Agartha. Un désert, où cohabitaient nomades et sédentaires. Cependant l'assèchement progressif des oasis développa la cupidité des sédentaires qui se mirent en guerre les uns contre les autres. Les cités tombèrent une à une devant ce fléau jusqu'à ce qu'il ne reste que 1400. Les nomades quant à eux préférèrent éviter ces conflits en priant leur Divinité de leur accorder un sommeil de deux millénaires. Mais quand ils se réveillèrent, ils furent non seulement confrontés à des citadins beaucoup plus avancés technologiquement mais aussi à une hostilité tangible. Hostilité contre ces nomades ressurgit du passé mais aussi hostilité au sein même de la ville de 1400. Puis une nouvelle guerre éclata : la Révolution. Est venu à nouveau le temps du choix : se battre ou partir ? Ainsi naquit l’Exode, un mouvement rassemblant nomades et citoyens souhaitant fuir la guerre en partant par-delà les montagnes vers un territoire glacé où vit un peuple étrange.

Lorsque le passé et le futur se rencontrent...

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    Rencontre matinale [Aaliyah & Elikann] //FINISHED//

    Elikann Mu'Sajeb
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    Le jour se levait, peu à peu. L'obscurité s'écartait, éclatait, se rependait dans les nombreuses ombres que permettaient le campement. Le feu, la chaleur et la lumière s'agglutinaient, plongeant la nuit dans le jour, et traquant les ombres.

    Elikann contemplait cette chasse avec une forte somnolence. Il n'avait pas fermé les yeux de la nuit. Ces derniers dialogues avec Kal lui restaient en tête. Il devraient lui faire penser au futur; il pensait au passé. Sa mémoire, stimulée par le spectacle éblouissant se déversant dans son regard, ranimait dans son esprit des souvenirs; les souvenirs d'autres levers de soleil, d'autres matinées somnolentes.  C'est dans ce genre de pensées qu'il se plongeait, lorsque le premier être humain levé dans le campement brisa sa solitude. D'ordinaire, il ne lui aurait accordé aucune attention : en fait, il ne l'aurait pas même remarqué. Mais il avait beaucoup changé; en peu de temps; et avait fini par développer un fort intérêt pour les autres Favoris de la Gazelle. Ceux-ci étant proches de Kal, son esprit les avait reliés ensemble, et avait fait de même pour le campement et ce qui s'y rapportait.

    Elikann n'y était cependant pas habitué, et se surprit lui-même à avoir remarqué l'irruption de cette silhouette dans son champ de vision, bercé par le jeu des ombres. Celle-ci avançait, assez rapidement, et finit par arriver à portée de vue. Elle était bien plus grande que Kal, mais surtout, ses cheveux à eux seuls l'étaient sûrement. Cette vue amusa le Serpent, et lui lança une certaine sympathie à l'égard de la personne qui marchait devant lui. Il aimait voir cette légère danse qui accompagnait les pas de cet homme.

    Ceux-ci se succédaient, et allaient bientôt faire revenir Elikann à sa solitude. Cela le dérangeait. Il avait été silencieux toute la nuit, et l'arrivée de cette personne, envers qui il nourrissait déjà de la sympathie, avait fait naître en lui l'espoir de pouvoir quitter son mutisme. Il n'avait jamais particulièrement voulu parler, mais n'avait jamais non plus maintenu la moindre forme de constance dans ses réactions. Il ne fut donc pas troublé par ce besoin, mais avait nettement envie de se lever, et d'avancer vers l'homme qui s'éloignait.

    Ses vêtements étaient couverts de sable. Quand il amorça son mouvement, sans l'avoir remarqué, le sable tomba sur le sol, dans un léger chuintement. Ce bruit, pourtant très faible, suffit à briser le silence qui régnait sur le campement.
    Elikann était levé, un peu étourdi, un peu ébloui, et complètement engourdi. Le temps qu'il amorça un pas, la silhouette s'était déjà retourné vers la source du bruit, et le regardait probablement.

    Heureux de cette immobilité, le Serpent se rapprocha rapidement. Arrivé assez près pour voir distinctement le visage de son interlocuteur, il s'arrêta, et sourit. Il n'avait pas décidé de sourire. En fait, cela lui était venu naturellement, et il ne le réalisa qu'un peu après. Il réalisa également qu'il était en face d'une femme.
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    Le silence au Campement des Gazelles à cette heure-ci est quelque chose que j'apprécie. Le calme, le repos, un imposant sentiment de paix qui descend sur nous. C'est agréable en plus de m'emplir de plénitude. Cela se passe toujours ainsi les matins, chaque tente respecte le silence et le sommeil de ses voisins. À quelques exceptions près... J'ouvre les yeux quand la main de Waël attrape une des amples manches de mes habits de nomade. Je souris et regarde la couchette qui est à côté de moi. Mon petit frère me regarde et hoche la tête à ma question silencieuse.

    Sans bruit, je me lève et je range mes couvertures puis je sors de la tente. J'inspire profondément et silencieusement et je me dirige vers l'atelier de mon père. Il se trouve dans le village souterrain, à côté de notre Sanctuaire, où on se réfugie pour échapper à la violente saison des Tempêtes. Quand j'y suis arrivée, environ un quart d'heure après mon départ, je vérifie nos fours puis les moules. Le verre dans l'un des fours est à bonne température. Je mets correctement le bout de tissu blanc dont est paré chacune de mes deux mèches avant et je fais de même avec les deux grelots attachés au tissu blanc de la mèche avant droite.

    Je m'empare d'un plus grand tissu blanc ( encore ) dans lequel j'enveloppe ma prolixe chevelure qui caresse mon dos. Je sors alors le verre correctement fondu et je me mets à le souffler. Je ne sais pas combien de temps il s'écoule avant que Philein, mon cadet, n'arrive dans l'atelier en me disant qu'il prenait la relève.

    - J'ai soufflé correctement le verre, tu n'as plus qu'à le mouler. Pour les deux autres fours, le verre n'a pas encore assez fondu.
    - D'accord. Je m'occupe du reste, Liyah, tu peux aller dormir et... Wow, tu l'as bien soufflé !

    Je lui réponds par un sourire léger. À chacun ses spécialités... Je m'apprête à retourner à l'extérieur, mais de nouveau mon cadet m'arrête dans mes gestes. Mon visage nonchalant reste indemne.

    - Attends, tu peux juste m'aider pour le début du moulage ?

    Je ne réponds rien et je me contente de déplacer le gros moule au centre de la pièce en l'inclinant correctement. Un citadin nous avait commandé une table exclusivement en verre ; ce sera très dur à transporter. Une fois que tout est bien en place, je souris à mon frère et je remonte à la surface. J'enlève le tissu blanc qui retient les cheveux dans mon dos, sans toucher à ses mèches avant, une fois mes pieds sur le sable chaud du désert.

    Je m'étire sommairement et me dirige vers le Campement des Gazelles. Je vérifie ma ceinture de sachets et petites sacoches durant ma marche silencieuse. Un trait d'un jaune doux barre soudainement ma vision, s'en allant aussi vite qu'il n'est venu. Je m'arrête et me retourne en silence sans bouger davantage. Inutile et futile. L'homme qui a provoqué ce bruit vient rapidement à ma rencontre et me sourit dès qu'il atteint ma hauteur. Mon visage nonchalant est brisé par le léger sourire formé par mes lèvres, parfaite réponse à celui du jeune homme.

    Cheveux blancs, yeux gris. Je m'attarde sur ses yeux d'une étonnante couleur sans rompre le silence. Drôle de scène où le silence est un dialogue qu'on échange. Le soleil s'éloigne lentement de la ligne d'horizon et après de longues minutes je me décide à rompre la quiétude qui s'est instaurée.

    - Bonjour Daleï.

    Je reconnais ce Fils du Serpent qui s'est mêlé à nous ces derniers temps. Je tourne les yeux vers l'horizon, vers ces chaudes couleurs de lever de soleil qui font chavirer les ombres. Mon visage d'ordinaire si peu expressif se pare d'un sourire en coin. La joie dans mon regard est silencieuse mais claire et limpide. Le bronze commence à dominer l'azur dans mes iris et je dirige mes yeux vers Daleï. Je ne dis toujours rien, respectant le silence de mon interlocuteur, et je lui offre le sourire qu'a fait naître le lever de soleil.
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    Une bribe de silence passa, et la jeune femme lui adressa la parole. Elikann eût un léger choc entendant ce nom prononcé; c'était de mémoire la première fois. Il ne savait pas vraiment comment elle l'avait appris, mais supposait que Kal devait parler de lui.

    La jeune fille lui souriait également. En y réfléchissant, il n'arrivait absolument pas à déterminer qui avait sourit le premier. Il buta sur cette interrogation pendant une poignée d'instants, avant de l'ignorer, occupant son esprit, et ses yeux, à examiner plus longuement son interlocuteur. Il sentait au fond de lui qu'il ferait mieux de dire quelque chose, mais, la sensibilité exacerbée par son manque de sommeil et par son errance onirique qui avait précédée la venue de cette femme, il était absorbé par très peu. Son visage était fin, plus que celui de Kal.

    Elikann n'avais jamais vraiment côtoyé de femme, en dehors de Kal, mais dont l'apparence lui était si familière qu'elle revêtait, à ses yeux, d'une partie du désert, plus que d'un être humain. Dans sa vie avec les autres Fils du Serpent, il n'avait tout simplement vu personne, et n'avait donc jamais eu le loisir de contempler quelque chose comme ce qui se tenait devant ses yeux. Tout cela donnait au portrait qu'il traçait peu à peu dans son esprit quelque chose d'irréel, d'absolument nouveau, et d'incroyablement beau. Il déplaçait son regard sur chaque aspérité, chaque coin, angle, et courbe de ce visage; les coins des yeux, les commissures des lèvres; les courbures du nez. Il était pris d'une curiosité dévorante, qui prenait le pas sur tous ses autres sentiments.

    Quelque chose attira un peu plus l'attention du Serpent : les yeux de la jeune fille, qui fixaient les siens. Il avait l'impression que leur couleur changeait progressivement, prenant des teintes dorées avec le lever du soleil.

    Cela l'absorba pendant une bonne minute. Son visage ne devait pas avoir l'air trop captivé, mais son esprit entier s'acharnait à trancher entre magie et rêve. Il n'avait aucune idée de ce qui pouvait provoquer un tel changement, mais la beauté qui s'en dégageait l'empêchait de penser à quelque chose d'autre.

    Il resta dans son admiration pendant plusieurs secondes, dévorant du regard ce phénomène magnifiquement inconnu. Il se souvint ensuite de respirer, puis de parler. Une seule personne pourrait lui expliquer d'où provenait cela, et elle se trouvait devant lui.

    << Ces yeux... >>

    Il marqua une pause, reprit son souffle, assura un peu son dos, sa nuque, sa voix.

    << C'est magique ! Comment est-ce possible? Je veux dire... D'où ça vient? >>
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    Après avoir souri à cet homme aux cheveux blancs et aux prunelles étranges je le salue par son troisième prénom. L'étonnement passe furtivement dans ses yeux et mon sourire s'élargit un peu. Je l'observe discrètement tandis qu'il semble m'analyser sous toutes mes coutures. Cette pensée me fait pencher la tête sur le côté mais je ne m'offusque pas de son regard fixe. Mon visage dérive vers le soleil, accompagné par un tintement de clochettes subtil. Les grelots attachés au bout de tissu blanc, accroché à ma mèche avant de droite, accompagnent toujours mes mouvements d'un léger son mélodieux.

    Je regarde le lever de soleil et les ombres qui refluent au même rythme que le bleu de mes iris. De la même façon, la lumière entame lentement son règne au même rythme que le bronze liquide de mes iris. Je sens un regard fixe sur moi mais je n'y fais pas attention. Je suis focalisée sur les couleurs magnifiques du lever de soleil. Un sourire plein de joie et de clarté se peint lentement sur mes lèvres s'agrandissant à mesure que le soleil monte. Ces couleurs... sont sublimes. Magnifiques, il n'y a vraiment pas d'autre mot. Je reste dans ma contemplation en oubliant tout le reste, si ce n'est de ne pas regarder directement le soleil.

    Un léger mal de crâne me prend à cause de l'adaptation chromatographique de mes iris. Je tourne la tête vers Daleï et je l'observe à mon tour. Le bronze liquide n'a pas encore fini d'affirmer sa domination sur l'azur de mes yeux. Je porte une main à mes tempes avec une rare lenteur, offrant le sourire qu'a fait naître le lever de soleil au Serpent. Une exclamation, qui m'apparaît comme une ligne d'horizon d'un orange identique au coucher de soleil, fait redoubler mon sourire en brisant délicieusement le silence. Un léger rire cristallin sort de mes lèvres. Décidément... J'attends que mon rire s'éteigne avant de prendre la parole.

    - C'est un présent de ma mère.

    Simple, clair, concis. Ce n'est sans doute pas la réponse qu'il attend, cela dit. Je me tourne à nouveau vers l'astre de lumière. Les couleurs chaudes ont disparu, le soleil a affirmé sa présence. Je reste quelques dizaines de secondes à contempler ce spectacle sans bouger d'un iota puis je tourne à nouveau mon visage vers Daleï.

    - L'ombre fait ressortir l'azur et la lumière envoie le bronze au devant. Jamais une des deux couleurs domine complètement l'autre, cela dit.

    J'ajoute enfin en désignant mes yeux de mon index, avec la même lenteur, pour ponctuer mes dires. Mon sourire disparaît lentement pour redevenir ce qu'il était au début. Léger et discret. Je me rappelle que je connais un de ses prénoms mais lui ne connaît pas un seul des miens.

    Je suis Fael.

    J'ai oublié de me présenter, j'espère qu'il ne m'en tiendra pas rigueur. Bref. Je jette un regard circulaire autour de moi mais je ne vois pas de trace de Yon. Il doit être avec sa famille ou en train de paresser à l'ombre de la tente. Mon sourire s'esquisse sur mes lippes à cette pensée et je m'adresse de nouveau au Serpent d'une voix claire et limpide.

    - Tu veux un thé ? Ou autre chose ?
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    Elikann se sentait assez gêné de ses propres mots, qui venaient de retentir à ses oreilles. Même s'il n'avais pas pour habitude de faire attention à ce qu'il disait, il accordait de l'importance aux formules de politesse, dont sa curiosité avait fait imploser les souvenirs. Il s'apprêtait à les réciter, mais fut coupé par le rire de son interlocutrice. Surpris, le Serpent stoppa son élan, et attendit.

    Il buvait les paroles de Fael, ravi d'avoir appris son nom. Son esprit dû consacrer deux secondes à effacer de ses souvenirs le visage de la Gazelle, magnifiquement animé, et revenir à ses pensées, à l'ébauche de conversation. Le phénomène qui animait ses yeux ne lui était toujours pas expliqué, Elikann ne se contentait pas de savoir ce qu'il se passait, il voulait savoir pourquoi, il voulait savoir comment. Il retint cependant des questions encore plus maladroites que celles qu'il avait prononcé, réfléchissant s'il voulait effectivement un thé.

    Il aimait cette boisson, en tout cas quand Kal la préparait. Sa seule hésitation découlait de son incompréhension à comprendre comment, à l'endroit où ils étaient, la jeune fille devant lui pourrait préparer du thé. Et ses yeux n'étaient apparemment pas magiques, il n'y avait aucun espoir qu'elle soit magicienne. Il supposa alors qu'ils devraient bouger, aller trouver un endroit où trouver, ou préparer, du thé. Il n'avais cependant aucune envie de quitter ce lieu; tout subjugué qu'il était par la jeune fille, et le monde, s'animant derrière elle.

    Elikann ne répondait donc pas, se contentant de suivre du regard les ombres qui traversaient son champ de vision. Il recula de deux pas, ne parvenant toujours pas à construire une phrase tangible dans sa tête. Il arrêta finalement sa vision sur les yeux de Fael, décidant de finir de réfléchir. Il devait dire son nom, refuser le thé, poser d'autres questions. Le Serpent sourit. Il avait soif.

    << Je veux bien un thé, et rester ici. Je m'appelle Uko. >>
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    Le silence. La beauté des paysages que le soleil découvre sous ses fils de lumière, la beauté que l'astre solaire a de nous cacher les ombres de manière subtile et parcellaire. Parler au Serpent est la seule chose qui me rappelle que je ne suis pas seule et que certaines règles de bienséance sont donc de mise. L'étoile lumineuse finit par se détacher de l'horizon, tandis que les nuances de l'aurore se dissipent peu à peu. C'est avec ces splendides coloris que je propose à Daleï si un peu de thé lui plairait. Mes sens ne m'annoncent toujours pas la venue de Yon. Il a dû se réfugier à l'ombre en voyant le soleil arriver, je le verrais plus tard.

    Mon sourire s'élargit subtilement sur le coin droit de mes lèvres lorsque j'entends Daleï parler de nouveau. Quelle couleur magnifique... Une ligne d'horizon faisant des diagonales dans mon champ de vision, d'une magnifique teinte de coucher de soleil avec toutes ses nuances. À peine a-t-il fini de me répondre que je ne peux pas m'empêcher de formuler mes pensées à voix haute.

    - Ta voix est magnifique, toutes les nuances d'un coucher de soleil sont là...

    Je penche doucement ma tête du côté droit en provoquant ainsi le tintement de mes deux grelots accrochés au tissu blanc de ma mèche après m'être exprimée. Je dépoussière vaguement mes vêtements dans des gestes très lents. Je me tourne un peu vers ma tente qui n'est pas très loin et je plante mes yeux dans ceux de... Uko, donc.

    - Uko ce sera. Je vais chercher un thé je reviens dans moins de deux minutes.

    Sur ces mots je pars en direction de ma tente sans plus de forme de procès. Une fois à l'intérieur, je salue mes parents et je leur fais un bilan de mes activités tout en prenant deux tasses. Je leur explique en quelques mots que je vais boire un thé avec Daleï et ma famille, à l'exception de Philein qui est encore aux fourneaux, me regarde en souriant et en hochant la tête. Je leur souris à mon tour et je ressors de la tente avec deux tasses de thé fumantes.

    C'est le thé du matin que ma petite soeur prépare. Les feuilles qu'elle utilise viennent des Montagnes et ont sans doutes reçu le don de guérison de la Gazelle Blanche... ou du Serpent Blanc, peut-être même les deux. Je retourne à l'endroit exact où était Daleï et je m'asseois sur le sable en offrant mon profil à l'astre solaire. Je lui tends également sa tasse de thé. Toutes nos tasses sont en verre mais celles-ci sont plus épaisses que les autres. C'est une des conditions pour que le verre supporte d'accueillir un liquide ou des aliments chauds.

    - ... Si tu as la moindre question, n'hésites pas à la poser. J'y répondrai.
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    A nouveau, le Serpent regrettait ses mots. Le visage de la jeune fille devant lui prenait un air étrange, et cette situation se terminerait nécessairement sur leur départ, simplement parce qu'il avait été à nouveau incapable de contrôler sa parole. Il était donc occupé à se morfondre silencieusement, quand Fael l'interrompit.

    Sans parler de thé. Elikann soupira, rassuré. Il ne prêtait pas attention au sens de la phrase; et se contenta d'accepter le compliment. Ses oreilles tintaient. Dans ses yeux, le paysage, déjà baigné dans une lumière magnifique, l'éblouit.

    Ses pensées, toutes ensembles, marquèrent un temps.

    Les raies de lumières qui heurtaient les grains de sables, volants autour de lui à cause du vent, s'imprimaient dans sa rétine, gravant la minute qui suivit dans ses yeux, et sa mémoire. Fael était partie, et il était seul dans le désert, à nouveau; Elikann s'assit. Il entendait les battements de son cœur dans ses oreilles, et sentait que chacun faisait tressaillir son corps entier. Son cœur battait trop fort pour son corps.

    Il ressentait un nombre de nouvelles sensations effrayantes. Avant tout, il se sentait totalement déséquilibré, désaxé, tombé. Il n'arrivait pas à fixer sa conscience un seul instant.

    Il avait peur.

    Sa mémoire agitait, devant ses yeux, un théâtre dément de silhouettes, de souvenirs, d'émotions et d'horreurs; terrorisant. Il cherchait, partout, comment expliquer le désordre qui l'implosait. Sa tête enchaînait boucle sur boucle, le plongeant dans un total chaos interne. A présent, dans ses souvenirs, revenaient son enfance, ce jour, et avant. Il fouillait, retournait, et ainsi réveillait ses douleurs anciennes, encore plus effrayé par cette déferlante d'inconnues qui s'était déchaînée dans son esprit. Fael n'était plus là. Mais avant cela, elle avait dit... C'est de là que tout provenait. Mais il n'avait jamais entendu ça.

    << ... Si tu as la moindre question, n'hésites pas à la poser. J'y répondrai.  >>

    Elikann marqua un spasme plus fort que les autres, et redressa soudainement la tête. La jeune fille se tenait devant lui, deux tasses de thé à la main, et venait de lui parler.

    Cela calma en un instant ces pensées.
    Seule, la peur, continuait de les animer.

    Uko avait peur, Fael était devant lui, et il n'arrivait à rien détacher d'elle : ses yeux, sa conscience, ses souvenirs. Ses oreilles, plus que tintaient, vrillaient. Il voulait courir, loin, vite. Sa précédente introspection avait ranimé des souvenirs qui ne pouvaient le laisser autrement que hagard, déboussolé, et profondément, animalement, terrorisé.

    Son cœur battait, fort. Très fort. Un goût de sang perlait dans sa bouche. Par protection, son corps s'effondra, lourdement. Jamais son crâne ne lui avait fait aussi mal.
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    J'arrive calmement avec les deux tasses fumantes en main. Les vapeurs des deux boissons chatouillent mon visage et l'apaisent au fil de mes pas. Dès que je reviens à l'endroit où j'ai quitté Daleï, je lui dis directement de ne pas hésiter à poser la moindre question. Il paraissait intrigué tout à l'heure, autant ne pas se frustrer inutilement... Une fois à côté de lui, cependant, je remarque de suite que quelque chose ne va pas. Je plisse les yeux en le voyant pris de spasmes, se calmer un court instant, avant que cela ne reparte de plus belle. Je pose les deux tasses à une distance raisonnable de Daleï, les enfonçant un peu dans le sable ensoleillé en les recouvrant de façon à ce que le sable ne rentre pas dedans. Autant éviter de la casse perdue.

    Je m'avance vers lui alors que son regard me fixe d'une manière qui ne m'est pas familière et je penche la tête de côté. Quelque chose ne va pas... ? Sa tête tombe en avant, mouvement suivi par tout son corps qui s'effondre au sol. Quelque chose ne va visiblement pas. Je me rapproche lentement et je m'accroupis à ses côtés. J'hésite à poser mes mains sur ses omoplates en signe de réconfort lointain, à la place je mets ma main sur son épaule sans rien dire. Parfois les paroles devaient s'incliner et laisser le silence s'instaurer. Il était évanoui, autant ne pas parler inutilement et rassurer son inconscient.

    L'expression de mon visage passe de la nonchalance au calme. Un calme tranquille, aucunement paniqué par l'évanouissement du jeune Serpent. Je m'assois en seiza dans le sable à ses côtés en faisant tinter mes grelots dans un bruit subtil. Au bout de plusieurs longues minutes, je regarde les deux tasses de thé qui sont derrière moi et je penche mon visage vers Daleï. Le thé lui ferait sûrement du bien, être dans un endroit plus frais aussi...

    Je ne sais pas si il a mal à plusieurs endroits. Il me semble clair qu'il avait mal à la tête vu comment il la tenait et de ce que j'ai pu observer mais je ne sais pas s'il a mal ailleurs. Je secoue la tête, mouvement accompagné par un concert de petites clochettes. Il a surtout besoin d'une aide que je peux lui apporter. Je passe un bras sous ses genoux, un autre sous ses épaules et je cale sa tête contre mon bras droit.

    Des petites tâches d'un blanc cassé chevauchent ma vision à intervalles régulières et mon regard dérive vers la source du bruit. Yon trottine dans ma direction et s'arrête à mes côtés, en appuyant un peu son flanc contre le mien. Sa tête redressée observe Daleï et il approche son museau de l'arrière du côté de la gorge, qui relie la tête aux épaules. Il fait comme s'il mâche dans le vide, contre la peau de Daleï, et je finis par l'arrêter en posant ma main libre sur la tête de mon ami. Il recule son museau et le pose sur ma propre épaule. Je souris

    Le silence... est une vertu.
    La parole... en est une autre.

    Je me dirige vers ma tente et j'allonge Daleï dans le seul matelas qu'il reste, celui de ma soeur cadette. Elle me regarde et j'hoche la tête sans rien ajouter. Elle sort de la tente, ma mère étant occupée à préparer un breuvage délicat. Je pose ma main fraîche contre le front du Serpent puis je me penche pour écouter son coeur. Il bat normalement, un peu trop vite mais pas de manière dangereuse. Ma soeur revient avec les deux tasses de thé et m'en tend une. Elle relève Daleï en position assise et je lui fais boire lentement le thé. Je marque des pauses pour éviter de le brûler, aussi. Ma soeur le rallonge et je la remercie. Nous nous sourions mutuellement.

    Le silence est une vertu.
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    Elikann venait de reprendre conscience. Il ouvrit les yeux, s’interrogeant de tout ce qui l’entourait. Une tente, dans laquelle il n’avait pas le souvenir d’être allé. Il était allongé, très confortablement. Cela lui évita une nouvelle crise de panique, il se contentait de profiter de cet instant, cherchant à s’expliquer cette nouvelle situation. Les yeux refermés, il cherchait à forcer sa mémoire, son esprit, à comprendre. Il avait pour seul souvenir… Quelque chose, dont il devrait arriver à se rappeler ; dont il se représentait les courbes, les formes, mais que son esprit refusait de saisir, d’appréhender correctement. Mentalement, il butait, ainsi, incapable de décrocher son attention de son incapacité à concrétiser une réflexion.

    Une poignée de minutes passèrent ainsi. Le Serpent, malgré sa frustration, restait immobile ; son corps refusait d’animer ses muscles endoloris. Il restait, statique sur son lit, de moins en moins calme. Un bruit, léger, mit finalement un terme à sa réflexion stérile : des pas approchaient, et leur son rafraîchit la conscience d’Elikann, lui permettant de cesser un instant de se préoccuper de sa mémoire. Il garda les yeux fermés. Une main se posa sur son front, puis sur son cœur. Ce contact, absolument inattendu et inespéré accéléra le rythme de ce dernier, tandis que l’esprit du jeune Serpent continuer d’être incapable de comprendre ce qui lui arrivait, mais avait au moins fini de regretter. Les dernières traces de réflexion disparurent finalement quand il sentit deux mains se glisser derrière son dos, et le soulever doucement. Complètement apaisé, il entrouvrit les yeux. Une jeune fille se tenait devant lui, elle regardait à gauche. Elikann suivit son regard, vit une autre. Son visage, ses cheveux, et ce qu’elle tenait dans la main résolurent le mal de son esprit, et le plongèrent dans une profonde quiétude, qui referma à nouveau ses yeux. Son soulagement agréable, mais moins que le sentiment qui naissait peu à peu dans sa tête. Le contact avec la, ou les jeunes filles, se propageait à tous son corps, sous la forme d’une plénitude et d’une douceur profonde.

    Allongé, il ouvrit finalement les yeux. Fael était là, proche de lui, il se sentait divinement bien. Il prêta, un instant, attention à l’autre fille, qui partait. Les deux se ressemblaient légèrement, ce qui continuait d’animer sa bonne humeur. Il ramena ses bras sous son dos, se redressa légèrement. Les coins de ses lèvres formaient, malgré lui, un sourire, quand il se décidé à briser le silence.

    « C’est toi qui m’a amené ici ? »

    C’était la seule interrogation qui lui venait en mémoire, mais il était déjà presque certain de la réponse. Peu d’autres personnes auraient pu l’amener dans ce qu’il supposait être la tente de la jeune Gazelle. Il voulait simplement parler, sentir ce tremblement dans ses poumons, dans son dos, entre ses omoplates, résultat de son bonheur, et de ses mots.
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    Les yeux de Daleï s'ouvrent par moments mais finissent par se refermer peu de temps après. Il semble déjà plus apaisé, de ce que j'ai pu constater, et mon calme tranquille devient plus paisible à son tour. Je continue de lui faire boire sa tasse de thé avec la lenteur qui me caractérise. C'est ma soeur cadette qui rallonge Daleï sur son lit en lui souriant, pour achever de le calmer peut-être. Je m'assois en seiza à ses côtés, sans la moindre intention de bouger. Je ne referais pas la même erreur deux fois. Il se relève et se met à parler. J'écoute attentivement sa question qui fait naître un mince sourire sur mes lèvres.

    - Oui., je réponds.

    Simple, clair, net et concis à la clef. Ma mère jette un simple regard dans notre direction, sourit en constatant que le Serpent s'est réveillé et retourne à sa décoction. Le silence est à nouveau de retour. Les odeurs de plantes embaument notre tente, de même qu'une vapeur apaisante effleure nos visages. Je boise mes yeux dans ceux de Daleï.

    - ... Tu veux retourner dehors ou tu préfères rester ici ?

    Je me souviens de son désir de rester au sommet de cette petite dune d'où le lever de soleil était exquis. Peut-être voulait-il y retourner, qu'en savais-je... Je m'assois en tailleur, face à lui, ma tasse de thé encore chaude à mes côtés. Daleï a déjà bu, mais peut-être une question plus large serait la bienvenue.

    - Souhaites-tu manger quelque chose, Uko ?
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    La tasse était vide, et Elikann, les lèvres un peu moins sèches, réfléchit à une réponse.

    Tous ses sens continuaient à lui renvoyer cette sensation de calme, absolu, et total. Le matelas, sous lui, les ficelles de soleil qui traversaient les grains de sable en suspension, apportant de la lumière jusqu’à son visage, le silence total -et le bruit du vent, la vision magnifique de la jeune fille devant lui, et la légèreté qui lui restait sur la langue, et son réveil peu avant ; le plongeaient dans un bonheur suffisant pour le faire douter de son propre réveil.
    Calme, et certitude d’être conscient une fois établis, il repensa aux questions qui restaient en suspens depuis maintenant quelques minutes.

    Il n’avait, à nouveau, envie de rien. Mais sa situation était plutôt agréable, il ferait en sorte qu’elle ne change pas. Il inspira longuement, et prit la parole.

    « Plus que tout… J’aimerai rester là. Et, si ça ne te dérange pas, j’aimerai que tu restes un moment aussi, c’est agréable de rester avec toi. »

    Il conclut sa phrase par un sourire, mais avait tout de même assez peur de la réponse qui pouvait venir de la jeune fille. Il n’attendait jamais rien des autres, mais craignait vraiment qu’elle sorte de la tente. Ses longs cheveux, les petits ornements qui les ponctuaient, son visage, lui paraissaient indispensable à la douceur de sa situation. Restant hésitant, il compléta sa réponse.

    « Mais le thé était délicieux, et j’accepterai volontiers une nouvelle tasse, si possible. »

    A nouveau, sourire. Il se sentait suffisamment bien, et assez calme, pour oublier ses peurs vis-à-vis des potentielles réactions de son interlocutrice. Il était à présent plutôt curieux de savoir comment cette conversation allait se terminer. Il préparait dans sa tête plusieurs scénarios, s’attendant principalement à être jeté dehors.
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    Mes questions glissent avec la légère brise qui agite les pans de la tente. Le vent est le seul à me répondre et je ferme les yeux d'un mouvement serein. Le silence, l'absence de couleurs, la révélation des vraies nuances qui m'entourent, cela repose mes yeux comme mes oreilles. Seul le vent fait apparaître quelques estompages d'un blanc quasiment transparent mais c'est une nuance qui est plus qu'agréable à regarder quand mes yeux se ferment. Mon calme et ma tranquillité ne changent pas et se stabilisent sur mon expression faciale. Je m'assois confortablement en seiza aux côtés de Daleï. Ce n'est que peu après qu'il prend une profonde inspiration.

    Mes yeux s'ouvrent pour le regarder et pleinement l'écouter. Mon regard apaisant et apaisé se boise dans le sien et mes grelots tintent très doucement avec la brise qui s'infiltre. Un léger sourire apparaît sur mes lèvres à ses paroles et je penche un peu ma tête de côté.

    - Tu ne me déranges absolument pas., je réponds calmement.

    Il continue de parler après ça. Une hésitation s'infiltre dans sa voix et, d'eux-mêmes, mes doigts viennent effleurer la joue de Daleï dans une caresse légère et rassurante. La paume de ma main finit par se poser, légère, sur la joue du Serpent. Je me lève avec sa tasse avec la lenteur qui me caractérise et ma démarche féline et aérienne m'emmène avec lenteur à la bouilloire. Je me penche vers cette dernière et ma mère interrompt mon geste de sa voix douce.

    - Le thé est encore chaud.

    J'hoche la tête et j'en verse lentement dans la tasse. Je la prends de mes deux mains et je marche lentement jusqu'à Daleï. Je m'assois en seiza auprès de Daleï et je pose la tasse à ses côtés. Je me saisis de la mienne et j'en bois une lente gorgée. Un grand sourire illumine les lèvres de ma jeune soeur, Kayin, qu'elle tourne vers moi mais je secoue la tête négativement. Elle sourit et hoche la sienne, en signe de compréhension. Ma mère pose une main sur son épaule et elles prennent des saccoches avec des couches de tissu en plus en cas de tempête.

    - Je te prendrai tes racines, grande soeur. À tout à l'heure !, elle me lance et je réponds par un hochement de tête.
    - Surveilles la décoction pour moi, il faut encore rajouter quelques herbes. À toute à l'heure.

    Je leur souris et me tourne vers Daleï une fois les pans de la tente fermés.
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    La main de Fael effleura sa joue, et s’arrêta un instant dessus. Elikann sentait ce contact, sentait qu’il se voulait rassurant, apaisant. Une légère caresse, douce, qui mit en un instant – et pour la première fois - son corps, son cœur et son esprit d’accord. Il voulait rester avec elle. A l’instant où il se remit à regarder devant lui, la jeune file était pourtant partie. A nouveau, il faillit se relever, paniquer, mais fut rassuré de constater qu’elle n’avait toujours pas quitté son champ de vision.

    Il concentra son attention sur le petit théâtre qui se déroula une minute devant ses yeux, observant et écoutant successivement chaque personne avec qui Fael paraissait proche. Il commençait à nourrir intérieurement le désir de tout savoir sur elle : sa présence, son contact, ses cheveux, recelaient une vie qu’il voulait saisir, comprendre, conserver et choyer.
    Elle revint finalement vers lui, dans une suite de tintement qui brisa à nouveau ses réflexions. Il fixa, quelques instants, ses yeux. Leur couleur avait cessé de changer, mais adoptaient à présent une teinte douce qui suffisait à lui évoquer la magie qui les avait animé, et qui l’avait subjugué. Il se saisit de la tasse de thé qu’elle lui tendait, retenant difficilement sa main de saisir celle de la jeune fille. Un courant venait d’animer son corps, un élan auquel il n’était pas familier, et qui le troubla assez pour qu’il s’en réfugie dans sa boisson, fixant la tasse qui lui apparaissait d’un noir d’encre. Son cœur battait un peu trop vite.

    Il but donc, lentement, cherchant avant tout à se calmer, et par là même se brûla la langue, le thé étant encore chaud. Fael était à nouveau près de lui quand il releva les yeux, étouffant sa douleur soudaine de tout son possible.

    Elikann posa sa tasse sur ses genoux.
    Résista une, deux, cinq secondes.
    Puis céda et tendit une main vers celle de la jeune fille, la ramenant près de son visage, serra, ferma les yeux.

    Toute notion de scrupule avait été effacée de ses pensées, qui se concentraient à présent seulement sur ce contact, divin, cette douceur qui l’obnubilait. Il n’arrivait plus à réfléchir, ou ne le voulait tout simplement pas.
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    Je m'assois en seiza aux côtés de Daleï après avoir salué Kayin et ma mère. Je tends la tasse de thé au Serpent, qui s'en saisit assez rapidement. Je m'empare lentement de la mienne et avale la dernière gorgée de thé qu'il reste dans un nouveau tintement de clochettes. Je ferme les yeux après avoir renversé ma tête.

    Le silence.
    Le silence est une vertu que je chérirai toute ma vie.

    Je relève lentement la tête en ouvrant tout aussi lentement mes paupières pour voir Daleï retenir un étouffement. Je penche ma tête de côté dans un réflexe que j'ai acquis pour montrer mon incompréhension bien que mon expression faciale reste toujours aussi calme et apaisée. À l'instar d'une pure évidence, je pose ma main sur sa joue.

    - Quelque chose ne va pas... ?

    Il ne me répond pas et esquisse un geste pour poser sa tasse sur ses genoux. Je retire ma main et mon bras retombe le long de mon flanc au même moment où la tasse de Daleï rencontre ses genoux. Quelques secondes plus tard mon iris bicolore se boise dans le regard de Daleï. Il vient de prendre ma main dans la sienne et de la rapprocher de son visage en fermant les yeux. Un sourire doux effeuille mon expression calme et paisible, qui vient se teinter d'une étincelle de tendresse. Mon regard se déporte sur la décoction de ma mère.

    - ... Uko ? Je dois finir la décoction qu'a préparé ma mère, je reviens., je dis de mon carillon cristallin.

    J'enlève doucement ma main de la sienne et je me relève lentement. Un tintement mélodieux rythme mes pas lents jusqu'à atteindre la préparation de ma mère. J'ajoute les quelques herbes qu'elle a mises de côté et j'attends quelques minutes de plus en fermant les yeux. Je prends une passoire et une de nos grandes fioles en verre et je verse la décoction dedans.

    La vapeur humide et chaude se pose sur mon visage et détend définitivement mes muscles faciaux qui arborent une sérénité pleine et entière. Douce aussi, d'une certaine façon. Une fois la grande fiole fermée je pose la large marmitte avec nos autres récipients pour la cuisine. Je retourne auprès de Daleï et je lui tends ma main, avec la lenteur qui m'est propre. Si mon contact le rassure je ne serais pas celle qui l'en privera.
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    Elikann savait, au fond de lui, ce qu’il voulait. Ses débats internes s’étaient tus, son corps entier était baigné d’une douceur qu’il n’avait jamais connu auparavant. Il décomposait mentalement chaque point de l’instant, se concentrant sur toutes les sources de tendresse que contenait la main de Fael, stimulant pour chacune son esprit et son imagination, se faisant artisan de son propre bonheur.
    Une, deux, puis trois secondes passent. Au-delà de la sombre effervescence qui rugissait dans ses méandres mentaux, le jeune Serpent flottait dans des sphères psychiques qui lui avaient été jusque-là inconnues, à la fois faisant rejaillir tous les souvenirs positifs de son enfance et les sublimant d’une maturité nouvelle.
    Puis le contact divin se défit, la main de la jeune fille se retira, doucement, produisant un chuintement sur sa peau qui s’imprima dans son esprit quand il rouvrit les yeux. Déjà, il entendait hurler ses désirs, sa quiétude, sa plénitude, hurler qu’elle voulait que cela recommence. Il déglutit, se forçant à prêter attention aux mots qu’elle prononça plutôt qu’à ses effrayantes injonctions.

    Puis elle partit, laissant Elikann seul avec lui-même.
    Toute forme de réflexion avait quitté son esprit. Doutes et désirs étaient matés, annihilés par la nouvelle force qui accompagnait ses pensées, une force au-delà de toute dilemme, de tout remord, de toute pensée négative ; une force formidable qui prit possession de tout son être. L’appel de l’inconnu se mêlait à celui de la nouveauté, et soutenaient cette force éclatante et flamboyante qui avait chassé ses problèmes en un instant.
    Il contracta successivement son dos, son bassin, ses genoux, ses chevilles : se redressa, tirant la couverture de sa main droite. Quand fut assis, le matelas s’affaissa légèrement. Il redressa la nuque, remontant ses yeux vers le visage de la jeune fille qui revenait vers lui. Et, elle tendit la main.
    Devant cette vision, un nouvel obstacle se forma devant la force immatérielle qui bondait son esprit : une hésitation, qui était en fait le résultat même de cette force. Une hésitation, un doute qui en avait coulé. Il avait avancé -mentalement- trop vite, il marqua une réticence. Puis, hésitant, ignorant cette nouvelle émotion, il leva ses deux mains, et y enferma celle de Fael.
    Il tenait, au creux de ses paumes, le réceptacle de son nouvel élan mental, il serrait une expression physique de la quintessence de son bonheur ; plia les coudes, ramenant cette main à lui, à son visage, nourrissant son esprit de la douceur qui se dégageait de ce contact. Il serrait, fort.
    Il s’abandonnait complètement à une sorte de contemplation béate, flottant entre imagination et réalisme, rêve et nostalgie, et autres sources de bonheur. Ses nerfs lui envoyaient une sensation incroyablement nouvelle, stimulant avec force son cœur, sa poitrine, et plongeant son corps entier dans une forme d’ébullition. Il vivait une émotion pure, résultat des efforts combinés de la réalité et de ses réflexions pour former un bonheur total.
    Physiquement, il sourit, pendant une minute de révolution sensitive, puis rouvrit les yeux, établissant son champ de vision afin qu’il englobe la totalité du visage de Fael. Ses traits étaient animés d’une sorte d’enchantement, semblable à ce qu’aurait pu être un éclairage magique rendant une beauté stupéfiante à partir de chaque détail. Il avait la sensation de redécouvrir son visage, une sensation qui ravissait ses yeux. A cet instant, une réalité nouvelle s’y présenta. Une réalité qui résidait jusque-là dans les divers écrits, histoires, qu’il avait lu, dans ce qu’il avait imaginé, dans la réalité qu’il avait si souvent examiné, un fait qui se présenta à ses pensées avec une force bestiale.
    Et, il n’arrivait pas à l’exprimer. Aucun mot ne se formait sur cette découverte. Rien, il n’arrivait à rien imaginer, rien dire. Son imagination si perturbée ne générait plus que des foules d’émotions éparses, il n’arrivait plus à penser en mots, ou plutôt n’arrivait même plus à réfléchir.

    Il avait abandonné son être, se changeant en la simple expression de son bonheur, quittant tout le reste, toute émotion.
    Elikann resta ainsi planté quelques minutes, puis, lentement, fil après fil, il émergea de sa folie comme d’une lente torpeur. Mot après mot, une phrase se forma sur ses lèvres. Syllabe après syllabe, il la souffla, épuisé.

    « Je t’aime. »
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    Je pose la marmite avec les autres récipients et j'entends un froissement de tissus qui m'apparaît en de petites tâches éparses d'un gris très clair. Je me retourne lentement pour voir Daleï assis sur le matelas et ma tête se penche de côté dans un tintement de clochettes. Je viens alors à lui en lui tendant ma main, avec ma lenteur naturelle. Il me semble que ma main l'avait apaisé tout à l'heure. Peut-être est-ce pour cela qu'il cherche à se lever. Il ne s'empare pas de ma main de suite. Il se contente de me regarder dans un premier temps. Un sourire léger vient orner mes lèvres. Pas de mots, pas de son, que des gestes avec une forte signification. Les bruits qui se taisent, les couleurs qui s’affaissent et les mélodies du corps qui se réveillent.

    Une des quatorze merveilles du monde.

    Le geste de Daleï m'interrompt dans mes pensées. Il tend ses deux mains vers la mienne et enferme doucement ma paume entre les siennes. Mon sourire léger étire quelque peu les commissures gauches de mes lèvres et je m'assois en seiza face au Serpent. Je n'ai aucune raison de rester debout et d'établir un rapport de force inutile. Je préfère que nos regards se rencontrent sur une ligne à peu près droite, c'est une question de respect. Surtout quand le dialogue échangé est corporel. Daleï plie ses coudes pour ramener nos mains à son visage et je ne peux m'empêcher de lui lancer un regard attendri. Mon autre main se lève pour se poser sur l'une des siennes.

    Il est adorable.

    Je ferme les yeux, m'entourant de ce silence que j'aime tant. Une absence de sons, de couleurs, qui vient révéler et sublimer les gestes dans leurs moindres détails. Je sens Daleï serrer ma main, protégée des siennes, un peu plus fort mais je ne m'en formalise pas. S'il est bien ainsi je n'ai rien à redire. Mes paupières se lèvent et je vois le Serpent qui sourit. Un sourire chargé d'émotions, de significations, de sensations. Ses paupières refusent de me laisser voir ce que disent ses yeux mais cela ne saurait tarder. Mon calme, ma tranquillité, ma quiétude se voient sur mon visage et dans mes yeux qui sont des plus paisibles.

    Je me sens bien.

    Il ouvre les yeux. Le regard qu'il me lance m'est étonnamment familier. Dans un tintement de grelots ma tête se penche de côté. Je n'arrive plus à me souvenir où j'ai déjà vu un tel regard. Tout ce que je sais c'est qu'il est agréable. Le silence ne s'arrête pas et gagne en ampleur. Nos regards se parlent avec des lueurs et des étincelles dans les yeux. Cet échange dure plusieurs minutes et donne l'impression qu'il ne s'arrêtera pas. Mon expression devient de plus en plus apaisé à mesure que je remets le doigt sur le souvenir que je cherche. Lyunn.

    - Je t’aime.

    Ce n'est pas tout à fait le même regard mais l'impression qu'il me laisse est le même. C'est un regard agréable rempli d'une douce chaleur. Un regard amoureux. Un regard que je ne peux pas soutenir de la même façon. Un regard qui fait apparaître de légères teintes rouges sur mes joues. Ce sont mes lèvres qui répondent en s'étirant très légèrement dans un sourire tendre. L'ironie se presse sur ma langue mais ne sort pas de ma bouche ; elle n'a absolument pas sa place. Je ferme alors les yeux, lentement, me remémorant sa voix qui a un couleur splendide. Un orange identique aux couchers de soleil. Une couleur que je chéris toujours de toute mon âme. La Gazelle Blanche en est témoin.

    Je ne sais pas quoi répondre.

    Les mots sont bloqués et refusent de sortir. Je suis incapable de répondre « Moi aussi. » pour la simple et bonne raison que je ne peux pas le dire avec autant de force que ses mots. Je refuse de manquer de respect à une déclaration aussi sincère. Je pose ma main libre sur sa joue et mon visage s'avance de lui-même pour déposer un baiser sur son front. Mes gestes sont toujours aussi lents mais restent naturels. Je n'ai pas la force de rompre le silence. Je suis consciente que je rougis toujours et que je n'ai pas laissé filer un seul mot dans l'air silencieux de la tente. Mon regard tendre, mon sourire apaisé, mon expression paisible et tranquille, ce sont les seuls mots que je suis capable de lui offrir.

    Je ne peux lui répondre sans le blesser.

    Et je sais aussi que me taire n'arrange sûrement pas les choses pour lui. Je préfère me laisser aller dans ce silence tendre, attendrissant et apaisant. Agréable. Un trait de couleur rose clair apparaît dans ma vision en même temps qu'un son de froissement parvient à mes oreilles. C'est mon ami qui a utilisé ses cornes pour ouvrir un pan de la tente. Je regarde Yon qui se dirige vers moi en traînant ses deux cents kilogrammes. L'oryx s'affale à mes côtés et pose sa tête sur mes genoux. Un rire cristallin sort de mes lèvres, suivi de mon sourire qui devient amusé.

    - Excuses-moi Yon. Tu as faim, c'est ça ?

    Ma main libre se détache de la joue de Daleï et va farfouiller dans l'une de mes sacoches qui est accroché à ma ceinture et qui se trouve dans mon dos. Elle en ressort avec une grosse poignée d'herbes que je tends à mon ami. Il mange dans ma main en me chatouillant la paume de son museau. Je dois aller finir les quelques objets en verre que Philein et mon père avaient commencé pour aller les vendre au Bazar. Je caresse la tête de Yon, lui faisant comprendre que je souhaite me lever et il décale sa tête sur les genoux du Serpent sans trop s'appuyer sur lui. Je me lève alors et je regarde Daleï.

    - ... Tu veux quelque chose à manger, Uko... ? Je dois aller finir de travailler le verre et aller au Bazar ensuite. ... Tu veux venir... ?
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    Elikann gardait les yeux résolument fermés ; incapable d’envisager son bonheur autrement que spirituellement. Toute sa conscience était absorbée, oubliée, ignorée ; il avait l’impression d’être un autre homme, au-delà de lui-même, de ses limites, de ses dilemmes. Il ne réfléchissait plus ; n’en avait plus besoin. Fael était là, contre lui, il sentait sa main, la chaleur incroyablement humaine qui s’en dégageait, il sentait à travers les veines son cœur battre, il sentait une vie, complètement autre, et pourtant qui était presque lui. Le silence lui était absolument indifférent. Son bonheur se passait de mots, de sons, de n’importe quoi. Il était purement comblé, libéré de toute entrave. Et sa dernière phrase n’attendait pas de réponse.
    De longues secondes aux apparences éternelles passèrent. Puis Fael brisa le silence, elle s’adressait à lui.

    « ... Tu veux quelque chose à manger, Uko... ? Je dois aller finir de travailler le verre et aller au Bazar ensuite. ... Tu veux venir... ? »

    Il n’avait pas faim. Pas envie de manger. La nourriture, la satiété, lui paraissaient de lourds poids, l’attachant à une réalité sombre. Il rouvrit les yeux, relâchant doucement la main de la jeune fille, dans un souffle. En la lâchant, il passe, rapidement, caresse de chacun de ses doigts sa paume, comme une sorte d’adieu, comme s’il voulait garder le plus longtemps possible un contact entre eux. Il monta son regard, le long de sa main, de son bras, effleurant ses épaules, son cou fin, et s’arrêta finalement à son visage. Il était encore enveloppé dans une sorte de brume mystique, flamboyante. Elikann se perdait complètement dans ses yeux, perdant toute idée, toute forme de conscience. Puis il revint à lui, tenant à répondre.

    « Je te suis. »

    Il orna sa réponse d’un sourire, clair, sincère, grand ; qui lui vint naturellement, alors qu’il n’avait jamais souri comme ça. Il ne souhaitait que l’expression claire, pure, de ses sentiments. Et se releva, complètement. La proximité de Fael lui était nouvelle, sous un angle complètement changé, comme si elle avait stoppé d’être elle-même pour devenir quelqu’un d’autre, elle aussi. Ses nouveaux sentiments lui donnaient l’impression que le monde, l’univers entier, avait tourné d’un cran, était devenu tout autre, un univers où il aurait sa place, où tout aurait été normal. Il relativisait chaque point, aussi minime soit-il, de son existence. Même, quand il se mit à marcher aux côtés de Fael, la sensation de marcher, de chuter, reprendre son équilibre, d’aligner un pas après l’autre, lui paraissait entièrement nouvelle, et, extraordinairement plus agréable. Egalement, la présence de la jeune fille, ses mouvements, lui paraissait une constante révolution, un brasier de bonheur sans cesse attisé ; le fait même qu’une telle beauté, qu’une telle aura puisse se mouvoir, exactement comme lui le faisait, lui paraissait étrange, incompréhensible ; comme constater toute l’humanité d’une divinité céleste. Elikann avait souvent lu sur les dieux. Jamais, dans son esprit, ils n’avaient recouvert de forme précise, tenant plus de l’idée que de l’existence. Mais, si un être, indéfinissablement supérieur aux humains, devait exister, et prendrait l’apparence d’une humaine, ce serait celle-ci. Elle paraissait enveloppé d’un halo brillant, lumineux, que son esprit n’arrivait pas à interpréter. Une beauté indicible.

    Elikann la suivait, incapable de réfléchir.
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    En réponse à ma question, il se contente d'ouvrir les yeux dans un premier temps. Un geste qui lui paraissait dur mais, au fond, un geste qui m'attendrit au vu de l'expression que prenait son visage, de son regard qui est resté sur ma main. Mon faciès reste aussi calme, tranquille et paisible qu'avant ; au fond, je ne sais pas comment gérer cette situation. Il m'est impossible de savoir si j'aime ou non Daleï, je viens à peine de le rencontrer. En revanche, je sais que celui que j'aime d'amour se nomme Lyunn et je ne pense aimer d'amour aussi fort une autre personne que lui, ce qui rassure ses pulsions possessives d'ailleurs. Mais ai-je envie pour autant de briser l'état de joie, de bonheur du Serpent qui semble s'illuminer pour la première fois ? Non plus. Je ne sais toujours pas quoi dire. Je respire profondément ; je n'ai qu'à agir naturellement et sincèrement. Il verra sans doutes que ses mots m'ont autant troublée qu'attendrie, il le lira dans mes yeux.

    Le regard grisé de Daleï m'effeuille en remontant mon visage, et il n'y a pas à dire, de tels yeux amoureux sont un régal à contempler. Ce n'est pas le fait que je sois l'objet, pour ainsi dire, de cet amour qui me ravit ; c'est l'amour sincère que je décelle au fond de ses iris que je trouve beau. Ses mots, concis et simples, veulent tout dire et se suffisent à eux-mêmes. Une clarté sans appel, une clarté amoureuse aussi belle que son regard et... que ce sourire grand et sublime qui apparaît sur ses lèvres. La couleur de sa voix, ce coucher de soleil splendide, renforce la féerie et la sincérité du moment. Toutes les nuances de l'orange du coucher du soleil m'aparaissent dans sa voix, et c'est d'autant plus beau. Je pose ma main sur la joue du jeune Serpent en me relevant légèrement.

    - Un tel sourire te va à merveille, Uko.

    Une fois debout, je lui tends ma main, l'intimant ainsi à me suivre. Ce qu'il fit, sans broncher, suivant ma démarche pour le moins très lente qui me dirigeait vers le four à verre de la famille. Je le sens regarder chacun de mes gestes et, au bout de plusieurs longues minutes, je passe une main dans mon cou, à la base de ma clavicule, puis dans mon coup. Un tel regard sincère et amoureux, surtout aussi long, qui ne semble pas se lasser, me gêne un peu. Mais une fois devant le four à verre, une fois que je finis de souffler le verre ou de vérifier que le verre a bien pris la forme des moules sans encombre ; bref, une fois replongée dans mon travail, son regard m'embarasse moins, me brûle moins également. Il faudra que j'amène Lyunn ici aussi, je suis sûre que ça lui plaira. Je me tourne alors vers Daleï, mon expression paisible laissant échapper une voix douce mais concentrée.

    - Uko, est-ce que tu peux me passer les saccoches à côté de toi, s'il te plaît ? Je vais commencer à placer les objets que nous allons vendre au Bazar dedans.

    H.R.P:
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