Agartha. Un désert, où cohabitaient nomades et sédentaires. Cependant l'assèchement progressif des oasis développa la cupidité des sédentaires qui se mirent en guerre les uns contre les autres. Les cités tombèrent une à une devant ce fléau jusqu'à ce qu'il ne reste que 1400. Les nomades quant à eux préférèrent éviter ces conflits en priant leur Divinité de leur accorder un sommeil de deux millénaires. Mais quand ils se réveillèrent, ils furent non seulement confrontés à des citadins beaucoup plus avancés technologiquement mais aussi à une hostilité tangible. Hostilité contre ces nomades ressurgit du passé mais aussi hostilité au sein même de la ville de 1400. Puis une nouvelle guerre éclata : la Révolution. Est venu à nouveau le temps du choix : se battre ou partir ? Ainsi naquit l’Exode, un mouvement rassemblant nomades et citoyens souhaitant fuir la guerre en partant par-delà les montagnes vers un territoire glacé où vit un peuple étrange.

Lorsque le passé et le futur se rencontrent...

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    De la Gazelle au Serpent, puis du Serpent à la Gazelle [Ykaem & Uko]

    Elikann Mu'Sajeb
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    Finalement, peu de choses différaient d'un campement à l'autre. Le sable restait le sable, les tentes restaient des tentes, et ce calme mêlé d'un silence reposant qu'apportaient le ciel et le vent depuis quelques jours était tout aussi agréable.

    Elikann marchait, tentant avec un succès tempéré d'éviter les diverses et nombreuses personnes qu'il croisait; mais son allégresse, qui était en majeure partie due à la bonne humeur que lui avait apporté son voyage, se teinta d'un léger ennui et d'une fatigue de plus en plus conséquente. Il ne pensait pas qu'il aurait tant de difficulté à la trouver, malgré que sa taille exagérément réduite puisse la rendre invisible.
    L'idée d'arrêter de bouger et d'attendre qu'elle le trouve ne lui étant pas venue à l'esprit, il repartit instantanément après avoir récupéré une partie de son souffle. Au moins, plus l'heure devenait tardive, moins il croisait de personnes sur son chemin, ce qui le soulageait. Même si, il sentait que ses chances de la revoir aujourd'hui diminuaient progressivement. Il avait également de plus en plus de mal à réprimer cette inquiétude, aussi constante que croissante, qui commençait à lui enserrer le cœur. Il la niait. C'était impossible. Enfin, si, et c'était malheureusement bien trop possible. Il l'avait vue. Mais qu'elle puisse être... Non, il n'arrivait tout simplement pas à la trouver.

    D'inquiétude grandissante en inquiétude grandissante, le temps passait de concert avec la fatigue d'Elikann. Il était arrivé, bien heureusement, assez tôt dans la matinée, ce qui lui permettait de continuer ces recherches depuis un certain nombre d'heures à présent, en bénéficiant toujours de la lueur qu'apportait le Soleil. Ces genoux finirent cependant par lui faire entendre raison, et il s'assit sur le sable le plus naturellement du monde, comme s'il avait déjà prévu de le faire depuis plusieurs heure; et s'était finalement décidé à demander au premier individu qui passerait.
    Or, au bout de quelques minutes, une personne passa à proximité. Il aurait sûrement eu du mal à s'en rendre compte, au jugé de la taille de ladite personne, mais le bleu d'une écharpe se détache admirablement du gris du sable. Notifiant ce soudain apport de couleur dans son champ de vision, il déplaça celui-ci afin qu'il englobe la tache bleutée.  Il réalisa alors qu'il venait de trouver l'objet de sa recherche si intensive, chronophage et fatigante.

    Il ne s'était absolument pas attendu à la trouver à cet endroit, et encore moins à cet instant. C'est ainsi qu'il expliqua plus tard le mutisme qui le frappa, l'empêchant d'attirer l'attention de Kal. Et, malheureusement, il en avait eu besoin, car elle se contenta de passer devant lui. Elle avait l'air profondément plongée dans d'intenses pensées, ce qui expliquait sûrement son manque total d'attention. Surpris par sa réaction autant que par la sienne, il se leva, et rattrapa son amie en quelques enjambées. Il ouvrit la bouche, mais s'aperçut qu'il n'était toujours pas habitué à parler. Profitant donc qu'elle ne l'ai toujours pas remarqué, il posa une main sur son épaule, très hésitant, tremblant même.

    << K... Kal? C... ça va? >>

    Un peu froid, à la réflexion. Et un peu maladroit. Une autre phrase lui vint à l'esprit, et c'est celle-ci qu'il répéta.

    << Ecoute, Kal, je sais que tu es habituée à lever les yeux pour me voir, mais ne m'ignore pas sous prétexte que je suis assis... Tu vas bien?>>

    Cette question était en fait presque forcée, la flamme s'échappant du corps de la jeune fille était encore plus faible que dans son souvenir.


    Dernière édition par Elikann Mu'Sajeb le Dim 13 Sep - 17:42, édité 3 fois
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    Laissant derrière elle l'agitation, le bruit incessant du bazar sous le jour déclinant, Kal avançait lentement vers le camp familier aux tentes colorées flottant entre les rayons miel du soleil déclinant. Il n'aillait pas tarder à faire nuit, et elle se dirigea avec satisfaction vers la tente bleue, un peu à l"écart du centre doucement animé du camp, ou crépitait de petits feux, même à des heures tardives.
    Depuis qu'elle avait fait ce premier voyage chez les Serpents, elle s'était rendu compte de la différence infinie qu'il y avait entre deux chose semblable, un camp, c’était toujours un camp, avec ses tentes et son sable. Sa tente bleue, c’était toujours sa tente bleue, où qu'elle la plante dans le désert.
    Mais, elle pensait maintenant être dans l'erreur. Planter sa tente bleue ici, au même endroit qu'avant son départ, à coté de sa voisine et de ces cri d'enfants, c'était retourner à un foyer, ou elle pouvait tranquillement entasser ses notes, ses documents dans le déséquilibre le plus total.
    Elle pensait l'avoir bâti seule, ce foyer, et n'avoir besoin que d'elle même pour le maintenir, mais sans savoir pouvoir trouver son clan autour, entendre les échos des chants, des paroles à toute heure, elle pouvait le sentir s’effondrer, ou au moins, changer profondément. Et puis, ici, entourée de guérisseurs, elle avait des chance de survivre même à une crise très forte.
    Elle s'appuya sur son bâton un peu plus fort et ralenti un peu le pas alors que le soleil plongeait brusquement le monde dans une pénombre bleutée. Elle n'était pas pressée, il ne servait à rien de forcer sur son souffle, toutefois, elle était fatiguée, avait faim et une foule de chose à noter sur un groupe marchand naissant, fondant une grande partie de son commerce sur certaines plantes du désert, utilisée la plupart comme drogues. Il fallait qu'elle se renseigne sur les espèces, et les dosages précis pour pouvoir faire face aux premiers empoisonnements plus rapidement que les autres guérisseurs frauduleux, et éventuellement qu'elle prenne contact avec les fournisseurs si des variétés trop dangereuses était mises sur le marchés.

    Une main se posa sur son épaule. Elle cacha immédiatement le bâton dans un large plis de son manteau, pris une posture plus assurée, imprimant une torsion à une poche de paralysant dans sa manche, libérant dans sa paume une dose de poudre froide et lourde, familière, gardant le poing fermé dissimulé dans le tissu, la main n'étant pas agressive, assez légère et peu assurée en fait, donc elle leva son visage, au risque de dévoiler ses yeux pour identifier le potentiel agresseur. Elle cilla, déstabilisée. Il lui semblait voir Uko. Elle remis en question ce qu'elle voyait dans la lumière faible du début de la nuit, mais personne ne connaissait son existence ici, ou en tout cas jamais son apparence. Elle avait passé la journée au bazar, dans des entrepôts de plantes louches, mais elle avait pris un soin tout particulier à assurer sa sécurité, en soignant une large blessure sur l'abdomen d'un membre haut placé de l’organisation. Et puis, elle entendait l'intonation faible et hésitante de son frère, le plus probable était encore qu'il soit venu jusqu’à elle. Elle éprouva une grande joie, malgré sa fatigue, l'écoutant alors qu'elle ralentissait le rythme affolé par l'adrénaline de son souffle.

    << K... Kal? C... ça va ? Ecoute, Kal, je sais que tu es habituée à lever les yeux pour me voir, mais ne m'ignore pas sous prétexte que je suis assis... Tu vas bien ?>>

    Elle tacha de contenir un sourire incrédule. Est ce qu'Uko venait de plaisanter ? Sur sa taille, ce que personne n'osait faire tant elle s'était débrouillée pour faire comprendre que ça lui déplaisait, mais venant du Serpent, ca ne la dérangeait pas vraiment, elle était plutôt heureuse de cette touche d'humour.

    "Je suis contente que tu sois là Uko... Mais, s'il te plait, ne me surprend plus comme ca, pas la nuit dans le désert, je... J'ai eu une longue journée... Mais toi, qu'est ce que tu fais la, assis, dans le noir ?"

    Ykaem posa un genou à terre et creusa un peu dans le sable, laissant glisser la poudre dangereuse entre ses doigt, le plus vite possible avant de se relever, et de reboucher le trou du pied.
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    Un mot : dérouté. Difficile de mieux définir l'état mental d'Elikann à cet instant; excepté peut-être avec des adjectifs comme désemparé, ou même hésitant. Ce n'est pas tant la question qui l'avait désarçonné, mais sa réponse, sa propre réponse, ses propres mots. Enfin, leur absence. En fait, sa réflexion s'était déroulée assez habituellement.

    Il savait pourquoi il était venu. Mais il y avait beaucoup de raisons à cela. Et il voulait cacher à Kal la plupart de celles-ci. A commencer par la principale : sa grandissante et morbide inquiétude, que son amie si récemment retrouvée puisse le quitter en une quinte de toux, perdue au milieu du désert . Ils n'avaient, en fait, passé que très peu de temps ensemble, mais cela lui avait suffi pour juger de l'état déplorable de la santé de la jeune fille. Et c'était pour la même raison qu'il avait caché sa terreur vis-à-vis de ses crises répétées et de l'aspect inquiétant de la flammèche qui s'échappait de son corps de temps à autres qu'il ne désirait aucunement révéler à Kal cette raison-ci.
    Un temps.
    Il n'arrivait toujours pas à l'expliquer. Pourtant, il savait qu'il devrait lui parler. La moindre parcelle de son cerveau et de son corps lui criaient, cruellement gênés de son silence, de lui en parler. Mais aucune phrase ne lui venait à l'esprit, même si  -comme s'ils souhaitaient amplifier ce chaos qui commençait à gagner son esprit- les mots affluaient par vagues informes et éparses, rendant totalement impossible l'élaboration d'une réponse convenable.

    Il sentait qu'il était à deux doigts de plonger dans une spirale interminablement  labyrinthique de pensées, qui ne le lâcherait qu'après force pleurs, migraines et évanouissement. Bien lui en prit, il abandonna directement sa réflexion actuelle. Il donnerait une autre raison. Après tout, il ne se contentait pas de s'inquiéter. Même si c'était la cause de sa deuxième justification. Et, de toutes les autres.
    Il voulait la revoir. C'était indubitablement indéniable. Ces quelques jours, même s'ils avaient constitués leur retrouvailles, ont été dotés d'une conclusion d'une brutalité suffisante pour lui donner une envie impériale retourner voir Kal au plus vite.
    Elikann ne se comprenait plus lui-même. Jamais, auparavant, il n'avait ressenti un tel sentiment envers quelqu'un. Il avait, à de nombreuses fois, eu le sentiment qu'il faisait une grave erreur tandis qu'il préparait son voyage. Pourtant, il avait continué, et était à présent planté devant Kal, avec un air sûrement assez froid sur le visage.
    Il avait écouté ce sentiment. Tout nouveau qu'il soit, toute dangereuse que soit l'aura qui l'entoure, il l'avait pourtant accepté, et suivi. Inexplicablement, il ne regrettait rien, bien au contraire.

    Il n'avait pourtant pas non plus envie d'exprimer cette raison. Le même blocage intervenait : les mots venaient, flottaient, lui sautaient aux neurones avec agressivité, mais réfutaient avec une répulsion incompréhensible toute notion d'ordre, de logique, ou d'interprétation possible de la part de l'interloqué interlocuteur.

    Ainsi, Elikann incarnait, à sa façon, l'individu qui a tout de l'accusé désemparé, incapable d'adresser au juge autre chose qu'une suite harmonieuses de gargouillis informes; mais sans lesdits gargouillis. Le moindre son semblait opposé à l'idée de se partager à la jeune fille, à deux pas devant lui.

    C'est cet instant que choisirent les souvenirs des longs silences reposants pour se montrer sous leur meilleur jour; malheureusement de concert avec une révélation incongrue, que l'on pourrait résumer par la froideur intense de la situation.
    Le jour tombant, la température n'améliorait rien, mais Elikann venait de réaliser que, depuis une bonne quinzaine de minutes, il observait Kal sans rien dire, avec dans son regard la dureté qu'il avait envers certaine de ces pensées.  De gêne en regret, il s'assit sur ses genoux, son visage se trouvant ainsi à une hauteur assez proche de celui de son amie d'enfance.

    Finalement, il n'avait pas vraiment réussi à se contrôler. Le maelström de pensées l'avait acueulli avec un enthousiasme sur lequel sa migraine croissante n'avait strictement aucune influence. Il réalisa alors que, plutôt que de mettre un terme à leur mutisme allègrement partagé, il avait besoin de réconfort.

    Cette simple prise de conscience, aussi succinte qu'innatendue, délia ses lèvres, libérant dans son élan son corps et son coeur. Sans savoir trop comment, il s'était retrouvé dans les bras de Kal, son front posé sur l'épaule de celle-ci, et hachant le silence d'une suite ininterrompue de mots, tant chucotés que hurlés, résumant toute sa réponse, et se lamentant sur son incapacité à réveler plus tôt la vérité à son amie.
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    Uko resta immobile dans la pénombre, tandis que Kal laissait s'écouler une, deux, trois minutes, patiemment. Elle finit par arrêter de les compter, s'appuyant sur son bâton, derrière sa cape opaque.
    Elle laissa ses paupières chuter sur ses yeux fatigués, donnant du temps au Serpent devant elle, qui ne faisait pas mine de bouger.
    Elle attendrait.

    Elle renversa sa tête en arrière, dévoilant sa gorge à l'air agréablement frais du soir, et ouvrant ses yeux gris pour les laisser filer les constellations et le temps. Son regard alerte se vida, papillonnant sans but d'étoile en étoile.
    Elle attendrait.

    Uko était là, devant elle, dans les constellations familières se tenait l'ombre de son père, à l'horizon se découpait des feuilles frissonnantes comme une caresse de sa mère. Elle ne pourrait sans doute plus voir sa famille autant au complet. Elle était trop heureuse, et avait trop sommeil pour réfléchir à ce qu'impliquait la présence de son frère, à qui demander d'ouvrir l’œil pour le protéger, qui éviter, que faire... Ses pensées s'évanouissaient à peine soulevées.

    Il y eu un choc sourd contre le sable, elle bascula rapidement sa tête, focalisée à nouveau sur Uko. Il était tombé à genoux, tachant de le rassurer, ou peut être pour ralentir sa chute -ce ne serai pas la première fois que ça arriverait- elle noua automatiquement ses mains dans son dos, derrière la cascade de cheveux sable, qui chatouillaient son cou alors qu'il calait sa tête dans son épaules. Des lèvres de sont frère s'écoulait en un flot de parole haché et erratique ses inquiétudes.

    Il s'inquiétait pour elle. C’était ce qu'elle comprenait essentiellement en tout cas.
    Kal ferma les yeux, un peu agacée, elle savait pertinemment ou quelles était ses faiblesses, et n'aimait ni qu'on appuie douloureusement dessus, ni qu'on la prétende au bord de la mort.
    Mais elle mit fermement ces sentiments de coté. L’essentiel était de rassurer Uko, elle s'attarderait sur tout le lendemain.

    Elle resserra un peu plus son emprise dans le dos du Serpent, chassant la natte quand elle l'effleura du dos de la main, pressant ses paumes contre les os trop apparemment à travers le tissu.
    Le sentant un peu calmé, elle inspira doucement, réfléchissant à ce qu'elle allait dire.

    "Hey, hé murmura-t-elle, tachant d'attirer son attention. Quand elle l’eut, elle poursuivi, tout aussi bas.
    "Tout vas bien, d'accord ? Ça va, ça ira" Elle continua comme ça jusqu’à pouvoir rompre l'étreinte, et repris, d'une voix plus forte
    "Tu me suis ? Je vais retourner à ma tente, ma voisine laisse une marmite dehors si tu as faim, et on verra demain ce qu'on va faire, ok ? "

    Elle sourit, heureuse, elle rentrai chez elle, avec son frère, sous le regard symbolique - mais elle n'aurai sans doute jamais rien de plus - de ses parents.
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    Il ne savait plus vraiment où il en était. En fait, sa longue marche l'avait bien plus fatigué qu'il ne le pensait, et ses jambes avaient maintenant l'appui de son corps entier pour protester avec véhémence contre l'acte de se tenir correctement. Même ses paupières avaient tôt fait de se joindre à la manifestation. Cela ne constituait cependant que l'arrière-plan de ce qui se passait réellement en lui : Il s'en voulait presque d'avoir abandonné si facilement toute retenue, et, quoiqu'en dise ses mots, il sentait au ton de sa voix que Kal avait très mal vécue l'annonce de l'inquiétude qu'il ressentait envers elle. De concert avec son regret et sa fatigue commençait à se tracer une suite de rêves et de pensées, ramenant Elikann assez loin dans ses souvenirs pour que le moment qu'il partageait avec sa sœur soit assimilé à d'autres, flous, passés avec son frère. Son esprit, en plus d'être passablement confus, vagabondait n'importe où à l'aide de n'importe quel élément l'entourant.

    Au moins, il s'était calmé. Il sentit la pression du corps de Kal se relâcher peu à peu, et finir par disparaître complètement. Il sentit son cœur ralentir drastiquement ses battements, il sentit son esprit se recentrer légèrement. Il entendit la voix de la jeune fille effleurer le silence qui régnait à présent dans le campement. Evidemment, il la suivrait, sa tente dusse être à l'ultime extrémité du désert.

    Heureusement pour ses courbatures, elle n'était qu'à quelques pas, et contenait des éléments rassurant suffisamment son corps pour le calmer, comme des coussins et un repas chaud. Il mit beaucoup de temps à s'endormir, ses pensées évoluant avec une fluidité ne pouvant être défiée que par leur vélocité. Elles commencèrent par revenir à son frère, son vrai frère. Il léger élan d'émotion le traversa quand il effleura de quelques images la scène, encore si présente dans sa mémoire. Il fuit rapidement, reprenant un cours de pensées, évoluant entre le passé et le présent, finissant par lui rappeler d'où lui venait son second prénom. Traversé par un soudain élan d'affection, mais ne pouvant le concrétiser, il se tourna et se retourna dans sa torpeur, sourd aux injonctions haineuses de son système nerveux. Ce sentiment se transforma peu à peu en une langoureuse nostalgie, les souvenirs de son enfance se rassemblant peu à peu, s'accordant, et formant des presque-îles de sens, finirent par lui permettre d'en comprendre certains. Au fil du temps, leur nombre diminua, et son esprit se perdit de plus en plus profondément dans des méandres de pensées mortes-nées; il s'endormit finalement.

    Ce fut quelques heures plus tard -onze, selon un observateur extérieur- qu'il se réveilla. La première chose qu'il réalisa, après une douleur assez intensive exprimée par chacun de ses muscles, fut un rejet assez global de l'acte même d'ouvrir les yeux. Ensuite, il reprit ses pensées. Il regrettait toujours de s'être ouvert à Kal de cette façon. La première solution à accourir à son esprit étant des excuses, il l'exécuta promptement, avant même de vérifier si sa sœur était disposée à les entendre.

    << Kal... désolé, pour hier soir. Mais, j'étais vraiment inquiet. Et... merci. >>

    Lui-même ne connaissait pas vraiment l'origine de cet ultime mot. Il n'en avait pas véritablement, en fait, mais s'était radicalement imposé à son esprit.
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    Sans surprise, elle n'eut pas de réponse verbale, mais Uko la suivit, et avec ses grandes enjambées, finit même très vite par marcher à ses cotés. Elle cacha son bâton, soupirant devant le chemin restant à parcourir jusqu'à la tente, en évitant l'itinéraire le plus direct, mais qui passait par un endroit très peuplé, elle ne pouvait pas exposer son frère aussi directement, elle verrait plus tard les mesures à prendre pour le dissimuler, ou au moins, assurer sa sécurité. Elle ne commença pas clairement à y réfléchir, trop concentrée sur la régulation de sa respiration, malgré l'épuisement, et l’impossibilité de marquer de petites pauses sous peine d'accentuer l'inquiétude du Serpent.

    Elle chemina presque dans un état second, mélange de fatigue et d'injonctions mentales incessantes, inspiration, brûlure de l'air dans les poumons, un pas en avant, choc lourd de fatigue sur le sable, expiration, sifflement de l'air dans la gorge sèche, et un autre pas, martèlement du talon sur le sol. Inspiration, brûlure, pas, choc sourd, expiration, sifflement, pas, impact. Inspiration, pas, expiration, pas. Brûlure, choc, sifflement, martèlement.

    Elle émergea en reconnaissant l'odeur familière de la marmite de sa voisine, et le bleu sombre de sa tente. Elle pu enfin s’arrêter devant l'ustensile joufflu et noirci, surmontant une profusion de cendre adoucissant l'ocre abrasif du sable par une fine poussière grisâtre ou dormait quelque braises, sur lesquelles mijotait parfois des jour entiers légumes et viande, au gré de sa propriétaire qui laissait Kal piocher dedans, gagnant la confiance de la frêle Gazelle, et, sans même le savoir, sa protection via l'ombre du réseau qui s'étoffait délicatement.

    Kal en préleva un bol pour Uko, qui avait fait un long voyage, - elle même était trop fatiguée pour avoir faim – et, peut-être un peu parce qu'elle trouvait l'odeur réconfortante.
    Elle arrangea sur le sol tout les coussins qu'elle possédait pour essayer de donner à Uko un endroit suffisamment grand et confortable pour qu'il y dorme. La plupart avait servi de support à une série d’expérience sur les tissus. Certain abordaient des couleurs assez ternes mais surprenantes dans tout ce bleu, d'autre des taches ou des trous qui laissait s'échapper un peu de rembourrage, les plus chanceux avait été recousu, avec de tout petits points régulier, mais Kal avait trouvé quelque temps plus tard un autre sujet d’intérêt, et avait délaissé les textiles. Il ne restait de ces expérimentation que quelque page de compte rendu griffonnées dans un carnet, et ces coussin abandonnés - jusque là – dans un coin de la tente. C'était juste après que ses parents ne la laisse au camp. Elle sourit, elle avait beaucoup progressé depuis cette époque, sa maladie aussi...
    Elle jeta un coup d’œil à Uko, qui somnolait vaguement en mangeant. Elle se questionna, était elle si faible que ça ? Elle décida fermement – et le plus objectivement du monde - que non, qu'elle avait encore un contrôle satisfaisant sur son corps, et qu'elle avait accumulé – et continuerai d'accumuler - assez de connaissance et d’influence pour que ce ne soit qu'un handicap mineur dans la poursuite de son but.

    Des qu'elle eut finit de placer les coussins, elle se glissa sous ses propres couvertures, observant du coin de l’œil son frère, qui ne tarda pas à laisser tomber ses paupières sur ses yeux, étranges yeux gris. Elle lâcha -enfin- prise quelque secondes plus tard, s’abîmant dans un sommeil de plomb.

    Elle se réveilla avec les cris des enfants confiés à sa voisine, et attendit quelques minutes, les yeux mis clos qu'ils s'estompent. Elle se servit un bol dans la grande marmite, laissa un mot de remerciement sur le carnet que sa propriétaire avait finit par laisser à coté du feu, pour ne plus être submergée de feuilles volantes, car Kal laissait toujours un petit message, c'etait presque son seul contact humain au début de sa vie au camp. Elle tirait bien son nom de quelque part... Personne n'est plus calme que celui qu'on ne voit jamais. Elle n'avait pas perdu cette habitude.
    Le bol entre les mains, elle retourna silencieusement dans sa tente, s’efforçant de mettre un peu d'ordre dans le chaos qui y régnait. Elle réussit à ranger presque tout ce qui était en équilibre précaire, et une bonne partie de ce qui était dangereux avant qu'Uko ne se réveille.

    Il mit un peu de temps avant de trouver le courage d'ouvrir les yeux, et la Gazelle eu une petite grimace compatissante, même si la lumière teintée de bleue qui flottait dans la tente n'était rien par rapport au déluge grotesque de rayons de soleil qui frappait les pupilles, se frayant un chemin douloureux dans tout le cerveau, au dehors du cocon de tissu, ce n’était pas agréable de quittait l'obscurité bienfaisante du sommeil.

    << Kal... désolé, pour hier soir. Mais, j'étais vraiment inquiet. Et... merci. >> 

    D'une autre personne, on aurait pu s'attendre à un bonjour, un gémissement d'inconfort à cause de la clarté apportée par le matin, un grommellement fâché contre la lumière qui retirait l'esprit du sommeil, un balbutiement incohérent marquant la mort d'un rêve... D'Uko, Kal ne savait jamais très bien à quoi s'attendre, mais des excuses, incohérentes, sans sens, suivi d'un rappel de son inquiétude -qui n'avait pas lieu d’être, elle n'allait pas mourir de sitôt, et d'un remerciement tout aussi incohérent, sans sens et dépourvu d'origine la surpris tout de même. Elle réagit donc comme elle le put, tachant de rassurer

    « Ne t'excuse pas, je suis contente que tu soit la, qu'importe tes raisons, mais je t’assure, je vais bien. Et, de rien » Elle sourit, et continua, un peu plus faiblement, pour elle même sans doute « Quoi que j'ai fait pour que tu me remercie... » Elle repris, plus vivement « Tu as faim ? On peu reprendre du ragoût, mais si tu ne veux pas quelque chose de froid, ou de sucré, j'ai de la nourriture dans un coin... Je dois avoir des pommes, j'en ai acheté y a pas si longtemps, un truc de 1400... Plus important, il y a quelque chose de particulier que tu veux faire ici ? Il faut que je prenne des mesures de toute façon, surtout en ce moment... » Elle se tu, pressant le bouton de démarrage de son ordinateur et laissant le ronronnement emplir la tente en attendant la réponse.
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    Il était sûrement temps d'ouvrir les yeux. Non pas qu'il en ressente l'impérial besoin, mais simplement pour s'assurer de l'origine de cet agaçant et rougeoyant trait qui perçait ses paupières. Il fit donc, puis, profitant d'un effort pour en terminer un autre, se rassit à peu près, prenant une position qui était sûrement assez étrange à voir, mais particulièrement agréable, à mi-chemin entre allongé et accroupi. Et puis, Kal lui avait répondu. Cela l'avait soulagé, enfin, assuré qu'elle était présente.

    Il s'avéra que le rayon de soleil filtrait le plus naturellement du monde à travers l'entrée de la tente, répandant insidieusement quelques foudres dans la tranquillité du lieu. Pourtant, Elikann trouvait en lui une certaine beauté, dans les grains de sables qu'il traversait et qui flottaient lentement, révélant finalement sa réelle position. Il se perdit dans une contemplation  statique pendant quelques minutes, avant que la question de Kal lui reviennent à l'esprit. Son esprit, encore légèrement embrumé, était d'humeur assez volatile. Pour preuve, ladite question, faute de dater de quelques minutes, datait en fait d'hier au soir.

    Il avait cédé, à ce moment, mais n'avait étrangement pas senti de réelle résistance avant cela. Enfin, ses réticences à révéler ses motivations concrètes ne pouvaient pas vraiment porter le nom de résistance. Etaient-ce des peurs? Peurs, de la réaction de Kal? C'était idiot, jamais auparavant il n'avait craint quoi que ce soit venant d'elle, en dehors de la détresse que pourrait lui causer sa mort. Non, c'était définitivement improbable. C'étaient... de simples réticences, inexplicables.

    Et, malheureusement, elles persistaient. De pair avec son incompréhension. Il s'inquiétait définitivement pour elle.
    Il avait observé sa réaction. Elle n'avait pas accepté qu'il s'inquiète pour elle. Plus que tout, c'était ceci qu'il ne parvenait pas à comprendre. Que pouvait justifier ce rejet? En fait, qu'impliquait son inquiétude? Le problème était potentiellement le rappel de sa propre faiblesse. Mais, c'était idiot... Kal elle-même ne peut pas ignorer son état, et quand bien même, vivant dans un peuple de médecins, il était évident que quelqu'un aurait du lui en parler, tenter de la guérir, quoi que ce soit en fait qui aurait permis à Kal d'éviter ne serait-ce qu'une partie d'un quelconque danger létal.

    Sans le réaliser, Elikann prenait peu à peu conscience de ce qu'il finit par interpréter comme  la solitude de Kal au sein de son propre peuple. Cela renforçait ses inquiétudes, mais, également, finit par faire naître une idée dans son esprit. La chose la plus simple, qui justifierait sa présence ici, lui permettrait de mettre fin à cette solitude, serait qu'il veuille l'aider, l'assister. En plus, si elle acceptait, il pourrait passer plus de temps avec sa sœur, et surtout, découvrir un nombre faramineux de connaissances lui manquant.

    Peu à peu, d'idée intéressante en argument convaincant, Elikann adopta complètement cette idée. Soudain pris d'une motivation assez importante pour chasser le sommeil qui persistait à quelques emplacement de son corps, il se rassit normalement, et se retourna vers Kal.

    << Je pensais... En fait, que tu aurais sûrement besoin d'aide. Et, de plus, que je pourrait palier à ce besoin. Je constate tes crises avec le même effroi que l'état déplorable de cette flammèche qui s'échappe de ton corps, et je pense que ce serait le seul moyen de mettre un terme à mes inquiétudes. >>
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    Uko s'assit correctement sur le tas de coussins, et se tourna vers Kal qui soutint son regard souriante.

    << Je pensais... En fait, que tu aurais sûrement besoin d'aide. Et, de plus, que je pourrait palier à ce besoin. Je constate tes crises avec le même effroi que l'état déplorable de cette flammèche qui s'échappe de ton corps, et je pense que ce serait le seul moyen de mettre un terme à mes inquiétudes. >>

    Tout le long de la tirade, le sourire se crispa sur le lèvres de la Gazelle avant de s’effacer alors qu'elle faisait un effort important pour retenir un sifflement agacé. Elle rejeta toutes ses premières idées, nier en bloc n'était pas la solution, s’énerver non plus, au contraire, avant de pouvoir vraiment commencer à réfléchir à une réponse.
    Après tout, sa flamme vitale était peu être vraiment faible, et elle n’était sans doute pas prés de devenir athlète, ou même de courir sur quelques mètres, mais maudite soit la Gazelle, elle n’était pas encore morte ! Et surtout, elle ne pouvait rien faire pour assainir sa respiration faible, ou  régénérer ses poumons secs. Elle faisait tout ce qui était envisageable.
    Mais, elle ne voulait pas qu'Uko se sente rejeté, surtout qu'en dépit des complications qu'il apportait, elle était indéniablement heureuse qu'il soit là.

    "Écoute... Je ne peux tout simplement pas me fier à ce que tu vois, pas sur ce point, pas si c'est une flammèche magique qui flotte dans mon corps qui te l'indique ! On ne sait même pas comment ça marche ! Ça pourrait représenter mon taux de plaquette, ou l’état de mes cheveux, on ne peut, je ne peux pas raisonnablement me fier à ça ! Et je te promet, je fais tout pour limiter les risques, je ne pourrai pas aller mieux. Ne t’inquiète plus, d'accord ? Je vais bien. Je suis au sein de mon peuple, un peuple de médecin, c'est ici que j'ai les meilleures chance de survie. Par contre... Je ne suis pas sure de vouloir de ton aide... Non, ce n'est pas ça, laisse moi m'expliquer" Elle tordit son écharpe  entre ses doigts, hésitante
    "Ce que je fais... Ce n'est pas bien, je pense, pas toujours, tu n'aimerais pas ça, c'est nécessaire, mais vraiment, je ne suis pas sure de vouloir te voir à mes cotés, pas là. Et puis, je m’inquiéterais toujours pour toi, ce serai contre productif non ?"

    Elle savait qu'elle évoluait dans des milieu dangereux, qu'exiger quelque chose en échange de ses soins n'était ni éthique, ni ce que son peuple,  ou ce que ses parents lui avaient enseigné. Ce n'était pas qu'elle aimait faire ça, ce n’était pas pour le pouvoir ou la richesse, pas pour protéger ses proches, ce n’était même pas ce qu'elle voulait faire, mais c’était cruellement mais absolument nécessaire, donc non, elle n'avait aucun regrets, et s'ils apparaissaient un jour, elle s'interdirait de les laisser influer sur ses actes. Elle ne voulait rien d'autre aussi fort que poursuivre son but, trouver pourquoi diable ils avaient dormis si longtemps, prouver qu'il n'y avait pas d'influence divine, déterminer pourquoi, comment, d'où venait les pouvoirs des peuples du désert. Mais elle espérait préserver ses proches, si rares, si précieux, parce que même si rien ne l’empêcherait d'essayer d'apprendre, même pas eux, elle les chérissait.
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    La déception est quelque chose de globalement désagréable. Pourtant, après avoir exprimé son idée, et entendu son rejet, il n'était pas à proprement parler déçu. Plutôt, stupéfait. A aucun moment dans l'élaboration de sa phrase il n'avait imaginé que ce genre de réponse aurait pu provenir de la jeune fille. En fait, il n'avait prévu aucune réponse en particulier, mais celle-ci encore moins que les autres. Il fallait donc réagir en conséquence, même s'il ne connaissait qu'à peu près la signification de ceci.

    Ainsi, après avoir passé quelques minutes à accuser le coup, il en employa cinq autres à chercher quoi répondre. Peu importe ce qu'elle disait, n'importe qui -n'importe quel Fils du Serpent en particulier- qui l'observerait deux jours de suite ne pourrait assurer consciemment qu'elle était en bonne santé. Quelles que soient ses assurances, il ne pourrait décemment croire qu'elle était effectivement en bonne santé.
    Il avait également énormément de mal à cesser de s'inquiéter, malgré l'injonction de Kal. Si il avait pu, dans le passé, absoudre certaines de ses émotions, ce lui était impossible depuis qu'il l'avait retrouvé. Surtout, que l'ordre de sa sœur était la seule chose qui le motiverait à le faire. Il n'avait aucune envie de mettre un terme à sa peur; en particulier à l'écoute de ses mots.

    Il s'était relevé, et rapproché de Kal. Une chose le dérangeait légèrement dans le discours de celle-ci, et sa réflexion s'enroula autour, et tenta quelques jets de pensées pour identifier clairement cet obstacle.
    Pour filer la métaphore, les mots qu'ils venaient d'entendre flottaient, épars et désordonnés, autour de sa réflexion dans une rotation chaotique et entropique. Finalement, un coup de chance, quelques-uns reprirent une certaine logique, et, éclairant finalement la situation autant que son esprit, s'entrechoquèrent violemment. Elle affirmait qu'elle ne prenait aucun risque, et répétait pourtant qu'elle s'inquièterait pour lui. Il buta pendant quelques secondes sur cette conclusion, n'arrivant absolument pas à interpréter ce qui le dérangeait tant en elle, et encore moins ce qui était dérangeait à l'intérieur d'elle-même, tout en ayant le sentiment que c'était là que résidait le problème.

    Une file de suppositions apparut en lettres sombres au fond de son esprit. Continuait-elle de s'inquiéter pour lui, malgré les mots qu'il lui avait adressé durant leurs retrouvailles? Mentait-elle? Et pourquoi?  Finalement, les deux étaient sûrement vrais, et liés. Elle avait ignoré sa demande, et, plutôt que mentait, était troublée par sa proposition, échouant à instaurer de la cohérence dans sa tirade. C'était, à la réflexion, le plus indéniablement probable.

    Un léger élan de pitié souleva son cœur, et il s'assit, plongeant son regard dans celui de Kal. Finalement, tout ceci impliquait tout de même qu'elle prenait des risques.

    << C'est si dangereux de... de soigner les autres? >>
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    Uko s'était rapproché, après avoir laissé le soulagement s'épanouir en Kal un instant, parce que plus le temps s'écoulait, et plus elle se laissait espérer que ce serait tout, qu'elle pourrait le maintenir à l'écart, et continuer d'avancer vers son but sans rien changer. Mais la question finit par tomber, massive entre eux deux, tranchante et hésitante, comme une hésitation au moment de mettre à mort. Uko ne voulait pas faire mal, mais elle dut mobiliser toute sa volonté pour ne pas reculer, parce que c'était appuyer la ou c'était lancinant, comme une poche, bien caché dans les chairs mais brûlante et infectée de regrets hurlants suintant une bile acide et corrosive.

    << C'est si dangereux de... de soigner les autres? >>

    Elle détourna le regard, emplie d'amertume. Elle n'allait pas ressentir de regrets. La toile avait été son propre filet, depuis le début, et elle était allé trop loin pour abandonner. Tout ce qu'elle aurait pu sauver était déjà mort. Son choix était fait. Elle avait sombré, elle avait vu tout son peuple tomber dans ce sommeil inconcevable, elle avait plus que jamais besoin de savoir.
    Elle n'aurait jamais aucun pardon, n'en déplaise aux yeux vides qui la fixait parfois, les yeux de son premier mort. Elle ne l'avait même pas tué, il était juste trop blessé, elle avait fait bien pire parfois, et si le poids de ses manches alourdies par les poudres semblait parfois clouer ses mains dans le tissu bleu étouffant, les poisons étaient nécessaire pour continuer, parce qu'elle ne pouvait pas fuir. Elle était piégé par une chose qui l'aidait à remplacer son corps, qui l'appuyait, l'entourait, et refermait sur elle ses mâchoires. Elle ne devait pas regretter, parce que c’était elle qui l'avait créé, et qui continuait de la renforcer.
    Elle arracha son esprit de tout ça, parce qu'elle avait encore une réponse à donner à Uko.

    « Je ne soigne pas Uko » Elle soupira, parce qu'elle avait l'impression d'avoir trompé Uko, et elle continua, en faisant des effort pour maintenir son regard au niveau du visage du Serpent, pour ne pas sembler trop lâche, même si elle évitait de fixer les yeux. Elle reprit vite, parce que ce n'était pas entier.
    « Enfin je le fait parfois, mais ce n'est plus que pour me créer des connexions, des dettes, pas pour sauver des gens, ou pour une quelconque bonne raison. Mais vraiment, je ne regrette pas, parce que ce n'est que ce que mes choix exigent, je recherche une vérité, parce que je ne peux pas accepter juste, paf ! Le Sommeil, tout le monde dors pendant deux milles ans, et puis juste, là, ellipse, 1400, et le commerce à développer, des modes de vie à accorder, et personne ne sait se qui va arriver, et j'ai toujours voulu comprendre, mais ça, c'est juste tellement grand, énorme, il y a forcément quelque chose qui l'explique, et, merde Uko, on a deux mille ans ! »

    Elle avait quelque peu débordé, mais ça faisait longtemps qu'elle n'était pas allé fouiner dans ce genre de sentiments, parce que souvent, elle le faisait avant ou pendant une crise, et qu'avec une partie de ses idées en miettes, et ses poumons frottés par des vagues de verre brisé, elle se sentait seule, isolée dan ce corps, et elle pensait qu'elle allait mourir d’asphyxie en se sentant comme de la merde, en ayant jamais rien fait parce qu'elle s'acharnait dans une voie stérile, alors qu'elle pourrait juste soigner des gens, et avoir une famille, et regarder Uko aller de mieux en mieux, parce qu'il ne pouvait faire que ça. Elle se rendit compte que ces mains tremblait, et elle eu un sourire tordu, parce que, putain, c’était si exagéré, et tout allé continuait à aller bien. Elle plia et déroula doucement ses phalanges, rétablissant son contrôle. Tout était sous contrôle.

    « Certaines choses que je fais sont dangereuse, mais je suis entourée, je ne fais rien seule, les risques sont limités, tout est toujours calculé si je dois faire quelque chose par moi même, rien n'est laissé au hasard. Tout va bien, nous sommes en sécurité, d'accord ? »

    Mieux, quelque chose de plus calme, avec une question, parce que si son frère craignait quelque chose dans sa propre maison, elle voulait le savoir. Mais, elle sentait que cela allait induire des changements.
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    Quoi qu'elle dise. Quoi qu'elle dise, il n'arrivait pas à la croire. S'il entendait les mots, il les entendait ourdis, masqués, voilés. La seule clarté qu'il décelait dans les phrases de Kal était un manque. Un manque qui résidait en chaque mot, un manque effrayant car aussi omniprésent qu'inexplicable. Il l'entendait derrière les jurons, les justifications, et ce qu'il finit par interpréter comme des mensonges. Le sentiment de pitié qui avait animé sa question était totalement dissipé, et avait laissé place à une sorte de creux au milieu de sa tête, et à la certitude de l'absence totale d'honnêteté dans ce qu'il entendait. Même les jurons qu'elle prononçait sonnaient faux, et l'effrayaient presque tant ils l'étonnaient. Il ne l'avait jamais entendu jurer auparavant, ni employer un ton, un rythme de parole, et un vocabulaire tel qu'à cet instant.

    Il était perdu. La présence de ce "manque" commencer à l'oppresser globalement, et il se sentait, pour la première fois, effrayé par la jeune fille, effrayé par ce que contenaient ses mots. Il n'arrivait pas à comprendre. Pourtant, il devrait.

    C'était un manque d'honnêteté, logiquement. Elle ne disait plus la vérité. Elle avait peur, peur pour lui, lui ou elle, n'importe qui en fait, ou même n'importe quoi. Elle avait peur et lui mentait. Cette histoire, le Sommeil, 1400, n'étaient que d'inventées justifications.
    Mais elle mentait dans un seul but, qu'il ne l'aide pas. Elle avait refusé sa proposition, sous prétexte que ce serait dangereux. Pour après affirmer qu'elle ne faisait rien seule. Elle avait forcément menti à un instant, mais il comprenait encore moins lequel que la situation.

    Il ne pourrait pas répondre à cette question. Pas lui-même. Il ne comprenait pas pourquoi Kal mentait, il ne comprendrait jamais comment. En fait, une seule personne le pouvait, et elle se trouvait en face de lui. Cœur se retourna, ignorant ce qu'il venait de se passer.

    Elikann s'assit devant sa sœur. A aucun quel endroit dans la tente il n'aurait pu être plus en face d'elle. Il fixait ses yeux, choses qu'il n'avait jamais eu l'habitude de faire. Il n'avait rien à ajouter. La quantité de mots que lui avait adressé Kal pour justifier son mensonge parlait d'elle même : elle ne voudrait pas lui dire la vérité, s'il la lui demandait. Elle continuerait ainsi. Il n'avait pas le choix. Il ne pouvait attendre qu'une chose, qu'elle se décide d'elle-même à recouvrer son honnêteté. Il fixait ses yeux, le visage sérieux. Il ne prononça pas un mot.
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    Uko se contenta de s’asseoir calmement devant elle, et c’était sûrement pire, d'une certaine façon que s'il avait fait quelque chose, parce qu'elle ne pouvait pas savoir ce qu'il pensait, et qu'elle n'avait pas voulu dire ça, et qu'il la laissait seule alors qu'elle avait montré plus de doutes qu'elle ne s'autorisait à en ressentir. Il n'avait même pas l'air de réfléchir à une réponse, il s'était juste assit. Elle avait dit beaucoup de choses pourtant, elle aurait souhaité une réaction, même s'il avait exigé plus d'informations, ou s'était inquiété... pas juste le silence et les sentiments remués.
    Creuser dans ces sentiments ne faisait aucun bien, et même Uko l'avait vu, sans doute, mais elle n'aurait pas refusé un mot gentil, parce que si elle était avec quelqu'un, le bourdonnement familier des Gazelles cessait d’être rassurant pour se transformer en silence âpre.
    Elle se laissa tomber sa tête sur ses genoux, fermant les yeux, parce qu'elle avait envie de pleurer, et que sa gorge était serrée au point de ne plus laisser passer l'air. Elle sentait une crise poindre, et il fallait qu'elle se concentre pour la réprimer, ou au moins la retarder.
    Elle ne pouvait pas faire ça avec le regard troublé -apeuré, déçu ?- en face d'elle. Le noir rougeâtre des paupières closes, c'était très bien. Les motifs mouvants et géométriques qui s'y projetait étaient inoffensifs, sans signification, et plutôt jolis.
    Respirer. Ne penser qu'a reprendre le dessus sur le corps. Imposer à la gorge de se dénouer. Contraindre le cœur à un brusque ralentissement. Maintenir le sang boueux dans les veines prêtes à exploser. Assujettir les membres apeurés et crispés. Forcer l'air dans les poumons. Et vite, parce qu'il fallait essayer de déchiffrer Uko à nouveau, parce qu'il ne fallait pas l’inquiéter.
    Elle put recommencer à respirer, par petits coups de poignard dans le flanc, des halètements misérables, mais c'était loin d'un vrai crise. Elle n'allait pas tarder ceci dit, elle rodait toujours. Mais il ne fallait pas s'attarder sur cette pensée inquiétante, et continuer à faire de son mieux pour la repousser. Ça ne devait pas faire plus d'une poignée de minutes qu'elle était comme ça, et Uko ne pouvait décemment pas s’inquiéter pour elle, parce que lui, il mettait au moins un quart d'heure avant de répondre à une simple question, parfois. Elle quitta sa position recroquevillée pour s'asseoir en tailleur, passant une main sur son visage et arrangeant ses cheveux avant de rouvrir les yeux.
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    C'était un sentiment très étrange, et ceci vint s'ajouter à la globale incompréhension d'Elikann. Enfin, c'était, comme toujours dans son esprit, la fin d'une longue boucle d'idées et d'émotions disparâtes et éparpillées, dont lui même avait parfois du mal à trouver le sens.

    Il avait d'abord eu peur, évidemment. Il avait entendu Kal hoqueter, et avait vu son corps recroquevillé agité de soubresauts, juste devant lui. Sans bouger. Cette crise, comme il l'interprêta en une fraction de secondes, lui fit réaliser qu'elle allait  disparaître. Comme avait disparu sa famille. Comme avait disparu son frère. En un instant, un temps, un distillat de seconde. Son coeur s'arrêta, l'espace de trois battements. Tout son corps était tétanisé, tant par les souvenirs remontants à la surface de son esprit immobile que par la vision de sa soeur, juste devant lui, et les pensées morbides qu'elle éveillait. Il entrevit le gouffre béant qu'ouvrirait l'absence de Kal. Il était noir, teinté de gris. Un gris opaque, aqueux, coulant, omniprésent, et montant. Il avança d'un pas psychique.

    Un seul.

    Kal se releva.
    Le gouffre s'éclipsa, comme s'il n'avait jamais existé.

    Il pourrait, à présent être rassuré. Cet euphémisme serait cependant trop grand  pour être employé. Toute la terreur qui avait tapissé l'intérieur de sa tête se sublima en une jubilation éxubérante en une fraction de seconde. Ses lèvres tremblaient, et chacun de ses doigts prenait impeccablement exemple sur elles.

    Elle rouvrit les yeux.

    Au coeur de ceux-ci, bien que son regard s'y plaça, il ne voyait rien. Il aurait pu déceler le mensonge, la peur, la compassion, et le reste du fouillis de sentiments qui devait habitait sa soeur, mais il ne vit que deux pupilles embrumées. Ses doutes avaient disparu avec quantité d'idées négatives, mais il ne s'en était absolument pas rendu compte. Toutefois, certains ressurgirent, mais il avait tant de mal à les comprendre, qu'il doutait même qu'ils aient vraiment habité sa tête. En fait, il en était sûr.

    Elikann les niait du mieux qu'il pouvait. En fait, il les niaient tellement qu'il n'arrivait pas à concentrer ses pensées sur autre chose. Et ils restaient là, comme ammarés à une ancre trop lourde pour son espoir.

    Kal pourrait l'enlever. Il rouvrit les yeux. Entoura les mains de la jeune fille avec les siennes; faute d'oser la prendre dans ses bras.

    << Kal... Tu... Je suis désolé. J'aimerais t'aider, vraiment. Mais... Pourquoi me cacher la vérité ainsi ? Pourquoi m'affirmer que tu ne cours aucun danger, mais refuser mon aide car ce serait trop dangereux pour moi ? Pourquoi  ne puis-je arriver à comprendre ? Qu'est-ce qu'il manque à tes paroles ? Dis-moi... Pitié. Je veux te croire. >>


    Dernière édition par Elikann Mu'Sajeb le Lun 10 Aoû - 13:35, édité 1 fois
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    << Kal... Tu... Je suis désolé. J'aimerais t'aider, vraiment. Mais... Pourquoi me cacher la vérité ainsi ? Pourquoi m'affirmer que tu ne cours aucun danger, mais refuser mon aide car ce serait trop dangereux pour moi ? Pourquoi  ne puis-je arriver à comprendre ? Qu'est-ce qu'il manque à tes paroles ? Dis-moi... Pitié. Je veux te croire. >>

    Uko avait saisi ses mains, et maitenant qu'ils étaient un peu moins squelettiques, et qu'ils avaient retrouvés un peu de force, Kal realisait à quel point ils étaient grand. Elle prit une ou deux inspirations, testant sa gorge avant de commencer à parler.

    "Je cours toujours un danger Uko, je vais surement finir par mourir d'une façon stupide, seulement on ne peut rien contre ca. Je pense que je l'ai accepté, au moins un peu, parce ce que je ne vais jamais guérir."

    Elle fit une pause, serra fort les mains du Serpents entre les siennes, un grand sourire sur le visage.

    "Mais toi, tu guéris, je ne veux pas que tu fasse de choses dangereuses, ou mauvaises. Ce que je fais, même si je la fais pour comprendre, ou au moins essayer, c'est contraire à ce que j'ai toujours pensé faire, et j'en ai honte, mais regretter serai juste trop dur pour moi. Et je ne veux pas tout te raconter en détail, parce que j'ai peur de ce que tu penseras de ça, mais surtout, je ne veux pas m'en rappeler moi-même."

    Kal détourna le regard et éloigna presque ses mains, les laissant juste posées sur celle d'Uko. Elle finit par le laisser dériver autour de son frère, évitant soigneusement ses yeux.

    "Je laisse un tas de cadavres derrière moi et j’espère que mes travaux serviront un jour, sans aucune certitude de ca, mais je suis faible et égoïste, je refuse d'y réfléchir. je ne te cache rien de particulier, même si je ne veux pas en parler. Je ne sais pas ce que tu veux comprendre, ou ce que tu veux croire. Même si j'ai envie que tu me crois !"

    Elle resserra ses mains sur celles de son frère, le plus fort possible, parce qu'elle n'avait plus assez de force pour faire mal, mais elle espérait, encore assez pour réconforter.
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    L'ancre était lourde. L'ancre était lourde, et plutôt que de la soulever, Kal se contentait de l'amener sous d'autres rochers. Elikann maudit cette faiblesse qui l'empêchait de la soulever. Hors métaphore, il s'énervait violemment contre l'amas de doutes désorganisé qui empêtrait chacune de ses réflexions. Il attendit quelques secondes, espérant qu'une tirade de plus arrive. Dernier espoir d'un esprit agité, qui ne se réalisa absolument pas. Kal ne bougeait pas. Et il continuait à la fixer.

    Quelque chose le sorti du sombre abysse de pensées dans lequel il plongeait désespérément. Un contact. Il avait mal aux mains. Baissa les yeux, surpris. Les mains de la jeune fille enserraient à présent les siennes. La sensation qu'il ressentait à travers ce simple échange était pour lui complètement impossible à interpréter. Cela le faisait également plonger au cœur des sa mémoire, mais s'éloignait des écueils de souvenirs sombres et annihilateurs. La combinaison très étrange qui en résulta raviva en lui une foule de certitudes, abreuvant son esprit d'espoir et soulevant sans peine l'ancre des doutes, la muant à la chaîne de bienveillance qui se formait peu à peu.

    Il se leva, mais assez délicatement pour que ses mains demeurent prisonnières de celles de sa sœur. C'était ce qui l'avait sauvé, et mené à la compréhension. Kal ne mentait pas. Mais avait tort. Complètement tort.

    << Tu ne peux pas me laisser comme ça. Je ne serais pas un de ces cadavres. Laisse-moi t'aider, Kal. Tu ne pourras pas guérir seule. >>

    Le mot cadavre l'avait marqué. Mais il le refusait, complètement. Kal n'était pas une meurtrière. Et surtout, ne partirait pas ainsi. Il ne pouvait pas la laisser. Et ne la laisserai pas.
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    << Tu ne peux pas me laisser comme ça. Je ne serais pas un de ces cadavres. Laisse-moi t'aider, Kal. Tu ne pourras pas guérir seule. >>

    Kal baissa la tête, dissimulant son visage au yeux d'Uko. Il ne voulait pas la laisser, et elle en était heureuse... Mais, pourquoi ne voulait il pas admettre qu'elle allait finir par mourir ? Ca ne ferai que les peiner d'en parler, mais... Quand ca arriverais...

    Et si elle renonçait à combattre l'aveuglement, à imposer la vérité (ou n'était ce que son point de vu ?) comme elle l'avait toujours voulu, était se trahir ? Était ce un mensonge ? Et si ca ne concernait qu'elle et son frère, était ce même important ? Mais est ce que cela ferait seulement du bien ?

    Elle décida de ne pas s'opposer à ce que pensait Uko, au moins pour l'instant, elle le retrouvait tous juste, elle verrai plus tard. Il lui fallait rassurer plutôt que se débattre, en blessant inutilement le Serpent. Elle ne voulait pas non plus le répéter trop, le savoir suffisait à jeter d'étranges ombres, peut être sereines et amères dans son esprit.

    Je tousse de plus en plus. Il me faut être lucide. Ma can- mon bâton m'est nécessaire. Les crises sont dévastatrices. Ce n'est pas grave, je le sait. Je fais ce que je voulais.  Et calme. Le calme, pas le silence mais une fragile vague de bruit frémissante. Je vais mour... Ce n'était pas la peine, peut être pourrait elle ne pas en parler ? Et aller dans le désert pour s'y échouer, comme sa grand mère ?

    "Je ne te laisserai pas Uko, et je ne te ferai jamais te mal, je te protégerais. Nous pouvons peut être gué-guérir ensemble..."


    Sa lèvre tremblante se tordit, incontrôlable. Peut être guérirons nous ensemble, tu y crois toi. Mais si je m'y met aussi, je détruirai tout ce que j'ai soigneusement accepté, tout ce que je fais, tout ce que je dis. Je ne sais pas, peut être que si tu y crois assez fort, ce sera suffisant pour nous sauver tous les deux ? Apres tout... Non, c'est stupide et dangereux. Si je commence à croire, si je commence a croire, il ne faut pas que je commence à croire... C'est tellement confus. Elle soupira, régulant sa respiration. On verra bien...
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    Elikann Mu'Sajeb

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    Guérir ne lui était jamais venu à l'esprit. Il avait vu les lèvres de Kal s'agiter, il avait entendu les ondes heurtées par ses cordes vocales, et les syllabes étaient parvenues peu à peu jusqu'à son esprit. Mais, quand ces deux-là  s'y présentèrent, aucune pensée ne suivit. Ils n'avaient pas à guérir. Ce mot n'avait rien à faire là. Et Elikann ne voulait pas y réfléchir.

    Son cœur, sa poitrine et sa gorge toute entière retentissaient de l'élan extatique d'une éclatante détermination; le doute était loin, soufflé, réduit au néant par une telle déferlante de mouvements internes. Les répercussions en étaient physiques, et il sentait des vagues de chaleur intenses parcourir l'espace comprit entre ses deux omoplates meurtris.

    Il ne pouvait plus avoir tort. Le concept même d'erreur avait été annihilé de son esprit, et les paroles qu'il commençait à tenter d'articuler s'y accordait. Il ne voulait qu'une chose. Et quoi que dise Kal, quelque argument qu'elle apporte, elle ne pourrait nier que c'était la solution finale.

    Parce qu'il n'était pas question de guérir, ni même en fait question de maladie. L'incinération des doutes d'Elikann révéla un brasier d'émotions pures et primaires. Et c'était de l'une d'entre elles dont il s'agissait, et pas un de ces simiesques sujets corporels, comme peut l'être une crise de toux.

    << Kal, il ne s'agit pas de guérir. En fait, ça ne l'a jamais été. Quelle que soit la fin de notre histoire, je voudrais être à tes côtés pour la contempler. Libre à toi de refuser, à présent. Libre à toi de me dire n'importe quoi, ou de ne pas me dire n'importe quoi. Je continuerais à te considérer comme ma sœur, et à t'aimer plus que tout. Et, surtout, à vouloir partager chaque instant de vie qu'il peut nous rester.>>

    Il prit une profonde inspiration. Chacune des fibres de son être serait hors de contrôle, si elle avait eu une conscience. Sa voix avait été tellement vibrante d'une émotion incontrôlée que ses mots en étaient devenus difficilement intelligibles, quand il mit un terme à sa tirade.
    Kal Lulo
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    << Kal, il ne s'agit pas de guérir. En fait, ça ne l'a jamais été. Quelle que soit la fin de notre histoire, je voudrais être à tes côtés pour la contempler. Libre à toi de refuser, à présent. Libre à toi de me dire n'importe quoi, ou de ne pas me dire n'importe quoi. Je continuerais à te considérer comme ma sœur, et à t'aimer plus que tout. Et, surtout, à vouloir partager chaque instant de vie qu'il peut nous rester.>>

    C'était une perspective très... intéressante. Oh, pourquoi était elle si guindée, calme et fade dans son propre esprit ? C'était vrai, et émouvant, et ça jetait un tous nouveau jour sur cette énorme erreur qu'elle ignorait faire. Vraiment, était elle toujours aussi aveugle ? Elle oubliait l'important, comment pouvait elle projeter quoi que ce soit pour raccommoder son lien avec son frère si elle ne l’espérait pas ?
    Heureusement, Uko était plus clairvoyant qu'elle, il avait vraiment grandi, ce n'était plus ce garçon traumatisé et brûlé, ramassé quelque part dans le sable brûlant, il avait muri, suffisamment pour la ramener aux choses importantes, mais même après tout ce chemin, il ne voulait pas la laisser. Et c'était, bien. Bien. Grand.

    Ca avait l'air dur à dire, mais même sans bien pouvoir discerner son visage, elle pouvait dire que les tremblements de sa voix n'était pas du à de la tristesse. Elle laissa un sourire déborder sur ses lèvres. Son cœur pouvait être tout tordu de bonheur à l'idée de retrouver son frère et ne plus le quitter quoi qu'il arrive, mais elle ne sentait pas de veines palpiter douloureusement, pas de souffle sifflant raccourci cruellement. Elle se sentait plutôt bien en fait, distraite du contrôle méticuleux sur son corps, pas par l'épuisement ou par la peine, mais par la joie.

    Oh, ils pourraient sans doute s’entre-aider pour s'arranger, mais peut être que ce qui pouvait être guéris l'était déjà. Et puis c’était secondaire après tout, ils verraient bien ce qu'il pourrait arriver, mais peut être n'était ce pas la peine d'écarter tout espoir... Peut être, peut être... Elle n'avait pas envie d'y penser, évaluer ce qu'elle pourrait se laisser aller à envisager avec sa possible, peut etre, elle espérait, survie. Il fallait mieux qu'elle survive après tout, si elle ne voulait pas imposer sa fin à Uko.

    Elle s'écarta de ces pensées. Elle s'était véritablement faite à l'idée de mourir après tout, mais justement cette conscience était peut etre une bonne raison de prendre un peu de temps pour faire découvrir la ville à Uko... Ca lui semblait être un bon programme dans un premier temps. Il fallait absolument qu'elle pense à lui montrer l'oasis, toute cette eau, s'en devenait presque magique, divin, merveilleux, obscène. Divin. Elle retint un rictus par réflexe. Dégoûtant. Divin. Et aussi, la cuisine de 1400, elle devait lui faire goûter toutes les choses douces et colorées inventées durant ces ans de sommeil, le caramel, la guimauve, les frites et le poulet grillé. Elle releva la tête, la leva jusqu'à pouvoir regarder correctement son frère, la dégagea de mèches de cheveux poussés craintivement devant son visage.
    Elle pouvait bien plus facilement voir son frère maintenant, plus à travers mais dans ce corps abîmé (mais, elle ne l'avait jamais vu intact après tout), même dans ces immenses yeux gris, même dans cette stature immense et déformée. Elle écarta largement les bras, marquant une petite pose avant de se jeter en avant pour l'étreindre rapidement.

    "Tu as raison. Nous allons voir ce qu'ils nous restent à faire avant la fin de ces instants" Affirma-t-elle. "Je ne te dirais pas n'importe quoi" dit elle un peu moins fort, presque boudeuse "Tu es mon frère après tout, je ne me permettrai pas" continua-t-elle, un peu ironiquement, mais doucement. Elle ne pouvait décemment pas tout lui raconter, mais elle allait faire de son mieux pour ne pas mentir. "Je resterai avec toi" acheva-t-elle, moins fort encore, mais c'était calme ici, elle ne doutait pas qu'il ait entendu. Elle s'écarta vivement, attrapant son baton d'un bras, et entraînant son frère vers les dunes de l'autre. A la vive lumière du jour scintillèrent le sable et le dôme, pleins de peut etre.
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