Agartha. Un désert, où cohabitaient nomades et sédentaires. Cependant l'assèchement progressif des oasis développa la cupidité des sédentaires qui se mirent en guerre les uns contre les autres. Les cités tombèrent une à une devant ce fléau jusqu'à ce qu'il ne reste que 1400. Les nomades quant à eux préférèrent éviter ces conflits en priant leur Divinité de leur accorder un sommeil de deux millénaires. Mais quand ils se réveillèrent, ils furent non seulement confrontés à des citadins beaucoup plus avancés technologiquement mais aussi à une hostilité tangible. Hostilité contre ces nomades ressurgit du passé mais aussi hostilité au sein même de la ville de 1400. Puis une nouvelle guerre éclata : la Révolution. Est venu à nouveau le temps du choix : se battre ou partir ? Ainsi naquit l’Exode, un mouvement rassemblant nomades et citoyens souhaitant fuir la guerre en partant par-delà les montagnes vers un territoire glacé où vit un peuple étrange.

Lorsque le passé et le futur se rencontrent...

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    Croissance [Uko et Ykaem] (Finished)

    Kal Lulo
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    Ykaem leva, et leva encore les yeux, suivant le corps courbé au dessus d'elle, trop maigre, immense. Il cachait une partie du soleil trop fort, et son ombre s'étendait presque au delà de sa vision, se fondant dans le creux d'une dune. Après avoir enfin récupéré un chameau, grosse opération sur un négociant qui avait été ravi de lui donner, effaçant une partie de ce qu'il devait, elle s'était estimée capable de faire le voyage. Ça n'avait pas été sans mal, et elle avait pris beaucoup de temps par rapport à ses prévisions. A ses espoirs.

    Elle se rappelait de ces deux horribles jour, ou elle n'avait pas osée faire un pas, enroulée dans un tissu fin, faute d’énergie pour monter une tente. Enfin, cette petite crise avait fini par s'estomper, et elle était arrivée sans autre problèmes majeur chez les Serpents, après avoir rencontré quelque ancien, elle s’apprêtait à monter sa tente, un peu à l'écart du clan.

    Elle passait délivrer messages, soigner quelques personnes, mais surtout préparer le terrain pour son entreprise, et recueillir certain détails sur le mode de vie des serpents, et sur leur pouvoir. Dans l'idéal, elle aurait aimé un cadavre, pour pouvoir examiner les yeux, mais elle savait que ça ne resterai qu'une espérance. Ses yeux. Grands. Mouvants. Immenses. Devenu gris, et bien plus troubles encore que durant leur enfance. Alors qu'ils auraient du retrouver leur clarté, au contact des Serpents, ou au moins au fil du temps. Ils étaient verts. Mais qu'est ce qu'il lui était arrivé ? Elle craignait déjà quelque chose quand les Fils du serpent avaient affirmé ne pas l’héberger, ou être réticent à en parler, mais elle ne s'attendait pas à quelque chose de cette ampleur.

    Sans avoir vraiment pris le temps de décider quoi faire, elle était déjà en train de franchir la distance qui les séparaient, courant presque dans l'ocre, malgré le sable, malgré le sifflement du souffle. Elle reproduit les même gestes, bien plus futiles encore, inutiles que lors de cette première nuit. Le chameau, profitant de cette bride flottant au vent tourna ses talons, et parti brouter une touffe d'herbe morte s'enracinant obstinément entre les dunes.

    Ses vêtements étaient rêches, usés, grisâtres et délavés. D'une certaine façon, ça lui allait bien, c'était accordé avec sa peau abîmée. Sa maigreur était maladive. Elle le relâcha bien vite, et recula, pour pouvoir apercevoir son visage sans  se blesser à force de lever la tête. Elle s’efforça de réprimer la colère sourde qui montait en elle. Ce n'était sans doute pas forcément de la seule faute des Serpents. Mais s'il était avec eux, comment pouvaient ils tolérer cette maigreur rachitique ? Ces grands yeux perdus, interrogateurs, indescriptible ? Il n'y avait pas tellement de chose qui l'insupportait, mais l’intolérance, surtout dirigée vers ses proches, vers son petit frère, en faisait partie. Comment, pourquoi l'avait il laisser s’abîmer, alors que quand elle l'avait laissé, elle savait qu'il allait pouvoir atteindre une certaine lumière ? La conversations avec les serpents, le lendemain allait être... Intéressante. Peut être qu'elle aurait son cadavre, finalement. Mais elle voulait d'abord renouer avec Uko.

    « Tu as encore grandi. Évidemment. »
    Elikann Mu'Sajeb
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    Un jour de ciel. Pas un jour de sable, comme on en voyait beaucoup ces temps-ci, mais un jour de ciel, étrangement clair. Pourtant, rien n'était différent des autres jours, excepté peut-être la présence d'une autre personne, assise à une distance bien trop peu élevée d'Elikann. Personne étrange qui, malgré son regard insistant, avait la qualité de ne pas produire de bruit de manière intempestive, comme étaient habitués à le faire ceux de son espèce. Cela faisait quelques heures que ce silence n'avait pas été brisé. Elikann tenta de se remémorer le nom de cet individu, qu'il avait déjà croisé lors d'une quelconque cérémonie... Quelque chose en J, non? En fait, peu importait; comme tous les autres il finirait par fuir.

    Evidemment. Evidemment, ça ne pouvait pas durer. Car cette personne partit, au bout d'un moment, mais seulement pour revenir, tenant dans sa main la bribe d'un chameau, et braillant à voix basse:

    << Tu devrais venir, je crois qu'une de tes connaissances vient d'arriver.>>

    Une connaissance. Voilà bien la dernière chose qu'il s'apprêtait à entendre, surtout prononcé par un quasi-parfait inconnu. Une connaissance. Il n'en avait que très peu, et elles ranimaient presque toutes de douloureux souvenirs. Y aller était donc une des pires possibilités envisageables.  Quoique... cela pouvait être... Elle? C'était une des théories des plus invraisemblables, mais pas impossible. Mais c'était si improbable... cela valait-il la peine de prendre le risque de se trouver face à face avec l'une des horribles figures du passé?

    Etrangement, Elikann était déjà parti, et réfléchissait en chemin, sans s'en rendre compte. En tout cas jusqu'au moment où il aperçu, devant lui, une silhouette familièrement petite, mi-marchant, mi-courant vers lui. Un temps.

    << Tu as encore grandi. Evidemment. >>

    Un temps.

    Tous les souvenirs d'une année revinrent instantanément à son esprit, accompagnés d'un flot sans interruption de sentiments. Blanc. Blanc de le noir de l'époque, blanc dans le noir des souvenirs. Joie, bonheur, retour du bon. Impossible. Tant de blanc de le noir de l'époque? Impossible. Mensonge? Non, retour. Retour du bon. Tout n'était donc que bon?

    Un temps.

    Trop de souvenirs, trop de sentiments, emplissant tout un être, déséquilibré, laissé dans son incompréhension, son appréhension, ses suppositions, et tout autre mot pouvant mettre en doute l'apport d'un tel bonheur dans son présent.

    Un temps.

    Chute. Longue et lente, chute. Sol et sable. Noir.
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    Ykaem ploya sous la haute silhouette s’effondrant entre ses bras. Elle l'accompagna dans sa chute sur le sable et l'allongea correctement, en vérifiant au passage qu'il aillait bien. Enfin qu'il allait au mieux, en prenant en compte ces paupières parcheminées renfermant ces yeux gris fous, et cette maigreur rachitique. Elle ne connaissait pas beaucoup de choses qui pouvait changer la couleur des yeux, mais cette couleur gris ne présageait rien de bon.

    « Uko ? »


    Son appel retentit seul dans le désert pas tout à fait silencieux. Le campement Serpent n'était pas si loin. Cependant, la différence de niveau sonore avec le campement désorganisé et bruyant de sa tribu l'avait frappé. C’était loin d’être un vrai silence, mais tout semblait plus étouffé. Elle essaya de secouer doucement Uko, mais il ne bougea pas. Elle décida de monter la tente tant qu'il restait un peu de lumière.

    Elle siffla son chameau, qui fit mine de ne pas l'entendre. Elle jeta à l'animal un regard exaspéré, et se dirigea vers lui, en continuant de surveiller Uko du coin de l’œil. Elle finit par réussir à saisir la bride et l'attacha prés du Serpent inconscient. Elle s’arrêta un instant pour souffler, puis alla chercher dans les fontes l'armature de la tente.

    C'était un tas de baguettes grises, mats, très légère. Comme le tissu, lisse et souple, elles venaient de 1400. Elle ne pouvait pas manipuler une tente standard, bien trop lourde. Elle entoura Uko des murs de toile, et s'effondra presque une fois qu'elle eu finit, plongé dans l'obscurité, le souffle court. Elle se demanda si Uko serait évanoui, et qu'elle devrait monter cette foutue tente autour de lui à chaque fois qu'ils se rencontreraient. Elle se dit aussi qu'elle ne le quitterait plus aussi longtemps, et qu'elle allait faire son possible pour s'assurer qu'il soit bien traiter, dans sa propre tribu.
    Elle essaya de se concentrer sur sa respiration, pour la réguler le plus possible, sans grand succès, puis elle alluma le feu et elle suspendit au plafond bas de tissu une lanterne. Elle posa une grande casserole sur le feu, et sortit du fond des fonte une théière et deux tasse.

    « Uko... Faudrait que tu te réveille, se serait dommage que tu passe nos retrouvailles à dormir »


    Sa voix rauque de toux s’érailla seule entre les tentures bleues. Elle jeta des herbes dans la théière et versa deux tasses de tisane. Elle les posa prés du feu et alla chercher de la viande et le paquet de semoule.
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    Incontestablement inconfortable. Difficile de mieux décrire la situation. Bruyante, aussi. Bien qu'un bruit de toux, quand bien même irritant car répété, ne méritait pas une attention trop importante. Surtout que celui-ci risquait de raviver cette douleur pesante  et démesurée au crâne, ayant jugé intéressant de  s'immiscer dans l'abîme de pensées dans lequel se jetait l'esprit d'Elikann. Celui-ci gravitant, ironiquement, autour de la source de ce bruit. Pour une fois, une seule solution vint. Se rendormir était décemment la meilleure initiative à prendre. Ceci étant décidé, difficile de supprimer le désagrément - sûrement dû à une installation précaire, celle-ci installée par quelqu'un tout aussi précaire - ressenti en permanence, stoppant tout espoir de sombrer dans le sommeil, tout au plus dans une vague somnolence. Le sable était extrêmement désagréable.

    Le temps, comme dans chacune de ces situations, accélérait et décélérait, tout en donnant l'impression de n'avoir aucune consistance logique et de bouleverser la logique des évènements de par ses caprices. Malgré son irrégularité, il ne pouvait pas rester statique. Pour ainsi dire, il passait. Il passait et l'inconfortabilité de la situation ne partait pas, contrairement à cette douleur à la tête. Celle-ci, d'ailleurs, a été remplacé par une étrange sensation douce, comme si chaque chose était à sa place, que rien ne manquait aux yeux d'Elikann. Sentiment extrêmement étrange, et encore moins compréhensible. Puis vint l'obligation d'ouvrir un œil.

    Pourquoi? Un souvenir assez fort pour avoir une influence physique sur Elikann. Le souvenir d'une odeur, bien ancienne, que celui-ci croyait oublié, et avait sûrement effacé de sa mémoire. Manifestement, non. Une odeur légère, caractéristique, mais en aucun cas désagréable. Une odeur qui le ramenait des années en arrière, dans une toute autre tente, l'odeur d'un breuvage.

    Elikann se leva, énervé par le manque agaçant de connaissances que son esprit avait réussi à rattacher à l'odeur. Balayant rapidement l'espace du regard, il aperçut dans un coin la même petite silhouette qui avait causé son évanouissement récemment, la tête auréolée d'un léger nuage de buée.  Hésitant, très hésitant même, il se leva et marcha très lentement vers elle; encore plus courbé qu'au quotidien, de peur que sa tête se heurte au -excessivement bas- "plafond" de cette tente. Il s'assit, et, par pur réflexe, pris la tasse qui lui était tendue. Il but légèrement dedans, les yeux toujours impoliment fixés sur cette jeune fille devant lui. Le goût était anormalement excellent, mais le breuvage était très chaud. Elikann reposa la tasse, s'enfermant dans un rassurant silence gêné.
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    Uko s'était levé, courbé sous le plafond de toile. Il avait prit une tasse de tisane entre ses mains.

    « Pose la, tu vas te brûler »

    Ykaem jeta la nourriture dans une grande casserole, et commença à éplucher quelque légumes, à gestes réguliers et familiers.

    « Tu parles, ou plus du tout ? »

    Enfant, il ne parlerai pas, ou presque pas, mais le dernier mois, elle avait compté une dizaines de mots, signes que la parole revenait doucement. Et la, tout s'etait effondré. Son état semblait même pire que quand elle l'avait laissé. Elle plongea les légumes dans l'eau, et se leva, les pelures à la main.

    « Je vais donner ca au chameau »


    Elle tendis sa main à l'animal, posant l'autre sur son front. Gentil chameau. Uko semblait se complaire dans ce silence, peut être ferait elle mieux de se taire. Elle soupira avant de soulever le pan de toile qui servait de porte. Elle était heureuse de le retrouver, mais malgré cela, elle était soucieuse, que lui avait on fait ?
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    << Pose-la, tu vas te brûler.>>

    Un peu idiote, cette situation. Déjà parce que cette injonction aurait sûrement été plus intéressante quelques secondes auparavant, avant qu'Elikann ne se brûle. Ensuite, pourquoi faire, volontairement de surcroît, une préparation que l'on va servir trop chaude? Casse-tête assez ridicule en somme, le présent devait être plus divertissant. Idée très étrange, mais qui avait commencé à poindre dans son esprit, depuis peu.

    << Tu parles, ou plus du tout?>>

    Parler. Avait-il seulement proféré un simple mot depuis qu'il avait quitté les Lulo? Difficile à déterminer, mais surtout impossible à regretter. Parler, puisque c'était ce terme qui devait être employé, était extrêmement ridicule, un auditeur ne pense jamais comme vous et ne peux ainsi jamais comprendre ce que vous essayer d'exprimer ridiculement avec cet enchaînement de sons. Pourtant Kal semblait regretter son silence. Semblait de visage. A moins que c'est ce qu'elle cherchait à exprimer. Impossible à déterminer, mais au final il fallait parler. Sûrement.

    << Je vais donner ça au chameau. >>

    Elikann venait seulement de remarquer les mains de Kal qui s'agitaient ça et là depuis un certain moment. Oui, il fallait sûrement parler. Ceci étant, le chameau ne parlait pas. Or, il arrivait visiblement à faire comprendre son désir de... repas, apparemment. On en revenait au même point, il fallait s'exprimer, Elikann ne désirant pas manger. Encore moins ce que mangeait - bien trop bruyamment - ce chameau.

    << Tu... >>

    Se sentir poussé par quelque chose de plus fort que soi est extrêmement dérangeant. Et maintenant, il ne savait pas quoi dire. En plus d'avoir une certaine douleur à la gorge, il ressentait un énorme sentiment de malaise. Et il n'avait aucune idée sur ce qu'il pourrait dire. Encore cette impression qu'il devait faire quelque chose de nouveau, d'irrationnel. Soupir intérieur.

    << Tu es revenue? >>
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    « Tu... Tu es revenue ? »


    Ykaem sourit, soulagée. Elle aurait pu pleurer, éclater de rire, s'avancer, enlacer Uko, mais elle se contenta de ce sourire. La situation n’était sans doute pas désespérée. Il avait une voix rauque, et faible, mais c’était toujours des paroles, sûrement les premières depuis longtemps.

    C’était un espoir fou et cruel, de penser qu'elle, qu'ils allaient pouvoir raccommoder ce gouffre de huit années, faire comme si de rien n’était, alors que chacun de leurs coté, ils avaient grandis, progressés, c'étaient plongés dans les ombres venues des confins du monde, mais toujours avaient tendus leurs souvenirs et tissé leurs espoirs jusqu'à se retrouver.

    Tout n'était peut être pas perdu, mais comment retrouver son petit frère alors que chaque marque repérée était moulue, supposée, accommodée, déformée, assaisonnée, pour tordre la réalité, inventer des petits bouts de mensonges, des arcs de vie divagués ne pouvant rien expliquer.

    Mais qu'importe, si elle devait tuer, voir tourbillonner devant elle les poudres et les corps de Serpents étendus, qu'importe si elle devait attendre, surveiller la haute silhouette sur le talons jusqu'à ce qu'ils puissent marcher cote à cote, qu'importe si elle devait vaincre ce corps impitoyable, et courir essoufflée sous le chaud soleil quotidien.

    « Visiblement. Évidement. »

    Elle chassa une mèche barrant ses yeux de noir et sourit. Elle ne pouvait pas questionner, Uko jamais ne répondrait, mais elle pouvais parler, et le pousser à chuchoter la vérité.

    « J'ai toujours eu l'intention de revenir, mes parents aussi d'ailleurs. J'aurai voulu venir plus tôt... Je ne sais pas, je pensais que ton peuple allait t'entourer, mais j'ai faibli, traverser cette simple portion de désert, horrible... Quoi qu'il en soit, je suis contente de te retrouver » Elle devait penser à contrôler sa respiration, rendue irrégulière par cette tirade.

    « Désolée de t’assommer de paroles... Tu détestais que ma mère se mette à piailler, enfant... Quoique je pense que mon père était pire en ce domaine. »

    Elle devait se taire, organiser sa pensée, parler ne servait à rien sinon. Elle tira plus fort sur le coin d'écharpe pressé entre ses doigts. Elle ne se doutait pas avoir tant de choses à dire. Elle avait la sensation étrange qu'en retrouvant Uko, toute les carapaces qu'elle avait soigneusement mises en place tombaient, mais qu'elles emportaient avec elles la crainte de son corps trop faible.
    Les souvenirs revenait forts, heureux et intacts, comme on dévoile une veille bague ennuagée de coton, et que du bout d'un chiffon elle se met soudain à reluire de tout ses feux passés. Et dans la tête d'Ykaem, que de joyeux, explosant doucement à sa conscience, hérités de cette vie passé, jamais vraiment enterrée.
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    Il n'aurait pas du parler. Quelle idée d'essayer. Difficile de sentir une envie plus forte de n'avoir rien fait, de n'avoir rien dit.

    << Visiblement. Evidemment. >>

    Bien sûr que c'était évident. Dire cela n'avait eu aucune utilité, et surtout était une idée totalement insensée. Pourtant Kal souriait. C'était assez incompréhensible.

    << J'ai toujours eu l'intention de revenir, mes parents aussi d'ailleurs. J'aurais voulu venir plus tôt... Je ne sais pas, je pensais que ton peuple allait t'entourer, mais j'ai faibli, traverser cette simple portion de désert, horrible... Quoi qu'il en soit, je suis contente de te retrouver. Désolée de t'assommer de parlons... Tu détestais que ma mère se mette à piailler, enfant... Quoique je pense que mon père était pire en ce domaine. >>

    Quelque chose clochait. Quelque chose n'allait pas. Mais quoi? Pourquoi la situation semblait si étrangement alarmante? Le visage de Kal évoquait clairement un problème, il semblait qu'elle avait perdu tout contrôle, tout calme. Il semblait qu'elle avait perdu son calme. Ça n'était jamais arrivé auparavant. Que devait-il faire? C'était... nouveau. Effroyablement nouveau. Et avec cela un sentiment tout aussi nouveau. Le sentiment qu'il devait agir, mais pour aider Kal. Pour la consoler, pour la faire reprendre son calme, pour faire en sorte que... Mais il ne pouvait rien faire. Rien. Et maintenant il se sentait tout aussi effroyablement impuissant. Il se sentait oppressé de ne pouvoir rien faire, ne comprenant pas ce si soudain changement. Il se leva, troublé, et ne trouva adopta la première solution qui s'offrit à lui.

    << Kal ne... s'il-te-plaît... ne... reste calme! Je... tu m'effraies... Pourquoi? >>
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    << Kal ne... s'il-te-plaît... ne... reste calme! Je... tu m'effraies... Pourquoi? >>

    Tout les souvenirs heureux se figèrent. Ykaem prit peur quand elle sentit la sensation familière d’étranglement autour de sa gorge, mais ce n’était que son écharpe, sur laquelle elle avait tiré trop fort. Elle s'empressa de la remettre en place. Visiblement, évidement, elle lui avait fait peur.

    Elle suivit des yeux la haute silhouette bosselant le plafond souple. La lampe tangua sous les vagues de tissu bleu, échouant des vagues de lumière mouvante, jetant les ombres en une tempête clignotante, projetant d'effrayantes illusions d'aplat de noir sur les angles dur et creux d'Uko. Ce n’était que des ombres, des chimères tracées par une lumière chaotique, mais cela suffit à repousser les fragments de souvenirs.

    Ils avaient grandis.

    Ykaem reprit son calme, malgré une forte envie de pleurer. Elle se mordit les lèvres. Quand elle était enfant, elle savait instinctivement demander à Uko de s’asseoir, d'un simple geste, mais elle ne savait plus, elle ne se souvenait plus.

    Rester calme, fidèle à son nom. Elle ne se souvenait plus, était ce qu'elle avait voulue, ou ce qu’on avait décidé ?

    Elle l'avait effrayé. Elle lui avait fait peur, comme tout les autres, tous ceux qu'elles ne voulait pas vraiment tuer, parce qu'elle détestait ça, parce que ca lui rappelait sa propre fin, convulsée dans la solitude, étranglé par l'air vital. Ça lui rappelait tout ceux qu'elle avait échouer à sauver, et les yeux vides et blancs. Dans ses manches alourdies de poches cousues, l'odorante poudre mortelle, douce fine comme de la farine... Grand yeux blancs, grand yeux gris, elle n'aurait jamais voulu voir la flamme s'éteindre. Elle ouvrit la bouche, croassa un peu, laissa échapper un quinte de toux secouante, qui eu la bonne grâce de vite s'achever.

    « Assied toi, tu es trop grand pour ma tente. Je suis désolée. Je suis Calme. Je ne voulais pas t'effrayer. »

    Ykaem. Calme. Elle devait l'etre, alors elle se passa la main sur le visage, réarrangea quelques méches et sourit. Mais comment avaient ils donc grandis ?
    Elle envahit la tente de volutes d'odeurs d'un cercle de cuillère en bois.
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    << Assieds-toi, tu es trop grand pour ma tente. Je suis désolée. Je suis calme. Je ne voulais pas t'effrayer. >>

    C'était étrange. Très étrange, que de si simples et si futiles syllabes lui paraissent si nouvelles, si originales, si agréables, mais si incompréhensibles. Faute d'arriver à comprendre ses sentiments, Elikann se rassit. C'était comme si chacun de ces mots comblaient en lui un besoin qu'il n'avait jamais eu, comme si chacun des sons ravivaient un ancien foyer, comme si ce foyer réchauffait lentement chacune des parcelles de son corps, comme si chacune de ces parcelles cristallisait en elles cette chaleur, et qu'elles la distillait doucement, raffinant cette impression intense de réconfort, de tranquillité et de joie paisible. Et ce fut dans Cœur que ce phénomène se sublima, chassant le brouillard gris qui avait envahi cette cavité à tristesse, absorbant la joie, et détruisant peu à peu les restes d'espoir. Ensuite, une fois le Manque gris chassé, Cœur reprit sa place, explosant, influant et répandant à Esprit ce constant sentiment de douce chaleur.

    Trois larmes, larges et lentes.

    N'avait-il vraiment jamais ressenti ce besoin, ce manque qui désormais lui apportait une telle impression de... Bonheur? Ne l'avait-il pas, au contraire, toujours su? Cela le protégeait, il le savait. Mais ne l'avait-il pas toujours désiré? Les différences entre désir et danger sont trop diffuses pour être comptées; quel que soit ce sentiment, il serait à double tranchant. Mais n'était-il pas plus heureux, même en danger?
    Peu importait. Peu importait, tout idée de peur, de danger ou de risque était atrophiée et annihilée par cette impression si agréable et reposante, si intense et calme à la fois. Quoi qu'elle soit, elle était prioritaire à tout, surtout à l'oppression de  la peur.

    Finalement, Elikann releva les yeux vers Kal. Cette fois, il ne sentait plus de besoin de parler, de faire quoi que ce soit : il avait simplement envie de discuter, de renouer avec son ancienne amie.

    << Tu... >>

    Il laissa passer un temps. Il n'était toujours pas habitué à parler.

    << Tu m'a manqué... Tu... comptes rester ici combien de temps? >>
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    Uko pleurait, et elle était à deux doigts de faire de même. Ces trois larmes larges. Mais il n'avait pas l'air triste. Il n'avait même pas l'air d’être conscient de pleurer.

    << Tu m'a manqué... Tu... comptes rester ici combien de temps? >>

    Tu m'as manqué aussi, petit frère. Mais il fallait vraiment, que je trouve ce chameau, pour franchir ce désert suffocant. J'ai failli m’étouffer tant de fois...

    « Hum, environ une semaine, sûrement plus. Ça va dépendre de l’avancement des négociations. Je vérifierai peut être quelques anciens coins à herbe trouvés par ma mère au alentours, mais je n'en ai jamais retrouvé. »

    Rester prudente, concise, organisée dans sa pensée. Ne pas laisser s’échapper les mots tapant contre les parois molles des joues. Elle n'avait jamais retrouvé non plus ses parents depuis le sommeil. Elle pouvait rester bien plus longtemps si Uko le voulait. Il lui avait manqué aussi, mais ça lui avait donné un but, bien plus concret que comprendre. Elle était tellement, tellement désolée. Elle aurait voulu le protéger, le retrouver tellement plus vite. C'était du passé maintenant, mais elle aurai dut penser à quoi faire, une fois retrouvé. Pourtant, elle ne l'avait jamais cru perdu, ou mort. Elle l’avait effrayé. Cela ne devait plus se reproduire. L'euphorie finissait de s'étioler. Elle n'avait pas lieu d’être de toute façon. Elle lui avait fait peur. Elle se concentra, modula correctement sa respiration. Elle n'aurait pas du être si chaotique. Les larmes forcèrent la barrières des clignements frénétiques des paupières. Ykaem s'en aperçu peut être, mais que pouvait elle faire, elle savait que si elle éclatait en sanglots, s'était fini. Et si elle se frottait les yeux, écrasait sur ses doigts les perles salées, elle allait à coup sur exploser. Elle ne savait pas si elle était vraiment triste, parce que son frère était tangible, enfin, plus couturée qu'elle ne l’aurait aimé. Personne n'allait donc s’inquiéter de sa disparation ? La haute silhouette passait donc à se point inaperçue, aux sein de son peuple ?
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    « Hum, environ une semaine, sûrement plus. Ça va dépendre de l’avancement des négociations. Je vérifierai peut être quelques anciens coins à herbe trouvés par ma mère au alentours, mais je n'en ai jamais retrouvé. »

    Elikann soupira légèrement. Une durée assez courte, mais qui suffirait sûrement. Ceci étant, peu importait. En tous cas, selon lui, car le sentiment de quiétude qu'il ressentait était si agréable qu'il en excluait tout autre, à compter qu'il puisse éveiller en lui quoi que ce soit de mauvais.
    Il but à nouveau une gorgée dans la tasse qu'il tenait encore. Un nouvel afflux à son cœur de souvenirs, encore plus clairs que les précédents. La tente qui s'offrait à ses yeux actuellement en devint une autre, légèrement plus sombre. Elle émettait cependant la même douce chaleur, et l'ambiance exaltait la même tranquillité. Pas une, mais trois silhouettes, dont une très petite. Celle-ci était bien trop proche de lui, et avait ses bras autour de lui, le serrant légèrement.

    Il rouvrit avec grande peine les yeux ; sans doute avec la même peine que celle qu'il eut à se rendre compte qu'il les avait fermé. Il redressa la tasse qui avait commencé à lui échapper dangereusement, puis releva la tête vers Kal.
    Il y avait quelque chose d'étrange sur son visage. Elikann n'avait aucune idée d'où cette impression lui venait, mais elle paraissait très tendue. Trop, tendue.
    Il commençait à en avoir assez, mais apparemment sa journée lui serait dédiée à cela. Il ressentait à nouveau un sentiment qu'il ne comprenait pas à n'arrivait absolument pas à analyser. Il voulait faire en sorte que Kal se sente mieux, qu'elle se détende, que son calme soit plus qu'apparent. Et il ne trouvait pas ses mots. Aucun de ceux qu'il connaissait ne pouvait, selon lui, produire l'effet escompté.

    La seule solution qui lui vint alors à l'esprit fut d'imiter la jeune fille dans ces souvenirs. Il se souvenait du bien que cela lui avait fait ressentir, et c'était sûrement ce qu'il pourrait faire de mieux pour aider Kal.
    Il s'approcha d'elle, hésitant, et passa ses bras dans son dos. Il sentait beaucoup, beaucoup, beaucoup trop de choses, mais étrangement n'en retint que deux. Il sentait, bien plus que le reste, ses mains dans le dos de la jeune fille, le contact étrange entre celles-ci et les vêtements, et celui entre sa joue et celle de Kal, entre lesquelles s'interposaient quelques cheveux, qu'il sentait aussi. Il avait fermé les yeux.

    << Désolé... je ne voyais... pas quoi dire.>>
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    Uko avait fermé les yeux, peut être à peine que s'il avait cligné des paupières, mais ca mit Kal en alerte, prête à amortir sa chute s'il tombait, à réagir le plus vite possible, quoi qu'il fasse. Elle fut quand même immensément surprise quand il passa ses long bras au coudes inhumainement pointus dans son dos. Elle enfouit sa tête au creux des épaules osseuses d'Uko, cacha ses larmes dans l'étoffe terne. Elle le serra le plus fort qu'elle le pouvait, de ses bras faibles contre elle, hoquetant silencieusement en un effort vain pour cacher ses sanglots.

    "Désolé... je ne voyais... pas quoi dire."

    Et pourtant, cette étreinte, écho d'une autre, il y a longtemps, faisait passer tant de chose... Mais aucun des deux ne pouvait les exprimer.

    "C'est mieux comme ca... Je suis désolée Uko, je suis désolée... Hamul et Nila m'ont dit que c'était ton peuple, et vraiment, je suis désolée, je ne voulais pas que tu partes, mais c'était ton peuple, je voulais que tu sois heureux, et je ne pouvais pas même faire deux cent mètres sans brûler mes poumons, et ils sont partis dans le désert, et je ne sais même pas pourquoi je ne t'ai pas retrouvé comme je l'aurai du, et j'aurai du venir plus tôt, j'aurai voulu que tu sois heureux petit frère..."

    Les mots s’échappaient, hachés entre les larmes sans qu'elle puisse les contenir. C'était mieux comme ca, sans qu'elle puisse voir le visage du Serpent, sans qu'elle puisse sentir son visage chauffé et rougi par les larmes scrutés par les yeux vert- gris, ils étaient gris maintenant. Elle n'envisagea même pas l'idée de lâcher son frère. Tout était différent, ses parents n'était plus là, c'était elle et non son père qui faisait trop chauffer le repas, et les yeux verts nerveux, traumatisés était deux grand yeux gris trop calme. L’espace d'un instant, elle détesta son nom. Elle ne voulait pas être calme, elle voulait obtenir ce qu'elle cherchait, connaissance, bonheur, sans être rattrapée par la réalité, par son corps, par son but qui était en lui même un obstacle.
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    Ses pensées étaient lentes. Fluides, ininterrompues, mais lentes. Il sentait que Kal se serrait contre lui, il la senter trembler, hoqueter, mais si vaguement qu'il le remarqua à peine. Les quelques mots qu'elle prononça, hachés, presque comme si elle même ne les comprenait pas, retentirent pourtant nettement à son oreille.

    C'est mieux comme ca... Je suis désolée Uko, je suis désolée... Hamul et Nila m'ont dit que c'était ton peuple, et vraiment, je suis désolée, je ne voulais pas que tu partes, mais c'était ton peuple, je voulais que tu sois heureux, et je ne pouvais pas même faire deux cent mètres sans brûler mes poumons, et ils sont partis dans le désert, et je ne sais même pas pourquoi je ne t'ai pas retrouvé comme je l'aurai du, et j'aurai du venir plus tôt, j'aurai voulu que tu sois heureux petit frère...

    Il la laissait parler, de toute façon ces mots n'avaient que peu d'importance. Elle s'excusait, de tout, et surtout de ce qu'elle n'avait pas commis, elle s'excusait de tous les maux qu'il avait pu subir, alors qu'elle n'y avait été pour
    rien.

    Elle l'avait appelé petit frère.

    Il était plus vieux qu'elle, plus grand qu'elle, et n'avaient aucun lien de famille, il n'étaient même pas du même clan.

    Elle l'avait appelé petit frère.

    Ainsi, c'était cela, sa vision de leur relation? Il était son petit frère, elle sa grande sœur, elle devait le protéger? Ils n'avaient aucun lien familial, la seule chose qui pouvait ressembler à une fraternité entre eux...

    Elle l'avait appelé petit frère.

    C'était pour cela qu'elle était désolée. Désolée de n'avoir pu remplir son devoir de grande sœur, désolée de n'avoir pu remplir un devoir qui ne l'avait jamais incombé. Cela l'énervait . Ainsi, elle culpabilisait. Pour cette raison. Cette raison illégitime qu'elle avait inventé. Finalement, il en était plutôt révolté.
    Il releva les bras, et empoigna les épaules de Kal. Il la ramena devant lui, vit les larmes qui pleuvaient en une averse ininterrompue de ses yeux, il vit son visage déformé par la tristesse. Sa volonté retomba légèrement, devant cette vision. Il baissa les yeux.

    Kal... Je ne suis pas ton petit frère, tout comme tu n'es pas ma grande sœur, tout comme tu n'a pas à être désolée. S'il-te-plaît, Kal... je suis plus grand que toi.
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    Kal... Je ne suis pas ton petit frère, tout comme tu n'es pas ma grande sœur, tout comme tu n'a pas à être désolée. S'il-te-plaît, Kal... je suis plus grand que toi.

    Kal leva la tête, maintenue debout par les longues mains osseuses qui enserraient ses épaules. Elle tacha de lisser et de calmer sa respiration hachée, car ce désert, ce clan inhospitalier, ce frère inconnu mais probablement pas muni d'une formation de médecine, était le pire endroit possible pour une crise. Elle renifla bruyamment, essuyant les larmes d'un revers de manche sans grâce.

    Elle tacha de se rappeler cette année passée ensemble. Se considérait elle déjà, à l'époque comme sa sœur ? Elle ne pouvait s'en souvenir en tout cas. Tout baignait dans la chaleur simple et enfantine du désert, elle n'y avait pas réfléchi en ces temps heureux. il lui avait paru naturel de partager certaines choses avec Uko, parce qu'il était intéressant, et qu'il était le seul etre vivant qu'elle voyait, à part ses parents. Elle devait même passer plus de temps avec lui qu’avec Hamul et Nila. Mais se considérait elle comme sa sœur ? Toute à son impatience de le revoir, allant mieux, avait elle déformé leur relation ? Transformé de précieux souvenirs ? Ou alors, Uko seul ne la considérait pas comme une sœur ? Non, cela ne se pouvait. A l'époque, en tout cas, elle était sur qu'il lui portait de l'affection. Aussi sure qu'elle pouvait l’être avec sa mémoire qui lui faisait si cruellement défaut. Elle formula l’absurde voeu de pouvoir lire les pensées d'Uko, alors même qu'elle ne pouvait démêler le fol écheveau des siennes. Elle inspira profondément, remplaçant l'air vicié et humide de chagrin caché dans les méandres de ses poumons par l'air de nuit réchauffé et épicé par le feu.

    "Tu seras toujours le plus grand. Certaines choses restent. Mais nous avons changé tout les deux. C'est dur à réaliser, et à admettre. A vrai dire..." Elle s’arrêta, hésitante "Tu n'es pas comme je l'avais prévu."
    Elle esquissa une grimace, ce n'était pas vraiment ce qu'elle avait voulu exprimer, mais elle n'aurait su dire si c'était si lion que ça de la réalité.
    "J'ai toujours mes connaissances de guérisseuse, Uko, et j'entrevois les mouchetures, les coups de poignard et les blessures que l'existence à déposé sur toi, encore une fois. Je ne peut que me sentir désolée. " Elle happa un souffle d'air, le bloquant le temps de tourner sa phrase. "Malgré cela, j'aimerai continuer de croire être ta sœur ?"

    Elle ne su pas vraiment si la phrase était destinée à être une affirmation ou une question, et elle sonnait doucement, à mi chemin entre requête désespérée d'acceptation, et vérité tranquille. Elle se retourna, pour voir à quelle point le repas avait commencé à attacher aux parois de la casserole, en lançant d'un ton plus léger :

    "Et si tu tiens vraiment à souligner ta taille, grande perche, sache que de moins point de vu, tu n'es qu'un immense parmi d'autre, tout le monde est grand en ce bas monde" Elle accompagna cette vérité d'une importance capitale et absolue d'un soupir exagérément dramatique. Malgré cela, la plaisanterie sonnait fragile, et comme une balle tombée entre ses mains, Uko pouvait en faire ce qu'il lui plairait.

    En agitant les braises, elle secoua la tête. Elle ne se reconnaissait plus, elle était sensée être assurée, sure d'elle, émue, mais pas d'une tel inconstance, débordante de larmes et de mots incontrôlés. Elle prit sur elle même pour se remettre, pour de bon espérait elle, accepter le changement, et demeurer fidèle à son nom.
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    << Tu seras toujours le plus grand. Certaines choses restent. Mais nous avons changé tout les deux. C'est dur à réaliser, et à admettre. A vrai dire...  Tu n'es pas comme je l'avais prévu. J'ai toujours mes connaissances de guérisseuse, Uko, et j'entrevois les mouchetures, les coups de poignard et les blessures que l'existence à déposé sur toi, encore une fois. Je ne peux que me sentir désolée. Malgré cela, j'aimerai continuer de croire être ta sœur ? Et si tu tiens vraiment à souligner ta taille, grande perche, sache que de moins point de vue, tu n'es qu'un immense parmi d'autre, tout le monde est grand en ce bas monde. >>

    Il l'avait laissé parler, tout autant qu'il s'était laissé bercer par le rythme de ses mots et le nombre d'arrêts entre chaque phrase. Quand elle eût terminé, il ne répondit rien. Il se contenta de soupirer très légèrement, plutôt pour marquer sa réponse plutôt que pour une quelconque autre raison, et de sourire à sa plaisanterie. Enfin, en espérant malgré cela que c'était vraiment, une plaisanterie. Il n'avait jamais été petit, il ne savait pas à quel point elle pouvait en souffrir.
    Il ne savait que penser de ce qu'elle disait. Evidemment, elle était sa sœur. Mais il ne voulait pas qu'elle en souffre. Sur l'instant, c'était la seule chose qui importait.

    Il avait peur de prendre la parole. Il sentait que Kal était troublée, et craignait de mal choisir ses mots, de se faire mal comprendre, et d'accentuer encore ses tourments. Il voulait éviter cela. Mais sentait que rester silencieux  n'aiderait en rien.

    Il n'avait pas parlé depuis trop longtemps. Même son idée, pourtant extrêmement simple, avait du mal à sortir de ses lèvres. Il voulait, en plus d'être sincère, arriver à la calmer, à faire cesser son état qui le mettait mal à l'aise tant il était différent de ce dont il se souvenait.

    Ses espoirs d'apparition inopinée et soudaine d'un don pour l'éloquence étant irréalisés même après une dizaine de minutes, Elikann se résolu à se contenter de dire ce qu'il pensait, faute de pouvoir faire mieux.

    << Evidemment... Tu peux être ma soeur. Tant que tu n'en souffre pas. >>

    Il avait prononcé ces mots de manière assez hésitante, mais finalement, ne les regrettait pas vraiment.
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    Sa tirade se heurta au mutisme du Serpent, mais elle vit du coin de l'oeil Uko esquisser un sourire. Bien. Le silence resta suspendu entre eux, pas vraiment source de malaise, mais par encore tout à fait confortable et familier. Elle sortit un carnet d'une poche dans sa manche et consigna dedans ce qu'elle pensait dire aux Serpents, en tachant de garder à l'esprit qu'elle venait pour avoir des donnés scientifiques, et pas pour leur reprocher leur conduite envers Uko. Elle leva la tête, l'écoutant briser le silence.

    << Evidemment... Tu peux être ma soeur. Tant que tu n'en souffre pas. >>


    Elle se forca à ne pas parler tout de suite et à bien choisir ses mots. C'était bien. Il l'acceptait comme sœur. Mais... Comment pouvait il croire qu'elle pouvait rester indifférente aux souffrances des gens ? Son frère qui plus est ? Elle ne pouvait etre heureuse, et assez forte pour continuer d'avancer si elle ne pouvait souffrir avec ces proches et toujours chercher les soutenir. Un lien d'affection n'était qu'un partage, une petite partie des émotions en commun.
    Et jamais elle ne pourrai regarder au fond des étranges yeux gris sans se demander "Et si... J'avais exigé de rester encore un peu ? Et si nous étions resté plus longtemps dans le desert ? Et si nous avions attendu avant de partir ? Et si j'avais pu venir plus tôt ?" découlant toujours sur "J'aurai du pouvoir me trouver un chameau en priorité ? J'aurai du savoir quoi faire quand je le pouvais encore..." même en sachant qu'elle n'avait aucune prise sur le passé, et qu'au moment de les prendre, et n'avait aucun moyens de deviner quelle ramifications ses décisions avaient fait croître, tant qu'elle ne pourrai vraiment l'aider, pour qu'ils continuent de fuir en avant, elle devrait s’appesantir sur ce dont elle n'était que trop consciente.
    Elle ne pouvait se permettre de s'aveugler, elle savait que s'embourber dans ce qui ne pouvait plus être ne déboucherai sur rien de bon, mais elle ne pouvait pas avancer pour le moment. Coincée sur un sol instable de supposition et de souvenirs, elle devait se dégager et se jeter vers l'avant, courant, en esprit au moins à la poursuite de son but.

    "J'en suis très heureuse Uko"
    Elle souligna ses paroles par un sourire sincère. Elle en était en effet, rassurée et heureuse.

    Elle ne put pas vraiment exprimer les autres choses. Ce n'était pas important pour le moment, et ca ne le serai jamais assez pour prendre le risque de remettre leur fraternité en cause.
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    Lui aussi, il en était heureux. Mais le répéter était inutile. En fait, dans l'état actuel des choses, était-il utile pour chacun d'eux d'adresser le moindre mot à l'autre?
    Sûrement, oui. Il le sentait presque, Kal avait envie de se réfugier dans le silence.

    C'était donc ainsi qu'allait se terminer leur retrouvaille?  Se taire, taire sa souffrance, et ignorer celle de l'autre. Ils avaient des centaines de choses à dire, mais surtout, ne s'en était dit que trop peu. Son mutisme passé lui pesait. Il voulait qu'il cesse, voulait discuter, voulait s'assurer qu'elle ne perdrait plus jamais son calme, voulait qu'elle arrête de sourire comme si cela suffirait à le convaincre que tout était terminé, voulait qu'elle cesse de le considérer comme son protégé, voulait changer leurs vies. Que réaliserait-il dans tout cela? Est-ce qu'au moins un seul de ses désirs pouvait être comblé? N'était-il pas idiot de penser ainsi?

    N'était-ce pas inutilement ridicule de dresser ainsi autant d'utopies? N'allaient-elles pas, finalement, corrompre ses propres désirs, ce qu'il voulait vraiment?

    Un temps.

    Et que voulait-il vraiment? Qu'avaient d'utopiques toutes ces envies? Il pouvait tout réaliser. Mais ne le devait pas. Kal voulait se taire. Et lui voulait parler, parler pour ne rien dire, parler, hors de sa conscience, trahissant sa propre sincérité. Elle faisait ce qu'elle désirait. Et ce qu'il voulait ne ferait que l'importuner. Il était donc bien plus logique, à cet instant, de respecter le silence. Et elle cesserait de le considérer comme son protégé. Enfin, si elle ne le faisait pas, il trouverait le moyen de le lui faire comprendre. En respectant ce qu'elle voulait. En la respectant.

    Un peu désorienté d'avoir réussi à juger d'autant de choses sans avoir la moindre preuve, il alla, le plus silencieusement possible, s'assoir à ses côtés, définitivement décidé à se taire.

    Une semaine passa ainsi. Ils avaient rarement aussi peu parlé, mais se comprenaient sans adresser le moindre mot à l'autre. Elikann la vit fréquemment aller parler avec les membres de son clan, et leurs conversations avaient l'air particulièrement agitées. Il n'avait aucune idée de ce qui pouvait ainsi l'énerver, mais laissait couler le plus calmement du monde. Leurs adieux, au bout de ces quelques jours, furent aussi brefs que leurs conversations.

    Faute de le rendre larmoyant, ils le rassurèrent. Il avait réussi à cacher son secret. Il avait conscience qu'il n'aurait pas du le faire, mais était terrorisé en se contentant d'y penser, et se serait sûrement évanoui avant de pouvoir lui en parler. Evidemment, il ne l'avait pas réalisé le premier jour. Mais peu à peu, il finit par en être convaincu. Enfin, elle était partie. Il ne pouvait plus le lui révéler. Et il espérer qu'elle ignorerait pour toujours la taille affreusement réduite de la flamme qu'il apercevait chaque fois qu'il posait ses yeux sur elle.
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    Kal se mura dans un silence prudent. Comment savoir ce qui allait effrayer Uko maintenant ? Comment le faire rire ? Elle devait essayer de redéfinir tous ca, mais n'avait pas assez de courage pour prendre le risque de détruire ce qu'ils avaient fragilement commencé à rebâtir. Et elle ne pouvait perdre son but des yeux.

    Chaque soir, elle essayer d'obtenir des Serpents archaïques et stupidement figés dans leurs traditions le droit de faire ses mesures et ses prélèvements, et des informations sur l'utilisation de leur pouvoir. Mais il la regardaient s'agiter avec pitié.
    Une fois, elle avait purement fuis en dehors de la tente d'un important membre du clan, sans prévenir, pour lutter tant puis que mal contre une longue quinte de toux qui l'avait laissée presque aphone, et épuisée. Elle avait résolument ignoré le regard vaguement épouvanté d'Uko. Vaillamment, elle avait attendu que son souffle sifflant lui rend sa voix et elle s'était retournée, elle avait eu le temps de croiser le regard triste de l'homme. Il lui laissa finalement pratiquer quelques expériences. Elle n'était pas au bord de la mort, bon sang ! Elle se promit de ne plus jamais agir ainsi, même avec les patients qu'elle savait condamnés, c'était vraiment agaçant.
    En rentrant dans sa tente, elle grommelait toujours des insultes au Serpents, les maudissant pour leur manque de coopération, leur taille et leur condescendance.

    Chaque soirs, elle s'effondrait sur sa paillasse, fourbue et épuisée, avant de se relever pour cuisiner quelque chose de sommaire en grommelant. Uko n'avait pas l'air de vraiment s'être amélioré dans ce domaine, mais elle non plus, à vrai dire, elle ne savait que faire des choses très simple, alors que certains Gazelles étaient réputées pour leur plats.
    Cependant, elle aimait cuisiner avec son frère, c'était la qu'ils communiquait le plus, et ça lui faisait plaisir de constater qu'une partie des codes implicites de communication muette mit en place durant leur enfance avait perduré.

    Finalement, elle passa moins de temps qu'elle avait prévu chez les Serpents, voyant ses efforts peu fructueux, et son corps s'épuiser. Elle était remplie d'appréhension en préparant sa traversé du désert. Elle avait aussi réalisé que malgré tout, elle considérait les abords de la ville comme son foyer, en particulier le bazar. Elle ne l'avait jamais vraiment réalisé avant, ne l'ayant pas quitté pendant trop de temps sans doute.

    Chargeant un dernier sac sur les flancs de son chameau, elle se retourna vers Uko alors que le petit attroupement créé par son départ prochain se dispersait.

    "Je... Je suis herseuse d'avoir pu te retrouver" Elle passa un pied dans l'étrier et lanca une jambe par dessus la selle. "Je ne pourrai sans doute pas revenir avant longtemps, c'est une grosse expédition, donc... Si tu en a l'occasion, passe chez les Gazelles" Elle fit volte face, assurant son assise sur la selle tendis qu'elle lançait la course du chameau. Il y avait encore beaucoup de chose qui restaient muettes, et elle ne faisait que répéter inlassablement des paroles inutiles. Elle remonta son écharpe pour épargner à sa peau le soleil brûlant qui lui faisait face avec la tenace sensation qu'elle était en train d’abandonner et de fuir.
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