« Les pêchés parlent, le meurtre crie. » - Killian

Bien sculpté, svelte et ce qu’il faut de muscles, on peut aisément dire que tu es canon, Killian. Tu le sais et tu en joues, vil petit être. Blanc de peau pour un homme qui vit dans le désert, tu as un certain charme que l’on ne peut te retirer. Tu n’as pas cherché à l’avoir, mais maintenant qu’il est là tu t’y complais. Ton ventre découvert en est une preuve flagrante.

Ta longue chevelure noir corbeau est bien plus souvent attachée en queue de cheval arrangée pour que les cheveux ne te gênent pas dans tes actes morbides. Tes yeux reflètent le sang que tu as fait couler.

Et ton sourire ? Oh, ton beau sourire carnassier. Il en fait chavirer plus d’une, et pourtant, il n’est que si rarement bienfaisant…

Le premier adjectif que tu peux trouver pour te définir, c’est que tu es un véritable enfoiré. Tu ne t’en caches pas, ça te rendrait même presque fier. Tu n’es pas quelqu’un de bien et tu en es fier. Le peu de gentillesse et d’humanité qui luttent pour survivre en toi, tu les refoules et les caches, tu ne les assumes pas. Tu ne pourrais pas être un gars bien, c’est indéniable, tu aimes bien trop faire couler le sang pour ça. Mais tu pourrais essayer de sauver les apparences, de paraître sympa de temps en temps…pour cacher tous ces défauts qui font de toi ce que tu es

Mais non. Tu fais l’inverse, Killian. Tu caches ta loyauté et toutes tes bonnes actions, tes rares bonnes actions. Et tu mets en avant tout ce que tu fais de pire. Tu manipules pour tuer et tu t’en vantes. Il n’y a vraiment qu’auprès de ton peuple qu’un comportement pareil est acceptable. Tu es bien tombé, finalement. Car naître ailleurs n’aurait sans doute pas changé qui tu es, mais cela aurait changé ta vie du tout au tout.

Tu es né un jour où la chaleur se faisait plus intense qu’à l’ordinaire. Comme tous tu es né dans les cris, les larmes et le sang. Enfant du scorpion ton nom ne t’a pas été donné à ta naissance.

Tu as grandi sans nom, sans identité. Et l’enfant que tu étais s’en fichait un petit peu, en réalité. Tu disparaissais souvent, sans que personne ne s’inquiète de savoir où tu étais passé, ni même si tu allais revenir. Tes parents étaient un peu comme ces animaux primitifs, ils s’étaient occupé de toi jusqu’à ce que tu sois capable de le faire toi-même, puis ils sont retournés faire leur vie. Cela t’allait très bien comme ça. Grand aventurier tu as passé beaucoup de temps dans le désert, jusqu’à le connaître comme s’il s’agissait de ta demeure.

Très vite, à peine en âge de comprendre, les règles t’ont été dictées. On t’as parlé de ce vote, mais t’en avais pas grand-chose à carrer en fait. Toi, ce que tu as retenu, c’était qu’on ne pouvait pas tuer les citadins, sauf s’ils se trouvaient dans le désert. Et t’as tout de suite eu cette idée conne, mais conne !

Tu as voulu la mettre en application très vite. À l’aise comme personne dans le désert, tu t’es approché de la ville tranquillement, souvent dissimulé comme tu le pouvais par les dunes de sable. Ton objectif, c’était d’entrer, d’attirer des habitants à l’extérieur, juste pour pouvoir les tuer. Tu dois bien reconnaître que ça ne s’est pas passé exactement comme prévu.

La ville, c’était tout nouveau pour toi. Nouveau et terrifiant. Tu es resté là, planté, à quelques mètres de l’entrée de la ville, à une heure où il n’y avait encore personne, et tu n’as pas été capable de bouger. T’es resté planté là jusqu’à ce que quelqu’un t’aperçoives, et tu es reparti aussi sec, le cœur battant la chamade.

Ce petit jeu s’est réitéré plusieurs fois. Mais jamais tu n’as osé entrer afin d’attirer quelqu’un au dehors de leurs rues. Et, finalement, il y a eu cette femme, qui t’a suivi, sans doute parce qu’elle était intriguée par ce petit jeu que tu réitérais chaque jour. Elle t’a suivi dans le désert et tu as vu là ta chance de faire enfin ce que tu avais toujours voulu faire. Bon faut être honnête et reconnaître que tu as un petit peu foiré, ce jour-là. Tu as eu beaucoup de mal, oh quelle pauvre femme, qu’est-ce qu’elle a dû souffrir. Heureusement que vous étiez fort loin de la ville, sinon ses cris auraient été entendus.

Tu n’en savais rien, mais c’est lorsque tu es rentré, ce soir-là, couvert de sang, que l’on a décidé de ton nom. Malgré tout, ce n’est que le jour de ta cérémonie que l’on te l’a donné.

« Tu t’appelleras Killian. »

Ainsi soit-il.

Le monde évolue, et toi aussi. Ton mode opératoire reste foncièrement le même, bien qu’il évolue. Tu n’es toujours pas à l’aise en ville, mais tu peux t’en approcher un tant peu soit-il, tant que les rues sont vides, ou quasiment vides. C’est bien assez pour toi, c’est bien assez pour entraîner tes victimes dans ton monde ; dans le sang.