qui lui tordait les boyaux, parce que tout lui échappait.
« ‒ Je vais te-- »
Le rester de sa phrase s'était étouffé dans l'écume rougeâtre qui avait jailli de ses lèvres et elle avait puisé dans le peu de fierté qu'il lui restait, pour se relever. Pour le regarder s'en aller sans prêter plus d'attention à la distraction sûrement trop ennuyeuse qu'elle était. Elle l'aurait tué, si elle avait pu. Elle l'aurait éventré, répandu ses entrailles à travers tout le désert et abandonné son cadavre au soleil, pour le laisser y sécher. Elle lui aurait arraché les yeux, la tête et les dents. Elle l'aurait massacré, défiguré, totalement esquinté. Son cœur s'accélérait rien qu'à y penser.
Si elle n'avait pas pris de risque inutile en se laissant aller à presque regretter ses actes, elle aurait pu. Lui fracasser le crâne et le lui ouvrir après.
« N'y pense pas. »
Son sang bouillonnait un peu plus. À chaque nouveau pas qu'il faisait pour s'éloigner. À chaque nouvelle raison qu'il lui donnait de le haïr, pour tout ce qu'il était. Mais elle n'aurait jamais pu le rattraper. Pas maintenant. Elle se servirait de cette rage sourde qui grondait en elle et faisait rougir ses joues pour mieux le trancher en deux, lorsqu'elle le reverrait.
Au lieu de quoi, elle s'était noyée dans la frustration venue se mêler à l'insupportable douleur qui palpitait dans son ventre, glissant ses doigts contre son bras pour l'attraper dans un geste aussi machinal que maladroit.
Elle ne sentait plus rien, la douleur l'avait endolorie au point de ne plus réussir à sentir son propre membre et, alarmée, Ellana avait baissé la tête pour vaguement s'inspecter.
Elle avait hurlé.
Un hurlement qui avait déchiré le calme, pourtant serein, du désert. Un hurlement qui résonnait encore parfaitement dans sa tête, parfois, lorsqu'elle y repensait. Le seul qu'elle ait jamais poussé, en vérité.
Elle avait pleuré, aussi. Paniquée, terrorisée, tétanisée.
Ses yeux s'étaient perdus sur le reste, gisant un peu plus loin, du moignon qui lui faisait désormais office de bras et elle avait senti un haut-le-cœur lui retourner l'estomac assez violemment pour qu'elle ne cherche plus à contenir ce qu'elle avait pu ingurgiter.
Elle ne savait plus combien de temps elle avait divagué, combien de temps elle avait pleuré, combien de temps elle avait marché. Le sable qui s'incrustait dans sa chair avait fini par la faire trembler de douleur et elle s'était effondrée quelque part entre 1400 et le campement actuel de son clan. Quelque part où elle espérait que personne ne la trouverait, sûrement.
« Ben voyons... » songea-t-elle, ironique.
Elle avait prié, en vérité. Pour être sauvée, pour être épargnée. Juste avant de se laisser aller à l'inconscience qui lui tendait les bras depuis trop longtemps.
& après.
Elle avait ouvert les yeux, encore une fois.
Agressées par une lumière qu'elle ne connaissait pas, ses pupilles s'étaient presque instantanément rétractées et elle avait gémi en détournant son visage de la source de son trouble, incapable de bouger.
« ‒ Oh, elle est trop forte ? Excuse-moi. Je ne pensais pas que tu te réveillerais maintenant ! »
Est-ce qu'elle était bel et bien en vie ? La douleur lui hurlait que oui. Autant que la honte lui rappelait cruellement qu'elle s'était faite avoir, qu'elle y avait perdu bien plus que sa fierté, et qu'elle aurait mieux fait de mourir dans le désert, lorsqu'elle s'y était effondrée.
« ‒ C'est mieux maintenant ? Excuse-moi, j'avais besoin de ça pour terminer de nettoyer ta prothèse. »
Prothèse ?
Ellana avait rouvert les yeux, aussi incrédule que vaguement dépassée. Une prothèse?D'aussi loin qu'elle eût été capable de s'en rappeler, elle n'avait entendu cet mot ni des Adorateurs, ni des autres Nomades. « Peut-être un médicament ? Pourquoi aurait-elle besoin de nettoyer un médicament ? Peut-être que c'est comme ça qu'elle appelle... Quoi que ce soit qu'elle compte utiliser sur moi ? »
« ‒ Quelle prothèse ?Qu'est-ce que c'est ?
‒ Celle de ton bras ! On t'as retrouvée près d'une caverne dans le désert et, ma pauvre, t'étais vraiment dans un sale état. Du coup, on a dû compenser l'absence de ton membre par un faux. Il en jette, même s'il est un peu lourd, ne t'en fais pas ! »
Elle avait grimacé, vaguement. Où est-ce qu'elle était. Chez les Favoris de la Gazelle ? Peut-être. Sûrement. Elle l'espérait, dans tous les cas.
« ‒ Tu as eu de la chance. Enfin... Dans ton malheur, en tout cas. Ton bras a sauté mais, malgré la vilaine cicatrice que tu garderas, ton buste est encore entièrement fonctionnel. Tu es tombée sur des Pilleurs ou quoi ? »
Elle parlait trop, beaucoup trop. Sa voix nasillarde donnait des ampleurs un peu plus violente à la migraine d'Ellana et elle avait du puiser dans le peu de self-control qu'elle possédait, pour ne pas lui intimer de la fermer. Insulter la personne qui l'aidait était sûrement l'idée la moins futée du siècle. Outre celle de s'enticher d'un citadin.
« ‒ Sûrement, avait-elle simplement murmuré.
‒ Bah ils t'ont pas ratée. Tu es une Nomade, n'est-ce pas ? De quel clan tu viens ? Les Favoris de la Gazelle, non ? Tu as l'air aussi... Calme et posée qu'eux. »
Calme ? Posée ? Si ses membres ankylosés ne lui faisaient pas souffrir le martyre, elle l'aurait sûrement déjà éviscérée.
Agacée, Ellana avait détourné sa tête du visage de son interlocutrice, les yeux désormais rivés sur son bras. Elle en avait le ventre retourné, et à supposer qu'elle ait eu quoi que ce soit sur l'estomac, elle l'aurait sûrement rejeté.
« ‒ Ah, oui... Désolée, on a du t'enlever un petit bout en plus. C'était pas super joli à voir avec le sable, la crasse et tout le reste. Mais ta prothèse est parfaite. Il faudra juste que tu apprennes à l'utiliser !
‒ Où est-ce que je suis ?
‒ Bah... Euh... À 1400. Où est-ce que tu voulais être, autrement ? »
Un frisson de dégoût parcourût sa peau.
Merveilleux. Elle cherchait à fuir les citadins par tous les moyens, et voilà qu'elle se retrouvait au cœur même de l'endroit où toutes ces vermines pullulaient.
« ‒ Aucune idée. Merci. »
Elle s'était mordue la joue, violemment. « Merci » ? Le simple fait de savoir qu'une habitante de la ville l'avait aidée suffisait à piétiner son intégrité déjà martyrisée. La remercier achevait, en plus, de lui donner envie de se suicider.
Et le sourire qu'elle lui avait offert n'avait pas aidé. Pour peu qu'elle eût été en état de bouger, elle le lui aurait arraché. Ou gravé sur le visage, au choix.
« ‒ Comment est-ce que tu t'appelles ?
‒ El--... »
Elle s'était arrêtée presque instantanément.
« ‒ El... ? Tu ne te rappelles pas du reste ? »
Elle avait simplement secoué la tête. Mentir, feindre l'oubli et jeter la faute sur le traitement qu'on lui avait potentiellement infligée. Au fond... Qui le savait ?
« ‒ Ma pauvre... Reste autant que tu voudras, en tout cas. »
Comment est-ce qu'elle s'appelait ? Elle s'en fichait. Comme de tout le reste, au final. Sa tête avait roulé comme celle de n'importe quel autre dès qu'Ellana avait retrouvé l'usage de ses membres et elle avait fui 1400 dans la foulée.
Est-ce qu'elle le regrettait ? Pas le moins du monde. La reconnaissance n'avait pas sa place dans tout ce qu'elle était. Elle se fichait éperdument de ce que cette fille avait pu faire pour elle. Autant qu'elle se fichait éperdument d'où elle allait. Retrouver son Clan avait été sa priorité, mais elle n'avait aucune idée du temps qui s'était écoulé. Ni même d'où les AdS pouvaient bien se terrer.
« Suis ton scorpion, il sait où aller. »
Est-ce que c'était réellement le cas ?
« ‒ Si les Vétérans le disent alors c'est sûrement vrai. Tu penses pouvoir m'aider ? Avait-elle murmuré en sentant son arthropode s'extirper de ses cheveux afin de se laisser tomber dans le sable. »
L'animal ne lui avait évidemment pas répondu et, silencieusement, Ellana avait entamé sa marche à travers le désert, prêtant attention à ne pas laisser le moindre grain de sable s'incruster dans le mécanisme relativement particulier de ce qui lui servait désormais de bras. Comment allait-elle l'expliquer à son clan ? Aurait-elle réellement à se justifier de quoi que ce soit ? Prétendre à une agression des Pilleurs suffirait sûrement. Personne n'avait de preuve du contraire, après tout.
Il lui avait fallu deux jours et une nuit pour retrouver son Clan.
Si son retour n'avait pas suscité le moindre mouvement -et elle ne s'en était absolument pas étonnée, sa mère ne s'était pourtant pas gardée de violemment blêmir à la vue de son bras et l'avait assaillie de questions dès qu'elles étaient rentrées.
« ‒ Je suis tombée sur des Pilleurs, c'est tout.
‒ Et... Qu'est-ce que c'est que ça ? S'était vaguement énervée sa mère en pointant sa prothèse du doigt.
‒ Des citadins m'ont ramassée, apparemment. Je leur ai laissé le loisir de me poser cette... Chose et je les ai tués. »
Elle n'était pas satisfaite, Ellana l'avait vu dans ses yeux. Pourtant, elle s'était visiblement contentée de cette réponse puisqu'elle s'était éloignée en haussant les épaules, sans plus s'en préoccuper.
Ressortir le même mensonge à chaque fois qu'on lui posait des questions s'était avéré bien plus simple que ce qu'elle croyait. Elle aurait même par y croire, si sa fierté ne lui rappelait pas, cruellement, qu'elle avait eu le corps d'un citadin contre le sien, à chaque fois qu'on la touchait.
Reprendre une vie normale n'avait pas été bien compliqué, après coup. Elle n'y repensait pas, tout simplement, s'amusait à user de la brutalité des membres de son clan pour parfaire ses propres capacités à se battre, quand bien même elle était, plus d'une fois, ressortie avec quelques bleus et une ou deux côtés fêlées. Elle avait esquivé la mort de peu, plus d'une fois aussi.
« Les Adorateurs du Scorpion ne se battent pas pour jouer. Ils le font pour tuer. » s'était-elle persuadée, tous les jours, à chaque minute qui s'écoulait. Jusqu'à elle-même devenir l'insolente guerrière qu'elle était.
& Ellana.
« ‒ Je croyais que tu voulais t'en aller.
‒ C'est le cas. »
Ellana releva vaguement la tête, glissa ses iris rougeâtres sur le visage, à moitié endormi, du Nomade qui s'était glissé près d'elle.
« ‒ Qu'est-ce que tu fais ?
‒ Je réfléchissais. Au pourquoi du comment j'ai accepté de te traîner dans mes pattes, en l'occurrence.
‒ Je crois que c'est plutôt l'inverse. »
Elle l'avait rencontré un an auparavant, à peu près, l'avait presque scindé en deux et, s'il avait été assez vivace pour se décaler avant, la cicatrice sur son torse ne manquait jamais de rappeler qu'il avait effectivement failli y rester.
« Allez savoir comment j'ai fini par accepter de fréquenter... ça. »
Est-ce qu'elle l'aimait ? Non. Pas le moins du monde. Est-ce qu'elle s'y était attachée ? Sûrement pas.
Accepter ce genre de futilité revenait à potentiellement s'encombrer de personnes qui ne lui serviraient à rien, quoi qu'elles fassent.
Et le Scorpion Blanc seul savait qu'elle n'avait besoin de personne. Ni pour l'aimer, ni pour la protéger. Potentiellement pour la détester, jamais qui que ce soit ne mérite son intérêt.
Alors elle haussait les épaules, répondait à l'attention qu'on lui offrirait – très rarement - de manière désinvolte, quand elle ne parlait tout simplement pas. Elle agissait au gré de ses envies, comme elle l'avait toujours fait, fonctionnait comme son sang le lui dictait, parce qu'elle ne croyait pas en ce que les autres appelaient « la destinée ». Parce qu'elle n'avait besoin de personne pour lui montrer sur quel chemin avancer.
« ‒ Mh.
‒ Je peux te poser une question ?
‒ Le fait que je te dise non ne t'empêcherait sûrement pas de me la poser, mais je me garde le droit de ne pas te répondre.
‒ T'es pas croyable, soupira-t-il vaguement en ébouriffant ses cheveux. »
Roux. Comme beaucoup d'autres AdS. Comme ceux qu'elle aurait du avoir, si elle n'était pas née avec cette déficience physique.
« ‒ Tu as toujours été comme ça ?
‒ … Non.
‒ Ca fait combien de temps que tu as perdu ton bras ?
‒ Ca fait deux questions.
‒ On s'en fout. Combien de temps ?
‒ Trois ans maintenant.
‒ Tu serais pas devenue aigrie à ce moment là ? »
Ellana plissa le nez.
Sûrement que oui. Beaucoup des changements radicaux de sa vie venaient de là, après tout. Elle avait laissé sa naïveté loin derrière elle, s'était réfugiée derrière un immense mur de méfiance constante et n'avait accordé sa confiance à personne, depuis ce jour. Elle n'avait, de toute manière, pas besoin de le faire. Vivre seule lui convenait. Très bien même.
« ‒ Et même si ? Je n'ai pas besoin de toi, ni de qui que ce soit d'autre. Alors je me fous d'être aigrie. »
L'histoire de ma vie
HRP
Dans la réalité je suis...
► Pseudo(s) fréquent(s): Shae - Mei.
► Tu as quel âge? Trop vieille pour vous.
► Tu nous as trouvé où ? *stares at Matt* C'est moi. Oui ? 8D
► Est-ce que c'est ta première inscription sur un forum RPG? OUI BIEN SÛR. MENSONGE ÉHONTÉ VOTRE HONNEUR !
Ö
► Comment tu trouves le forum? En cliquant sur l'icône "Agartha" dans mes favoris. Cette fourberie my god. XD
► T'as un autre compte? Lequel?Qué c'est ?
► T'as pas un truc à nous dire hein? JTM MATT. JE T'AIME AUSSI MAMAN D'AMOUR !
► Code du règlement: "Mé ke vou hekrivaiz khome ssa". Non, j'déconne. Je mets le code en hide, luv. Code mangé par Nour Too late myself. ToT
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Code de Frosty Blue de Never Utopia
Dernière édition par Ellana le Ven 16 Juin - 1:23, édité 11 fois