Nouveau monde, nouvelle vie
L'Eldorado, ou presque
Cela fait maintenant deux jours que l’on a établi le campement. Après avoir traversé le désert aride et traversé les montagnes. Nous sommes tous épuisés, certains y ont même laissés la vie d’autres sont portés disparus. Les liens entre civils et nomades sont encore quelque peu fragiles, mais l’épreuve que nous avons traversée ensemble nous a rapprochée. Il ne s’agit plus de savoir qui est contre 1400 et qui est pour, il s’agit de s’entraider pour survivre.
Je n’ai pas vraiment été très utile. Après tout, je suis une intellectuelle. La plupart du temps, j’ai servi de distraction. Je parlais de guerres de gangs, racontais les exploits de Cathal et mon frère.
J’ai également servi d’éclaireur. Enfin, surtout Typhon qui malgré le froid glacial du versant glacé de la montagne s’est entêté à rester avec moi. Parfois je me dis qu’il est con ce piaf. Je ne lui sers plus à rien. J’arrive à peine à me nourrir moi-même.
Aujourd’hui, le temps commence à se refroidir, l’hiver arrive et il nous reste peu de temps avant l’arrivée de la neige. Alors tout le monde s’active. On fait des provisions, on s’équipe pour survivre contre le froid. Les citadins partagent leurs vêtements et couvertures thermiques pendant que les nomades nous apprennent à faire des manteaux en peau de bête.
Pendant ce temps je m’efforce d’être utile. J’explore les alentours avec typhon en éclaireur à la recherche d’éventuelle nourriture. L’inconvénient est qu’on est incapable de distinguer ce qui est comestible de ce qui ne l’est pas. Il n’y a aucun fruit connu dans ce paysage inconnu. Vous me direz c’est logique, mais en attendant tout ce que j’ai récolté à présent risque de tuer tout le campement et moi avec.
Je soupire en observant mon sac en toile remplis de fruits inconnus. Je tente de demander son avis à typhon, mais cet abrutit est un carnivore. Il n’est donc pas du tout intéressé par mes trouvailles.
Le sac plein de potentiel poison, je fais demi-tour vers le campement le pas traînant.
L’avantage de la nouvelle technologie, c’est que malgré le froid certain, mon leggings noir, mon pull vert et ma parka kaki sont une excellente barrière thermique. J’avoue que niveau style vestimentaire, on a vu mieux. Cela doit faire deux semaines que je porte les mêmes vêtements et croyez-moi, ça commence à sentir le fennec là-dedans. Bon, de toute façon, j’ai bien compris qu’il vaut mieux puer que mourir de froid.
D’ailleurs, si j’avais un peu plus de graisse, je serais moins sensible à ce nouvel environnement. Déjà que je n’étais pas très grosse avant le périple, maintenant on peut dire que je suis squelettique. J’ai littéralement la peau sur les os, et pourtant, je suis satisfaite. Satisfaite d’avoir réussi, satisfaite d’être toujours en vie et satisfaite d’avoir trouvé un endroit si beau, si mystérieux.
Je relève la tête pour admirer le paysage. C’est vert. Tout est vert. Des arbres à profusion. Essentiellement de grands arbres en triangle avec des feuilles fines comme des épines. Il y a également des buissons et de grandes étendues d’herbes. Le ciel dégagé me permet d’admirer toutes ces couleurs. Certains arbres, moins résistants au froid ont commencé à perdre leurs feuilles. Apportant ainsi des touches de rouge et d’orange à ce tableau si vert. Je n’ai pas l’âme artistique, mais j’apprécie fortement ce que je vois.
Je continue mon chemin le nez en l’air. Admirant tout ce qui m’entoure. J’entends des bruits d’animaux que je ne connais pas. La faune doit être tout aussi étrange que la flore. Déjà on en a eu un aperçu avec ces étranges dromadaires avec des bois sur la tête. Ils nous ont été très utiles. On en a tué quelques-uns pour la viande et la peau. Typhon, lui nous a ramené des petites souris. Animal déjà plus familier.
Trop absorbée dans ma contemplation, je ne remarque pas ma proximité avec le bord de la falaise, ni le sol qui est sur le point de se dérober sous mes pieds. Ne n’est que lorsque je me sens glisser que je réalise mon inconscience. Je hurle et tente de saisir une prise, n’importe quoi. Heureusement, une branche non loin du bord me sauve d’une mort certaine. Paniquée, je n’ose bouger. Typhon, inquiet, s’agite dans tous les sens et lâche des glatissements pour tenter d’alerter les environs.
Je reste suspendue dans le vide priant pour que quelqu’un vienne me sauver, en larme.
Code de Frosty Blue
Dernière édition par Alexie Mitchell le Mer 8 Nov - 18:58, édité 1 fois